Le Cinquantenaire l'Ecole moyenne de l'Etat, Ypres. A rKcole >Xoy^mie. A 11 3/4 heures, les anciens élèves et bon nombre de leurs anciens pro fesseurs, parmi lesquels Messieurs Justice et Maerten, très entourés et très complimentés, se réunissent dans le préau, qui avait reçu pour la circonstance, une décoration la fois simple et élégante. Ils sont reçus midi, en la salle d'études, par le Directeur, M. Bus- sers, entouré de MM. Pondeville, Suber, Hamendt, régents, Wullus, Pauwels, Dewanckel, Keuckelinck, instituteurs, Juncker, professeur d'al lemand et de dessin, et Wittebroodt, professeur de musique, et par les élèves de la section moyenne. Le directeur souhaite la bienvenue en quelques paroles aussi bien pensées que bien dites. Il évoquedes souvenirs du passé et faitappel l'esprit d'union et de camaraderie qui doit régner entre anciens élèves, sortis d'une même école. Il est heureux de con stater qu'un très grand nombre par mi ces anciens ont su se créer des po sitions enviables et que certains d'en- tr'eux occupent un rang élevé dans notre société. L'École moyenne les reçoit avec une légitime fierté. M. Logie, médecin principal de l'armée, monte la tribune du sur veillant, qu'il s'étonne de trouver en aussi bon état de conservation après les nombreux assauts qu'il lui a li vrés avec les complices qu'il décou vre encore dans la salle. (Hilarité). Il remercie, au nom des anciens élèves et traduit les sentiments mul tiples qui ont porté les unes vers les autres tant de personnes dont plu sieurs ne se sont jamais vues. «C'est, dit-il, le plaisir, si naturel, de retrou- ver quelques vieux amis, de revoir le milieu, le local où l'on a passé des années précieuses, mémorables pour chacun d'entre nous c'est celui de témoigner notre reconnaissance d'anciens professeurs, dont, hélas la plupart sont disparus... comme sont disparus presque tous les fon- dateurs de l'École moyenneAu culte du souvenir s'ajoute le cas extrême que tous nous faisons de l'instruction publique... Engagés depuis longtemps dans le grand combat de la vie, ayant eu le temps d'observer, de réfléchirnous sommes pénétrés du grand rôle de l'enseignement public nous som- mes convaincus qu'il est la tête de tous les progrès et que le plus grand service que l'on puisse ren- dre la société, en général, et tous les déshérités, en particulier, c'est l'instruction et la moralisation des masses. Instruction et moralisation Banalités, et vieille rengaine dira-t-on... Ne soyons pas dupes de ce reproche. Une rengaine c'est de dire que le peuple ne doit pas être trop instruit... alors qu'il ne l'est pas assez c'est de raison- rçer sur ce terrain comme raison- nent tant de personnes, qui lors- qu'il s'agit pour elles de trouver un domestique, ne veulent pas le prendre trop malin de peur de ne pas pouvoir le conduire suffisam- ment leur guise, et qui, appré- ciant parfaitement les bienfaits de l'instruction ou de l'émancipation intellectuelle voudraient en priver ceux qu'elles désirent exploiter. Sachons apprécier l'instruction. Comme service public, plaçons la au-dessus de tout. Il en est du cer- veau comme de tous les milieux, plus il y entre de lumière, moins il s'y produira de moisissures. M. Logie, après avoir caractérisé le rôle respectif de l'enseignement primaire, moyen et supérieur, fait ressortir l'importance du second, le quel s'adresse plus particulièrement la grande majorité des citoyens et termine en disant: «M. le Directeur, MM. les professeurs, quand un jour vos successeurs et leurs an- ciens élèves fêteront le centenaire de l'école movenne, ils auront cer- tainement devant eux des caraara- des plus éloquents que nou^ mais ils n'en trouveront pas de plus con- vaincus de l'importance de l'en- seignement en général et d'une bonne instruction moyenne en par- ticulier. De longs applaudissements ac cueillent la péroraison de cette belle harangue fréquemment interrompue par d'enthousiastes bravos. Puis, M. Charles Vercamer, prési dent du Comité organisateur, prend son tour la parole. Nul n'était mieux qualifié pour parler en cette circon stance. M. Charles Vercamer est, en effet, un des anciens élèves sinon le plus ancien et non des moins brillants de notre Collège communal, ce frère aîné de notre École moyenne, comme l'a si bien dit plus tard notre sympathique pro fesseur, M. Maerten. Les Palmarès que nous avons parcouru mentfon- nent ses nombreuses distinctions. Il fut plus tard professeur notre Col lège communal et occupa pendant de longues années les importantes fonc tions d'inspecteur de l'enseignement primaire Bruxelles. Nous sommes heureux de repro duire son discours Qui d'entre nous n'est pas en ce mo ment sous l'impression des souvenirs si doux d'un âge où tout est expansion, naïve té et franchise