Journal de TAlliance libérale d Ypres et de VArrondissement.
Conseil communal
Dimanche, 11 Décembre 1904.
04e année. 50.
Vires acquirit eindo.
l union pait la forle.
t'arainnaat te ÈHmatteite.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
Pour les annonces on traite forfait.
On s'abonne au bureau du jourual. rue de LTixsiuoe, 53, Ypres. Les annonces, les faiis
divers et les réclames sont reçus pour I arrondissement d'Y près et les deux Klaudres'au bureau
du Progrès Pour la publicité en dehors dr- deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité Van Godtsenboven et Thibesard, 14, Place de Brouckère, Bruxelles,
téléphone 5230.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judieiaires 1 fr. la ligne.
D'Y PRES
Séance publique «lu
Samedi 3 Décembre 1IM14.
La séance publique est ouverte 5 h.
10 m en présence d'un public très
nombreux.
Tous les membres du Conseil (ont
présents sauf M. Canepeel.
Sur l'assentiment du Conseil, M.
Boudry, chef de bureau remplace M.
le Secrétaire Gorrissen empêché par
suite d'une indisposition.
Le procès-verbal de la séance du 26
Novembre n'ayant donné lieu aucune
observatiou est approuvé.
Le budget communal pour l'exercice
1905 ayant été discuté, dans tous ses
détails, dans une précédente séance,
est définitivement, adopté avec un ex
cédent de fr. 1,236 91
Le Conseil émet un avis favorable
sur une délibération de la Commission
des Hospices du 25 Novembre 1904, de
mandant l'autorisation de vendre plu
sieurs marchés de sapins, bois-taillis,
arbres, etc croissant sur les propriétés
de la dite administration.
Le troisième objet l'ordre du jour
est l'importante question de l'éclairage
public.
M. le Bourgmestre. La convention
quia été votée par le Conseil commu
nal en séance du 19 Février 1886, ac
cordant la concession pour un terme de
vingt ans, de l'éclairage de la ville
d'Ypres. dater du lr Janvier 1886, ex
pire par conséquent le 31 Décembre
1905 En vue de cet événement, dont
nous ne sommes plus éloignés que
de treize mois, nous avons nommé, le
7 Novembre 1903, une commission
chargée d'examiner la question du re
nouvellement de cette concession et de
donner son avis sur la solution réali
sant le double but que nous poursui
vions, but qui sera conforme, nous n'en
doutons pas, aux aspirations du pu
blic, d'avoir Ypres le meilleur éclai
rage possible au plus bas prix
Cette commission s'est réunie pour
la première fois le 14 Décembre 1903
sous la présidence du Bourgmestre
Depuis lors, elle a tenu un grand
nombre de séances,jusqu'au 28Novem-
bre dernier, séance laquelle voua avez
tous assisté et dans laquelle on a voté
l'unanimité les décisions qui sont
soumises en ce moment vos délibéra
tions
La première question que l'on a eu
examiner était celle de savoir de
quelle façon il fallait éclairer la ville
au gaz ou l'électricité. Cette ques
tion très importante a fait l'objet d'un
examen très approfondi, la suite du
quel la commission a décidé de s'a
dresser un spécialiste et elle a choisi
M. Gillon, professeur l'Institut élec-
fro métallique de l'Université de Lou
vain, homme d'une compétence recon
nue en matière d'électricité. L'honora
ble professeur, après nous avoir exposé
tous les avantages de l'éclairage
1 électricité, a bien voulu nous faire
connaître les couditions dans lesquelles
11 serait possible pour la ville d'avoir
on éclairage électrique. L'occasion
pour l'avoir ne s'était jamais aussi bien
présentée que depuis le jour où l'on a
créé l'Ecole de Bienfaisance de l'Etat
i installation de la lumière électrique.
oi.s aurions pu nous entendre avec la
8ociété qui allait exploiter ce nou
veau service. Nous aurions pu, par
exemple, construire la nouvelle usine
et nous relier t'usine de l'Ecole da
Bienfaisance nous aurions peut-être
aussi pu utiliser en commun les ma
chines et le château d'eau. Mais lors
que nous sommes entrés dans des dé
tails avec M. Gillon, nous avons fini
par reconnaître que l'électricité nous
aurait coûté beaucoup plus cher et que
nous n'aurions pas fait la recette pré
vue de 15,000 francs eu abandonnant
l'exploitation de notre château d'eau
la société qui aurait dû être consti
tuée. Nous avons donc reculé devant
cette solution parce que la dépense
faire nous paraissait trop forte. Nous
n'y aurions rien gagné puisque l'eclai-
rage coûte actuellement aussi 15,000
francs. Nous avons au dossier une lon
gue étude de M. Gillon. Elle a été
communiquée la commission spéciale
et, en sections, j'en ai résumé les con
clusions.
