Chronique de la ville. Encore le Grand Procès, n Noire clergé el l'itinéraire des convois funéraires. Ordre de Léopold. La nouvelle gendarmerie. SOCIÉTÉ DES ANCIENS POMPIERS. Chambre, le projet de loi Woeste concernant la soupe scolaire. On a ete fort surpris de roir qu'il trouve qu'une assiette de soupe, donnée aux enfants pauvres des écoles com munales des grands centres, constitue une arme terrible pour la guerre scolaire, un moyen infaillible de forcer la conscience des parents. Et il y a de quoi, car depuis des années déjà le Bureau de Bienfaisance ac corde un subside annuel de 1000 fr. la soupe scolaire, organisée dans les écoles gardiennes congréganistes de notre ville dans le seul but de les mettre en état de soutenir la concurrence des écoles officielles. M. Colaert qui doit approuver les bud gets et comptes de ces administrations s'est bien gardé cependant de faire la moindre observation cet égard et jamais il n'a soufflé mot pour désapprouver ce moyen de forcer la conscience des parents. IF est vrai qu'ici la mesure favorise les écoles chères nos tonsurés et là-bas, ce sont les écoles officielles qui en profitent. Voilà la différen ce Et voilà aussi la logique et la loyauté cléricales Il faut être un Colaert pour se mettre en contradiction avec soi-même et pour désapprouver et qualifier ainsi ses propres actes. M. Colaert n'en est pas sa pre mière inconséquence. Le correspon dant du Réveil de Bruges aurait pu ajou ter que l'attitude des administrations communales qui distribuent la soupe scolaire aux enfants des écoles offi cielles ont au moins le mérite d'en faire profiter les enfants quelque confession philosophique et religieuse qu'ils puissent appartenir, car les écoles officielles sont des écoles na tionales ouvertes tout le monde tandis que les écoles que favorise M. Colaert sont des écoles purement confessionnelles, partant exclusive ment cléricales. Il est vrai que M. Colaert avait an noncé que sous son administration il n'y en aurait que pour ses amis. Nous serons bons avec les bons, impitoyables pour les autres chacun sait ce que ce langage, sorti de la bouche de notre premier, veut dire. Dans une correspondance Yproise, notre confrère Le Réveil de Bruges relève, en les commentant comme suit, les observations que nous avons présentées propos de l'itinéraire que le clergé de S' Martin avait fait suivre au convoi du regretté M. Beele Enterrements «le classe. Le Progrès d'Y près, il y a quelques jours, s'élevait contre le manque de tact du clergé de la ville qui. lors d'un enterrement, précédé de simples absoutes, avait fait sui vre au cortège, pour entrer la cathédrale, un parcours passant par le Donkerpoort sous la voûte des Halles. La protestation du Progrès au sujet de l'itinéraire suivi par les cortèges funèbres est très fondée c'est le pouvoir public qui devrait en arrêter le parcours. Les enterre ments qu'ils soient civils ou religieux sont organisés par le service des pompes funèbres. Lors de l'enterrement du 3 Jan vier. c'était donc au maître des cérémonies faire suivre, par le cortège, les grandes rues de la ville et ne pas permettre que le clergé manifestât, en pleine voie publique, son mécontentement propos des modestes absoutes qui lui étaient commandées. Nous avons vu Ypres, pour des services de première classe, le cortège religieux quit ter la rue du Marais passer par la rue au Beurre pour entrer l'église S' Martin et, dans la même rue. lors des funérailles d'un pauvre, prendre le chemin le plus court vers l'église. Un jour en quittant la rue Longue de Thourout, vers l'église S' Jacques pour "un enterrement de pauvre, bien entendu nous avons vu le prêtre quitter le cortège, et longer les remparts, alors que la musique (libérale) des anciens pompiers, qui avait pris la tête, partait par la Grand'Place et la rue S' Jacques. Les cortèges funéraires, qui quittent l'église S' Pierre, suivent, tantôt les grandes rues et la Grand'Place, tantôt les petites rues, longeant les remparts, selon que l'on enterre un riche ou un pauvre. Si tous les Belges sont égaux devant la loi, il n'en est pas de même devant l'église. Lois de ce même enterrement du 3 janvier, au moment où entrait l'église S1 Mailin le convoi funèbre du regretté M. Beele, nous avons vu en sortir deux femmes du peuple dont l'une portait sous le manteau un petit cercueil c'était l'enterrement d'un enfant pauvre el comme il n'y avait point de galette la clef le prêtre ne se donnait pis la peine d'accompagner sa dernière demeure le corps de ce petit chrétien Ici, l'église ne s'effraie pas. parait-il, d'un enteirenient fait sans l'as sistance du cierge Enterrer les morts, voilà l'une des sept œuvres corporelles de