La mêlée des partis. Comment on devient célèbre La partialité de nos maîtres. Nouvelle promotion. Choses et autres. Le Journal d'Ypres a beaucoup ergoté au sujet de la circulaire du 25 Juillet 1884, qui défend aux fonctionnaires de se jeter dans la mêlée des partis. Il a cru tenir la preuve que M. Merghelynck, notre sympathique com missaire d'arrondissement, avait contrevenu la dite circulaire. La lettre de M. Merghelynck que nous reproduisons plus haut, met les choses au point et tout homme sensé lui donnera raison. M. Merghelynck a agi en sa qualité de propriétaire, il s'est adressé ses locataires, il leur a exprimé un simple désir sans exercer la moindre pression. M. Merghelynck a usé de ses droits de simple citoyen qui pourrait donc l'en empêcher Qu adviendrait-il de la liberté des fonctionnaires s'il ne leur était plus permis d avoir une opinion Ah, si M. Merghelynck avait agi en sa qualité de Commissaire d'arron dissement, s'il avait mis au service de notre parti 1 influence qu il retire de ses fonctions, on eut pu, en ce cas, dire que son attitude allait 1 encontre de la fameuse circulaire du 25 Juillet 1884. Mais rien de semblable n a pu être relevé sa charge. M. Merghelynck n'occupe dans notre parti aucun poste de. combat et nous mettons le Journal au défi de produire un document politique quelconque, au bas duquel se trouve le nom de M. Merghelynck. Mais puisque le Journal d'Ypres semble ne point saisir la différence qu'il y a entre le cas d'un fonctionnaire qui use de ses droits de simple citoyen et celui d'un fonctionnaire qui se jette dans la mêlée des partis, nous le lui ferons comprendre par un exemple. Le document que nous publions ci-après en contient la démonstration claire et nette et ceux qui le liront se diront que le Journal d Yeres, en voulant chercher chicane M. Merghelynck, s'est fourré le doigt dans 1 œil jusqu'au coude. Voici le document, il est signé par i° M. F. L. Coevoet, curé de Langemarck, 2° M. P. Soetaert, bourgmestre de Langemarck, 30 M. Pr. Seys, secrétaire communal de Langemarck. Nous le reproduisons en flamand et nous en faisons suivre la traduction pour l'édification de tous Langemarcknaars Ten Sirifde klezers Zondag en acht dagen hebben wij allen eenen strengen plicht te vervullen. Met ons strembriefje zullen wij beslissen of ons land voort, in vrede en in vrijheid, door een katholiek Bestier zal beheerd worden, of indien het, gelijk het ongelukkige Y'ran- krijk, in de handen zal vallen van goddeloos gespuis. Kiezers YVilt gij uw land bestierd zien door man- nen die noch aan God noch aan zijn gebod en gelooven YY'ilt gij dat kloosters en geestelijke ge- stichten gesloten worden YVilt gij dat paters en nonnen, die nooit ander kwaad deden dan voor hunne vijan- den te bidden, dan ouderlingen en weezen te ondersteunen, dan uwe kinderen in den Heiligen Godsdienst op te brengen, wilt gij dat al de kloosterlingen uit het land verban- nen worden YVilt gij dat men, zooals in 't bedorvene Vrankrijk, de kerkegoederen opneme in af- wachting dat men ze verkoope YVilt gij, in een woord, de scheuring van Kerk en Staat Ewel, stemt dan voor liberalen of socia- listen Maar, wilt gij het behoud der be- staande samenleving YVilt gij uwe vrijheid behouden uwe kin deren te laten onderwijzen in eene gods- dienstige schole YVilt gij de vrijheid behouden voor de kloosterlingen van in eenen Heiligen staat te leven, van uwe kinderen teonderwijzen in den godsdienst uwer vaderen, van uwe ou derlingen en weezen te ondersteunen, van te bidden voor de bekeering der zondaars die hen vervolgen YVilt gij vrijheid voor uwe priesters om hun verheven ambt te vervullen YVil gij eendracht tusschen Kerk en Staat, tusschen burgerlijke en geestelijke overheid