Journal de rAlliance libérale cTYpres et de l'Arrondissement
Dimanche, 6 Octobre 1901.
61e année. N° 4-0.
L'UNION PAIT LA FORCE.
bataille de courtrai
L'Enseignement moderne
Des véritables et seules conditions
pour l'éducation des jeunes gens.
S
M*araiss(iat le MPituunche. ihes acqi'irit elndo.
PRIX DE L'ABONNEMENT
podr la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
LA SIGNIFICATION HISTORIQUE
de la
(11 Juillet 1302)
par G. DES MAREZ.
Extrait de la Revue de Belgique.
(Suite
C'est ainsi que la légende fut constituée de
toutes pièces d'un côté, la perfidie, de
l'autre, l'horrible stratagème. C'est sous
cette forme qu'elle fait le tour de l'Europe
et qu'elle arrive même en Flandre dans le
courant du xve siècle. Elle s'enrichit cepen
dant de maint détail en passant de bouche en
bouche et finit même par affecter l'allure
d'une véritable aventure tragico-coraique.
Ottokar de Styrie la développe dans sa
chronique styrienne, en ajoutant ce détail
que le fond des fossés avait été garni de
pointes de fer.
Jean de Winterthur, un autre chroni-
q'ueur allemand, a l'imagination plus com
plaisante encore que ses devanciers. Il nous
fait un récit absolument fabuleux. Ecoutez
Le combat se passe dans une vallée Pendant
la nuit, les Flamands ont creusé devant leur
camp des tranchées soigneusement dissimu
lées. Pour attirer les Français' dans ces
pièces, ils ont eu soin de ne monter que des
cavales. An premier hennissement de celles-
ci, les étalons des chevaliers français s'em-
Nous avons, il faut l'avouer, l'opi
niâtreté dans nos convictions, et lors
qu'une circonstance une cause, un fait
choisi par nous,est considéré heureuse
ment par nos lecteurs dont nous nous
sommes fait les juges que nos études
sont suivies de demandes, voire même
de remerciements, nous cousidérons
notre tâche imparfaite, lorsque se si
gnalent des particularisés dont la con
naissance profite la généralité.
Ainsi est encore le sentiment qui
nous anime aujourd'hui, profitant de
notre séjour Ostende, reine des pla
ges de tout le littoral belge et de bien
d'autres encore oserions-nous affirmer,
si nous ne craignons les représailles de
toutes celles qui agrémentent leurs in
dications estivales d'allégories sugges
tives ayant comme seul rapport avec
la réalité, l'incompréhensible.
C'est au point de vue de l'enseigne
ment que nous nous arrêtons, prépara
tion de l'enfance l'humanité future,
et nous osons nous prétendre compé
tent en la matière, attendu que nos ac
tivités se sont spécialement arrêtées
aux problèmes posés cet égard. Pro
blèmes intéressants au possible ré
soudre, toujours d'actualité et surtout
d'utilité.
L'éducation des jeunes gens telle
qu'elle est comprise aujourd'hui, ap
proche du parfait, déjà au point de vue
programme, mais elle ne l'atteint com
plètement qu'avec l'intelligence de
ceux qui la dirige, et nous pouvons af
firmer que partout où nous nous som
mes présenté, nous en avons apprécié
de tout premier ordre, regrettant ce
pendant que l'obscurité soit en rapport
forcé avec le professorat.
Nous nous sommes donné la tâche
agréable, de, en temps que possible,
non pas combattre, mais vulgariser par
8) Feuilleton du Progrès.
On s'abonne au bureau du journal, rue de Dixmude, 53, Ipres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT
nos appréciations ces dévouements, ces
labeurs opiniâtres, dont les répercus
sions utiles font sentir leurs influen
ces aux générations qui étudient, et
l'heure présente, quoiqu'on puisse ob
jecter une modestie et un souci parfait,
nous ne pouvons nous empêcher de
relater l'impression -que nous a causé
notre visite l'Athénée d'Ostende. que
dirige deux hommes dont nous ne sau
rions faire trop éloge, et dont ne peut
que s'enorgueillir cet établissement
d'instruction moyenne du degré supé
rieur, nous voulons dire M. Rascop,
préfet des études, aidé par M. François
Fourmarier-Dumon, directeur du pen
sionnat aunexé l'Athénée royal d'Os
tende.
L'Athénée.d'Ostende est le seul du
pays établi dans une ville de la côte.
Or, il est constaté que l'air de la mer
est particulièrement favorable au dé
veloppement des jeunes gens et qu'il
peut même rendre la force ceux dont
la constitution laisse désirer.