miséricorde, mais les disciples du Christ ne la pratiquent que moyen nant .onuants. Pour 20 francs, l'on leçoit N prières el M cierges. Pour 40 francs, 2u prières el 2m ciergvs. Pour 100 francs, on prières et oui cierges. Pour 1000 fiancs, oOn prières et 30m cier ges Le t;.rif est maihémaliquemenl propor tionnel. Il y a quelques années devait avoir lieu l'enterrement de l'enfant, âgé de quelques mois, d'un modeste ouvrier de la campagne. L ue simple messe sans neiges fut com mandée au prix de... mettons trois francs. Mais le cuié lit aussitôt une démarche auprès des parents el leur tint peu piès ce langage Sans cierges, le service de votre entant coûtera trois francs, avec cierges cela re- viendra six francs. J'espère bien que vous commanderez les cierges vous ne voudrez pas voir enterrer votre enfant com- me un chien (textuel) Voilà, comment s'est dégénérée une religion fondée par ce fils de charpentier de Nazareth qui n'avait pas une pierre pour reposer la tète Mais, me direz-vous, que deviennent les âmes des malheureux qui n'ont pas le sou pour gagner j'allais dire acheter le ciel Ces âmes abandonnées doivent attendre leur tour. N'avez-vous pas remarqué, l'église S1 Martin, un tronc avec l'inscription voor de verlatene Zielen Plaignons ces âmes abandonnées Enlin, dira Jacques Sincère, pourquoi les libéraux qui tous les jours sont vilipendes par les prêtres catholiques et dans leur presse el dans leur chaire, pourquoi contribuent-ils enrichir cette Eglise? De quoi se plaig- neot-ils, alors qu'ils font enterrer leurs proches avec tout le luxe d'une première classe, alors que leurs tilles peuplent les écoles des religieuses, leurs fils le- collèges des jésuites D'accord Le jour 0 les masses auront compris le me a'utii >me du cle'gé, qu'elles auront vu clao dans celte église moralement déchue, c'en seia fan de la domination que nous su- bisons le salut des idées de sereine raison est au pr x de l'i'.struct ou el de l'éducation du peuple X. Sans faire nôtres toutes les con clusions de cette correspondance, il nous serait difficile de ne pas admet tre, après l'énonciation des faits y contenus, que, trop souvent, l'attitu de de notre clergé est en contradic tion avec les préceptes qu'il a pour mission d'enseigner. Cela ne peut avoir d'autre résultat que d'amener chez les masses une indifférence de plus en plus grande pour la religion de celui qui, il y a près de dix neufs siècles, chassa les marchands du Temple. Nous nous en tenons quant nous la seule conclusion qu'il importait de tirer de ces faits, c'est que, si le clergé secomplait dans de telles mes quineries, l'administration communa le, qui, elle a la police des cortèges en rue, devrait veiller ce qu'on ne détruise pas chez nos populations le respect dû aux morts, qu'ils soient riches ou pauvres. Nous liions dans le Moniteur de Di manche dernier que M. Art. Gaitnant, capitaine commaudaut le lr Ban de la Garde civique d'Ypres, est nommé chevalier de l'Ordre de Léopold. Nous présentons au sympathique commandant nos plus cordiales félici tations. 11 y a décidément des choses que l'organisateur du Grand Procès, de joyeuse etcarnavalesque mémoire, a de la peine digérer et parmi elles se trouve le succès que lui valurent le tact et la magnanimité dont il sut faire preuve en cette occasion. Dans notre numéro du 14 Janvier dernier, nous avons eu l'audace de montrer la coïncidence qu'il y avait entre l'anniversaire du Grand Pro cès et les méfaits de tout genre, que notre admirable police, réorganisée, rééquipée et casquée neuf ne par vient ni prévenir ni empêcher. Nous avons voulu faire ressortir l'in compréhensible inertie de la police quand il s'agit de faire autre chose que de vexer de paisibles citoyens. A cet égard, notre démonstration pour le public Yprois a été suffisante. Comme c'est le seul résultat que nous cherchions atteindre, nous n'insiste rons pas davantage. Nous ne nous attendions pas faire d'une pierre deux coups. Or, voici que dans le Journal d'Ypres pro pos de notre article, le rédacteur des grands jours se sent atteint et se met en rage. Il y a des gens qui s'imagi nent qu'on s'occupe toujours de leur intéressante personne. Nous n'avons cependant en aucune façon voulu montrer nouveau combien notre communal empêcheur de s'amuser en rond s'était rendu ridicule cette oc casion. (Cette démonstration n'était plus faire). Si sa susceptibilité s'est sentie atteinte et s'il s'est cru en droit de distiller un de ces articles venimeux dont il a le secret, nous n'en pouvons rien. Nous ne lui ferons pas l'honneur de relever les insinuations qu'il y adresse aux jeunes gens qui faillirent être ses victimes, parce qu'ils s'étaient permis d'être joyeux un jour où