lorsque ce budget vint en discussion il ne souffla mot Les réponses qui nous furent faites dans la suite indiquent suffisamment que le ministre n avait eu il autre but en inscrivant le crédit au budget de 1902 que de se livrer une parade élec torale. En effet, le 1 Mai 1904. il annonce qu'il ne désespère pas de réussir, mais qu'il ne peut prendre d'engagement formel quant l'époque de la reprise des travaux. Le 24 Janvier 1905, une question que je lui avais posée, il répond que le gouveruemeut ne pourra faire procéder l'achèvement du canal que lorsqu'il sera fixé sur la nature des travaux effectuer Enfin, le 4 Août 1905, il déclare que L'achèvement du canal de La Lys l'Yperlée continue de faire l'objet des études de h administration des ponts et chaussées, mais qu'elle n'a pas encore trouvé desolution permettant la repri se immédiate des travaux C'était donc pour égarer l'opinion publique, que le crédit de 250,000 fr. fut inscrit au budget de 1902, de même qu'il le fut en 1899, également la veille d'élections législatives dans l'ar rondissement d'Ypres. Mais que penser de ces atermoie ments qui remontent 1893 Si. comme le disent les déclarations ministérielles, l'administration des ponts et chaussées étudie sérieusement la question, faut-il en conclure qu'elle est impuissante résoudre le problè me S'il en est ainsi, pourquoi n'aurait- on pas recours en l'espèce une adju dication-concours. Je puis vous certifier, Monsieur le ministre, que vous trouverez des en trepreneurs pour achever les travaux et en garantir la bonne exécution. Mai» je me refuse croire que l'ad ministration des ponts et chaussées soit incapable de mener les travaux bon ne lin. Pour l'honneur de nos ingénieurs, je préfère admettre que l'inachèvement de notre canal doit et ne peut être at^ tribné qu'au mauvais vouloir du gou vernement. Pour la reconstruction du tunnel, il n'y a guère de difficultés. Le tunue! a 300 mètres de long 100 mètres ont cé dé, 200 résistent. Or, ce sont les 200 mètres qui ont été construits en der nier lieu et pour lesquels on a prévu des dimensions de maçonnerie plus for tes, qui restent debout Pour ceux-là, l'expérience est faite, puisque depuis 1893 ils n'ont pas bougé. Il suffira donc de reconstruire les 100 mètres qui se sont effondrés, en leur appliquant les procédés de consolidation qui ont été employés pour la partie la plus récente du tunnel, qui tient depuis douze ans, tandis que la partie primitive a cédé au bout de peu de temps. Pour le tunnel il n'y a donc pas de difficultés. Le travail le plus sérieux est celui qui concerne la consolidation, des talus. Plusieurs procédés sont mis en avant et l'administration des ponts et chaus sées a été saisie de propositions par M Froidure, l'ingénieur très distingué qui a les travaux du canal dans ses attribu tions. Voici comment il s'exprime dans une étude qui a été publiée par les Annales des travaux publics eu 1897 Commencé en 1864, le canal de la Lys l'Yperlée n'a pu jusqu'à pré sent être mis en exploitation cause deséboulements nombreux et considé rables qui se Bout produits la grande tranchée du bief de partage. Au début des travaux, la société concessionnaire n'a pris aucune mesure sérieuse en vue de la consolidation des talus de la tranchée Aussi les éboule ments n'ont-ils pas tardé se produire et mettre la société dans l'impossibili té d'achever l'entreprise Lors de la reprise des travaux en 1889, des travaux de consolidation très importants ont été etkctués aux talus de la tranchée. Ils n'ont malheureuse ment pas produit les résultats espérés. Les éboulements ont continué se pro duire et ont même pris, par suite de l'approfondissement de la tranchée, une importance telle que les travaux d'achèvement du canal out dû être sus pendus une seconde fois C'est dans cette situation que M. le ministre de l'agriculture et des tra vaux publics a bien voulu nous char ger d'aller étudier sur place les procé dés de consolidation eu usage aux chemins de fer de l'Est français. Les