L'article 8 punit, en effet, de peire variant de 100 200 francs d'amende, la simple détention d'engin» prohibés quelle qu'ait pu être l'intention de l'inculpé, même lorsqu'il n'a eu aucun» intention de s'en servir. L'article 21 rend les père et mère, les maîtres et commettants, civilement responsables des infractions commises par leurs en fants mineurs non mariés demeurant avec eux, par leurs domestiques ou pré posés. sauf recours généralement illu soire, on en conviendra Ainsi un domestique de ferme bra conne, il commet un délit de chasse pendant qu'il est occupé aux travaux des champs qui lui ont été commandés par son maître celui-ci est civilement responsable des dommages-intérêts et des frais qui pourraient en résulter, alors même que le délit aurait été commis en dehors de sa connaissance. Il faut avouer que tout cela est exorbi tant. Ajoutez cela que la loi édicté des pénalités très sévères pour des faits qui, bien souvent au point de vue de la criminalité, Hont d'une gravité bien re lative. M. Degroote. Il y a lieu de distin guer. Je tiens faire une remarque ce propos parce qu'il est certain que les conséquences du braconnage ren dent la vie rurale dangereuse en Flan dre La loi est beaucoup trop Bévère pour certains délits et elle ne l'est pas assez pour d'autres. AI. Nolf. Vous avouerez, mon cher collègue, que la loi prescrit des pénali tés pour certains faits qui, au point de vue de la criminalité, sont de peu de gravité. Al. Degroote. Noub sommes d'ac cord. AI. Nolf. On comprend dès lors, messieurs, que cette loi soit mal vue. Mais ce qui la rend particulièrement impopulaire, ce sont les drames qu'elle entraîne. Leur énumération serait lon gue. Je pourrais en relater pas mal qui concernent notre région. La cour d'assises de la Flandre occi dentale vient, cette semaine encore, d'être saisie d'une affaire qui a produit une douloureuse impression parmi nos populations. Un garde-chasse, un nom mé Olivier, y comparaissait, accusé d'uue double tentative de meurtre sur la personno de deux fils de cultivateurs les frères Mouton, d'Elvcrdinghe, qui, en faisant une ronde dans leurs champs pour empêcher le maraudage dont ils étaient victimes depuis quelques jours, avaient été atteints par des coups de feu tirés par Olivier. Or, les victimes ne se livraient nullement au braconna ge dont elles ne s'étaient d'ailleurs ja mais occupées. Olivier a été condamné par la cour d'assises quinze ans de travaux forcés. Qu'il me soit permis de rappeler que ces drames se succèdent d'une façon effrayante. En Novembre dernier, un farit du même genre se passait Wer- vicq un homme y fut mortellement blessé, eD sortant de chez lui, muni d'une lanterne. La même nuit, un autre fut blessé dans des circonstances ana logues Au mois de Février dernier, Dickebusch, deux individus quittent un cabaret pour se rendre chez eux en passant proximité de la maison d'un garde-chasse, ils essuient un coup de feu. 11 fut établi l'audience que le garde-chasse avait tiré av«c une arme de guerre un fusil Gras. On m'a cité le cas d'un vélocipédiste qui un soir rentrant de voyage muni de lumière avait eu une aventure du même genre Vous avouerez que cela devient in quiétant. Certains garde-chasses voient des braconniers partout et font usage de leurs armes tort et travers. D'où vient le mal 11 provient en grande partie, d'après moi, de ce que le recrutement des garde-chasses se fait d'une façon déplorable. J'ajoute que la légèreté avec laquelle on admet certaius d'entre eux au Berment consti tue un véritable danger public. Bien souvent, on agrée des individus tarés. Je pourrais vous en citer plusieurs dans nos environs qui ont des casiers judiciaires des plus fournis Les parquets émettent des avis défa vorables, mais alors tontes espèces d'influences interviennent et l'autorité administrative passe outre Je prie M. le ministre de vérifier les casiers judi ciaires des garde-chasses admis au ser ment. Il pourra se convaincre que je n'exagère pas en disant que certains d'entre eux ne devraient pas occuper les fonctions dont ils sont chargés. 