L'expérience de tous les jours dé
montre que des malades et ceux qui
sont épuisés par le travail physique et
intellectuel viennent recouvrer sur la
côte leur énergie. Ils voient l'appétit
reparaître leurs poumons se dilatent
plus facilement et l'irritabilité de leurs
nerfs trouve souvent le calme le plus
complet Le nouvel athénée est situé
rue JSaint-Pétersbourg, prés du parc
Léôpold. L'Athénée comprend sept
années d'études. Il y a une section
d'humanités grecques-latines, une sec
tion d'humanités latines, sans ensei
gnement du grec et avec un enseigne
ment scientifique plus étendu, et une
section d'humanités modernes (ancien
ne section professionnelle).
La section des humanités anciennes
des athénées royaux prépare les jeunes
gens toutes les carrières libérales la
magistrature, le professorat des lettres
et des sciences, le barreau, la médeci
ne, la pharmacie, le notariat, ainsi
qu'à toutes les carrières scientifiques
La section des humanités modernes,
dans la division inférieure, prépare
portent et vont se précipiter dans les fossés
invisibles
En Italie, l'affaire est entourée de détails
poétiques par les soins du marchand floren
tin Villani.
L'armée flamande, entièrement composée
d'infanterie et disposée en cercle, a pris po
sition dans la plaine de Courtrai, derrière
un ruisseau, large de 3 mètres environ et
profond de 3, que l'escarpement de ses
bords rend invisible de loin. Animée du plus
grand courage, elle est décidée mourir.
Dans une scène pathétique, l'auteur nous
montre les communiers dévotement age
nouillés autour d'un prêtre qui officie, et la
messe terminée, portant leur bouche,
avant de se relever, un peu de terre de ce
sol de la patrie qu'ils vont arroser de- leur
sang. De son côté, Robert d'Artois se pré
pare prendre l'offensive. Avec des détails
précis, Villani mentionne la formation de dix
corps d'attaque il nomme leurs chefs et la
force numérique de chacun d'eux. Avant
d'entamer le combat, les capitaines italiens
des arbalétriers et des mercenaires étrangers
prient le connétable Raoul de Nesle de rete
nir la chevalerie et de laisser faire les gens
de pied. Us allèguent qu'oa ne connaît pas la
manière de combattre des Flamands, qu'il
est prudent de se borner les harceler jus
qu'au moment où, tourmentés par la faim,
ils quitteront leurs positions et s'exposeront
aux coups de la chevalerie. Emu par ces
raisons, le connétable va les exposer
Robert d'Artois. Mais, exaspéré par la ré
ponse du comte, qui reçoit fort mal ses con
seils et semble même l'accuser de perfidie, il
oublie toute prudence, fait avancer sa ban
nière et se lance vers l'ennemi, entraînant
le3 jeunes gens aux emplois ordinaires
du commerce et de l'industrie, aux
fonctions de l'administration, l'ar
pentage, l'enseignement primaire,
etc.
En entrant dans la division supé
rieure, les élèves ont choisir entre la
section scientifique et la section com
merciale et industrielle.
La section scientifique prépare les
élèves aux examens d'admission aux
écoles spéciales, l'Ecole des Mines de
Liège, l'Ecole des Arts et Manufac
tures, l'Ecole du Génie Civil deGand,
l'Ecole Militaire, etc.
La section commerciale et indus
trielle les prépare tous les emplois du
commerce, delà banque, de l'adminis
tration des chemins de fer, postes et
télégraphes, l'Institut supérieur du
commerce d'Anvers, l'Institut agri
cole de Gembloux.
Le programme de la section des hu
manités grecques-latines comprend les
matières suivantes
La religion
Le latin
Le grec
Le français
Le flamand
L'allemand
L'anglais
L'histoire
La géographie
Des notions sur les institutions con
stitutionnelles et administratives du
pays
Les mathématiques
Les sciences naturelles
Le dessin
La calligraphie
La musique
La gymnastique.
Le programme de la section des hu
manités latines comprend les mêmes
matières que ci-dessus, l'exception
du grec.
A partir de la cinquième, les élèves
de la section latine suivent le cours de
sa suite toute la chevalerie. Cette charge
inconsidérée porte les Français vers le fossé
derrière lequelsont retranchés les Flamands,
et dont la présence est entièrement ignorée.
Lancés fond de train, ils s'y précipitent
pêle-mêle en désordre et l'élan furieux des
derniers rangs empêche les premiers de s'ar
rêter au bord. Les goedendags n'ont plus
dès lors qu'à accomplir leur œuvre de mas
sacre. 6,000 chevaliers restent sur le cham
de bataille.