tranchées de ces lignes sont nombreuses et importantes. Elles Bont creusées, comme la tranchée du canal de la Lys l'Yperlée, dans des bancs argileux De tout temps des éboule ments considérables y sont produits, entravant la marche des trains et oc casionnant des travaux de réparation importants. s Les fonctionnaires qui se sont suc cédé dans les services de la Compagnie des chemins de fer de l'Est ont tons eu s'occuper de la question de la conso lidation des talus. Parmi eux figurent les auteurs des principaux système» de consolidation connus. Nous citerons notamment MM. de Sazilly, Ledru et Bruère, dont les systèmes ont reçu de très nombreuses applications Les procédés les plus divers d'ail leurs, out reçu aux tranchées de ces lignes leur application. Une visite au réseau des chemins de fer de l'Est nous a donc peripis, .non seulement de nous rendre compte des procédés en usage actuellement, mais en outre nous a donué l'occasion de poursuivre l'étude de la question de la consolidation îles talus dans son en semble. n M Froidure a su tirer parti de ce qu'il a vu l'étranger. 11 a fait des expériences sur les terrains de la tran chée du bief de partage du caual de la Lys l'Yperlée et il en a publié les ré sultats dans une note, parue aux Anna les des travaux publics eu Avril 1900. Ici encore je cède la parole M. Froidure Dans le rapport de mission inséré aux Annales des travaux publics (2e fasci cule de 1897), nous avons exposé les divers procédés de consolidation des talus des tranchées. n Les étudesqni ont suivi la rédac tion de ce rapport nous ont conduit proposer pour la consolidation de la tranchée du bief de partage du canal do la Lys l'Yperlée, l'application du procédé par soutènement en sable. n La tranchée dite d'Hollebeke, lon gue de 3,000 mètres, traverse dans sa partie inférieure une couche d'argile yprésienne bleue, dure et compacte n Cette argile devient sablonneuse vers le haut do la tranchée, la propor tion du sable augmentant graduelle ment et dépassant même sensiblement la proportion d'argile sur une grande paitie de la longueur de la tranchée. Les éboulements proviennent de l'altération de la résistance de frotte ment et de la cohésion de l'argile for mant le talus de la tranchée et princi palement de celle située la base. Le procédé de consolidation au moyen de soutènements en sable con siste remplacer l'argile désagrégée formant le pied du taies par ud massif de sable plus apte résister la pous sée des terres supérieures. Voilà donc une solution. Elle vous a été proposée, monsieur le ministre, par un ingénieur très distingué, la suite d'études longues et consciencieuses fai tes sur le terrain même, iugéuieur dans lequel vous devez avoir toute confian ce. puisque le gouvernement l'a chargé d'une mi sion l'étranger. Cette solution date de 1897. Pour quoi, monsieur le ministre, n'avez-vous pas ordonné de l'appliquer, ou tout au moins de la mettre l'épreuve par des essais, qui auraient pu être faits depuis longtemps Si cette solution ne vous plaît pas, monsieur le ministre, n'y en a-t-il pas d'antres Ne pourrait on pas éviter les éboule ments en aplanissant les talus, de façon ce qu'ils tiennent J'ai mon dossier une lettre d'un grand entrepreneur qui prendrait sur lui de garantir la bonne exécution des travaux, en relevant le bief et en éta blissant deux échines dans la grande tranchée. En laissaut 1« canal, m'é crit-il, dans la tranchée d'Hollebeke la profondeur, où il se trouve aujour d'hui, c'est-à-dire 25 mètres, on empê chera difficilement les éboulements. Je pourrais garantir le travail dans les conditions que je vous signale. Vous voyez, donc, monsieur le mi nistre, que les solutions ne manquent pas. J'ajouterai que celle que je viens deeignaier en demi r lieu a été réalisée avec succès, lors de l'établissement de la ligne de ch min de fer d'Y'près Court rai, qui l'endroit dit Au Moulin brûlé traverse les mêmes terrains. On y a établi une tranchée avec plan incliné et les talus tienn ut sans que jamais