11 y a des garde-chasses, qui ont leur ac tif descondamuationsvariant de quinze jours deux mois d'emprisounement pour coups il y eu a même qui ont été condamnés pour vol. Or,voilàdes hom mes dont on fait des officiers de police judiciaire avec toutes les prérogatives attachées ce titre. AI. Degroote. Ce sont ceux-là qui entachent toute la corporation. AI. Buisset. L'an dernier, la cour d'appel de Bruxelles a réformé un ju gement du tribunal de Cliarleroi sur la production laite l'andience par le ministère public du casier judiciaire du seul témoin, d'un prétendu délit de chasse, un garde particulier non asser menté, il est vrai. Néanmoins, une première fois l'erreur judiciaire avait été possible, le casier judiciaire du té moin ne figurant pas au dossier. Aussi la cour acquitta t-elle le prévenu, un très bonfiête fermier. AI Nolf. Nous avons également dans notre région toute une collection de gardes, qui n'ont pas été admis au serment et les casiers judiciaires de certains d'entre eux mériteraient d'être publiés Ces gardes non assermentés ne sont pas officiers de police judiciaire ils n'ont pas le droit de dresser des procès-verbaux et leur témoignage de vant les tribunaux ne jouissent que d'une confiance très limitée Ce qui u'empêche que ces non-assermentés circulent jour et nuit sur les champs, armés de fusils, tuant les chiens et les chats des fermiers, menaçant les gens et usurpant bien souvent des fonctions qu'ils n'ont aucun droit d'exercer. De là, tonte une succession de drames que nous avons déplorer. AIP Daens. C'est une conséquen ce de l'ancienne loi. AI Nolf. C'est surtout une consé quence de la légèreté avec laquelle cer tains propriétaires procèdent au choix de leurs gardes. Pourquoi confier le soin de constater des contraventions des hommes violents, sans scrupules et vé ritablement dangereux AIvan der Bruggenministre de l'a griculture. Ne généralisez pas. AI. Degroote. Il ne faut évidem ment pas généraliser les exceptions. Al. van der Bruggen, ministre de l'a griculture. Les garde-chasses sont parfois victimes, ne l'oubliez pas. M Nolf. Je le reconnais volon tiers, bien des garde-chassessont d'hon nêtes gens et je ne généralise pas je n'eutt nds viser que l'abus, qui consis te admettre comme gardes des indivi dus qui ont des casiers judiciaires qui devraient les rendre suspects. AI Degroote L'intérêt de la corpo ration des gardes est qu'ils soientrecru- tés très sévèrement. AI. Nolf. Je suis tout fait d'ac cord avec vous. On devrait se montrer plus difficile dans l'agréation et ne pas tolérer que des individus dont l'agréa tion a été refusée puissent circuler li brement avec des armes et devenir la terreur de bien des localités. Je termine, messieurs, en signalant le mauvais état de certaines routes de l'Etat et notamment de la route d'Y- pres, Poperinglie vers Dunkerque. Al van der Bruggenministre de l'a griculture. Cela ne me concerne pas. MNolf. Je ne fais que signaler en passant. Cette route date de 1670, elle est usée et devrait être entièrement renouvelée. Je tiens également appeler toute l'attention de l'honorable ministre sur les inconvénients graves qui résultent pour l'agriculture des nuages de pous sière que soulèvent les automobiles roulant sur la route royale de la Fran ce, vers le littoral. M. van der Bruggenministre de l'a griculture Ceia concerne le dépar tement des travaux publics. AI. Nolf Il en résulte un véritable danger au poiut de vue de la circula tion et de l'hygiène d'un autre côté, la poussière se déposant sur les champs et les pâturages, crée une situation très préjudiciable pour les récoltes et le bétail Ces iucoovéuieuts graves sont signalés dans une pétition que des cul tivateurs de Cheluvelt viennent d'a dresser l'honorable ministre de l'a griculture Je me permets de la recom mander sa bienveillante attention. Les signataires de celte pétition in sistent sur les dangers de cette circula tiou les automobilos ronlaut des vi les-exce-sivt'S ils rappellent deux accidents survenus dernièrement, dans leur commune, puis