Journal de l'Alliance libérale d Ypres et de l'Arrondissement
Les nouveaux impôts
Chambre
des Représentants.
Dimanche, 12 \vril 1905.
65e année. A0 io.
l'union pait la force
Vires acqcirit iundo.
j'ai proposé avant-hier de réunir d'urgence
une commission spéciale pour examiner le
projet de loi du gouvernement sur l'alcool. On
a refusé. Cela prouve une opposition systéma
tique, le désir d'éviter tout débat. J'espère que
les honorables collègues, qui ont signé l'amen
dement de M. Hoyoïs, useront de leur influen
ce pour décider le gouvernement faire mettre
en discussion la question du droit de licence
A bas le ministère
L'alcool est-il un aliment?
t'araissaul le ÊPimancfte.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 53, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT
Les amendements
de M. Kuyl.
Un député libéral qui a droit des
félicitations pour avoir mis le Gouver
nement et la droite en mauvaise postu
re, en présentant quelques amende
ments la loi sur les nouveaux impôts,
c'est M. Buyl
Il s'est tout d'abord occupé de la
question du droit de licence et exci-
pant des nouveaux millions que le
Gouvernement vient de se procurer,
rappelant d'autre part les promesses
non équivoques des députés cléricaux
leurs électeurs, il a tout simplement
proposé la suppression du droit de li
cence.
Les pantins de M. de Smet de Naeyer
se sont réfugiés derrière ce misérable
truc de procédure la question ne sera
pas posée.
N'est-ce pas ainsi que cherchent
s'échapper tous ceux qui ne sauraient
y répondre
Et M. Féron a pu conclure avec
combien de raison Le droit de li
cence ne disparaîtra qu'avec le Gou
vernement clérical.
Voici d'ailleurs ce sujet un passa
ge des plus intéressants du compte-
rendu analytique
M. Buyl. Je m'attendais voir le gou
vernement nous opposer la question préalable.
En effet, M. de Smet ne veut pas entendre par
ler de la suppression du droit de licence il a
déclaré, en effet, que si la Chambre volait
cette suppression, il saurait insister aupiès du
Sénat pour que celui-ci s'y oppose.
M. Woeste. Ces membres peuvent dire,
sans rien abdiquer de leurs convictions en la
matière, qu'il n'est pas possible de s'en occuper
en ce moment.
M. Buyl. C'est une opinion peu flatteuse
pour m vl. Léon Cambier, Duquesne et Van-
derheyden J'aime croire que ces collègues
ont réfléchi avant de déposer leur amende
ment. La vérité est que si la droite vote la
question préalable, c'est qu'elle n'ose pas don
ner suite aux promesses formelles qui ont été
faites avant chaque élection, tant par les mem
bres de la droite que par ceux de la gauche
M. Woeste. Un candidat ne doit jamais
prendre d'engagement.
M. Buyl. Soit Mais quand il en prend,
il doit les tenir. Je pourrais citer des lettres
signées par la plupart des sénateurs et députés
catholiques et où ils promettent aux cabaretiers
la suppression du droit de licence.
L'autre jour, propos de la traduction d'un
amendement, des membres de la droite se
sont peimis de dire que nous jouions la comé
die Je réponds que les comédiens politiques
sont ceux qui, avant les élections, promettent
tout, mais qui, une fois élus, oublient toutes
leurs promesses Ces messieurs prouveront,
une fois de plus, que dans cette question de
droit de licence il y a eu une comédie jouée
par les catholiques. Ils pourraient d'auianl
roieux supprimer aujourd'hui le droit de licen
ce, qu'ils peuvent le faire sans compromettre
'éqmhbre du budget.
Je me lésume. Le gouvernement n'a aucune
bonne raison de s'opposer l'abolition du
droit de hcence le nombre de cabarets n'a
Pas diminué le droit de licence est injuste.
11 favorise la fraude. La preuve est faite qu'il
a manqué au but que ses auteurs s'étaient
Proposés J'espère donc que les députés catho
liques qui ont pris des engagements en cette
matière, les tiendront et voleront contre la
Question préalable (Très bien gauche
Mais les députés cléricaux se fichent
de leur;- engagements comme d'une
guigne, loute la droite a voté contre la
suppression du droit de licence, excep
té quatre cléricaux, dont M. Van der
Heyden. MM. Ruzette et Visart de Bo-
carmé se trouvent évidemment parmi
ceux qui ont voté contre l'amendement
de M. Buyl.
Il importe que la chose soit retenue
Pour les pensions ouvrières, M. Buyl
avec MM. François, Ouverleaux, Ver-
heyen et Vandewalle a proposé
1) De remplacer les mots 15 millions
par 20 millions 2) d'ajouter l'article
l'aliéna suivant L'allocation an
nuelle de 65 francs prévue par l'article
9 de la loi du 10 Mai 1900 est portée
100 francs.
