Chronique de la ville.
La Question du Gaz.
Consummatum esl
-
Tout pour les amis.
Comme nos lecteurs ont pu le lire
dans notre compte-rendu de la séance
du Conseil communal du 31 Décem
bre dernier, la concession d 11
o-az |>o 111* trent*' «.11s a été
accordée un étranger, M.De Brou-
wer de Bruges.
Malgré tous les avantages résul
tant des propositions de M. Yalcke
et du groupe Yprois, malgré toutes
les judicieuses considérations émises
par M. le Conseiller Sobry rien n'a
prévalu.
M. Colaert n'a pas voulu en dé
mordre. Il lui fallait, coûte que coûte,
un étranger.
Que grand bien lui fasse
Comme on a pu s'en convaincre,
notre bourgmestre Poperinghois n'a
besoin des Yprois que pour se hisser
au pouvoir en temps d'élections, il
est mielleux et rampant il va, de
porte en porte, quémander leurs
suffrages mais quand il s'agit de
sauvegarder les intérêts de ces
Yprois, il s'en fiche comme d'une
guigne.
On s'en souviendra en temps et
lieu.
Notre édilité a donc écarté le grou
pe Yprois, comme elle a écarté systé
matiquement M. Valcke, dont le pè
re avait implanté l'industrie du gaz
en notre ville, et ce au profit d'un
étranger
C'est une honte pour la ville d'Y-
pres
Cet odieux coup de parti révoltera
toutes les consciences honnêtes
Dans son numéro du 4 Janvier, le
Journal daigne ajouter quatre colonnes
de texte, la colonne qu'il avait consa
crée la question du gaz en son numé
ro du 31 Décembre.
Il passe en revue deux des proposi
tions de M Valcke passant soigneuse
ment sous silence la première et pour
cause.
M. Valcke et M. De Brouwer, écrit-
il, avaient, tous les deux, proposé d'ac
cepter l'éclairage de la ville d'Ypres
aux conditions suivantes
1° Eclairage particulier 15 centi
mes le mètre cube au lieu de 18 centi
mes qu'il coûte actuellement.
2° Eclairage public un centime
par bec et par heure.
3° Bâtiments communaux 10 cen
times le mètre cube
Indemnité de9000francs pour loua
ge du sous-sol, soit 50 centimes par ha
bitant et par an.
M. Valcke faisait donc dans une de
ses propositions les mêmes condi
tions que M. De Brouwer. 11 avait
pour lui des droits acquis il avait
pour lui sa qualité rl'Yprois son
état de bons et loyaux services 11 pou
vait invoquer en sa faveur, que l'in
dustrie du gaz avait été implantée
Y près par feu son père, etc Autant de
titres qui auraient dû suthre pour lui
donner la préférence.
Néanmoins M. Valcke fut écarté.
1*0111 quoi Parce que, dit le Journal
leComeil voilait l'intercommunale et
que M. Valcke n'en voulait pas
Mauvaise plaisanterie que cette ré
ponse
Le groupe Yprois n'a-t-il pas été
écarté comme M. Valcke Or ce grou
pe voulait de l'intercommunale et a de
mandé soumissionner sur cette base.
Le prétexte venant du coup tomber,
on a dit, et c'est le Maïeur d'Ypres,
qui a tenu ce beau langage que Po-
peringhe et Warnêton ne voulaient
traiter qu'avec M. De Brouwer.
La vérité est que nos maîtres vou
laient, avant tout, du gaz clérical
Et d'une.
Quant la seconde proposition Val
cke, dont parle notre conlrère, et qui
consistait fournir le gaz un prix
uniforme de 12 centimes, elle fut, dit
le Journalvivement combattue par
M. le Bourgmestre comme injuste et
désavantageuse pour la ville; désavan
tageuse pour la ville c'est discutable,
mais elle était certainement avanta
geuse pour les consommateurs, qui
pour le maïeur sont quantité négligea
ble.