tout est la joie. Ceux qu'il vise (et d'ailleurs tous les gens sensés) accueilleront ses méchan cetés gratuites avec un profond mé pris. C'est le seul cas qu'il convient d'en faire. Far un magistral coup de ciseau le Rédacteur du Journal appelle son secours Sylvain Vandeweyer le grand libéral dont les louvanistes ho norent la statue. Il applique quelques jeunes gens Yprois, qui lui font ombrage, quelques vers que Vandeweyer composa jadis l'adresse des gommeux parisiens C'est d'un propos risible et sur tout c'est de bon goût Ça sent le Pernod. Le Journal étant en verve de poésie, nous ne pouvons rester en reste et lui dédions, notre tour, quelques alexandrins d'actualité, d'un élève de Vandeweyer. Pernod réconfortant, enivrante liqueur, Tu peux seul apaiser, de mon malheureux cœur Les poignantes alarmes Juste ciel tout me hante En sombres cauchemars, mon œuvre m'épouvante Depuis que par intrigue au trône communal. Je me suis installé, chassant mon fier rival, Son image me suit menaçante et sévère, Toujours me reprochant ma gestion délétère Ah que n'ai-je, grand Dieu, l'envergure et l'éclat, La popularité de cet homme d'Etat Je dois me prévaloir de victoires gazières, Hauts faits du Grand Procès réformes policières, Guerre l'Enseignement, vengeance et destruction Ma Religion me sert pour la domination Enfin, voulant briller, je me fais féministe, Mais le pays entier m'appelle GRAND FUMISTE Un élève de Sylvain Vandeweyer. 11 est sérieusement question de nous doter d'une nouvel le gendarmerie; celle qu'occupent actuellement les gendar mes est un vieux couvent, humide, in salubre, depuis longtemps condamnée. Comme en Belgique pour tous les travaux il faut toujours une dizaine d'années avant de pouvoir prendre une décision, il en a été de même pour ia gendarmerie. Plusieurs pians ont été faits, mais toujours renvoyé-, no répondant pas aux exigences du service et de l'hy giène. L'emplacement offre également de grandes difficultés tantôt c'est trop près tantôt c'est trop loin. On parle maintenant de placer la caserne près de la perche de la Société de S' Sébastien idée malheureuse contre laquelle certainement la société et la ville vont protester. Il nous semble qu'il y a suffisamment de la place ailleurs pour que MM. nos ingénieurs et nos architecte» ne soient pas obligés de prendre posses sion d'une partie de Ja Plaine et de compromettre, peut-être, les projets d'embellissement des abords de la gare. Je ne puis dissimuler complète ment l'impression désagréable que me produisit la dénomination de Soi rée-Tabagie donnée un concert si purement artistique. Voilà environ dix ans que j'assiste aux concerts donnés la salle des Anciens Pompiers les derniers se sont présentés mes oreilles plus ar tistiques que jamais, exempts des défauts dont la Fanfare royale sem ble vouloir faire parade. L'harmonie des Anciens Pompiers fait toujours de la bonne musique, parce que le jugement extrêmement exercé de son chef choisit et assem ble les plus belles compositions, les plus magnifiques mélodies. Ce choix judicieux joint l'excellence de l'exé cution font que les concerts des An ciens pompiers sont toujours au-des sus de-toute critique parce qu'ils sont la perfection même. Les quatre morceaux inscrits au programme de Vendredi passé ont été exécutés d'une façon hors ligne. Un phonographe (Système Edison) présenté au public par M. Emile Bar- tier a exécuté de beaux airs de mu sique. Cet appareil réalise la suppres sion totale de tous les sons nasillards, je crois que ce système, grâce sa perfection, est appelé une vogue certaine. Une comédie militaire, alerte, ra pide, bien savante, pétillante d'esprit et de bonne humeur, saupoudrée d'expressions bizarres et de mots l'emporte-pièce a été menée avec une rare adresse par quatre membres de La Fraternelle La salle toute sympathique a témoigné son plaisir sincère en acclamant les artistes je n'exagère point la chute du rideau et en leur faisant un franc succès. L. M. Programme du Concert suivi de Re doute, qui aura lieu le Dimanche 4 Février prochain, 7 heures du soir, au local, rue du Séminaire, avec le bienveillant concours de M. Voddé, chanteur de genre de la Scala de Bru xelles, M. Dick-James, caricaturiste et de quelques membres de la Société La Fraternelle Ie Partie. 1. Marche du Couronnement Tschaïkowski. 2. Adagio Beethoven. 3 Zigeuner wetsen, d'après des motif* hongrois. X. 4. Pot-pourri populaire H. Moermen- 2t Partie. 1. M. Voddé dans son répertoire. 2. .VI. Diok James et ses créations. 3 M. Voddé, dans son répertoire. 4- Loriot, Comédie militaire en un acte de Maurice Devilliers.

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Le Progrès (1841-1914) | 1906 | | pagina 2