UNE EXCURSION SCIENTIFIQUE
Neuve-Eglise
SOCIÉTÉ DES ANCIENS POMPIERS
Harmonie Communale.
CONCERT,
Un dernier écho
de la visile de Monsieur
le Gouverneur.
Une solennité d'Art.
Bibliothèques publique
et populaire
de la ville d'Ypres.
Liste des ouvrages, entrés pendant
les mois d A vril Août 190t.
son Dieu de le délivrer de cet inta
rissable et déconcertant bavard Mais
le pauvre homme n est pas au bout de
ses peines
Enfin Monsieur Colaert se tait Il
vide sa coupe. On fait comme lui et on
se rassied pour se lever aussitôt car le
Premier a cassé on second verre, pour
annoncer une reprise, bien que person
ne n'eût crié bis
Cette foi» c'est au Gouverneur qu'il
s'attaque. Il le prend dès «a première
culotte, l'école, puis l'Université de
Louvain, où il eut 1 honneur de faire
sa connaissance C est cette époque
déjà lointaine que Monsieur Colaert
tira l'horoscope du baron Béthune et
prédit son éminent condisciple qu'il
«erait un jour le Gouverneur de la
Flandre Occidentale.
Monsieur Béthune ouvre largement
sa chabraque officielle et se met rire
bruyamment avec ses voisins qui jet
tent Monsieur Colaert des regards
suppliants comme pour lui demander
grâce.
Mais notre Premier continue imper
turbablement. 11 vante les mérites per
sonnels de Monsieur le Gouverneur et
ceux de son illustre père et de tous les
membres de la famille Béthune où cha
cun a du talent et de l'honnêteté re
vendre, y compris l'échevin-député
d'Alost. 11 chante les bienfaits de
l'Ecole S1 Luc et la gloire de la gilde
de S1 Thomas et les bpautés néo gothi
ques qui ornent les innombrables
églises, chapelles et couventB de notre
heureux pay8 Monsieur Colaert n'ou
blie rien, ni personne
Puis, intervertis-saut les rôles plai
sir, il met Monsieur Béthune en de
meure de faire achever le canal d'Y-
prea Connues et de faire restaurer
nos monuments. Cette fois le Gouver
neur est littéralement ahuri Et son
ahurissement devient de la stupéfac
tion quand il entend notre maïeur par
ler de l'enthousinsuie muet,
uiui.<* profond et sincère,avec
lequel le Commissaire du Roi a été
accueilli en ville dans la matinée.
C'est ainsi, dit Monsieur Colaert, que
les Yprois, peu expansifs, manifestent
n leurs sentiments intimes dans les
grandes circonstances
Les convives se regardent eflarés,
seul le banc de Poperinghe jubile,
exulte, triomphe. Il applaudit bruyam
ment son plus illustre représentant.
Monsieur Van Merris est rayonnant
Comme tous ces féministes se compren
nent 6t s'admirent Cette abracada
brante élucubration ne dure pas moins
d'une demie heure. Il a fallu dire
Monsieur Colaert que Monsieur Bé
thune devait partir 7 1/2 heures pour
que notre Premier ne décidât cho
quer son verre contre celui du Gouver
neur Un soujur de soulagement s'é
chappe de toutes les poitrines pendant
Feuilleton du PROGRÈS D'YPRES (2
du 28 Août 1904.
sur le Littoral
île La Pniuie Aieuport.
o
(suite
Celte espèce d'éponge que no is rencontrons
en abondance sur la plage n'est autre chose que
la réunion d'œufs de buccin, mollusque dont la
coquille est très commune sur l'eslran
Celle coquille est souvent habitée par cel
animal curieux qu'on appelle Bernard l'Her-
mite ou pagure.
La moitié postérieure du corps de ce crusta-
cé reste mince et sans carapace. Il se loge dans
les coquilles des mollusques, s'appropriani les
coquilles vides qu'il trouve abandonnées. Il
traîne son habitation sur le fond de la mer
aussi les coquilles qu'il a habitées présentent-
elles un paît dû au frottement sur le sable
Quand sa coquille est devenue irop peLte, il
l'agrandit et on peut aisément y distinguer la
nouvelle structure Les coquilles habitées par
le Bernard l'Heimite sont presque toujours
milisées par d'autre habitants qui vivent en
commensaux avec lui.