parlant des incon vénients résultant de la poussière au point de vue de l'agriculture, ils ajou tent Les nuages do poussière que les automobiles soulèvent causent un pré judice énorme l'agriculture. En eflet, cette poussière se disperse sur une etendue de plusieurs kilomètres et s'abat sur les plantes qui constituent en grande partie la nourriture du bé- taiP: l'herbe et le trefle spécialement en souffrent II paraît même que, lors que la poussière s'est déposée sur les plantes de tabac et qu'elle vient eu contact avec la pluie, elle occasionne des tâches de brûiure sur les feuilles. Ce qui est plus grave encore, disent les réclamants, c'est que les vaches en pais sant daDs les pâturages sont fréquem meut atteintes de maladies elles com mencent par tousser, ne mangent plus et dépérissent. J'espère que le gouvernement, qui a dépen-é tant d'argent pour la création de cette route, saura s'imposer les sa cnfices nécessaires pour faire droit aux légitimes revendications de nos cultiva teurs. Messieurs, j'ai écouté hier avec une très grande attention le discours pro noncé par notre estimable collègue, M. Degroote. C'est avec un vif intérêt que j'ai suivi ies développements qu'il a donnés aux diverses questions agrico les et d'hygiène qu'il a traitées. Je regrette que notre honorable col lègue ne s'en soit pas tenu la discus sion de ces questions qu'il traite du reste avec compétence, car la partie politique de son discours a été beau coup moins heureuse. Notre honorable collègue a fait l'apologie de sou parti, c'était sou droit, mais il a été particu lièrement injuste notre égard, et cela m'étonne dé sa part, quand il a repro ché au parti libéral de ne point avoir d'œuvres et de se desintéresser des lois sociales. AI Degroote. Vos votes sont là, malheureusement. M. Buyl. -- Mais attendez donc, M. Degroote. AI Degroote. Vous n'avez pas voté la loi des accidents, ni le repos domini cal. Quand on a voté les pensions ou vrières, vous étiezderrière les colonnes. AI. Nolf. Permettez, monsieur Degroote, je no vous ai pas interrompu laissez-moi continuer vous me répon drez si vous le voulez. Le parti libéral n'a pas attendu l'a- vénement du suffrage universel pour s'occuper des lois sociales et c'est mé connaître son passé politique que de le contester. Le rôle social du libéralisme a été exposé dans une étude très remar quable publiée par M Gustave Abel, conseiller provincial et rédacteur en chef de la Flandre libéralebrochure que je recommande la lecture de M. De groote. Voici notamment ce que j'y lis Nous n'insisterons pas sur le rôle généreux du libéralisme pendant la terrible crise de subsistance que tra versèrent les Flandres en 1848. Il fit tout uniment son devoir en faisant vo ter près de 2 millions pour donner du travail aux ouvriers malheureux et en revisant la loi sur les patentes pour exonérer 60 000ouvriers. Noub pensons que tout autre parti en eût fait autant dans ces pénibles circonstances. Frère- Urban venait peine d'être nommé mi nistre pour la première fois. Son cœur fut au niveau de son talent. 4 On ne peut contester aussi que la loi du 17 Décembre 1851 sur les suc cessions eu ligue directe, les lois du 18 et 19 Juillet, 2 Août 1860, abolissant les octrois AI. Buyl. Et combattue par tous les catholiques {Protestations droite AI. Tack. Par tous les catholiques Allons donc AI Buyl. Oui, vous avez tous voté contre, sauf deux ou trois Vous avez combattu la loi instituant la caisse d'é pargne Nous vous le rappellerons l'occasion. M Tack. Comment j'ai combattu la loi sur la caisse d'épargne Rappe lez-moi cela, je m expliquerai. AI. Buyl. Je vous le rappellerai. AI. Tack. Je vous attends. AI. Nolf. Je continue mon énumé ration 4 ...la loi du 15 Mai 1870 supprimant l'impôt sur le sel qui prélevait le prix de plusieurs journées de travail sur le salaire d'une famille d'ouvriers ne fus sent d'importantes mesures démocrati ques. Mais nous voulons surtout parler des lois intéressant tout particulière ment les classes ouvrières. U'est le parti libéral qui fit voter la loi do 3 