Injuste voilà qui est un peu violent
La pétition qui a circule en ville et
qui a été couverte de signatures fait
bonne justice de l'argument
En voici les termes
Les soussignés, habitants d'Ypres et
clients de l'usine gaz de cette ville, ont
l'honneur de vous exposer
Que par délibérations des 3 et 14 Décem
bre 1904,1e Conseil communal d'Ypres vient
de ratifier les propositions du Collège qui
les obligera payer l'avenir le gaz
raison de 15 centimes le mètre cube
Que des propositions fermes ont été faites
par le concessionnaire actuel, s'engageant
fournir le gaz aux particuliers au prix de 12
centimes le mètre cube
Que ce prix est sensiblement inférieur
celui voté par le Conseil et qu'il y va de 1 in
térêt des consommateurs de le voir ratifier
Que l'argument invoqué, que la villeà in
térêt l'adoption d'une proposition qui
lui assure l'éclairage public raison de I
centime par bec et par heure, de 10 centimes
pour les établissements publics avec une
ristourne de 9,000 francs, tout en imposant
aux particuliers l'éclairage 15 centimes le
mètre cube, équivaut en réalité faire payer
par les seuls consommateurs de gaz les avan
tages qui sont faits la ville que cette thè
se, répudiée du reste par les communes
anglaises, est injuste puisqu'elle aboutit
frapper une catégorie de contribuables d'une
véritable imposition au profit de la généra
lité des habitants de la ville, situation con
tre laquelle les soussignés protestent.
Que le concessionnaire actuel les a tou
jours servis loyalement qu'ils n'ont eu qu'à
se louer des relations d'affaires qu'ils ont
eues avec lui et qu'ils seraient heureux de
les voir continuer dans la suite
C'est pourquoi, ils vous prient, Mes
sieurs, de bien vouloir refuser votre appro
bation aux délibérations du Conseil com
munal d'Ypres qui seront soumises votre
examen.
Et, de deux.
Enfin, il y avait une troisième propo
sition de M Valcke, celle dont ou n'a
eu garde de parler.
MValcke offrait la ville do former
une société en participation avec elle,
avec partage des béuéfices au prorata
des sommes engagées.
Cette proposition ne fut même pas
discutée. On l'écarta sous prétexte d'il
légalité Ce qui est une erreur mani
feste Il y a des précédents La ville de
Gand, par exemple, a conclu, cette
année même, avec une société ano
nyme, concessionnaire de l'exploita
tion de l'électricité dans cette ville,
une convention qui est une évidente
association en participation.
Mais en admettant même que la
constitution de pareille société eût été
illégale la ville d'Ypres ne pouvait-
elle pas conclure avec M. Valcke,
comme elle l'a fait avec M De Brou
wer, c'est-à-dire se réserver le droit de
former pareille société, comme elle
s'est réservée le droit d'entrer dans
une intercommunale, le jour où il y
aurait un changement dans la législa
tion ou dans la jurisprudence adminis
trative
Mais non, notre Conseil a cru pou
voir accorder cette faveur un étran
ger il l'a ref jsée un concitoyen
Eucore on agissant de la sorte a-t-il
fait une bêtise, car il a préféré la fa
culté d'entrer dans une îutercommu-
nale, qui, de l'aveu même du Journal,
est une entreprise pleine d'aléas, la
faculté d'entrer dans une société pour
l'exploitation du gaz Ypres Ce qui
était une bonne affaire, l'expérience
l'a démontré
On a lâché le certain pour l'incer
tain
Et de trois.
Le Journal termine son examen des
propositions de M Valcke, par des in
sinuations malveillantes, qu'ri aura le
courage de préciser, espérons-le.
L'hommage public rendu M Valcke
par les nombreux signataires de la pé
titiôn que nous avons reproduite ci des
sus les marques de sympathie, que
lui a témoignées l'immense majorité de
notre population, font bonne justice de
ces accusations Nous n'insisterons pas
davantage.
Et de quatre.
L'article du /ournaf s'adresse ensuite
au groupe Yprois. Celui-ci a prouvé
qu'il a bec et ongles pour se défendre.
Nous lui laissons cette mission
Les ilémeiitis «lu Journal.
Le Journal J Ypres se met parler
Maintenant que tout est bâclé, il con
sent fournir des explications
Dans son numéro du 31 Décembre
1904, il nous donne trois démentis,
dont deux visent plus spécialement le
groupe Yprois.
La réponse que les signataires de ce
groupe ont envoyée au Journal d'Ypres
et que nous insérons ci après, nous
donne la valeur des démentis de notre
clérical confrère elle nous dispense
d'en dire davantage.
Quant au troisième, il ne vaut guèfe
plus.
Certes c'est M De Brouwer, père,
qui aura la haute direction do l'usine
d'Yprei, comme il conservera la haute
main sur toutes les industries exploi
tées par la firme De Brouwer et Des
clé-\ Mais l'usine d'Ypres sera directe
ment placée sous la surveillance de son
tils cela a été avoué au Conseil et
nous n'avons rien inwnté.