Stemt dan voor de Katholieken Roept dan met ons Leve God en zijn heiligen Godsdienst Weg met liberalen en socia- listen, de vijanden van onzen God, de vijan- den van onzen Christen godsdienst Zondag, 20 deser, zullen welbekende en vermaarde sprekers in deze gemeente het goede woord komen vœren Ieder kiezer moet het als eene plicht aanzien deze verga- dering bij te wonen. YY'ij doen eenen oproep tôt al de menschen van goeden wil Komt, kiezers, naarde laatste vergaderingen voor de kiezing In. gloedvolle woorden zal men u laten zien wat al voordeelen een Katho liek Bestier sedert 22 jaren geschonken heeft aan al de klassen der samenleving vrij en vrank zal men er de goddeloozen, zij mogen liberalen of socia'listen noemen, ont- maskeren Iedereen wese op zij ne n post Voor aile gemak der kiezers heeft de ka tholiek e bond van Yper, in deze gemeente, j kie.svergaderingen belegd op Zondag 20 Mei 1906, namelijk 's morgens ten 10 j 4 ttre te S1. Jelijns in de meisjesschool. 's namiddags ten 212 ure in de Maria- school op den boschkant. 's namiddags ten 4 i\2 ure in het lokaal der dorpplaats. Namens het Katholiek Comiteit van Langemarck. Ue Eere voorzitters F. L. Coevoet P. Soetaert. De ondervoorzitter De voorzitter C. Vandermeersch. R. Cotteaude Patin De Schatbewaarder, De Schrijver, H. Vulsteke. Pr. Seys. Langemarck, den 15 Mei 1906. Traduction. Habitants de Langemarck En avant pour la lutte electeurs Dimanche en huit nous avons tous un devoir impérieux remplir. Avec notre bulletin de vote nous allons décider si notre pays continuera être gou verné, dans la paix et la liberté, par un gou vernement catholique, ou si, comme dans la malheureuse France le pouvoir va tomber entre les mains de la racaille athée. Electeurs, Voulez-vous voir administrer votre pays par des hommes qui ne croient ni en Dieu ni en ses commandements Voulez-vous voir que les couvents et les institutions religieuses soient fermees Voulez-vous que des religieux et des re ligieuses, qui n ont jamais fait d'autre mal que de prier pour leurs ennemis, que de soutenir des vieillards et des orphelins, que d'élever vos enfants dans la Sainte Reli gion, voulez-vous que tous ces religieux soient chassés du pays Voulez-vous qu'à l'instar de ce qui se passe dans la France corrompue, on invento rie les biens de l'Eglise en attendant qu'on les vende Voulez-vous en un mot la séparation de l'Eglise et de l'Etat Eh bien votez pour les libéraux ou so cialistes-! Mais voulez-vous conserver la société existante Voulez-vous conserver votre liberté de laisser instruire vos enfants dans une école religieuse \roulez-vous conserver la liberté pour les religieux de vivre en état de sainteté, d'éle ver vos enfants dans la religion de leurs pères, de soutenir vos vieillards et vos orphe lins, de prier pour la conversion des pécheurs qui les poursuivent Voulez-vous la liberté pour vos prêtres de remplir leur haute mission Voulez-vous l'union entre l'Eglise et l'Etat, entre l'autorité civile et religieuse P Votes alors pour les catholiques Criez avec nous Vive Dieu et la Sainte Religion A bas les libéraux et les socialistes, les en nemis de notre Dieu, les ennemis de la religion chrétienne Dimanche 20 de ce mois, des orateurs bien connus et réputés viendront prendre la parole Chaque électeur doit considérer que c'est un devoir pour lui d'assister ces réunions. Nous faisons un appel toutes les personnes de bonne volonté Venez, élec teurs; aux dernières réunions avant l'élection. Avec des paroles éloquentes on vous fera voir tous les avantages que le gouvernement catholique depuis 22 ans a procuré toutes les classes de la société librement et fran chement, on y démasquera les impies, fus sent-ils libéraux ou socialistes. Que chacun