Chroniquedela ville.
Banque nationale.
Les libéraux d'Ypres
bataille des Eperons d'Or.
Le cortège aux lumièr
'es.
de rien, dont le nombre n'atteint que la
moitié de ses forces il recule avec une
nouvelle fureur, résolu, lui aussi, vaincre
ou mourir. Il reprend la lutte avec un
nouveau courage, bravant le danger. Mais,
c'est en vain hommes et chevaux tom
bent des crânes sont fendus, des cuiras
ses sont écrasées, le sang coule travers la
plaine, teignant de rouge l'eau du ruisseau.
La victoire se décide enfin, le vaincu est
poursuivi perte de vue, ses cadavres cou
vrent le champ de bataille.
Et de nouveau le cri Flandre au
Lion s'élève dans les airs, mais cette
fois, c'est un cri de victoire, l'annonce
joyeuse de la défaite de l'injustice, de l'ex
pulsion de l'intrus étranger. A la chute du
soir, les masses compactes s'en revinrent
Courtrai, fatiguées du travail gigantesque
accompli, auréolées par la couronne glorieu
se tressée autour de leur tête par le soleil
se couchant sur la Flandre libérée par la
bataille.
Six siècles se sont écoulés depuis ce jour
mémorable, pendant lesquels notre peuple
a vécu plus de journées d'amertume que de
journées d'allégresse, mais ce peuple ne
s'est pas laissé abattre. La Bataille des
Eperons d'Or a virtuellement séparé la
Flandre de la France et rendu impossible
l'annexion des autres provinces au royaume
étranger. Cette victoire est la base sur la
quelle repose notre existence future, notre
existence d'aujourd'hui c'est le baptême
de sang qn'a reçu notre patrie
Ce n'est pas uniquement contre des con
quérants du dehors qu'en 1302 les manou-
vriers flamands eurent lutter côté des
étrangers étaient les membres de la nobles
se francisée et de la haute bourgeoisie, qui
voulaient exercer et confirmer leurs privilè
ges et leur domination dans les villes par la
défaite des prolétaires. L'écrasement de
leur allié royal fut aussi le leur. La classe
travailleuse qui triomphait ici, conquit éga
lement ici le droit d'arriver l'administra
tion des villes. La Flandre et les autres
pays parlant le flamand, allaient accaparer,
dans le commerce et l'industrie, dans l'his
toire et les sciences, un rang, qui, travers
le monde entier, travers tous les siècles,
rendrait leur nom célèbre. Quelques taches
sombres que notre histoire ait nous mon
trer plus tard, nous sommes encore toujours
fiers de notre peuple, nous tenons avec une
inlassable énergie notre existence ccmme
pays, comme race, notre langue, la lan
gue des Klauwaertsla plus authentique
marque indélébile de notre race.
Nous sommes venus ici, afin de rendre
témoignage de notre admiration pour les
actes d'héroïsme de nos ancêtres, vainqueurs
la bataille des Eperons d'Or. Nous som
mes encore venus ici pour témoigner de no
tre fidélité ce qui leur fût cher, de notre
décision de continuer le combat livré par
eux et quoique maintenant la lutte soit
plus calme et moins sanglante, nous ne la
continuerons pas moins avec énergie.
Que leur exemple soit et reste notre étoi
le conductrice. Quand après de longues an
nées d'assoupissement de notre race, l'es
prit de la vieille Flandre se réveilla nou
veau dans nos provinces, notre grand poè
te, l'homme qui apprit lire notre peu
ple, choisit la bataille des Eperons d'or
pour la raconter ses compatriotes et leur
montrer ce que peut produire l'amour de
la patrie et ce que furent nos pères. De son
livre jaillit l'étincelante lumière qui servit
de phare sur notre route de son livre sor
tit l'ardente fournaise, qui, nouveau, en
flamma dans nos cœurs l'amour de notre
propre langue et de notre propre race.
C'est alors que des milliers de flamands
jurèrent de résister avec vaillance tout
abâtardissement, tenté par des l.eliarts,
tout asservissement imposé par des étran
gers. Laissez-nous renouveler ici ce serment
sur cette terre sacrée, confirmons-le par no
tre vie toute entière. Prenons pour devise le
cri qui retentit sur la plaine de Groeninghe:
Flandre au Lion Que le pays flamand
soit et reste flamand (Longs applaudis
sements).
M. Paul Frédéricq, professeur l'U
niversité de Gand, prononce l'allocu
tion que voici
Messieurs,
Un seul mot encore.