Certainement, tous vous avez conservé au fond du cœur le souvenir délicieux des amitiés contractées au bel au rore de votre vie scolaire, amitiés qui ne se remplacent plus, hélas, au déclin de la vie Combien d'entre nous qui manquent au jourd'hui, les compagnons de leur enfance Gardons leur un pieux souvenir Mais trêve aux idées noires. Reportons plutôt nos regards vers les générations nouvelles qui sont l'espoir de la patrie, et rendons hommage au dévouement du personnel en seignant de notre École moyenne, qui, de puis un demi siècle, a eu la rude, mais no ble tâche de conduire ces jeunes générations dans la bonne voie du travail qui est la des tinée de l'homme ici bas. Ils ont trouvé leur récompense dans la conscience des ser vices rendus. Ces services n'ont pas toujours été ap préciés, peut-être, comme ils méritaient de l'être mais des promesses ont été faites. Je forme le vœu qu'elles soient tenues. Et puisse l'école moyenne dont nous célébrons aujourd'hui le cinquantenaire se maintenir longtemps encore dans la bonne voie de progrès qu'elle a suivie jusqu'à ce jour. Cette année encore, trois élèves de l'École moyenne se sont distingués au con cours général de l'enseignement moyen. Ce sont Messieurs Gérard, Charles, et Roffiaen, Floribert, qui ont obtenu respec tivement un deuxième et un troisième prix et Monsieur Mailliard, Charles, qui a ob tenu une mention honorable. Je les en félicite, ainsi que leurs hono rables professeurs et je prie Messieurs Gé rard, Roffiaen et Mailliard de venir recevoir les récompenses que l'Union des anciens élèves a décidé de leur accorder, titre exceptionnel, l'occasion delà fête du Cin quantenaire de l'Ecole moyenne. Puissent ces modestes cadeaux leur rap peler toujours l'établissement où ils ont re çu l'instruction et les maîtres dévoués aux quels ils doivent une éternelle reconnais sance Une magnifique ovation est faite l'orateur octogénaire et aux jeunes lauréats, auxquels des récompenses sont remises. Un souvenir de la fête est donné aux élèves et aux professeurs une jolie breloque représentant, d'un cô té, une femme enseignant un enfant et de l'autre, une inscription qui rap pelle le Cinquantenaire de l'Ecole moyenne. Le vin d'honneur circule. Puis les groupes se forment. Les jeunes se mêlent aux vieux et l'on procède en semble la visite des locaux, non sans regarder en passant les nom breuses photographies, dont quel ques-unes, déjà anciennes, (groupes d'élèves et de professeurs) ont été mises gracieusement la disposition du Comité organisateur et appen- dues dans la salle des Pas Perdus. La succession de ces groupes et photographies est en quelque sorte l'histoire vivante de l'Ecole. Plus d'un ancien s'y attarde, cherchant retrouver sa binette d'antan. A une heure, on se réunit au préau où un photographe-amateur, M. Emi le Bartier, membre de l'Union, prend le groupe de tous les assistants. Et tout le monde se fait inscrire chez M. Cyrille Jansens pour un exemplaire de ce fameux groupe du Jubilé. I a» BaïuiiK^t. On se retrouve i i 2 heure, l'hôtel de la Châtellenie dont les salons du premier étage ont été gra cieusement mis la disposition des Anciens Élèves par la Commission de 1 ci Concorde. Au delà de cent convives pren nent place autour des tables magni fiquement garnies de fleurs dûes la généreuse attention de M. Ferdinand Merghelynck, président d'honneur de l'Union, empêché par une indis position d'assister la fête. Le Banquet a été servi la satis faction de tout le monde. Et nous de vons la vérité de déclarer qu'il fait le plus grand honneur M"e Ael- broucq dont la réputation est d'ail leurs bien établie. Franchement, les absents ont eu tort et pour les pu nir nous reproduisons ci-après le menu Potage aux tomates. Croquettes au ris de veau. Turbot sauce aux câpres. Filet de bœuf la Godard. Endives la crème. Civet de lièvre. Salmis de canetons. Gâteaux. Fruits, Dessert. Tous nos compliments aussi notre vieux camarade Eugène Lambin qui avait été chargé de l'impression des menus et s'en est acquitté avec son talent habituel. Les menusportant en tête la photographie de la façade de l'Ecole moyenne vers la cour, constituent de précieux souvenirs que chacun con servera avec soin. Au dessert, plusieurs toasts sont prononcés. D'abord, par M. Maurice Gorris- sen, Vice-Président de la Société, qui boit la prospérité de l'Ecole moyenne aux anciens maîtres et particulièrement MM. Henri Maer ten et Edmond Justice, ces vétérans de l'enseignement, qui ont bien voulu s'associer leurs anciens élèves, en cette belle journée; aux membres du personnel enseignant qui remplissent avec un zèle au-dessus de tout éloge leur noble mission tous les an ciens élèves qui par leur intelligence, leur énergie et leur travail ont con quis une place au soleil, les