Ce sont, par exemple, Vhydractinia échina-
ta, polypier qui croit sur la coquille du buc
cin il possède des tentacules qui ont un pou
voir urticaul. Peut-être le pagure cultive-t-il
i'hydraclinia, qui lui rend le service d'empoi
sonner les animaux qui voudraient l'attaquer
La serpule est un ver qui construit des ga
leries la surface de la coquille du buccin
Celle-ci est parfois perforée également par un
mollusque gastropode, appelé notica mnnilife-
ia, et par une espèce d'éponge, nommée clio-
na celata Enfin la balane est no cruslacé cir-
tipèvie qui se fixe sur la coquille du buccin, ou
mit les rochers, les pieux d'estacade, etc. son
orifice buccal s'ouvre par une valve double
battant qui reste fermée lorsque l'animal n'esl
que Monsieur Colaert regarde béate
ment leo convives et se dandine gra
cieusement en entendant les applau
dissements qui éclatent de toutes parts,
très drus, très nourris, mais où l'on
sent une pointe d'amère ironie qui n'é
chappe pas au t Représentant du Roi»
Car, celui-ci, en un langage très digne,
qui contraste singulièrement avec les
périodes tintamaresques de son ho
norable adversaire a promptement
remis les choses au pomt et chacun
sa place. Il raille doucement, et spiri
tuellement la puissance de visiOD de
son ancien condisciple et aux applau
dissements ironiques de la salle entière
(sauf le banc de Poperinghe qui com
mence la trouver mauvaise) il tourne
et retourne sur le gril avec une remar
quable aisance et une bonne grâce
parfaite, l'homme que le hasard et
aussi la pièce de cent sous ont mis ia
tête de notre chère cité.
Il fait ressortir en excellents termes
combien grande est l'infiueijce de la
députation Yproise auprès dn gouver
nement. Les rieurs sont du côté de
Monsieur Béthune et ceux-ci ne lui mé
nagent pas leurs applaudissements
quand ils entendent l'honorable Re
présentant du'Hoi exprimer la convic
tion que cette influence suffira pour
obtenir du gouvernement toutes les fa
veurs que Monsieur Colaert, Monsieur
Surmont et leurs amis nous promet
tent depuis trente ans chaque renou
vellement de leur mandat.
Les sénateurs et représentants rient
jaune Monsieur Colaert, honteux et
confus, a juré, mais un peu tard, qu'ou
ne l'y reprendrait plus
Après quelques coups de goupillon.
Monsieur Béthune, radieux et toujours
se tortillant, brûle la politesse ses
convives et le banquet achevant de
languir, a lentement fini au milieu
du même enthousiasme muet,
îuuii* sincère et profond, qui
avait marqué son début.
D'YPRES.
E X C IT It S I O X
Dimanche 28 Aodl 1904.
Départ d'Ypres 15 h. 15.
Départ de Neuve-Eglise 21 h 50.
IHinaiiclie, Août 1904,
8 h. dn soir.
P R OGRA MME.
1 Allégro militaire.
2 Danse aux flambeaux, de Luigini,
arr p. Wittebroodt.
pas battu par l'eau, marée basse, par exem
ple.
Nous nous dirigeons vers la Irontière fran
çaise qui se trouve quelques kilomètres de
La Canne. A peu de distance de cette limite,
nous abandonnons la plage et pénétrons dans
les dunes Ceux qui ne connaissent que les
dunes des environs d'Oslende et de Blanken-
bergbe n'ont qu'une idée bien imparfaite de ce
que sont La Canne ces monticules de sable
si le naturaliste trouve un charme particu
lier parcourir ces régions, l'amateur de sites
pittoresques également, est, dans une prome
nade travers ces dunes, servi souhait. Elles
s'étendent sur une largeur de 2 3 kilomètres
dans l'uniformité grise de leur ensemble, se
dessinent et là de petits bosquets, des étangs,
certains fonds plats appelés pannes, occupés
par des cultures, ei qui mettent de l'imprévu
dans la promenade.
Leur solitude n'est troublée que par la fuite
éperdue d'un lapin, le vol rapide d'une perdrix
ou d'un iaisan. Au loin s'entend le bruit des
vagues, qui, amorti par les collines de sable,
n'est bientôt plus qu'un murmure. Ce jour-là.
s'y mêle le mugissement d'un vent d'ouest
violent qui emporte avec lui les fines particules
de sable.
M Massait nous arrête daus une sorte de
vallon plus ou moins abrité et là. groupés au
tour de lui, nous écoutons les intéressantes ob
servations que lui suggèrent les quelques ob
jets qu'il a ramassés sur la plage et quelques
données relatives la géologie du littoral
Il nous montre une moule de mer profonde,
dont les valves de la coquille sont plus creusesel
plus profondes que chez la moule ordinaire, la
coquille du cardium edule, mollusque très ré
pandu et comestible. Le cardium grandit
l'intérieur de sa coquille quand il est devenu
trop volumineux, il agrandit celle-ci et cet ac
croissement s'opère au fur et mesure de l'aug
mentation de sa taille on distingue parfaite
ment sur les valves les zones de cioissance.
