Contre l'Intolérance!
Extension
Universitaire
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
AUJOURD'HUI
toini*: wiif vn.
Curé el servait le.
Dimanche, 26 Janvier 1902.
62e année. IV0 4.
Vires acqcirit ei.ndo.
LES VILLES FLAMANDES,
La Réunion des Gauches.
Nouvelles Gendarmeries
et Prisons.
Partout les mêmes.
l'union fait la force.
Garnissant le iHmanvhe.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pocr la. ville Par an 4 francs.
r' la province Par an 4 fr. SO
3 1/2 lionres précises,
3"leçon.
Les groupes libéraux du S. U. et de
la F. P. (Chambre et Sénat) se sont
réuniseD assemblée plénière Jeudi ma
tin. La réunion avait lieu la deman
de de plusieurs députés libéraux des
Flandres, pour examiner les questions
de tactique que soulève la discussion
imminente de la réforme électorale
communale et provinciale, et la pro
chaine proposition de revision de la
Constitution.
Les députés et sénateurs libéraux
ont été unanimes confirmer les réso
lutions inscrites au manifeste des Gau
ches sur l'union de la R. P. au S. U.
et se déclarer énergiquement hosti
les toute proposition qui consacrerait
le vote des femmes.
A propos des questions soulevées au
sujet de l'appel pour la souscription au
Denier de la Lutte, le secrétaire a rap
pelé que cette pièce avait été lue et
approuvée par la dernière assemblée
et que, par conséquent, le trésorier qui
l'avait communiquée aux journaux
avait pu, sans le moindre abus, y ap
poser comme signatures les noms des
membres du groupe qui avaient sous
crit. Aucun d'eux, d'ailleurs, n'a récla
mé contre les termes du manifeste.
L'emploi des fonds sera réglé par le
bureau, composé de six libéraux et de
six socialistes qui a été formé l'an der
nier et que préside M. d'Andrimont.
Feuilleton du Progrès
(5
manifeste
du
II.
(suite.)
Oh nous ne l'ignorons pas, beaucoup de
gens lorsqu'ils entendent pousser ce cri
'1 alarme, l'accueillent déda gneusement, et
fondant sur les progrès de l'esprit hu
main, sur l'infl'ieuce de la philosophie, affir
ment que les vœux de Drumont et de ses
amis ne se réaliseront pas, et que les gran
des persécutions religieuses appartiennent
u'i passé qui ne revivra jamais.
Les conquêtes de la Science, l'œuvre des
e 'Cjclopédistes du xvin* siècle, n'ont-ils pas
abouti au triomphe de la Raison Le libé
ralisme n'a-t-il pas proclamé ce principe in
connu de l'antiquité et du moyen âge le
principe de la Liberté de Conscience
Erreur profonde ce n'est pas le libéra
ble qui le premier a exalté la Raison,
c estEglise catholique, apostolique et ro
maine.
oici comment s'exprimait il y a treize
cents ans, saint Grégoire le Grand (Patro-
"giae cursus completus, T 75, p 893)..
4 Eglise s'applique a ramener les dis-
*idents par le raisonnement Parce qu'à la
yerité a Sain'e-Eglise, formée l'école de
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 53, Ypbes. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Peogeès ON TRAITE A FORFAIT
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
De nouvelles brigades de gendarme
rie viennent d'être créées a liautsaeme,
Audenhove - S'e - Marie, Steenbuyze,
Santbergen, Hemixem, Baelen, Weel
de et Lodelinsart. A Oostcamp il y au
ra une brigade cheval, Cruyshau-
tem la brigade pied devient une
brigade cheval et Ninove, Vloe-
bergen et Herstal les brigades seront
augmentées de plusieurs hommes.
Bref, en tout il y aura en plus 3
maréchaux des logis cheval et 9
pied, 12 gendarmes cheval et 38
pied.
Cette augmentation de brigades, qui
entraîne après elle la construction de
casernes nouvelles, est une dépense
que nous devons entièrement aux clé
ricaux, parce que ceux-ci font tout ce
qu'ilB peuvent pour détruire Ensei
gnement du peuple, et moins une na
tion est instruite plus il lui faut de
gendarmes.
Le nouvelle prison de S'-Gilles coû
tera 5 millions 557,661 fr.
Il y aura 600 cellules. Ce qui fait que
chacune d'elle coûtera peu près
9,260 fr.
Jamais le Gouvernement n'a dépen
sé pareille somme pour une classe.
Chaque fois qu'il s'agit de construi
re de nouvelles écoles, les cléricaux
crient au gaspillage, leurs journaux
disent que l'on jette l'argent par por
tes et fenêtres, etc., etc.