Ce n'est pas un chauvinisme moyenna-
geux qui nous a réunis ici plusieurs mille.
Chauvinisme est un mot inconnu notre
langue et nos cœurs.
Non ce n'est pas la haine, c'est l'amour
qui nous a rassemblés l'amour du sol na
tal, le patriotisme dans le sens le plus no
ble et le plus large de ce sentiment sacré
pour chaque peuple qui a la ferme volonté
de vivve.
L'histoire nous apprend, que J'acte de
naissance du patriotisme moderne est daté
de Courtrai, 11 Juillet 1302. et que cet acte
est écrit avec le sang des Flamands de la
bataille des Eperons d'Or.
Et nous, les fils de telsancêtres. nous n'en
serions pas fiers Nous laisserions passer
sous silence, et au milieu de l'indifférence,
de si glorieux anniversaires historiques
Nous ne sommes pas tombés aussi bas,
Dieu merci
Nous savons et c'est ce qui nous donne
là force de soutenir la dure lutte pour le
maintien de notre existence nationale
nous savons que nous appartenons un peu
ple qui n'a pas seulement produit les Clau-
waerts du XIVe, mais aussi les Gueux du
XVIe siècle. (Ovation).
Aujourd'hui encore notre race sait pro
duire des héros, comme l'ont prouvé sous
nos yeux nos frères de langue et de sang,
les Boers de l'Afrique.
Un peuple qui possède un tel passé, ne
peut périr.
Il saura remplir les devoirs que lui impo
sera l'avenir.
Répétons tous, d'une même voix, le fier
mot d'ordre que notre Roi nous a donné
Bruges en 1887 au pied du monument de
Breidel et De Conninck
Le lion de Flandre ne peut pas som
meiller (Tonnerre d'applaudisse
ments).
La musique française exécute la
Brabançonnepuis la Marseillaise. (Ac
clamations). Les assistants, dont le
nombre n'a fait que grossir, entonnent
en chœur De Vlaamsche Leeuw. Het Lied
der Vlamingen et Vlaanderen.
Voici ces chansons
l)e Vlfuiuisclie Leeuw
van H Van Peene en Kabel Miby.
Zij zullen hem niet temmen.
Dan fieren Vlaamsehen Leeuw,
Al dreigeu zij zijn vrijheid
Met kluisters en geschreeuw.
Zij zullen hem niet temmen,
Zoolang één Vlaming leeft,
Zoolang de Leeuw kan klauwen,
Zoolang hij tanden heeft.
Bis.
De tijd verslindt de steden,
Geen tronen blijven staan.
De legerbenden sneven
Een volk zal niet vergaan.
De vijaud trekt te velde,
Omringd met doodsgevaar.
Wij lachen met zijn woede,
De Vlamscht leeuw is daar
Zij ztillen hem niet temmen,
Zoolang één Vlaming leeft,
Zoolang de Leeuw kan klauwen,
Zoolang hij tanden heeft.
Ilot Lietl der Via million
van Km. Hiel eu Peter Benoit.
Waar Maas en Schelde vloeien,
De Noordzee bruist en stormt
Waar vrede en kunsten bloeien,
D< vrijheid mannen vormt
Waar veld<-n, wouden, weiden,
Als gaarden rijk beplaut,
De weelde en vreugde verspreiden
Daar is uns vaderland
Daar slijgen uit. 't. verleden.
De Kerl en Clauwaert op
Zij hebben .>tout gestreden,
Verplet der vreemden kop
Hun goel, hun bloed. lion lev«n
M r inildheid steeds verpand.
Gin onste kunnen geven
Het vrije Vaderland
Vlaanderen
van Th Van Ryswyck en P.ich. Hol.
Voor Vlaandren's gouden kusteo.
Klinke aller lofgeschal
Daar waar ons vadren rusien
En 't nakroost wonen Zal
Waar moeder ons een< baardo
En "pleid le aan heur hand
0 dierbaarst laid d-r aarde,
0 Vlaanderland
0 Vlaanderland
Geen vijand overheerde
Hier ooit het vnorgeslaeht
Der oudren koenheid weerde
Steeds list en overmacht
En 't kroost, dat nooit ontaarde,
Gedenkt der vadren trant,
0 dierbaarst land der aarde,
0 Vlaanderland
0 Vlaan ierland
La manifestation, qui a réussi au-
delà de tonte attente, rentre en ville
en bon ordre, accueillie partout sur
son passage par les plus chaleureux
témoignages de sympathie. Les grou
pes se dispersent Grand'Place au mi
lieu du plus grand enthousiasme.
