Chronique de la ville. Chambre des Représentants. La visite du Roi Bruges. L'administration. Le discours du Roi. L'érection Ypres d'une statue en l'honneur Hmmaculée Conception dès Mercredi matin aux députés et sé Dateurs le nouveau projet des fortifica tions où l'enceinte est quelque peu rétrécie. C'est un coup droit porté aux oppo sauts sérieux, car les autres, ébranlés par les discours du Roi Bruxellei Anvers et Bruges ue demandent pas mieux que de se laisser convaincre, et on affirmait, déjà dans les milieux généralement bien intormés, que tous les députés cléricaux do la Flandre occidentale, y compris M. Ruzette, vo teront le nouveau projet d'enceinte. On leur a fait une concession de pure forme avec laquelle ils s évertueront sauver les apparences Mais leurs électeurs, probablement, ne se laisseront pas pren Ire cette malice cousue de fil blanc. Séance du Mercredi 2 Août 1905 Les sections ont autorisé l'impression et la distribution de la proposition de loi de M. Helleputle instituant une en quête parlementaire sur les Travaux d'Anvers Puis la Chambre a adopté par 67 voix contre 5 et 33 abstentions le bud get des chemins de fer après un nou veau débat. Au cours de cette discussion, elle a repoussé par 54 voix contre 44 et 4 abstentions un amendement de M. Pe pin augmentant de 200.000 fiance le crédit relatif aux salaires du petit per sonnel. Tous les autres amendements du dé puté socialiste ont également été ré poussés. Beaucoup d'observations ont été pré sentées, la plupart ayant déjà été for mulées. Pour motion, M. Hector Denis a de mandé que l'on joigne la discussion du budget des voies et moyens de 1906 le projet sur la patente des sociétés étrangères. Après un échange de vues auquel ont pris part MBeernaert et M. Desmel, la proposition Denis a été adoptée l'una nimité. Les sociétés étrangères ont un sursis d'un an. Le budget de la justice a pris la fin de la séance. Séance du 4 Août 1905. Itinlïct do** clu'iiiin** <lc 1er. M. Nolf s'abstient au vote dans les termes que voici M. Nolf. Je me suis abstenu pour avoir l'occasion de joindre ma protes tation celle de mes honorables collè gues de la Flandre occidentale, qui se sont plaints avec raison du régime dé plorable qui est fait notre province au point de vue des communications par voie ferrée ltiulirct des travaux pulilfct*. A l'article 32 (Administration des ponts et chaussées daus les provinces) M. Nolf. Où eu sont les travaux de creusement du canal de la Lys l'Yperlée. M. de Smet de Naeyer, ministre des finances et des travaux publics. Je ferai remarque' l'honorable membre que cet objet concerne le budget ex traordinaire. Je lui dirai cependant que cette question continue faire l'objet des études de l'administration, mai* jusqu'ici on n'a pas trouvé de solution permettant la reprise immédiate des travaux. L'article 32 est adopté. Question, Question adieesée M. le ministre des finances et des travaux publics par M. Nolf: Comment se fait-il que l'adminis tration des ponts et chaussées permette la firme J De Ërouwer et d'éta blir des tranchées sur les routes de l'Ktat (territoire de la ville d'Y"près) pour l'établissement de la canalisation devant servir l'éclairage de la ville, alors qu'aucune décision n'est interve nue sur la réclamation formulée par des habitants de la ville au sujet du projet de concession et que lo dossier qui concerne la question vient d'être transmis au comité du contentieux du miuistère de l'agriculture, qui aura donner son avis - 11 sera répondu cette question, la séance de rentrée. De notre correspondant C'était "Dimanche dernier l'une des principales journées des fêtes nationa les Bruges La ville était en liesse et la cité ensoleillée était toute garnie de drapeaux, d'oriflammes et de verdure. Le chef-lieu de la Westflandre rece vait la visite du Roi. Toutes les rues par où devait passer S. M. étaient ma gnifiquement ornées et présentaient un coup-d'œil charmant. 