Ils oublient que chaque enfant au
quel on ne peut donner une bonne in
struction. a beaucoup de chance de de
venir plus tard un habitant des dites
cellules 9,260 fr. sans la nourriture
et l'entretien.
11 reste donc toujours vrai que moins
on bâtira d'écoles plus il faudra con
struire de prisons.
l'humilité, n'impose pas par autorité, mais
persuade par raison les vérités qu'elle en
seigne ceux qui sont dans l'erreur, c'est
bon droit qu'il est dit t Exîminez si je ne
mens pas C'est comme si elle disait ou
vertement Les choses que j'affirme ne
les croyez en aucune façon en vertu de mon
autorité, mais examinez par la raison si el
les sont vraies (1).
Mais nous pouvons remonter plus haut
encore au ive siècle, sainte Athanase dé
clarait que c'est une exécrable héresie
de vouloir contraindre par la force, par les
coups, par les emprisonnements, ceux qu'on
n'a pas pu convaincre par la raison
t Rien, disait saint Justin, n'est plus con
traire la religion que la contrainte
Ces vérités dont nous sommes si fiers au
jourd'hui. ces vérités qui constituent notre
palladium, et qui, par leur rayonnement
victorieux sur l'humanité naguère plongée
dans les ténèbres de l'intolerance, devraient
suffire nous préserver de l'Inquisition, ces
vérités helas avaient été proclamées par
l'Eglise, et n'ont pas empêché l'Eglise elle-
même de verser dans cette exécrable héré
sie 'a contra'nte, les coups, l'emprisonne
ment, et pis encore que ct> que condamnait
saint Athanase la torture et le bûcher,
employés comme moyens de propagande et
de conversion
Et, dans la suite des temps, des voix se
sont élevées au sein de I Eglise, s'inspirant
des préceptes de saint Atiianaseet de saint
Grégoire et prêchant la tolérance et la pitié.
Ne touchez pas aux fils d'Israël, disait
iU Ecciesùt errantes stndet rationtbns rerocare.
Quia vero sancla ecci^sia ex magisterio bumilitatis in-
stituta. recta quîeerraolibus dicit, non quasi ex nuctori-
tate praecipised ex ratione persuaded, bene iiuiïc di-
citur Yidetean raentiar.
A»c quai a&sero nequaquam mitai ex
autorita te crédite, sed an vera siut ex ratione pensa te.
Disons encore que des nouvelles pri
sons vont être bâties Nivelles, Turn-
et Bruxelles.
Celle de Bruxelles coûtera plus de
deux millions sans les queues.
Dans notre pays on ne construit plus
que d'immenses couvents, dos prisons
et des gendarmeries, tandis que les
écoles officielles sont supprimées ou
deviennent des cabarets.
Franchement, on ne saurait tomber
plus bas.
La Chambre autrichienne a discuté,
il y a quelques semaines, diverses me
sures prendre d'urgence contre l'im
migration des congrégations françaises.
Le chef du parti libéral autrichien,
M. Tavcar, a prononcé, dans une de
ces séances, un admirable discours que
l'assemblée entière a écouté dans le
plus profond silence.
Il a fait un tableau effrayant de la
tyrannie qu'exerce le clergé catholique
sur le peuple de la Carniole. Le pou
voir du clergé y est sans limite.
L'évêque de Laibach prélève, pour
la construction d'établissements du
clergé, de véritables impôts sur la po
pulation rurale fanatisée et terrorisée.
Le même évêque. dans une lettre
pastorale, a prescrit ses curés de faire
eu sorte que les paysans lèguent par
testament une partie de leurs biens en
faveur de ces établissements.
Depuis lors, les curés rédigent les
testaments de la plupart des paysans
et y insèrent naturellement des legs
nombreux pour les institutions clérica
les ou pour le clergé.
Actuellement cinq cas de captation
d'héritage de cette espèce sont soumis
au tribunal de Laibach.
Se basant sur ces laits et beaucoup
d'autres du mêms genre, le député
Tavcar a pu dire que tout couvent
saint Bernard, et ne leur parlez qu'avec
bienveillance, car ils sont la chair et les os
du Messie, et si vous les molestez, vous ris
quez de blesser le Seigneur la prunelle de
l'œil
A la fin du xviie siècle, l'époque où
Louis XIV, par la révocation de l'Edit de
Nantes, donnait un effroyable exemple de
l'bérésie stigmatisée par saint Athanase,
une voix s'élevait dans le clergé catholique,
celle de l'abbé Jacques Marsollier, pour flé
trir les crimes de l'Inquisition (1).
Sous la première République, Emery, su
périeur de Saint-Sulpice, prêta le serment
de liberté et d'égalité imposé par le décret
du 3 Septembre 1792. Il se réjouit de voir
les évêques, les ecclésiastiques du second
ordre et les gentilshommes de la Constituan
te souscrire la Déclaration des Droits de
V homme.