A six heures, la Philharmonie de
Courtrai et l'Harmonie des Anciens
Pompiers d'Ypres ont donné un con
cert au parc S' Georges, au profit des
viGtimes de la Martinique. Il y avait
foule la recette aura été fructueuse.
La plus grande animation n'a cessé
de régner en ville durant toute la soi
rée.
N. B L'administration commu
nale, qui avait arboré le matin pour le
Volksraad, a fait, 2 heures, retirer
de l'hôtel de ville le drapeaa
Que c'est idiot et mesquin
Voilà bien le cléricalisme fanatique
et sectaire
Autrefois l'agent du trésor était obli
gé d'avoir sou habitation, c'est-à dire
son bureau, proximité de l'agence de
la Banque nationale. Cette mesure
avait sa ranon d'être. Tous les man
dats de paiements charge de l'Etat
doiveut être revêtus du visa de l'agent
du trésor pour être admis la caisse de
la Banque nationale.
Nous nous souveuons, par exemple,
que M. Thiry demeurait Marché du
Mercredi, lors que le siège de la Ban
que était rue Cour de Gand.
Depuis quelques années, la susdite
mesure semble avoir été perdue de vue
L'agent du trésor habite parfois une
forte distance de la Banque, un kiio
mètre ou même davantage.
A l'occasion de la nominaiion d'un
nouvel agent du trésor, il serait bon
pour les facilités du nombreux public
qui a des rapports avec le caissier de
l'Etat, de revenir l'ancienne règle.
[La Patrie de Bruges.)
1502-1902.
Le parti libéral Yprois a fêté comme
il convenait de le taire le 600e anniver
saire de la bataille de Groeninghe en He
faisant représenter l'imposante et
patriotique manifestation qui, Diman
che dernier, parcourait les rues de
Courtrai. Quatre de nos sociétés y ont
pris part. L'Association libérale, la
Jeune Garde Libérale, l'harmonie des
Anciens Pompiers, la Vlaamsche Ster
et la société de Gymnastique de Messi
nes.
N'en déplaise notre collaborateur,
qui,8ousla rubrique «Choses et au
tres a exprimé des idées qui lui sont
personnelles, nos amis ont sagement
agi.
On peut différer d'opinion sur la si
gnification donner la bataille de
Groeninghe. D'aucuns ne veulent y
voir qu'uue lutte de classe D'autres
prétendent qu'elle fut en même temps
une guerre de races, un conflit essen
tiellement patriotique. Tous, une ex
ception près, reconnaissent qu'elle eut
une importance capitale au point de
vue politique, que c'est d'elle qu'est
sortie l'indépendance de notre patrie.
A ce point de vue, il est regrettable
que les Belges n'aient pu, ne fût-ce
que pour un jour, conclure une trêve
et oublier leurs dissensions politiques
pour fêter ensemble un anniversaire
qui devrait leur tenir tous cœur.
Mais non. Pour les cléricaux, la po
litique passe avant tout.
A Courtrai, ils ont trouvé bon d'ex
clure les libéraux de l'organisation des
fêtes, en leur imposant des conditions
inacceptables. A Ypres, ils n'out même
point demandé leur concours ils ont
voulu organiser, avant tout, une mani
festation cléricale ils y ont réussi.
Le parti iibéral s'est abstenu de toute
participation. Il a prêté son concours
la fête patriotique de Courtrai et il a
bien fait.
Les critiques du Journal d'Ypres,
cet égard, n'égareront pas l'opinion
publique.
Quant ceux qui ont craint de bles
ser la France, qu'ils sachent que la
France était répresentée la manifes
tation de Dimanche. C'est oublier le
rôle que la France a joué en 1830, que
de supposer qu'ellepuisse sefroisser en
voyant le peuple belge manifester son
bonheur d être libre et indépendant
-
et la
Sous ce titre, le Journal d'Ypres, dan-i
son n° de Mercredi dernier, se plaint de
l'abstention des libéraux la prome
nade cléricale de Dimanche soir.
Nous est avis que nos amis ont bien
tait. Ils n avaient pas rehausser par
leur adhésion une manifestation essen
tiellement cléricale, organisée par une
gilde cléricale, et dans le comité de la
quelle ne figurait pas nn seul libéral.
