Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
Chambre
des Représentants.
Dimanche, 3 Novembre 1901.
61e année. N° 44.
Paraissant Se S)itnunche.
Vires acocirit ei.sdo.
Vis.
CORRESPONDANCE.
Passerelles sur la Lvs
Coininés et Wervicq.
A propos
de la question militaire.
La Défense Nationale.
Caractère
de la politique catholique.
L CNIO.N FAIT LA FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixaiude, 53, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les reclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Pbogbès ON TRAITE A FORFAIT.
Les personnes «jvii
prendront un abonne
ment an EJL-iX><4J4.È!®»
pour 19(>2, recevront
le jonriialg-ratiiitement
partir du jour de letir
inscription.
Nous tenons rap
peler que le Comité de
rédaction ne donne an
émié suite aux articles
non signés <pii lui
sont envoyés.
Séances des 29-30 Octobre 1901
Continuation de la discussion sur le
projet de loi militaire.
V
En séance du Mardi 22 Octobre 1901,
M. Ernest IXolf a po-é au mi
nistre des travaux publics la question
suivante
Le trafic considérable existant entre
les communes de Cumines Belgique) et
Comines {France), d'une partWervicq
Belgique et Wervicq France
d'autre partrend indispensable la con-
n sir action de passerelles sur la Lys. Ces
passerelles pourraient aisément être pla
ît cées a côté des ponts actuellement exis-
lanls, qui sont, la plupart du temps, tour-
nés pour les besoins de la batelleriece
qui entrave la circulation toute heure
de la journée.
L'h onorable ministre ne pourrait-il pas
dès maintenant, avant même que la com-
mission internationale chargée d'étudier
les travaux exécuter la Lys mitoyen-
ne ail déposé son rapport, faire procéder
l'exécution de ce travail réclamé depuis
des années
En séance du iMardi 29 Octobre. M.
de Smel de Naeyer a répondu
Dès 1889, mon département a été sol-
licite d'établir des passerelles pour pié-
tons aux ponts mobiles de .Venin, Comi-
nés et Wervicq.
Il n'a pu être donné satisfaction celle
demande qu'en ce qui concerne Venin, la
situation des lieux ne se prêtant pas la
r> construction de semblables ouvrages
t> Comines et Wervicq.
Celte situation sera modifiée et les pas -
r> serelles pourront être édifiéeslors de
l'exécution des travaux d'amélioration
7j effectuer la Lys mitoyenneconformé-
i3 ment Vavant-projet général de la com-
i3 mission internationaledont les études
sont en voie d achèvement
i) Il estd'ailleurs, remarquer queen
vertu de l'arrêté ministériel du 13 Mai
1889les ponts tournants prémenlionnés
i3 restent fermés pendant les heures de pas-
sage des ouvriers.
On s'imagine volontiers qne la Bel
gique est un pays sans originalité. Cela
n'est vrai que superficiellement.
L'esprit public présente chez nous
<1 - phénomènes tout-à-fait spéciaux,
et le plus, bel exemple qu'on en puisse
donner, c'est la manière unique dont
fleurit en Belgique l'antimilitaiisme.
Cet instinct, poussé au degré qu'il
atteint chez un trop grand nombre de
Belges, est quelque chose de si par
ticulier qu'uu étranger aurait peine
se rendre compte de ce que nous eu-
tendons par ce mot.
Ailleurs qu'en Belgique, le milita
riste est l'adorateur du despotisme mi
litaire.
Il est partisan, en E-pagne, des pro-
nunciamentos et des coups d'Etat pré
toriens.
Il défend, en France, l'infaillibilité
des conseils de guerre.
Il proclame, en Allemagne, la supé
riorité du sabre et des épaulettes sur la
masse taillable et corvéable des pé-
kins.
Chez nous rien de pareil.
L'épithète de militariste s'y ap
plique ceux qui estiment que leur
pays, étant le plus exposé de tous aux
dangers et aux malheurs de la guerre,
doit déployer d'énergiques efforts
pour s'en préserver.