11 y avait la Grande Salle des Hal les, 11 1/2 heures, un déjeuner otfei t par le CoDseil proviucial aux Bourg mestres et Echevins de la piovince M. Van Hee, président du Conseil pro vincial, a prononcé un discours Les paroles de l'honorable président ont été vivement applaudies Après ce déjeuner, les autorités-su périeures se sont rendues vers la gare, pour attendre le train royal, lequel entrait en gare 1 1/2 heure. S. M a été reçue par MM. le Baron de Béthune, Gouverneur de la province, le Comte Visart de Bocarme, Bourgmestre de Bruges, le Général van Vinekeroy, Commandant de la province. Immédiatement après, S. M. a pas sé en revue les troupes faisant le servi ce d'honneur, un détachement de la garde civique et de la compagnie des chasseurs-éclaireurs avec son drapeau de 1830, récemment reconnu par le Roi Le cortège royal, encadré par les lanciers, s'est alors dirigé vers ia Grand'Piace, au milieu des acclama tions de la foule sur le perron du gouvernement provincial, recouvert d'un superbe dais de velours rouge, se trouvaient placés les fauteuils destinés S. M. et ses ministres. Devant les Halles, une immense estrade où se trouvait placé un orchestre de plus de 100 musiciens et une masse chorale de 1400 enfants ont fourni la paitie musi cale de la fête. Dès que le Roi avait pris place sous le dais, le Gouverneur, en présence des autorités de la province, parmi les quelles nous avous remarqué M. le Sénateur Baron de Vinck M. Van Merns, Représentant M. Merghe- lynck, Commissaire de l'arrondisse ment d'Y près; MM. les Conseillers pro vinciaux Fraeys, D'Huvettere, Iweins MM. les Bourgmestres de plusieurs communes du ressort d'Ypres, a pris la parole pour adresser S M Léopold II, les hommages du Conseil provincial et des Collèges échevinaux delà West flandre, rappelant la sollicitude du Souverain pour le développement des installations maritimes de Bruges et d'Ostende, des industries qui se soDt établies dans la province et termine en résumant les progrès accomplis, depuis soixaute-quinze ans, dans la Flandre Occidentale Pendant cette harangue, le Roi était visiblement ailleurs. S. M. promenait sur la foule qui l'entourait un regard iuvestigateur. (N'oubliez pas qu'à Bru ges on est foncièrement hostile au pro jet des travaux d'Auvors). Puis, M. le Bourgmestre a prononcé un discours en flamand remerciant le Souverain d'avoir fait l'honneur la ville de Bruges de venir inaugurer la restauration de sa Salle Echeviuale et rendant hommage la sollicitude du Roi pour la prospérité de la province et ue la ville Aux hommages du Baron de Béthune et du Comte Visart, S. M. répondit par le discours français suivant Je vous remercie de vos bonnes et affec tueuses paroles. Le gouverneur a retracé les immenses progrès accomplis par la West-Flandre de puis soixante-quinze ans. Presque tous les progrès réalisés par la Flandre ont été laborieux, surtout au début, L'embellissement de la côte a rencontré des résistances dont j'ai été le témoin et auxquelles on regretterait amèrement au jourd'hui d'avoir cédé. L'idée de Brugge- Zeehaven n'a pas été lancée sans peine elle a été l'objet d'abondantes critiques. On trouvait la conception folle, bien trop vaste, et peine avait-elle été entamée qu'il a fal lu en accroître les dimensions. Notre agriculture parviendra facilement, je l'espère, approvisionner, pour sa part, ies grands centres qui nous entourent. Nos routes continueront s'améliorer, grâce aux crédits importants sollicités par mon gouvernement. 