Qu'est-ce que cette sphère transparente et
gélatineuse qui. mise dans un bocal d'eau nage,
l'aide de petites palettes vibratiles et se revêt
3 Les Pêcheurs de Perles, fantaisie.
Bizet
4. Arrivée de la Poste, morceau carac
téristique. Etlenberg.
5 Mosaïque sur les Cloches de Corue-
ville,de Blanquette,arr p. Degrez.
G LaTzigana, valse hongroise. G Nob.
Nous avoDs constaté avec plaisir que
tout le monde en notre ville a applau
di la visite officielle que le premier
Magistrat de la province, accompagné
de nos édiles, a bien voulu faire le 14
Août dernier l'Hôtel-Musée Merghe-
lynck, dont l'heureux propriétaire et
Madame Arthur Merghelynck ont gra
cieusement fait les honneurs.
Vers deux heures et demie sont arri
vés simultanément Monsieur le Gou
verneur et les membres du Conseil
communal presqu'au grand complet.
A sa descente de voiture, l'honora
ble Commissaire du Roi fut reçu par
Monsieur Merghelynck, qui le condui
sit, ainsi que les autorités locales pré
sentes, dans la grande salle manger
où se trouvent les admirables dessus
de parte sculptés par l'artiste Lillois
Deledicque.
Dans une harangne bien sentie, Mon
sieur Merghelynck souhaita la bienve
nue Monsieur le Gouverneur et aux
autres invités et les remercia de l'hon
neur qu'ils lui faisaient en visitant
l'Hôtel familial
Dans une éloquente et chaleureuse
improvisation le Commissaire du Roi
répondit avec tact et humour. 11 rendit
hommage au savant et tenace collec
tionneur lequel, en dotant Ypres de
l'inappréciable joyau qu'est l'Hôtel-
Musée, a rendu un service éminent la
patrie, la province et la ville.
Le Champagne fut offert et en termes
excellents Monsieur Merghelynck pro
posa de boire la santé de Monsieur
le Gouverneur qui son tour leva son
verre en l'honneur de Monsieur et de
Madame Merghelynck.
Puis le temps faisant défaut comme
toujours en pareilles journées, on dut
se borner traverser rapidement les
fastueux salons du rez-de-chaussée.
Disons eu terminant que nous ap
prouvons pleinement l'initiative dont
l'Admiuist-ation communale a fait
preuve en ménageant cette intéressan
te visite Monsieur le Gouverneur et
en permettant ainsi que l'œuvre do
Monsieur Merghelynck, qui attire an
nuellement tant d'étrangers en notre
iimi hiMiiHiii mihxana ibho flaw—tfiiMn
de couleurs irisées C'est le cydippe, cœlertté-
ré cténopliore sa transparence le rend invisi
ble dans l'eau chacune des huit rangées de
palettes natatoires obéit u.i système nerveux
spécial mais il n'a qu'un seul tube digestif
situé au centre du corps.
Voici la coquille sphérique d'un oursin ou
hérisson de mer, elle est percée de pores par
où passent des ambulacres ou organes locomo
teurs. Voilà une éponge (Siphocholina oculataj
qui porte des spicules siliceux qui lui servent
d'organes de défense.
Nous avons également trouvé sur la plage
un tesson de bouteille et un coquillage fossile
où l'usure et l'arrondissement produits par les
flots et le sable sont très visibles un morceau
de grès panisélien (partie supérieure de l'étage
Yprésienj, décoloration vert foncée ou brune
le sable y a été cimenté par du calcaire ou
parfois par de la silice des galets roulés de
craie qui viennent des côtes de France (Boulo-
gné) ou d'Angleterre (DouvresJ, car ici la craie
(période secondaire) n'affleure pas dans la mer
Le petit tableau suivant résumera, au point
de vue des différentes périodes, les quelques
renseignements géologiques se rapportant au
littoral
i Quaternaire
supérieur ou moderne mer poldérienne
Epoque Mer flandrienne
quaternaire 1 quaternaire hesbayeune
[inférieur campinienne
1 I mossenne
Pliocène
i Miocène
J Oligocène
f i Supérieur
jEcocène
Inférieur Mer panlwlienne
Mer ypresienne
La courbe de niveau de o mètres des caries
militaires repiésente approximativement la li
mite de la plaine mamime; le zéro de ces car
tes correspond au niveau moyen des marées
basses Ostende.
