Chronique de la ville.
Nécrologie.
Hommage socialiste nu parti libéral.
La dette publique.
L'éclipsé de la Sle Cécile,
h l'Hôtel de Ville.
Perrettes et Gaziers.
Cacophonie et parfums
La Ste Cécile
chez les Anciens Pompiers
A un M. F..., professeur au Collège
Samt-Servais, dirigé par les Jésuites
C'est un comble
.Mort
de M. le député Liefuiun*. j
Dimanche matin, est décédé
Audeoarde, l'âge de 49 ans. M.
Camille Liefmans, avocat-avoué
en cette ville, membrede laCbam-
bredes représentants pour l'arron
dissement d'Audenarde.
11 appartenait une vieille fa
mille libérale audenardaise qui de
tout temps fournit des hommes
dévoués la chose publique. Son
grand-oncle Henri liiefmans, fut
bourgmestre d'Audenarde et sié
gea aux Etats Généraux Son oncle
Victor Liefmans fut également
bourgmestre d'Audenarde.
M. Liefmans fit ses études de
droit l'université de Gand. 11
obtint son diplôme de docteur en
droit en 1882 et s'installa la même
année comme avocat en sa ville
natale.
Depuis cette date, il prit tou
jours une large part aux luttes po
litiques pour la défense des idées
libérales et, après plusieurs années
de persévérance et de rude labeur,
le corps électoral de l'arrondisse
ment d'Audenarde le récompensa
de tant d'années de sacrifice en
l'envoyant la Chambre des dépu
tés défendre leurs intérêts si chè
rement conquis. Durant sept an
nées, il siégea cette haute as
semblée et prit part plusieurs
discussions.
Le parti libéral perd en Camille
Liefmans un de ses plus ardents
défenseurs. D'un caractère bon,
généreux, franc et loyal, il était
l'idole du parti libéral audenar
dais, qui l'appelait onzeCamiel
notre Camille Même dans le
parti catholique, il était aimé et
plus d'un chef le portait en haute
estime. C'est par la force de 6on
caractère qu'il put maîtriser la
maladie qui le minait depuis de
longues années et, le 17 Novem
bre dernier, il apparut encore la
Chambre des représentants. Le
soir même, il s'alita et s'éteignit
doucement.
Son enterrement a eu lieu
Audenarde Mercredi dernier au
milieu d'une foule énorme, et
douloureusement impressionnée
M. Liefmans n'était pas un in
connu pour nous, Yprois. Chaque
fois que notre association libérale
faisait appel son dévouement, il
nous a apportés lors de nos luttes
électorales le concours de sa chau
de et éloquente parole. Le public
yprois aimait l'entendre il ne
lui ménageait pas ses acclama
tions qui ne se souvient des ova
tions dont il fut l'objet dans notre
local des Anciens Pompiers.
Aussi est-ce avec une douleur
sincère et profonde que nous enre
gistrons le décès de ce vaillant
compagnon de nos luttes. Nous
présentons sa famille l'expres
sion de nos vives et sincères con
doléances.
La gauche libérale était repré
sentée aux funérailles.
Une couronne a été offerte, au
nom des députés libéraux.
Trois discours ont été prononcés
la mortuaire par M Van Wet-
tere, au nom de l'association libé
rale, par M. De Vigne, au nom de
la gauche libérale, par M. Ber-
naeyo, le sénateur libéral de l'ar
rondissement, dont, par erreur, ou
avait annoncé le décès.
D'autres discours ont été pronon
cés au cimetière.
Sur le parcours du cortège, on
remarquait presque toutes les
façades des drapeaux en berne.
provient de la charge des nombreux
millions dont le ministère clérical a
augmenté la dette publique en 1905
ainsi que de l'augmentation des pen
sions charge de l'Etat
M. Pierre De Bruyne, conseiller
communal socialiste Gand, vient de
publier une brochure flamande, dont
nous extrayons ce qui suit
Quand on compare les lois faites en
faveur des ouvriers par les gouverne
ments libéraux, avec ceiles faites par
les gouvernements clérica jx, depuis
notre indépendance nationale jusqu'au
jourd'hui, on constate immédiatement
que les libéraux ont fait beaucoup plus
pour laclasseouvnèrequelescléricaiix.
Les libéraux ont aboli les octrois en
1862, ce qui a produit une baisse énor
me sur tous les produits nécessaires
l'alimentation.
Us ont supprimé les barrières
Ils ont rendu le commerce libre sur
l'Escaut.
Ils ont décrété l'instruction gratuite
pour les enfants pauvres et sont tombés
du pouvoir en 1884 parce qu'ils vou
laient donner une plus grande exten
sion l'enseignement.
Us ont institué le fonds communal et
les caisses d'épargne et de retraite.
Us ont supprimé les droits de succes
sion sur les petits héritages
Us ont supprimé les livrets d'ouvriers
et institué les Conseils du Travail et de
l'Industrie.
Ils ont en 1861 fait la première loi
sur les habitations ouvrières et en 1870
supprimé lesdroits d'entréesurlesel et
le poisson.
Us ont proclamé le droit de réunion
et de grève et s'ils étaient restés au
pouvoir, nous aurions aujourd'hui,
commedans presque tous les pays d'Eu
rope, l'instruction obligatoire.
Le projet de budget de la dette
publique pour l'exercice 1907 s'élève
168 608,081 fr 60it une augmentation
de 3.850,795 fr., sur l'exercice 1906.