Monsieur l'Editeur du journal
Le Progrès
Ci joint la lettre que nous avons
adressée au Journal d'Ypres en ré
ponse son article paru dans le nu
méro du 31 Décembre 1904, sons la
rubrique: «Chronique Yproise, la
question du gaz
Le Journal dl Ypres ne l'ayant, pas in
sérée dans son numéro du 4 courant,
nous vous autorisons la publier.
Agréez, je vous prie. Monsieur l'E
diteur, l'assurance de notre parfaite
considération.
Pr le groupe Yprois
(s) A. Butaye. R Froidure
Ypres, le 3 Janvier 1903.
Monsieur l'Editeur du Journal d'Ypres»
Voire Journal du 31 Décembre dernier, se
décide enlin parler de la question du gaz.
C'est bien tard Il y a de longs mois déjà que
les Yprois auraient dû être même de trouver,
dans quelqu'organe officieux de l'Hôtel-de-
Ville, un renseignement quelconque, si mince
soil-il, au sujet de cette question qui les pré
occupait tant.
Quoiqu'il en soit, votre article met notre
groupe Yprois en cause et nous venons vous
prier d'insérer la présente rectification.
Vous dites que M. ie bourgmestre démon
tré que nous avons eu un an et dix jours pour
soumettre nos propositions. C'est une erreur
car cette démonstration n'a pas été laite. Il y
avait bien, peut-être, en ce moment, un an,
10 jours et quelques heures que le conseil com
munal avait nommé une commission spéciale
pour étudier la question du gaz, mais il ne l'a
vait pas chargée de provoquer ou de recevoir
des soumissions. Or. pendant louie celle année,
celle commission a travaillé dans le mystère
et n'a pas même publié de rappoit pendant
toute celle année, la question du gaz n'est ja
mais venue l'ordre du jour d'aucune séance
publique du conseil communal, pendant toute
cette année ni le Journal m le Nieuws-
blad n'ont dit un mol sur ce qui se tramait,
l'administration communale n'a jamais fait sa
voir que le.moment de déposerdessoumissions
éiait venu, et pendant toute celle année le
cahier des charges lui-même n'avait pas enco
re été voté Il n'a été question de ce ca
hier des charges, pour la 1" fois, en séance
publique du conseil, que le 5 Déce r bre et le
collège écbevinal prévenait le groupe Yprois,
le 30 Novembie, que celui-ci devait déposer s i
soumission avant le 3 Décembre au soir. Il n'y
avait que deux jo 1rs qu'on avait enfin mis lé
groupe Yprois en possession d'un projet de
cahier des charges
Si quelqu'un du après cela, M l'Editeur,
que nous avons eu un an pour soumettre la
ville nos propositions, personne ne le croiia,
ce quelqu'un fut-il même un houigmestre.
Vous dites qu'il esl faux qu'en demandant
un délai nous n'apportions pas le consente
ment de M. Valcke un prolongement de son
contrat, ce aux conditions nouvelles les plus
favorables, que nous avons laissé dire par
l'honorable magistrat, sans un mol de pro-
v teslatioo, que le prolongement du contrat
Valcke occasionnerait pendant une année
une dépense de 9,000 francs la ville etc.
etc.
Permettez-nous de vous faire observer que
ce démenti, quelque cassant qu'il veuille pa
raître, n'est pas fondé M leBourgmestre.il
esl vrai, a dit beauc -up de choses inexactes en
séance du conseil, entr'autres celles que vous
rapportez, et nous avions bien du le laisser
dire parce qu'il ne permettait personne un
mol de protestation. An plus léger ninrmuie,
11 menaçait d'expulsion Mais si nous ne pou
vions parler, nous pouvions protester par ges
tes, et nous avons opposé nos gestes de déné
gation les plus énergiques chaque fois que
l'honorable magisirat allumait ce qui n'éiait
pas. Ces protestations étaient formelles, l'ho
norable magi trat les a vues et tout le public
également Nous n'avons donc pas laissé dire
sans prolesialion
En outre, si l'honorable magistrat ne con
naissait pas, peut-être, les conditions auxquel
les M Valcke accoidatl son piolongemtyit,
c'était toui simplement parce qu'il n'avait pas
voulu qu'ou les lui lit connaître. Nous avons
eu un instant l'espoir que notre conseil com-
muual allait accorder audience au groupe
Yprois alin d'obtenir les renseignements que
nous étions désireux de lui donner. C'élail le
jour. Monsieur l'Editeur, où vous imprimiez
en gros caracières, en tête de votre journal,
du 7 Décembre, que le conseil se réunirait le
10 décembre en sections pour examiner les
proposilions du groupe Nous alhoas enlin,
nous aussi, pouvoir exposer nos projets ainsi
que les conditions, excessivement avantageuses,
auxquelles M. Valcke consentait prolonger son
contrat de deux mois. Espoir bientôt déçu
Kn cette séance, réunie pour étudier nos pro
positions, ce fut l'autre qui fut entendu
Cette manière loyale ei digne (oh combien 1)