des éboulements ne s'y produisent Cette tranchee n'a pas la profondeur de celle d'Hollebeke. Mais ne pourrait on pas réduire la profon deur de la tranchée du canal au niveau de celle du chemin de fer Il suffirait pour celade relever le fond du canal au moyen d'écluses. Enfin une autre solution ne consis terait-elle pas établir des ascenseurs Je n'ai aucune compétence pour émettre un avis au sujet du choix faire entre ces divers systèmfs Tout ce que je sais c'est que l'achè vement de uotre canal est possible et que. seul, vous êtes responsable de la situation actuelle. Donnez des ordres d'achèvement et vos ingénieurs trou veront bien le moyen de m»ner les travaux bonne fin. Cessez donc ce jeu qui dure depuis x ans et qui consiste faire des pro messes la veille des élections, sauf les laisser protester ensuite. Cessez aussi de nous donner chaque année des réponses que l'on peut ioter- prê'er comme des brevets d'iucapacité pour vos fonctionnaires qui ne les mé ritent pas. Si vous avez renoncé l'achèvement du canal, comme cela semble résulter de la décision que vous avez prise de remplacer les ponts par des batar- deaux, dites-le franchement. A1. de S/net de Naeyer. ministre dos finances et de» travaux publics. De quels batarteaux parlez vous Ne me prêtez pas des intentions qui ne sont jamais entrées daDS ma pensée. N Nolf. Celui de la chaussée de Warnêton notamment. Cette question a été agitée eu sections. Si, au contraire, vous voulez son achèvement ralliez-vous notre amen dement et faites mettre la main l'œuvre sans plus tarder. Vous rendrez un grand service nos populations et vous ferez cesser ce scandale de laisser phis longtemps improductif un capital de 7 millions enlevé au trésor public. Très bien gauche). M Buyl. Je ne puis laisser passer la discussion plus que tardive, et par tant sommaire, du budget-extraordi naire pour l'exercice écoulé, sans ap peler encore l'attention de M. le mims tre des travaux publics sur quelques travaux nécessaires et urgents, sou vent promis et toujours attendus en vain, qui sont d'un intérêt capital non seu lement pour la Wesfc-Flandre et no tamment pour les arrondissements d'Ostende, de Fumes et de Dixmude que je représente plus particulière ment, mais aussi pour l'industrie et le commerce de la Wallonie. Que la Chambre se rassure je serai bref. J'abuserai d'autant moins de son temps que j'ai en l'occasion de traiter ces diverses questions d'une manière détaillée dans des brochures, dans des revues et dans des discours antérieurs. Tout d'abord, je tiens appuyer de toutes mes forces les judicieuses obser vations qui ont été présentées en séan ce d'hier par mon honorable collègue et ami M Nolf en ce q i concerne la canal de la Lys l'Yperlée, destiné, comme on le Rait, mettre en commu nication le bassin de l'Escaut, par la Fys, avec le bassin de l'Yser et avec la mer, par Nieuport et par Ostende. Ce canal commencé il y a quarante et un ans, qui ne mesure que 14 kilo mètres, n'a causé jusqu ici que des mé comptes et des deboires, parce que les étude* premières ont été incomplètes le côté géologique, essentiel et primor dial lorsqu'il s'agit de travaux de ce goure, avait été perdu de vue. Aussi, la couche argileuse de la ré gion yprésienne a t elle fait peudant de longues années, le désespoir des ingé nieurs chargés des travaux L'argile se gODflaut sois l'action de l'eau, des glissements se sont produits det» dé sagrégations inévitables se sont pro duites aussi sous l'action de la séche resse commo sons celle de la geiée, si bien que la tranchée de Hollebeke s'est trouvée fermée, il y a une douzaine d'années,et que tout était recommen cer Depuis, les choses restent en état, bien que des voyages d'études aient été faits, des notices scientifiques publiées, des rapports déposés et qu'il y avait lieu de croire, après celà, que les diffi cultés quQ l'on eût dû prévoir, je le ré- pèt i ne sont pas insurmontables... Nous en sommes toujours attendre l'achèvement de ce canal qui a été dé crété il y