Et voici comment il a justifié la pro
position
La loi de 1900, a prévu un fonds de
12 millions, dont 7 millions devaient
assurer 65 francs de pension, dans cer
taines conditions, certains ouvriers.
Plusieurs d'entre nous estiment que
l'application de la nouvelle loi donne
ra 20 millions environ il est tout na
turel que quelques-uns de ces millions
soient affectés aux vieux ouvriers.
Vous repousserez mon amendement, je
le sais d'avance cela prouvera, une
fois de plus, combien vous vous désin
téressez de la classe ouvrière.
Cette fois, avec un bel ensemble,
toute la droite a voté contre.
Si donc, malgré les vingt millions
que le3 ouvriers payeront en plus
l'Etat, celui-ci ne doit pas majorer un
peu l'aumône qui est faite leurs vieux
parents, c'est uniquement aux cléri
caux qu'ils le doivent.
Sauront-ils s'en souvenir
Un correspondant occasionnel de La
Gazette vient d'établir de frappante
façon que s'il était vrai que M. de Smet
de Naeyer croit qu'une augmentation
des droits de l'accise sur l'alcool dimi
nuera de façon notable la consomma
tion de celui-ci et préviendra l'influen
ce néfaste de l'alcoolisme sur la popu
lation belge, il ne se serait pas conduit
comme il l'a fait.
Qu'on en juge par ces lignes
Voulez-vous faire un grand acte
Un acte la fois patriotique et morali
sateur
Voulez vous renverser le ministère
qui mène le pays sa perte et contri
buer guérir en même temps, chez
nous, la plaie de l'alcoolisme
Je vous connais trop pour en dou
ter.
C'est pourquoi je vous livre mou
idée en toute confiance.
Proposez l'établissement d'une li
gue dont les membres s'engageront par
serment ne plus boire d'alcool jus
qu'à la chute du cabinet.
Le sacrifice sera peut-être dur
beaucoup. Mais aux grands maux, les
grands remèdes
11 laisse du reste intactes toutes les
opinions. Dans cette ligue s'associeront,
réunis pour la défense Datiouule, sans
rien abandonner de leurs principes ou
de leurs rêves divergents, libéraux et
socialistes, également intéressés voir
tomber le cabinet.
Qu'ils tiennent leur engagement, et
le cabinet tombe.
L'impôt sur le rendement duquel
il compte pour équilibrer son budget
et qui est sa dernière cartouche, ne lui
donne presque rien de ce qu'il espère.
Le déficit est là On ne peut plus
le cacher.
Or, uu gouvernement qui crée le
déficit tombe infailliblement.
Celui-ci. qui ne vit que de l'argent
répandu pleines mains sur le clergé
et sur les gens pieux, sera lâché par sa
propre clientèle, lp jour où il ne pour
ra plus la satisfaire.
Conclusion il dépend de nous de
1e r: ftre par terre. S'il se maintient,
ce sera par notre faute, parce que nous
aurons été incapables de faire le petit
effort de volonté nécessaire
L'histoire nous jugera Elle nous
sera sévère car cet effort qui sauve
rait le pays de la domination cléricale
aurait en outre ce bon effet d'arrêter
pour quelque temps les ravages de l'al
coolisme, et de nous habituer un ré
gime plus sain Ce serait double béné
fice national.
Je compte nur vous, Messieurs de
la Gazette Faites adopter mon idée,
et vous mériterez la reconnaissance de
tous les bons citoyens.
En attendant, je vous salue cor
dialement. Un vieux patriote.
De la Revue, ancienne Revue des Re
vues (extrait de quelques opinions)
M. Duclaux
Je pense qu'on ne peut encore tirer
de conséquences pratiques définitives
des expériences de MM. Altwater et
Benedict jusqu'ici elles sont trop im
pliquées dans des questious financières
pour que je puisse dire mou avis ce
sujet.
M. le docteur Roux
Acceptons comme démontrés les
résultats de l'expérience de MM. Ait-
wa'er et Benedict et reconnaissons que
l'alcool peut servir d'aliment dans les
conditions où ils se sont placés. Cela
n'empêche pas qu'il faut continuer la
lutte contre l'alcoolisme.
M. le docteur Metchnikoff
"Je suis persuadé, quant moi, que
l'alcool est un poison.
M Berthelot
L'alcool n'est pas un aliment, bien
que ce soit un combustible.
M. le docteur Brouardel
A mon sens, on ne peut pas con
clure de la constitution chimique d'un
corps sa valeur alimentaire, ni même
d'une comparaison entre deux corps
ayant la même constitution chimique
l'équivalence de leur pouvoir nutri
tif. L'expérience seule peut trancher la
question.
M. Charles Itichet
Il faudrait que les hommes fussent
des anges pour que l'alcool ne fût pas
un grand péril.