A mon avis, et cela a été également
l'avis de la commission spéciale, l'é
clairage électrique aurait été insuffi
sant. 11 aurait fallu un grand nombre
de lampes arc, ce qui aurait coûté
très cher, probablement 15 20 000
francs et plus encore pour avoir un
éclairage suffisant. Vous connaissez,
du reste, l'expérieuce faite Bruxelles
où l'électricité n'est qu'un moyen sup
plémentaire d'éclairage. A Paris, l'é
clairage électrique a existe également
et on a tim par en revenir au gaz.
Nous avons appris, au cours de l'en
quête que nous avons faite, que dans
toutes les localités où l'on a l'électrici-
té, on n'eu est pas fort satisfait et l'on
y constate que l'éclairage electrique
est insuffisant et qu'il coûte très cher
la ville.
G'est pour ainsi dire un axiome que
l'electricite n'a pas ditsou dernier mot.
Du reste, n'oubliez pas, comme vous le
constaterez tout l'heure, que le con
trat renferme une clause qui permet,
le cas échéant, de prendre l électncité
comme moyen d'éclairage. Cette clau
se ne se trouvait pas dans l'ancien con
trat.
Il nous est même permis, en vertu
du nouveau contrat, de prendre tout
autre mode d'éclairage car le contrat
dit que si par suite de découvertes nou
velles ou de perfectionnements quel
conques on constate dans plusieurs
villés de Belgique, de Hollande, de
France, d'Angleterre, d'Allemagne ou
des Etats-Unis d'une population équi
valente ia population de la ville
d'Ypres, une amélioration de 1 éclaira
ge ou un nouveau mode aussi économi
que que celui qui fait l'objet de la
convention, uous pouvons obliger le
concessionnaire l'introduire égale
ment Ypres bien entendu si l'on con
state, par une expérience de trois ans,
que l'économie est au moins de 15e
pour l'éclairage public. Si l'on fait cet
te constatation, la convention stipule
que la ville d'Y'pres a la faculté, l'ex
piration de l'une des périodes quin
quennales, de faire cesser la présente
concession et de doter ia ville du nou
veau système d'éclairage, tant pour
l'éclairage public que pour l'éclairage
privé Toutefois, nous ne pourrons
user de cette faculté que si la conces
sionnaire consentait doter Yrpres du
système nouveau présentant les mêmes
avantages et les mêmes garanties et
s'il ne le voulait pas la concession pren
drait lin et nous aurions le droit de
nous adresser un autre conce>sion-
naire.
L'électricité étant ain-i écartée,
l'unanimité des membres de la com
mission spéciale et 1 unanimité des
membres présents aux réunions des
sections, nous avons été amenés exa
miner ensuite quel était, au double
point de vue de la clarté et de l'écono
mie, 'e meilleur système d'éclairage.
L'est le gaz qui obtint la préférence de
la commission spéciale et des sections
mais survint ensuite la question de sa
voir cornaient il fallait faire l'exploi
tation eu concession ou en régie.
Vous savez, Messieurs, que plusieurs
localités exploitent le service du gaz en
regie, notamment Bruxelles, Gand,
Warnêton, Boom, etc. D'aucuns pré
tendent qu'on s'en trouve bien et, ce
pendant, je pense que la commission
a bien fait d'écarter ia régie quoique
personnellement j'en eusse été parti
san. (1) Une autre question se présenta
ensuite fallait-il renouveler la con
cession actuelle et adopter les propo
sitions Valcke avec les avantages reels
offerts par le concessionnaire Ne
pouvait-on saus inconvénient, c'était
là une troisième question, constituer
entre les différentes communes de l'ar
rondissement d'Ypres une société inter
communale pour l'exploitation de l'é
clairage Ou bien fallait-il constituer
une s iciété entre communes et particu
liers Le public no sait pas exacte
ment ce que c'est qu'une société inter
communale.
Une société intercommunale propre
ment dite, c'est une société unique
ment composée entre communes et
quand nous avons examiné la question
do «avoir s'il serait possible de créer
cette société, uous avons été d avis que
nous ne pourrions pas, en ce moment
du moins, la constituer légalement.
Mais pouvait-on la constituer entre
communes et particuliers Pas davan
tage et ce que l'on pouvait faire c'était
uniquement prévoir l'avenir, c'est-à-
dire un chaugement de législation qui
permettrait aux communes de former
semblable société. Le projet que nous
vous soumettons écarte doue la régie et
donne tout concessionnaire le droit
d'éclairer la ville d'Ypres en lui réser
vant le droit d'entrer un jour dans une
société intercommunale ayant pour ob
jet d'éclairer la voie publique des diffé
rentes communes ainsi que les parti
culiers. (2 Mais avant de développer le
système qui a prévalu, nous avons pour
devoir île vous faire connaître les mo
tifs qui ont tait rejeter la régie que
quelques uns d'entre nous, et moi en
tre autres, nous aurions vivement dési
ré voir établir.