Avant le 3" siècle de notre ère, nous dit M.
Massart, ce pays était couvert de forêts, en
grande partie de pins sylvestres Le terrain
était plus élevé et la mer n'arrivait qu'à 15
kilomètres environs au Nord-Ouest de la côte
actuelle.
Epoque
tertiaire
ville, reçût enfin la consécration offi
cielle qu'elle méritait depuis long
temps.
(suite).
(Les ouvrages marqués d'un pro
viennent d'achats, les antres de dons
Le Duc d'Ursel. Brux., Lesigne
1904 in-8°.
Henry Rousseau. Esquisses d'art
monumental. Brux Schepens, 1903-4;
4 vol. in-12°.
Dr Quinet. Chiens nus. Hommes
velus. Brux Vanbuggenhondt, 1901
broch. in-12°.
Albéric Neton. L'Indo-Chine et
son avenir économique. Paris, Perrin
1904; in-12°.
Jos Mansion. Les gutturales grec
ques. Gand, Vuylsteke, 1904 in-8°.
Edgar Bonehill. Touffe de genêts.
Charleroi, Surin, 1903 in-12°.
Léon Beckers. L'enseignement su
périeur en Belg. Code annoté... Brux.
Castaigne, 1904 in-8".
Léon Vanderkindere. La chroni
que de Gislebert de Mons Brux
Hayez, 1904 in-8°.
Bulin de l'inst4 archque liégeois. T 33.
Liège, Cormaux, 1903 in-8°.
Bibliotheca belgica Livr. 163-165.
D. Berten. Coutumes des pays et
comté de Flandre. T. 7 (Gand). Brux.,
Goemaere, 1904 in-f".
Pater Garmyn. Veertien jaren in
den Congo. Rousselare, De Meester,
1904 in-8° (Don de M. J. Baus).
Em. Gautier. L'année scientifi
que. 1903. Paris, Hachette, 1904; in-
12°.
Société d'arch. de Brux. Rapport
sur les excursions de 1903 par Charle-
magne Magnieu Brux 1904 broch.
in-8". (Excursion Ypres).
Anuual report of the board of re-
gents of the Smithsonian Institution.
Washington, 1904 in-80. (Don du
gouv' des E.-U.)
M. De Wulf. Introd. la philos,
néo-scolastique. Paris, Alcan, 1904
in-8°.
De Cock eu Teirlinck. Kinderspel
en kinderlust in Zuid Nedefland. 4e
deel. Gent, Sifter, 1904 in-8°.
Aug. Lameere. Mém. de la Société
entomologique de Belg. Revision des
prionidos maerotomines. Brux., 1903
in-8°.
Ch. Saunier. Louis David. Paris.
Laurens, s. d. in 8°.
Depuis un certai.i nombre de siècles, noire
littoral subir un mouvement descendant la
mer, en s'avançant a englouti ces forêts qui ont
été transformées en tourbe celle-ci a été re
couverte d'une couche d'argile grise de l 2 iu.
d'épaisseui. Le pays, partir de l'an 300,
est donc devenu inhabitable, et le serait encore
aujourd'hui si par des digues, construites suc
cessivement l'homme n'avait empêché la marée
haute d'inonder cette partie de la Flandre.
Mais comme l'affaissement de la terre conti
nue, la mer attaque la côte.
Ostende.
A. Digue en 1500
Digue ac
tuelle
O Kursaal
actuel
G D
Ver< 1300, on a construit Ostende la li
mite A B de la marée haute, une digue sur la
quelle a été élevée la forteresse aujourd'hui,
le kursaal se trouve au même emplacement.
Mais la limite actuelle de la mer est la ligne
C D et, marée haute la digue du lôe siècle
est battue par les eaux c'est pourquoi on a dû
la défendre par un perré en moellons.
Autrefois, un village appelée Onze-heve-
vrouw-ter-streep était situé au large d'Osten-
de il a été envahi par la mer aux marées
très basses on en découvre encore des restes
de fondations.
De même, au large de Bl.mkenberghe, exis
tait le village de Scarpboul qui a disparu en
1342 cl dont les habitants ont fondé un nou
veau village sur les dunes blanches (Blanken-
berghe) situées celle époque 1 kilomètre de
Scai phout.
A l'Oue-l de Nieuport, l'affaissement du soi
est compensé par l'apport de sable du courant
de la mer venant du Pas-de Calais.
(A suivre). Dr De Gevnst.