Les libéraux n'ont pas donné dans
le panneau ils n'ont pas voulu être
dupes.
Ils ont assisté la manifestation
triotique de Courtrai. C'était là un
voir auquel ils n ont pas failli
Quant aux quolibets qui noug -
raient été adressés par la populau
vproise notre retour de Courtrai
qui en réalité ne sont nés que danî
magination malade du scribedu/onnj-
d'Fpres,ce ne sont certes pas les mèn.*
qui, en 1890, ont chatouillé les oreili
de la fanfare catholique les Bla£
À'oussen leur retour de PoperinghJ
On se rappelle en effet qu'à cette enn
que, pour faire pièce aux libéraux
d'Ypres qui avaient organisé, l'ocea
sion de la fête communale, un festiva
monstre, les cléricaux de Poperinghe
i instigation de leurs amis d'ici
avaient, le même jour, organisé, eux
aussi, un festival auquel les Bla
A'oussen ont adhéré. Alors ce n'étaieD-
pas seulement des quolibets l adre
de nos cléricaux, c'étaient aussi d*
huées, des pommes cuites et des œufi
pourris.
Le cas n'est pas le même, n'est$
pas, véridique Journal
Le fameux cortège aux lampions or
ganisé Dimanche soir par la gilde clé
ricalequi a pour hoofdman M JAntony.j
été ce que bont toutes les fêtes clérica
les sans enthousiasme, sans entrain
Un spectateur nous disait Il n'y ajm
de sincérité chez ces gens-là
Cette manifestation politique, la
quelle nos adversaires avaient invite
les sociétés libérales de la ville, con
stituait un non-sens. En effet, les clé
ricaux, nés malins, veulent s'accapa
rer leur profit exclusif d'un fait his
torique qui n'a aucun rapport avec la
question religieuse. La victoire des
communieis flamands Courtrai n'a
été qu'un épisode de la longue lutte
servale qui marqua nos annales au
XIIIe siècle L'attitude contradictoire
du haut et du bas clergé en fait claire
ment ressortir le caractère économi
que.
Les sociétés libérales qui se respec
tent n ont pas donné dans ce piège et
se sont abstenues de faire le jeu
de Messieurs les cléricaux. Leur di
gnité les aurait du reate obligé de h
retirer du cortège en présence de l'at
titude crapuleuse de certains ivrognes
qui lançaient leur lanterne vénitienne
dans la figure des spectateurs qui se
tenaient sur les trottoirs. C'est ainsi
que plusieurs dames ont été malme
nées par ces voyous et que d'autres
personnes ont été brûlées 11 s'est mê
me trouvé un homme tellement mal
arrangé qu il a dû être conduit chez le
docteur Dierickx pour y reoevoir les.
soins que nécessitait son état. C'est
ainsi que les cléricaux s'amusent
Le cortège, pris en détail, n'était pas
fameux Nous devons cependant la
vérité de dire que le groupement ao-
tour du kiosque de la Grand Place for
mait un coup d'œil agréable L'exécu
tion de chants flamands, malgré l'ac
compagnement des prêtres-professeurs
du collège épiscopal qui criaient com
me des possédés, n'avait aucune am
pleur. A un moment donné on a vu ap
paraître sur le kiosque, la lune avec du
poils aux dents. Le sympathique René a
poussé deux ou trois cris puis a dis
paru.
Nous avons remarqué la présence
cette manifestation cléricale de nos
petits orphelins affublés comme des
saltimbanques, ayant sur la tête un
cylindre de papier dans lequel brûlait
une bougie. Etait-ce pour les ridicu
liser
Nous avons signalée aussi la pré
sence d'un artilleur de l'Ecole d'Equi-
tation, en tenue, qui portait ledra^
peau du Katholieke Ziekentroost A b -
si c'eût été une manifestation libéral0
et qu'un militaire se serait permis
pareil manquement aux prescripti°n3
de la fameuse circulaire de 1884 sur la
mêlée des partis
ers 10 h. la Grand'Place s'est
dée comme par enchantement. Le pu
blic est accourru an-devant de
manie des Anciens Pompiers qui s en re
venait de la manifestation patriotique
de (Jourtrai, pour lui faire cortège ju3'
qu'à son local.
Nous avons eu le plaisir de constate-
une fois de plus que l'esprit Yprois es-
toncièrement libéral.
Il nous revient que l'administra'-'
Communale aurait subsidié certain
sociétés qui ont pris part cette m®Dl