d étudier nos propositions, allait avoir un ré
sultat inévitable M C.olaerl et M Struye ont
travesti nos projets de façon les rendre mé
connaissables et ridicules, et débité leur su
jet les histoires les plus énormes en séance du
12 Décembre.
Il est donc bien vrai que le groupe Yprois
avait le consentement de M. Valcke, cl il l'a
dit tous les couseillers; ce prolongement
était non pas d'un au, mais de deux mois, et
11 se taisait aux conditions de la soumission la
plus favorable, an choix du conseil.
Elle est donc bien singulière, Monsieur l'E
diteur, votre manière de débarrasser le ter-
rain de la discussion de toutes les contrevéri-
tés, de toutes les erreurs, de toutes les mex-
actitudes, dont on cherche le couvrir.
Nous n'avons pas corriger les autres démen
tis qu'inflige triomphalement au Progrès
votre article du 31 Décembre. C'est affaire
entre le Progrès et vous. Mais chaque fois que
vous mettrez le groupe Yprois en cause, nous
interviendrons avec plaisir pour rectifier. Si
en effet les belges sont obligés de laisser dire
par les bourgmestres en séances des conseils
communaux les plus gigantesques bourdes sans
pouvoir se permettre un mol de protestation,
cette obligation n'existe pas l'égard de ce
que publient les journaux.
Nous vous prions, Monsieur l'éditeur, de
vouloir bien insérer la présente dans le plus
prochain numéro de votre journal en réponse
ce que vous dites de nous dans celui du 31
Décembre 1904 sous la rubrique Chronique
Yproise, la question du gaz.
Veuillez ag'éer, Monsieur l'Editeur, l'assu
rance de nos senlimenis distingués
l'our le groupe Yprois,
Arth. ButayeK. Froidure.
•wwvuxpjir^."
Dans son exposé fait au conseil
communal le 3 Décembre dernier,
notre mielleux Bourgmestre faisant
un éloge exagéré de son ami M. De
Brouwer a dit qu'en matière d'éclai
rage au gaz celui-ci est un des pre
miers techniciens de l'Europe entiè
re.
Sans vouloir contester les mérites
que notre Bourgmestre attribue
M. De Brouwer, nous nous permet
tons seulement de trouver étrange
que ce gazier hors ligne ne cherche
pas se mettre l'abri des critiques
en soignant un peu mieux l'éclairage
de sa ville natale dont il a la conces
sion depuis des d'années.
L'éclairage public au gaz Bru
ges laisse, en effet, parait-il, beau
coup désirer.
Dans notre numéro du 20 Novem
bre dernier, nous avons reproduit d'a
près le journal Het vrije woord or
gane des démocrates chrétiens de
Bruges, un extrait d'un discours pro
noncé par M. Minnebo conseiller
communal, dans lequel il fait ressor
tir que le contrat conclu entre la vil
le et la compagnie Brugeoise de gaz
(De Brouwer et O) est très onéreux
et (|tte l'éelairag'o dati^
beaucoup de (piai'tiers
populaires est encore
pire «pie dans le village
le plus pauvre de la
Pt 'oviiiee.
Notre confrère flamand de IVeer-
gahn, dans son dernier numéro a, lui
aussi, reproduit un extrait d'une cor
respondance de Bruges envoyée au
journal Het laatste nieuws, contenant
des critiques au sujet de la négligen
ce qu'on met remplacer les man
chons usés des becs Auer, devant le
palais de Justice de Bruges.
Malgré ces plaintes, M. Colaert a
eu 1 audace de dire en séance publi
que du conseil communal que, dans
les villes où son préféré M. De Brou-