C'est la très remarquable brochure du
P. Vincent Maumus Le Politique pra
tique l'heure présente (P.on. 1901) que
nous empruntons ces renseignements sur
Emery, ainsi que les citations de saint Atha
nase, de saint Justin, de saint Bernard.
L'auteur de cette brochure, fidèle aux tra
ditions de tolérance qui toute époque ont
inspiré certains membres du clergé, s'expri
me ainsi (p. 8j La Liberté, toute la li
berté civile et politique, la liberté de la
conscience, l'égalité de tous les Français
devant la loi. l'admission de tous les ci
toyens toutes les dignités, places ou em
plois sans autre distinction que celles de
leur vertu et de leur talent, la déclaration
que nul ne sera inquiété pour ses opinions,
tels sont les principes dont personne aujour
d'hui en France ne conteste la justice et la
grandeur
l Préfacé de Paul Fredeflcq a 1" - Histoire de riuqUisi-
tion de Lea, p. XIII.
nouveau peut être comparé une épon
ge sèche qu'on plonge dans l'eau elle
absorbe l'eau jusqu'à complète imbibi-
tion
Pour donner uue idée du terrorisme
exercé par le clergé, citons ce fait, rap
porté par le même député, d'une fem
me son lit de mort, qui le curé a re
fusé l'absolution parce que son mari
était abon.né un journal libéral.
C'est aussi fort que chez nous.
La Raison écrit au sujet de l'assassi
nat du curé Larderet et de sa servante
ce qui suit
Il y a des assassins bien indiscrets.
Tel celui qui vient d'égorger M. Lar
deret, curé de Sainte-Agathe-la-Bou-
tres8e (Loire), dans le lit de sa servante
en plein état d'amour ancillaire.
Il est vrai que si le sinistre opérateur
devait travailler la nuit, selon les bon
nes règles de sa profession, il ne pou
vait guère trouver ailleurs le curé
Larderet, qui l'enquête judiciaire
l'a prouvé ne se séparait jamais,
ces heures-là, de sa bonne tout faire,
la cuisine et le plaisir.
Et comme il n'y avait pas dire non
devant cette flagrante atteinte au vœu
de chasteté, le cardinal archevêque de
Lyon s'est montré terrible. Il a décidé
que toute cérémonie religieuse et tout
service funèbre l'église seraient refu
sés au malheureux curé et sa servan
te parce qu'ils furent immobilisés
dans la faute
On les a enterrés commedeschiens
ou comme des impies.
En d'autres cas, l'Eglise a été moins
rigoureuse. Mais, cette fois, il s'agis
sait de réprouver un scandale avec de
si solennelles sévérités, que les braves
crédules dussent s'imaginer qu'il est
tout fait exceptionnel, jusque là
inouï, enfin unique.
Mais on ne saurait assez le répéter, ces
protestations toutes platoniques en faveur
d'un principe de justice et de fraternité, en
faveur de la souveraineté de la Raison et
et de l'intangibilité de la conscience hu
maine, ces protestations ne sont rien, si
tous,catholiques et dissidents, ne se mettent
résolument l'œuvre pour les faire passer
du domaine de la spéculation dans le domai
ne de la réalité. Qui donc écoutera le P.
Maumus, si saint Athanase et saint Grégoire
n ont p is été écoulés Et les libres penseurs
seraient quelque peu naïfs de croire que les
vérités qu'ils proclament suffiraient par el
les-mêmes détourner le péril de l'Inquisi
tion, et auraient dans leur bouche une vertu
qu'elle n'eurent pas dans la bouche des
hommes que l'Eglise a canonisés.
Ne l'oublions pas, saint Athanase et saint
Grégoire n'ont pas empêché l'exécrable hé
résie de la violence d'envahir l'Eglise tout
entière et de la pervertir pendant des
siècles ces deux apôtres de la tolérance
nous devons opposer toute l'histoire de l'In
quisition, qui donne leurs enseignements
le plus formel et le plus lamentable démenti.
A leurs écrits, nous sommes obligés d'op
poser ceux du pape Grégoire VII qui, dans
l'Encyclique de 1832, déclare que c'es't une
doctrine absurde et erronée que c'est
un de ire de défendre la liberté de con
science.
A 1' Histoire de l'Inquisition et de son
origine de l'abbé Marsollier, il nous faut
bien opposer le pamphlet du comte Joseph
de Maistre Lettres un gentilhomme rus
se sur l Inquisition espagnole (Paris 1822),
qui défend, avec un superbe cynisme, la lé
gitimité du bûcher comme moyen de 'propa-
SaDde- (A SUIVRE.)