uns dans des sphères sociales élevées, les autres dans des conditions plus modestes la jeune génération qui fréquente actuellement l'École moyenne et dont il attend beaucoup pour le bonheur et la prospérité de notre chère ville d'Ypres et de la Patrie En terminant, M. Gorrissen pro pose la santé de M. Charles Verca mer, le toujours vaillant et dévoué Président de l'Union, qui donne, en toutes circonstances, l'exemple d'un constant dévouement et d'une admi rable abnégation. On applaudit avec entrain et on fait une chaleureuse ovation au vénérable Président. M. Maerten, professeur de français l'Athenée royal de Bruges, se lève ensuite et remercie en son nom et au nom de M. Justice. Il dit combien ils sont heureux, l'un et l'autre, de se re trouver au milieu de leursanciens élè ves, depuis longtemps leurs amis, et rappelle avec une visible émotion et non sans une pointe d'humour les débuts .de sa carrière Ypres. (Longs applaudissements) Puis, c'est M. Emile Vercamer, conseiller la Cour d'Appel d'Alexan drie, qui remercie au nom de son père trop impressionné par l'ovation qui vient de lui être faite et qui rap pelle de façon fort spirituelle, ses anciens condisciples dont plusieurs sont présents, leur passage dans la classe de M. Ligy. (Bravos). M. Bussers, son tour, prend la parole et dit combien le corps pro fessoral, a été heureux de s'associer aux festivités organisées par les \n ciens Elèves. Il constate avec bon" heur que la reconnaissance pouj ceux-ci n'est pas un vain mot. Des applaudissements accueillent cette chaleureuse et émouvante im provisation. Et enfin, pour clôre la série de-, speachs et des toasts, M. Ernest Nolf membre de la Chambre des Reprél sentants, remercie les organisateurs des festivités et fait un énergiqUe appel en faveur de l'Union, dont i] rappelle l'origine et le but. Il rend hommage la mémoire de ses an ciens présidents et vice-présidents MM. Xavier Dalmote, Nicolas Van Ileugen, Jules Kilsdonk et Eugène Iweins, dont le dévoûment et le? éminents services sont encore présents toutes les mémoires. En quelques phrases émues, il fait une superbe apologie de l'École moyenne et il adresse un éloquent appel la jeu nesse qui doit venir remplir les vides qui se sont produits dans les rangs de leurs aînés. M. Nolf est vigoureusement ap plaudi Puis la chansonnette éclate, vive, alerte, gaie. Les amateurs se suc cèdent rapidement. Chacun y va de sa petite chanson. Et l'on s'amuse, comme quinze ans. Vers six heures l'on se rend dans la salle voisine pour prendre le café. Et les conversations intimes, les ré miniscences du bon vieux temps, les récits des bonnes farces jouées aux professeurs, reprennent avec anima tion. A toutes les tables, dans tous les coins, ce sont de vieux camarades qui rappellent les bonnes années pas sées ensemble et envolées hélas Nous remercions tous nos camara des d'avoir répondu l'appel du Co mité organisateur et nous leur sou- h/iitons de se retrouver chaqœ année, si possible, aussi nombreux, plus nombreux même, chez tante Mie DE r r Dimanche dernier, près de cent cin quante anciens élèves de l'Ecole moyenne d'Ypres se trouvaient réunis dans la cour du vieil établissement où is reçurent leur première instruction. 11 pn était venu de toutes les villes de Belgique et même de l'étranger. Avec quelle joie l'on s'est retrouvé, avec quel plaisir on a évoqué ces bonnes heures jamais envolées, où la vie nous apparaissait toute fie urie d'illu sions exquises. Turbulents élèves de jadis, nous voici aux quatre coins de l'Europe, occupant les situations les plus diverses, ayant connu tous les écueils de l'existence les uns moins que les autres, il est vrai... Eit cet ap pel lancé par un groupe d'anciens de meurés en l'archaïque cité flamande» suffi pour nous ramener 6ur les bancs de l'école Merci aux organisateur8 de cette fête, merci eux de nous avoir fait revoir de bons copains perdus u« vue depuis des années et dont nous avons serré la main en toute cordia'1" té La date du 28 Sùptembre 1902 peUk figurer en lettres d'or dans le grand livre de l'Amitié L'assemblée était présidée par Ch. Vercanv r, ancien inspecteur de l'enseignement moyen, président l'Union des anciens élèves de 1 école moyenne. C'est dans la salle d'études notre vieille salle d'études que M £>u;' sers, directeur actuel, a reçu la très nombreuse assemblée. Dans une au0' cution de chaude sympathie, il a son- haité la bienvenue aux invités P"j? il a dit le passé et le présent de i éc° pour terminer par des voeux de Pr0§ périté pour son avenir M. le médecin principal Logie-eD garnison Bruges, s'est fait chaleure sement applaudir, son tour, dans discours la fois plein de sentiment

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Le Progrès (1841-1914) | 1902 | | pagina 2