Tout ce récit avec ses épisodes, ses dis
cours, est un beau morceau de narration
sans doute, mais ce n'est que cela. Beaucoup
cependant, se sont laissés prendre ce bel
expose et y ont ajouté foi, sans remarquer
que ce ne sont là que des embellissements
littéraires sans aucun fondement historique.
La version française, qui avait pris son
point de départ dans le récit de Guyart,
conquérait ainsi l'Europe, tandis que la ver
sion flamande,-telle que nos chroniqueurs
l'avaient établie, tomba complètement dans
l'oubli.
Ces chroniqueurs sont leMinorite de Gaud,
Lodewijck van Velthem et le Continuateur
de la Généalogie des comtes de Flandre. Ce
n'est pas qu'il faille les gratifier d'une foi
absolue, mais abstraction faite de certains
détails qui ne sont que le produit de l'imagi
nation populaire, et en diminuant l'impor
tance de ceîtainesassertions,nousparvenons
parfaitement demêler le coté vrai et his
torique de la journée des Épérons d'or, et ce
coté est tel que nous l'avons exposé plus
haut. D'ailleurs, nous sommes secondés dans
la recherche de la vérité par un auteur fran
çais lui-même, qui écrivit avec impartialité,
et dans le sens de nos chroniques.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la
ligne.
les institutions con-
administratives du
mathématiques avec ceux de la section
des humanités modernes.
Le programme de la section des hu
manités modernes comprend
La religion
Le français
Le flamand
L'allemand
L'anglais
L'histoire
La géographie
Des notions sur
stitutionnelles et
pays
Les mathématiques
Les sciences naturelles
Les sciences commerciales
La calligraphie
La musique
La gymnastique.
Des cours gratuits de notions mari
times, de construction navale et d'a
gronomie, sont donnés par des profes
seurs nommés par l'Etat, tons les
élèves dont les parents en font la de
mande.
Des cours spéciaux de flamand sont
donnés l'Athénée aux élèves wallons
l'internat, ceux-ci ont eu outre des
répétitions de flamand. Un cours de
perfectionnement pour la langue fran
çaise est donné aux élèves des trois
classes supérieures.
Les succès brillants remportés aux
différents concours généraux, les ad
missions l'Ecole militaire, aux écoles
spéciales (Ecoles des Mines et du Génie
Civil), aux écoles normales et l'Uni
versité, ainsi qu'aux différentes admi
nistrations (chemins de fer, postes et
télégraphes, etc.) sont autant de preu
ves de l'efficacité de l'enseignement
donné l'Athénée.
On comprend bien, cependant, que
ceci n'aurait en fait d'importance que
ce qui concerne seule l'éducation pro
prement dite, s'il n'y avait une parti
cularité intéressante signaler, adju
vant puissant de l'internat, qui le rend
La nouvelle du désastre des Français
Courtrai ss répandit .par toute l'Europe
comme une traînée de poudre. Tandis que le
monde féodal était frappé de consternation,
les démocrates de tous les pays jubilèrent,
comme s'ils eussent vu dans les artisans
flamands le3 protagonistes de leurs idées.
Partout ils reprirent courage. En Brabant,
notamment Bruxelles et Louvain, le
peuple court aux armes et les patriciens sont
massacrés. En France, les communes, un
instant terrorisées par le pouvoir royal, re
lèvent la tête En Lombardie,les républiques
démocratiques applaudissent au succès de
leurs sœurs de Flandre, et l'on raconte que
lorsque la nouvelle arriva Rome, elle im
pressionna tel point la papauté que Boni-
face VIII se leva au milieu de la nuit pour
entendre le récit de cette sanglante épopée.
La victoire des Épérons d'or eut une con
séquence non moins importante au point de
vue des destinées politiques du pays. Elle
anéantit d'une manière complète et définitive
la politique annexionniste du roi de France.
Vaincue Courtrai, la Flandre serait deve
nue irrévocablement une province française
et la constitution d'un royaume belgique eut
été jamais impossible! Par une fortune
inespérée, les Flamands brisèrent donc les
liens dont la politique rusée mais adroite de
Philippe le Bel les avaient entourés. Ils ve
naient d'échapper au plus grave des périls,
et cependant au lendemain de Courtrai, ils
n'auront rien oublié ni rien appris. Ils re
prendront leurs funestes querelles et, par un
singulier aveuglement, ils allumeront dans
leur propre camp le brandon de la discorde.
A suivre.