aura bientôt un demi-siècle et qui a une importance énorme au point de vue des relations commerciales de la West Flandre et du Hainant et de notre industrie nationale. Aujourd'hui toute la Flandre occidentale brûle des char bons anglais parce qu'ils y arrivent meilleur compte que les charbons bel ges Le canal du Centre étant achevéet le canal de la Lys l'Yperlée rendu par- ticable, la Belgique posséderait une superbe voie navigable de Nieuport Charleroi, voire Namur, qui, comme je l'écrivais il y a une couple d'années, mettrait les grandes communes de la West-Flandre en communication di recte avec les grandes villes de Hai- uaut, avec Tournai, Mons, Charleroi avec les carrières du Tournaisie, les bassins houillers du Centre, du Cou chant de Mons et de Charleroi, et faci literait le transport du sable des dunes aux verreries, des pavés ai nécessaires nos routes du littoral, de la chaux du Tournaisis aux fabriques de pierres artificielles de la région de Nieuport- Furnes, etc. Faute d'un bout de canal, d'une part les produits étrangers ont supplanté dans toute une partie du pays les pro duits nationaux, d'autre part les usines du Hainant ne peuvent bb procurer aux conditions les plus avantageuses des matières premières qui leur sont indispensables et qui nous arrivent de l'Espagne, de Scandinavie, voire de l'Amérique Cette situation ne peut pas perdurer. Aussi ai-je l'espoir que le gouverne ment voudra bieu se rallier l'amen dement qui a été déposé par l'honora ble M. Nolf et dont je suis un des si gnataires Nous aurons ainsi l'occasion de con stater, messieurs, si les manifestations de sympathie de ia part des députés catholiques, en faveur de Nieuport, manifestations qui se produisent avant les élections, sont antre chose qu'une vaine parade électorale. M le président. Ici se préseute un amendement de M. Nolf, tendant in scrire au budget un article 23bis, ainsi conçu Canal de la Lys l'Yperlée Expropriations et travaux, 250,000 francs. La parole est M. le ministre des fi nances. M. de Smet de Naeyer, ministre des fi nances et des travaux publics. L'a mendement présenté par l'honorable M. Nolf est inutile, attendu que je dis pose encore, jusqu'au 31 Décembre de l'année prochaine, du crédit de 250,000 francs porté au budget extraordinaire de 1901. J'engage donc l'honorable membre retirer son amendement sinon je se rai obligé de le combattre. J'iribcrirai au projet de budget extra ordinaire de 1^06 telles propositions qui seront reconnues nécessaires. M. Colaert. - Si l'amendement est inutile, puisqu'il ferait double emploi, les considérations qu'a fait valoir l'ho norable M Nolf ne sont pas inutiles, et je crois devoir les appuyer de toutes mes forces. Je demande l'honorable miuistre des travaux publics de bien vouloir faire usage du crédit de 250 000 francs afin que, après quarante ans, nous puissions enfin voir l'achèvement du canal de la Lys l'Yperlée, que je ré clame depuis vingt-deux ans. Si l'honorable M. Nolf maiutient son amendement, je le voterai, afin de for cer la main au gouvernement qui ne peut laisser perdurer une situattion que l'on considère, juste titre, comme préjudiciable pour l'arrondissement d'Ypres et pour l'Etat lui-même. M. Nolf. Je me rallierais la pro position qui m'est faite de retirer mon amendement, Bi l'honorable ministre voulait prendre l'engagement de com mencer les travaux dès la saison pro chaine mais en présence de son refus de prendre tout engagement cet égard et de tairedes déclarations quand l'achèvement de notre canal, je le maintiens. M le Président. Pas un mot de ces explications n'est parvenu jusqu'au bureau. Mde Smet de Naeyerministre des finances et des travaux publics Je viens d'expliquer que cet amendement fait double emploi. M Nolf. M le ministre ne nous ayant pas donné une réponse formelle, je maintiens mon amendement L'amendement, mis aux voix par assis et levé, n'est pas adopté.

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Le Progrès (1841-1914) | 1905 | | pagina 2