11 est certain que la West-Flandre a enco re bien des travaux poursuivre je pense qu'il lui serait utile, cet effet, de se ména ger les sympathies des autres provinces. Tous en Belgique nous devrions, au moins sur le terrain des intérêts, nous appuyer fortement les uns sur les autres. L'idée de tirer parti de la mer devait ap peler l'attention des Brugeois. Elle me pa raît accueillie avec faveur par l'opinion pu blique mais les années se passent, les autres s'emparent de plus en plus des océans, et nous les regardons nous devancer, sans bouger pour les suivre. Le temps perdu ne se rattrape pas toujours facilement. Le bourgmestre m'invite inaugurer la salle Echevinale restaurée, pleine des souve nirs des grands hommes et des héros qui ont défendu avec vaillance la liberté et la Patrie. Je le ferai avec une vive satisfaction. Nous ne saurions trop souvent nous remé morer les actions patriotiques de nos ancê tres, nous pénétrer de l'esprit courageux qui les animait, et nous mettre de toutes les façons en état de nous montrer dignes de leurs grands exemples, et cela pour le bien de la Patrie. La Ville de Bruges a raison de restaurer ses monuments, de garder soigneusement son cachet, de ne pas combler les fossés qui l'entourent, de maintenir ses vieilles portes et, par des modifications de voirie, de ne point faire disparaître des demeures intéres santes. Je me réjouis de ce que l'on paraisse maintenant, ce qui n'a pas toujours été le cas généralement, d'accord sur ces points. Dans les deux discours qui viennent d'être prononcés, vous avez eu la bonté de me combler d'éloges, que je n'ai guère pu. jus qu'ici mériter vous voulez bien m'expri- mer une confiance extrême dans le chef constitutionnel de l'Etat, qui, depuis qua rante ans, avec un soin jaloux que lui dicte le respect de son serment, s'est constam ment appliqué, conformément nos insti tutions, s'intéresser au bien public. Quoique vous me témoigniez tant de confiance, laissez-moi vous prier de m'aider lorsque je me permets d'attirer l'attention favorable de la nation sur des projets dépo sés, utiles son développement, et qui ne touchent aucune question de parti. Messieurs, il vous a plu de me réitérer aujourd'hui vos sentiments acceptez que, de mon côté, je vous réitère la promesse du chef constitutionnel de l'Etat de ne rien né gliger de ce qui peut être utile la West- Flandre, où je suis heureux de résider sou vent et qui connaît mon attachement. Ce discours pronoucé, les cris répétés de Vive le Roi se sont fait entendre par plus de quinze mille voix. Quand le silence était enfin rétabli, la Kin- dercanlate, petit chef-d'œuvre de F. Benoît, fut exécutée, d'une façon ma gistrale parplus de lôOOexécutants sons l'habile directiou de M. Mestdagh, di recteur du Couservatoire de Bruges, qui a été vivement complimenté par le Roi. Pendant l'inauguration de la salle échevinale, S. M. s'était entretenue pendant quelques instants avec MVan Ockerout, Sénateur, et s'était fait pré senter M. J De Vriendt qui a achevé les fresques commencées et presque achevées par son frère MA. De Vriendt. Après une courte visite l'hôtel Gruuthuuse, où le Roi a pu admirer la nouvelle collection de dentelles, offerte au Musée parole Baron Liedts qui a reçu les félicitations du Souverain, ce lui-ci s'était rendu l'exposition hor ticole, qui est de toute beauté, organi sée au quartier Stubben. S M. a été reçue par le comité organisateur, dont le président, M. Thooris, secrétaire honoraire de Bruges, avait prononcé lô discours de bienvenue. La visite s'est terminée vers cinq heures, et six heures, le Roi prit, avec sa suite, le train pour Bruxelles. Lesoira eu lieu,l'illuminationgéné- rale, très bien réussie, des principales rues de la ville. DE Nous avions ouï dire jadis que nos édiles, soucieux de laisser la pos térité le souvenir de leur glorieuse campagne électorale et de leur vic toire inespérée, avaient ambitionné d'ériger une statue la corruption dont ils étaient devenus les zélés pro sélytes et qu'ils exalteront encore comme un précieux instruisent