M. le docteur Garnier, médecin en
chef de l'infirmerie spéciale du Dépôt
L'alcool aliment!... Alors même
que cette formule serait chimiquement
exacte, elle ne sera jamais socialement
vraie.
Séance du Vendredi 5 Avril 1905.
Suite et fin de la discussion de l'in
terpellation de M. Crombez sur l'inva
sion des congrégations françaises.
M. Demblon reconnaît l'Etat seul,
qui est par essence neutre, le droit et
le devoir de recueillir et d'éle7er les
orphelins abandonnés. Sous couleur de
charité, les couvents se livrent une
exploitation frénétique du peuple et
des jeunes gens. Il est établi qu'à me
sure que les couvents s'enrichissaient
au moyen-âge, les moines se livraient
tous les crimes, toutes les déprava
tions. L'immense majorité des fidèles
ne croit toutes les balivernes du
charlatanisme religieux. Il y a des fa
briques de fausses reliques Colin de
Plancq a établi que des saints avaient
jusqu 4b jambes et des douzaines de
têtes M Demblon lit de* extraits du
Courrier de VEscaut du 19 Mars 1903,
d une revue où l'on parle des miracle-
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
de saints qui n'ont jamais existé, du
Propagateur de la dévotion S' Joseph II
n'ose lire le livre la morale des confes
seurs, cet écrit est trop ignominieux et
il y a des dames dans les tribunes. Tou
tes les nations catholiques, dit-il, l'Au
triche, l'Espagne, le Portugal, l'Italie
sont en décadence. La France s'est res-
saissie et l'Espagne est en train de se
couer le joug clérical. La Belgique,
elleaus8i et malgré la majorité cléri
cale factice dûe aux fraudes électora
les, se ressaisira et reviendra ses an
ciennes traditions.
M. Denis dit que l'interpellation de
M. Crombez a soulevé les plus grands
problèmes de la vie morale d'un peu
ple. Pas plus que ses amis il ne songe
proscrire qui que ce soit. Dans ces
dernières années la moyenne annuelle
des expulsions de la Belgique s'élève
7.000 alors qu'elle n'était naguère que
de 2 500. Ne ferait-on pas beaucoup
mieux d'organiser plutôt le marché
international du travail M. Denis
rappelle que Louis Veuillot,uncatholi-
que français, déclarait un jour L'égli
se réclame la liberté aux républicainsau
nom de leurs principespour leur refuser
la leur au nom des siens(juaiul
elle en aurait reconquis les
moyens. Le rôle de l'Etat est de
réagir contre l'esprit sectaire des cléri
caux qui exaltent aujourd'hui toutes
les libertés auxquelles ils ont porté at
teinte, et d'intervenir dan-* l'intérêt de
la défense de la société moderne L'œu
vre immédiate organiser, ajoute t-il,
c'est l'enseignement d'une morale pu
rement humaine l'œuvre de demain
sera la séparation absolue des églises
et de l'Etat.
M. Furnèmont constate que MVan
den Heuvelministre de la justice, a
trouvé une solution qui permet de cou
vrir toutes les fraudes employées par
les congrégations religieuses pour
échapper la loi Il rappelle les pa
roles suivantes prononcées la Cham
bre française, par M. le comte de
Mun a Ces biens (des congrégations)
ne sont pas la propriété de l'associationcar
elle n'a pas d'existence légale ils ne sont
pas la propriété des membres de l'associa
tioncar ils n'ont jamais eu sur eux de
droits personnels ils ne sont pas la pro
priété des personnes interposées car elles
ne sont là que pour faliciler la fraude
donc, ils appartiennent T Etat, en vertu
du droit commun.
M. Furnèmont rappelle que la droite
a combattu jadis son amendement ten
dant accorder la personnification ci
vile toutes les sociétés philosophi
ques et commerciales Les associations
religieuses n'en voulaient pas. C'est la
révélation de la puissance des 200.000
congrégations françaises possédant au
moins 10 milliards qui a fait apparaî
tre le péril social en France.
M. Furnèmont demande que le gou
vernement fasse une enquête complète,
impartiale et même contradictoire sur
la puissance et la fortune congréganit-
tesenBelgique. Cette demande reste....
sans réponse.
M Furnèmont fait ressortir que la
proscription et la confiscation ne figu
re nulle part dans son programme Les
socialistes comme les libéraux du
reste ne sont pas des sectaires fana
tiques et antireligieux, ils resppctpnt
198 croyants convaincus et sincè' - Il
cite un passage d'un ouvrage le M
W amant fils, et du Bien public, le pi rn-
cipal organe catholique du pay*. la
constitution belge est considérée com
me une charretée d'ordures
M. Lemonnier pense que d-* m - nies
s imposeront bientôt au o»rlement,
étant donné l'accroissement de nos
congrégations et l'invasion des congré
gations françaises. Il faudra légiférer