Cette horreur des choses militaires
chez un peuple dont les instincts n'ont
neu de pacifique et qui a fait preuve
de qualités guerrières remarquables
sous les régimes les plus divers, ne
peut s'expliquer que par les vicis
situdes de uotre histoire.
No.-, pères ont servi toutes les causes,
excepte la leur.
Ils n'ont pas, comme les autres peu
ples, trouvé sous les étendards qu'ils
suivaient le sentiment de l'unité natio
nale.
Ils n'ont pas appris dans les guerres
la notion de la patrie, car ils n'y virent
jamais que le service d'un prince
étranger.
Qu'importait aux bourgeois de Bru
xelles ou de Gand la gloire dont nos
régiments flamands et wallons se cou
vraient sur les champs de bataille de
la guerre de trente ans ou de la séces
sion d'Fspagne, pour une cause étran
gère et do là indifférente Pendant que
ces stériles exploits consumaient le
meilleur de notre sang, nos provinces,
négligées par leurs souverains, res
taient ouvertes tous les ravages des
incursions ennemies.
Quel territoire a jamais été aussi
mal défendu que le nôtre.
Ni au seizième, ni an dix-septième,
ni an dix-huitième siècle, l"s pon da-
tions Belges ne sont parvenues s'or
ganiser en une patriotique et efficace
résistance contre l'étranger.
Ce défaut d'esprit militaire est lié
chez nous au défaut d'esprit national.
L'éducation histouque des Belges a
été manquée.
Le sentiment de la chose publique
s'est resserré, chez nous, dans la sphè
re de la vie communale, et la force mê
me des traditions locales a été un
grand obstacle la conception d'une
unité supérieure.
L'idée de patrie est demeurée, au
cours du3 âges, incertaine et trop va
guement comprise.
Cet état d'esprit,avec ses tristes con
séquences, se retrouve dans bien des
épisodes de'notre histoire.
Faut-il rappeler cette triste révolu
tion de 1789, qui sombra dans l'im
puissance et le ridicule, parce que
Yandernoot, le grand maître des clé
ricaux d'alors, crut qu'il pouvait se
passer d'une armée nationale forte
ment organisée
Et la malheureuse guerre des pay
sans, la plus lamentable insurrection
qui fût jamais Nous aurions volon-
uets évite d'en parler, si le centenaire
de cette désastreuse aventure n'avait
été, naguère, célébré trop bruyam
ment.
Les organisateurs des manifestations
immodérées destinées célébrer nos
hum oies héros de 1795, songeaient sur
tout glorifier la résistance des Belges
la conscription.
Ces choses-là ne se voient que chez
nous.
Nous avons inventé le chauvinisme
militaire.
Il n'est, pas surprenant qu'avec de
pareils antécédents, le peuple Belge
ait peu.de goût pour les sacrifices né
cessaires la Ueteuse uatiuuale.
Mais ou peut s'etouuer que l'opi-
niou et ceux qui prétendent la conduire
n'aient pas ete eciairés par les nécessi
tés évidentes de la. situation.
L'expérience, cependaut, n'avait pas
fait défaut dès les premiers jours du
nouveau royaume de Belgique, la dé
route d'Août 1831 fut une ieçou sévère
pour ceux qui, dans les illusions faciles
d'un lendemain de révolution, avaient
négligé l'organisation militaire.
La leçon n'a guère profité, car toute
notre histoire politique contemporaine
egt pleine de récriminations d'un anti-
mititarisme tapageur.
L'agitation auversoise de 1860 n'a-t-
elle pas été particulièrcin-mt scanda
leuse, si l'on considéré que la trau-fnr-
matton des défenses d'Anvers et le re
cul de sou euceiute étaient, en réalité,
un immense bienfait pour la ville
On se demande vraiment en quel au
tre pays une commission des servitu
des militaires représentant, les griefs
de quelques propriétaires, muait pu
devenir le noyau d'un parti politique.
Ces tristes tendances régnent tou
jours, et nou> ne, le voyons que trop.
Elles ont contrecarré toi.tes les ré
formes, non s uileraent celles qui ne
tendaient qu'à renforcer la défense du
pays, mais celles-là mênvs qu'exigent
la justi e et la sécurité sociale.