Avril 1851 sur les sociétés de secours mutuels, dont on connaît l'énorme développement la loi du 7 Février 1859 instituant les conseils de prud'hommes la loi du 16 Mars 1865. créant la caisse générale d'épargne et de retraite la loi du 13 Mai 1866 pro clamant le droit de coalition des ou vriers qui a permis ceux ci de se met tre en grève la loi du 20 Juin 1876 sur les habitations ouvrières, autorisant le gouvernement conférer les caractères de la société anonyme aux associations ayant pour objet ia construction, l'a chat, la vente ou la location de loge ments destinés aux classes ouvrières la loi du 3 Juin 1870 plus tard abrogée par les catholiques, instituant au pro fit de plus de 1,300 miliciens chaque année une pension de 150 francs dont ils pouvaient jouir l'âge de 55 ans et immédiatement s'ils étaient frappés d'incapacité de travail dans l'exercice de leur profession civile la loi du 18 Mai 1873 sur les coopératives la loi de 10 Juillet 1883 abolissant le livret obligatoire et l'abominable article 1781 du code civil d'après lequel le maître était cru sur son affirmation pour les gages la loi du 16 Avril 1887in3titnant los conseils de l'industrie et du travail, dont l'initiative appartient M. Frère- Orban. Voilà co que les libéraux ont fait. AI. Buisset. Et tout cela malgré les rétistances du corps électoral censi taire absolument réfractaire toutes ces réformes. Al.+Nolf. Certains de nos adver saires ont été plus justes notre égard que notre collègue, M. Degroote: ils ont su rendre hommage au parti libé ral. {Protestations droite.) Voici ce qu'a dit de l'œuvre sociale du parti libéral, l'honorable M. Van- dervelde, dans un discours qu'il a prononcé dans cette Chambre, et s'a- dre3saut la droite 4 Ne venez pas prétendre que l'on a fait quelque chose avant 1886, car je me trouve ici en présence d'un gouver nement et d'une majorité catholiques, et j'ai le droit de dire que ce qui a été fait dans notre pays en matière sociale avant 1886, a été l'œuvre des libéraux, et ce malgré des résistances obstinées de la part de la minorité catholique. 4 Vous n'invoquerez pas votre ac tif, je suppose, la loi de 1851 sur les sociétés de secours mutuels, la loi de 1859 sur les conseils de prud'hommes ou bien encore la loi du 16 Mars 1865 sur la Caisse générale d'épargne et de retraite, et que l'on doit Frère Or- ban on lui reprocha même quand il organisa la caisse de retraite, de porter atteinte aux sentiments de famille en dégageant les enfants de leurs devoirs l'égard des parents. 4 Vous n'invoquerez pas non plus les lois qui ont rendu la vie moins chère, puisque vous avez combattu la suppres sion des octrois. 4 M. De Cuchtenaere. En 1873, M. Malou a aboli les droits sur les cé réales. 4 M. Vandervelde. Je croyais que ces faits ne devraient pas soulever la moindre contestation mais puisque des protestations se font entendre, je ferai remarquer que la loi du 18 Juillet 1890, abolissant les octrois, a été votée par quatre membres de la droite seule ment. 4 M De Cuchtenaere. Je ne parle pas de la loi des octrois. 4 M. Vandervelde. Ces interrup tions m'obligeront, malgré moi, al longer quelque peu mon discours, mais notre point de vue, je ne le regrette pas, car il est intéressant de rappeler ce que pensait le parti catholique d'a lors des réformes proposées par le gou vernement libéral (Séance du 12 Mars 1897, p. 857.) Dans un discours prouoncé Saiut- Nicolas pendant la période électorale de 1904, M. Anseele s'exprime pe'1 près dans les mêmes termes u Je reconnais volontiers que jus qu'ici les réformes et les propositions en faveur de la classe ouvrière sont sorties bieu davantage des rangs du parti libéral que du parti catholique- AI. Hoyois. Il a dit si souvent '0 contraire. AI. P Daens. C'est parce qu'^ n'est pas ici que vous dites cala. AI. Hoyois. Ah non. M. Nolf. Je continue ma citation du discours de M Anseele 4 Quand les libéraux out été ail p°u" voir, ils ont plus fait pour la classe ou-

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Le Progrès (1841-1914) | 1906 | | pagina 2