Gomme je le disais tout l'heure,
plusieurs localités ont adopté ce régi
me et d'après ce qu'on dit elles ont at
teint le double but que nous poursui
vions, savoir une économie et un
éclairage meilleur. Seulement, lorsque
nous nous sommes informés des résul
tats auxquels on avait abouti dans plu
sieurs communes, nous sommes arrivés
la conclusion que, pour une ville de
l'importance de la ville d'Ypres, qui
no compte que 17,000 habitants, la ré
gie pouvait avoir de gros inconvé
nients. Quand j'en ai parlé au conces
sionnaire actuel, il me l'a déconseillée
lui même et je crois qu'il avait raison
La régie mène des frais généraux que
l'on ne peut pas toujours prévoir. Lors
que l'on fait le décompte d'une exploi
tation en régie on dit qu'elle a donné
telle on telle recette mais on oublie de
tenir compte des frais géuéraux qui
sont quelquefois très importants
11 en est ainsi, par exemple, pour les
(1) N. d. 1. R. La Commission n'a pas eu
examiner la question, ce qu'un membre
a publiquement déclaré. La Commission a
simplement eu se prononcer sur le point
de savoir si c'était le gazou ^électricité qu'il
convenait d'adopter.
(2) N. d. 1. R. Le certain c'est la conces
sion pour Ypres l'incertain c'est l'inter
communale. Nous n'avons cessé de le dire.
ouvriers do; la ville qui sont employés
tautôt ici, tantôt là, et l'on ne songe
pas grever le service qui est fait en
régie de la part des salaires qui y est
afférente.
Le Moniteur des intérêts matériels a
publié récemment un article très bien
fait sur cette quostiou intéressante et
cet article conclut contre les régies.
Elle a été abandonnée notamment en
Italie pour les tramways électriques et
dans d'autres pays encore. (1) La régie ne
paraissait donc pas pouvoir noua con
venir pour les divers motifs que j'ai
indiqués et surtout parce qu'on oublie
trop souvent les faux frais et les frais
généraux. Il est évident que cette ques
tion n'a pas dit son dernier mot. On
pourrait dire, Messieurs, et l'objection
sera certainement faite, qu'une asso
ciation intercommunale pourrait offrir
les mêmes inconvénients car semblable
association peut être considérée comme
étant en somme une régie mais plus
étendue. Aussi, est-ce pour cela que
nous Hommes bien décidés ne pas
nous lancer dans une intercommunale
proprement dite, telle que je l'ai défi
nie tantôt.
Une intercommunale ou une régie
générale pourrait offrir les mêmes dés
avantages. Il faudrait, dans tous les
cas,intéresser au système qu'on suivra,
régie spéciale ou régie générale plus
ou moins étendue des particuliers qui
n'ont qu'uu intérêt fiuancier faire
marcher l'affaire. Il faut reconnaître,
du re8te,que l'on trouve rarement dans
une administration communale, quel
que bien composée qu'elle puisse être,
des hommes techniques compétents
pour assurer la marche des différents
services (2) L'on est toujours obligé de
s'adresser des spécialistes et d'avoir
recours une véritable armée d'em
ployés qui souvent, n'y ayant aucun
intérêt, précisément parce qu'il y a
régie, laissent aller les choses, sont né
gligents et par le fait même conduisent
les régies leur perte. Je ne parle pas
de l'exploitation en régie des trans
ports par terre ou par eau.
11 en est par exemple qui sont bonnes
ainsi, pour l'entretien des chemins vi-j
citiaux ou des routes. Là, il n'y a pas i
proprement parler d'intercommuna
le et cependant déjà du temps des Ro
mains, on s'était, aperçu de l'intérêt
qu'avaient les communes assurer en
commun l'entretien des routes publi
ques. Les communes s associaient,
cet effet, et c'était bien ce que l'on
pourrait appeler un embryon d'inter
communale Une loi récente n'a-t-elle
pas permis de faire un pas de plus dans
cette voie en autorisant la création
d'hôpitaux intercommunaux Oette loi
aura certainement des résultats très
bienfaisants et rien ne dit que, dans nn
avenir plus ou moins rapproché, on ne
permette aux communes de s'associer
pour exploiter en commun d'autres
services publics. L'hygiène publique
exige que de l'eau potable soit mise ia
disposition des habitants et l'on pent
supposer que des communes aient, par
exemple, des sources capter. Elles
pourraient s'entendre pour le faire en
semble frais communs et en vue de
réaliser des bénéfices. Voilà des inter
communales qui peuvent exister actu
ellement dans un intérêt d'hygiène;
mais peuvent elles exister d'une façon
absolue sous l'empire de la législation
actuelle Non, légalement une inter
communale ne peut être établie entre
communes et elle ne peut non plus
l'être entre communes et particuliers.
(1) N. d. 1. R. Par contre elle vient d'être
adoptée par la ville de Louvain.
(2) N. d. 1. R. Et cependant, M. le
maïeur, la commission de la lumière ne
comprenait que des négociants.