d'a postolat Il est croire que les pro moteurs de ce mouvement en l'hon neur du nouveau culte se sont résignés et pour cause, ne pas donner suite leur projet, puisque cédant d'autre part une impulsion irrésistible de leurs sentiments reli gieux, ils assisteront bientôt la cérémonie de l'inauguration d'un monument élevé en l'honneur de l'Immaculée Conception. Que ne peut-on oublier en les regardant qu'Isis a toujours eu deux faces le sourire l'endroit et la grimace l'envers. Dans leur âme dominée par mille influences antagonistes, se ré vèlent en période d'activité électorale certaines difformités morales qui se déguisent en temps opportun chez certains d'entre eux sous les attri buts d'une piété excessive. C'est une grande misère qu'au lieu d'ex plosions religieuses de cabotins onc tueux qui relèguent, quand il le faut, la morale au rang de marchandise encombrante, on ne puisse trouver chez eux une vertu traitable, une sagesse sobre et pondérée. Le fait de statufier sur une place publique l'Immaculée Conception est hilarant et digne de commisération de la part de gens raisonnables. Au cune ville en Belgique n'a jusqu'ici, croyons-nous, revendiqué le privilège de posséder une statue de ce genre, Ypres aura montré l'exemple de la bouffonnerie Il serait puéril de nous reprocher un manque de respect pour les con victions d'autrui nous ne songerons jamais non plus contester per sonne le droit de manifester ses croyances religieuses et d'user de la liberté de l'exercice public de son culte, mais il faut qu'il s'y prenne d'une façon qui ne choque pas le bon sens même de plusieurs de ses coré- ligionnaires. Il est risible de conver tir la place Vandenpeereboom en un nouveau temple de la foi nos égli ses sont assez vastes pour que l'on y trouve encore la place d'y reléguer quelques statues de saints ou de saintes les croyants sensés diront qu'on n'établit pas ces choses-là sur un marché, de manière les exposer aux railleries et aux sarcasmes de la foule et les rendre témoins de fêtes de tous genres. Qu'on érige sur les places publiques des statues pour glorifier les grands faits de la vie civile ou pour consacrer l'admiration des habitants pour un citoyen illus tre, mais qu'on ne nous ramène pas aux premiers temps de la civilisation antique en en faisant un Panthéon Dans toute ville, où le Bourgmestre a quelque considération pour les mem bres de son Conseil, il respecte les dé cisions prises par eux et exige que suite leur soit donnée d'ailleurs cette façon d'agir est de bonne administra tion, elle devrait être la règle partout. Ici, le Bourgmestre passe outre ce sont très probablement des considéra tions politiques qui le font agir ainsi on dirait, juger ses paroles et ses ac tes, que la crainte de déplaire un électeur influent l'obsède constam ment. Sa conduite de laisser faire par quel ques-uns de ses amis, qui ne se confor ment pas aux clauses, qui figurent for mellement dans l'acte de vente des terrains de la ville, prouve suffisam ment qu'il ne se préoccupe pas des dé cisions prises par son Conseil, qu'il s'en moque, ce qui est par trop cava lier et peu galant. Un Conseiller, quoique sérieux et capable, a beau interpeller le maïeur au Conseil sur le sans-gêne de certains acquéreurs de terrains de la ville, M. le maïeur, su-: un ton railleur dans sa réponse, a l'air de lu; dire de quoi vous mêlez-vous Il se contente de lui répoudre Je prends acte et je leur ferai écrire. Ce jeu dure depuis une année et nous ne voyons aucun changement dans l'attitude des propriétaires désignés assez {four être connus voir si on leur a écrit et ce qu'on a exigé d'eux. Nous trouvons que quand une ville veut donner de la valeur ses terrains, elle doit tenir impérieusement aux

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Le Progrès (1841-1914) | 1905 | | pagina 2