Quel esprit raisonnable aurait sup
pose qne le remplacement survivrait
au régime censitaire
Et cependant nous voyons, une i is
de plus, le Gouvernement reculer de
vant la suppression de cet abus criant
On nous propose, eu ce moment, une
réforme militaire qui doit, aboutir,
comme résultat final, l'affaiblisse
ment de l'armée et l'augmentaiîen
des dépenses.
Remarquons que toutes les criai 1 i e -
ries contre les charges militaires se sont
toujours traduites en une aggravation
de sacrifices financiers.
L'antimililarisme a cela de beau
qu'il coûte aussi cher que le militaris
me le plus effréné.
Nous avons la rémunération des mi
liciens, lourde dépense qui n'existe
nulle part, et qu'on va étendre dans de
colossales proportions dans un but pu
rement électoral.
Et voilà qu'on prône, comme mode
de recrutement principal en attendant
qu'il fonctionne tout senl, le volonta
riat, c'est-à-dire, de tous les systèmes,
le plus coûteux et le plus inefficace.
C'était celui de Vandernoot, de ridi
cule mémoire.
C'est encore celui des Anglais, qui t-n
font l'expérience au Transvaal.
C'est celui des peuples décadents.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Les cléricaux veulent une aimée de
volontaire s.
Les socialistes veulent 11 nation ar
mée.
Les deux systèmes, notre sens, sont
également propres nous conduire
aux abîmes.
Ce que nous no comprenons pas,
c'est qu'après les événements de la
guerre du Transvaal, on vienne encore
prôner les avantages du volontariat.
L'Angleterre, depuis deux ans, lutte
avec deux cent mille volontaires con
tre une armée de vingt mille soldats.
Epuisée d'hommes, elle ne peut plus
même, grands coups de livres-ster-
liug, reconstituer ses troupes Les mer
cenaires ne se soucient pas d'aller
pourrir dans les hôpitaux du Sud-
Africain.
On parle, comme d'une chose possi
ble, de l'établissement temporaire d9
la conscription dans le Royaume Uni.
Voilà ce que valent les armées de
volontaires et dit remplaçants. L'An
gleterre paie très cher une armée mé
diocre, qui n'a su déployer sur le
champ de bataille ni capacités mili
taires ni endurance. Ne suivons pas
son exemple.
Mais faut-il conclure de là l'adop
tion de l'organisation Suisse ou Trans-
vaalienno Il y a de la marge.
Il est certain que si les Boers avaient
eu, au début de la campagne, vingt
mille troupieis exercés au lieu de vingt
mille soldats improvisés, leur pays
n'eut pas connu les horreurs de l'inva
sion et il y a Iruigremps qu'Albion fût
été définitivement vaincue.
Go n'est pas notre avis c'est celui
d° tons les militaires.
Mais les milices boers ont montré,
dès !o début des hostilités, leur insuffi
sance pour l'offensive en même temps
que leur valeur pour la défensive. Les
assiégeants de Ladysmith et de Mafe-
kingont manqué de cohésion, de soli
dité, de discipline.
Gela n'est douteux pour personne.
Pour assurer la liberté de la Belgi
que, il faut des régiments réguliers tt
l'habitude, chez le sôidat, de la vie
militaire.
L'armée doit être l'école de la dé-
f> usu nationale et. chaque citoyen doit
y passer le temps strictement nécessai
re pour y apprendre son métier de sol
dat.
Le principe du service personnel est
an-dessus de toute discussion. C'est le
dogme proclamer. Sa s lui, pas d'or-
gaoisation militaire sérieuse.
Les procédés du centre catholique
montrent bien le caractère permanent
et universel de la politique des catho
liques.
Etrangers dans leur patrie native,
ils n'ont qu'une patrie idéale le Va
tican.
La Nation dont ils sont membres
n'est qu'une quantité négligeable au
près de l'Eglise.
Ils professent cette doctrine anar
chiste que la loi de leur pays est nulle
pour eux, s'ils jugeDt bon de ne pas
1 accepter et si elle n est pas ratifiée
par nu étranger qu'ils qualifient de
souverain. Us ne confièrent pas les in-