soit son poste. Pour lafacilitéde tous, le cercle catholique d'Ypres a organisé 3 réunions électorales le Dimanche 20 Mai 1906, savoir, Le matin 10 3/4 h. S1 Julien école des filles. L'après-dîner 2 1 \2 h. dans l'école Ste Ma rie côté du bois. L'après-diner 4 1/2 au local de la place communale. Pour le Comité Catholique de Langemarck. Les Présidents d'honneur J. L. Coevoet P. Soetaert. Le vice président Le Président C. Vandermeersch. R. Cotteau de Patin Le Trésorier, Le Secrétaire, H. Vulsteke. Pr. Seys. Langemarck, le 15 Mai 1906. Et maintenant la parole est au Journal d'Ypres. Qu'il nous explique par la même occasion comment M. L. Biebuyck peut être la fois Président du Tribunal et Vice-Président du Cercle catholique Un journal libéral de Namur, Opinion, a écrit, par erreur, que le cartel Courtrai a triomphé en la personne de M. NolfLe journal clérical de l'endroit, 1 Ami de Ordre, souligne l'erreur et le Journal d'Y- pres reproduit l'articulet en y ajou tant comme titre Voilà comment on devient célèbre Ce n'est déjà pas si mal que l'Ami de l'Ordre se soit aperçu de l'erreur. Nous avouons franchement que si une erreur du genre s'était glissée dans un journal clérical, au détri ment des députés cléricaux de Na mur, nous ne nous en serions pas aperçu et avec nous pas mal de cléri caux. Mais c'est, de la part du Journal d'Ypres, pousser l'amabilité jusqu'à l'exagération que d'en attribuer du coup de la célébrité M. Nolf. Notre confrère Yprois eut mieux fait de réserver pareil éloge son maître, M. Colaert. Car si un mo deste journal de province s'est occupé de M. Nolf, M. Colaert, lui, a eu les honneurs d'organes autrement im portants, tels le Réveil des Flandres et XIndépendance belge, qui, elle, est ré pandue dans le monde entier. Il nous étonne que le Journal d'Y- pres n'en ait soufflé mot. Comme une politesse en vaut une autre, nous le ferons pour lui. Voici, en effet, ce qu'écrit le Ré veil des Flandres du 22 Juin 1906 L'arrangement «I 1111 g 1* u 11 «I p i* o c s. Il a beaucoup été question il y a quel ques semaines d'un procès en diffamation intenté par M. Colaert, député-bourgmestre d'Ypres, un journal libéral de la ville, Het Weekblad. M. Colaert demandait 25,000 fr. de dommages-intérêts pour at teintes portées son honneur. Le tribunal de ire Instance d'Ypres condamna l'éditeur du journal et l'auteur des articles français incriminés, le ier 15,000 fr. de dommages- intérêts ou 6 mois de contrainte par corps le 2e 5,000 fr. ou 3 mois de contrainte par corps et solidairement aux frais du procès. M. Colaert obtenait en outre plusieurs in sertions du jugement dans des journaux son choix. Lés condamnés interjetèrent appel de ce jugement devant la Cour de Gand. Le Journal d'Ypres, organe du parti clérical, nous a appris il y a quelques jours que les condamnés se désistaient de leur appel. Nos renseignements particuliers nous permettent de dire qu'un accord l'amiable est intervenu entre les parties en cause. L'acccd consiste en ceci les défendeurs payeront M. Colaert la somme de 5,ooo fr. Après cela, le public appréciera quel est celui de nos députés qui est en passe de célébrité. Nous eussions très volontiers mis en ligne M. Van Merris malheureusement pas un seul organe ne s'occupe de lui tou tes nos recherches ont été infructueu ses. On constate une partialité criante dans tous les actes du parti clérical. L'administration communale, com posée en majeure partie de militants, peu scrupuleux, n'ayant en vue qu'à plaire aux personnes influentes, pou vant disposer d'un certain nombre d'électeurs, brave, en toutes circon stances, 1 opinion publique. Pour ne citer qu'un exemple, quand il s'agit de restaurer une façade an cienne, elle accepte tout pour l'une et tout ce qui est proposé par une autre, elle le refuse. Notre édilité a intenté un procès au propriétaire de l'estaminet la Trompette restauré consciencieuse ment, parce qu'il avait autorisé son locataire de peindre en grands carac tères l'enseigne A la Trompette, alors qu'elle laisse badigeonner june monstruosité) la façade de IAncre datant comme la Trompette de la même époque. Pour l'édification de nos lecteurs, les deux propriétaires sont d'une opinion contraire. Un autre exemple de la partialité de nos maîtres. Au Boc, la ville autorise la con struction d'une marquise alors qu'elle la refuse Au Sultan. Faut-il en dire le motif Les deux patrons n'appar tiennent pas au même parti. Quand il s'agit d'appliquer stricte ment le règlement de la bâtisse sur les terrains de la ville, fixant le temps dans lequel l'acquéreur doit construire, l'administration embête, c'est le mot, celui dont elle n'a rien craindre, en temps d'élection, mais fait le mort quand elle croit devoir compter avec quelqu'un qui ose mon trer les dents, qui n'a pas peur, même de Mons Colaert. Des habitants de la Porte de Me- nin, qui ne sont pas en odeur de sain teté auprès de nos hiaîtres, ont péti tionné, plusieurs reprises, pour prier l'administration communale de faire abattre les arbres croissant der rière leurs propriétés pour le motif qu'ils font un tort considérable leurs plantations. Notre admirable édilité fait la sourde oreille. Un locataire bien pensant loue, un prix dérisoire, un terrain situé derrière le bassin de natation, con dition que la ville fasse disparaître les arbres longeant la drève. Le Collège échevinal s'exécute sur le coup C'est l'égalité pour tous proclamée si pompeusement dans leur manifeste électoral Notre concitoyen, M. Léopold Merghelynck (écuyer), secrétaire de légation de première classe Saint- Pétersbourg, est nommé aux mêmes fonctions la légation belge Paris. Né en 1874, docteur en droit, ad joint l'administration centrale en 1895, il fut nommé attaché de léga tion en 1896 il passa l'examen di plomatique, avec mention honorable, en 1896, et fut envoyé Vienne la même année. En 1897, il fut nommé secrétaire de deuxième classe, passa l'examen commercial, fut envoyé Belgrade. Il passa Paris en 1899, Pékin en 1900, en qualité de secré taire de légation de première classe, et tout le monde sait ce que le jeune diplomate eut souffrir cette épo que. En 1902, M. Léopold Merghe lynck retourna Belgrade et fut envoyé Saint-Pétersbourg en 1904. Il est chevalier de l'ordre de Léopold, décoré de la troisième classe avec glaives de l'ordre de Sainte-Anne, chevalier de la Légion d'honneur, etc., etc. Toutes nos félicitations au jeune diplomate. On dit très sérieusement en ville, que la Société intercommunale des chemins de fer vicinaux a l'intention d'acheter le coin attenant la pro priété de M. Veys, place de la Gare, pour y établir ses bureaux ce ne serait pas une mauvaise idée elle pourrait mieux que tout autre com pléter dans le même style ce bloc de maisons. On se demande si la commission d'hygiène existe encore en ville il nous semble qu'elle pourrait, surtout en ce moment de fortes chaleurs, se déranger un peu et sortir de sa lon gue léthargie pour défendre de jeter les immondices de la ville dans la pièce d'eau du Boulevard Malou le poisson crève et une odeur puante infecte ce beau quartier. Nous demandons M. l'ingénieur des Ponts et Chaussées d'exiger de la part de la Société du gaz la mise en état des rues appartenant l'Etat, complètement bouleversées par la nouvelle canalisation on peut être tolérant et bon, mais il ne faut ce pendant pas tolérer des casse-cou partout.

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Le Progrès (1841-1914) | 1906 | | pagina 2