Faut il dire que cette augmentation
Ah cette fois la coupe déborde
Cela devient cruel pour le clan ga
zier Plus de fêtes, plus de réunions
officielles, sans que le Gaz de la
Cousine ne joue de ses tours et cela
avec un raffinement perfide, qui doit
profondément remuer les consciences
de nos maitres
Voilà que les Saints du Paradis,
eux-mêmes, viennent notre secours
pour confondre les édiles qui ont con
spiré dans l'ombre contre les intérêts
Yprois.
Le Grand Saint Léopold a entamé
la campagne, pour la bonne cause,
dans les salons du sympathique
Maïeur.
Saint Michel, le jour de sa fête, a
plongé la ville dans les ténèbres.
Voici la douce Sainte Cécile, la pai
sible musicienne, qui se révolte son
tour et qui choisit, la cruelle, pour
théâtre de ses exploits, la Salle même
où fut signé le pacte honteux nous
livrant aux Brugeois
Lundi dernier, en effet, l'occa
sion de la Sainte Cécile, la caisse
communale offrait un Banquet aux
membres de l'Harmonie, en la gran
de Salle Bleue de notre antique
Hôtel de Ville.
Le Maïeur présidait la solennité,
entouré de ses Echevins et de quel
ques sommités du clan gazier MM.
Fraeys, Bouquet, Charles et Jules
Baus, tous fervents de la grande
musicienne Une centaine de con
vives joyeux se pressaient autour des
tables copieusement servies.
La presse était uniquement repré
sentée par M. Callewaert du Jour
nal.
Le Progrès n'ayant pas été
invité, regrette de ne pouvoir donner
qu'un compte-rendu sommaire de la
fête. Nous savons cependant qu'au
début tout se passa fort bien,
mais froidement comme toujours
quand nos sympathiques s'en
mêlent Mais vers 4 heures, le
jour baissant, il a fallu recourir a
la lumière de la Sainte Usine
c'était fatalement le commencement
des tribulations. Les becs Auer,
fiambarits neufs pour la circonstan
ce, répandirent des flots lumineux
dans la jolie salle. Le Maïeur se
lève tout fier et étale, dans des phra
ses filandreuses, ses hauts faits pré
sents et ses promesses pour l'avenir
et se rengorgeant, nous Messieurs,
dit-il, que nos adversaires ont l'auda
ce de traiter d'obscurantistes, n'a
vons-nous pas répandu, profusion,
une lumière éclatante quand
soudain la douce Sainte Cécile, ré
voltée de tant de cynisme, fit passer,
de son souffle puissant et harmonieux,
des flots d'air travers les tuyaux de
M. De Brouwer, comme travers les
orgues célestes. La salle fut plongée
aussitôt dans les ténèbres les plus
épaisses causant la table d'honneur
une bousculade et un émoi indescrip
tibles. Les braves musiciens, après
un éclat de rire, entonnèrent en
chœur, d'un mouvement instinctif et
irrésistible, le couplet du Gaz de la
Cousine
C'est du Gaz catholique,
Que l'on fabrique
Dans la nouvelle Usine
De la Cousine
C'est du Gaz de famille,
Faut pas qu'ça brille
C'est la pâle étincelle
D'une chandelle
C'est épatant,
Notre maire étonnant
Trouve pourtant
Ce gaz éblouissant
rendant ainsi, d'une façon frappante
et cinglante la fois, le vrai senti
ment populaire en révolte contre nos
oppresseurs Poperinghois et Bru
geois
Les dirigeants étaient consternés,
et faisaient en vain résonner fébrile
ment les verres pour rappeler les con
vives au respect de l'autorité Mais
les chants reprirent, de plus belle,
avec ardeur et conviction, par la
Colaerdienne, toute de circonstance
aussi
Tout ça grâce Colaert,
Ce vieux roublard
Devenu Maire,
Hélas, pour faire
Le malheur des Yprois
A bas le Poperinghois
Les voûtes séculaires du Palais
communal frémirent l'unisson avec
le cœur du Maïeur
Cependant un nerveux commissai
re avait déjà requis une brigade de
gaziers et après 20 minutes d'efforts,
un siècle pour le Maïeur qui se trou
vait sur le gril, la lumière reparût,
les chants cessèrent et M. Colaert, la
face blême et contractée, réflétant
l'émotion causée par l'explosion
foudroyante du sentiment populaire,
se lève et s'écrie avec une sainte in
dignation Vous ne comprenez pas,
Messieurs, toute l'horreur du scanda
le que vous venez de provoquer
Vous, qui devriez être les plus fer
vents défenseurs des hommes méri
tants de l'Hôtel de Ville, c'est aux
pieds de notre trône même et au mo
ment où nous vous comblons de nos
faveurs et de notre sympathie, que
vous conspirez avec nos pires enne
mis Vous semblez ignorer aussi,
Messieurs, qu'il vient d'être décrété
que les chants ineptes que vous
venez d'entonner sont frappés d'ex
communication majeure la Colaer
dienne est blasphématoire parce
qu'elle s'attaque Y Autorité le
Gaz de la Cousine est une chanson
obscène, parce qu'il se trouve dans
ce gaz beaucoup de choses impures.
Mais vous avez peut-être péché par
ignorance, Messieurs, aussi je vous
pardonne, mais ne recommencez
plus
M. Fraeys, président de l'Harmo
nie, se lève alors et, d'une voix élo
quente et émue, demande grâce pour
ses musiciens coupables d'un moment
d'oubli il propose pour la société
un pèlerinage réparateur Bruges,
aux frais de la caisse communale
on visiterait dans sa ville natale,
1 Usine De Brouwer, les Installations
de Zeebrugge et on finirait la jour
née par une sérénade, rue des Ane
pour remercier le plus grand gazie'
du monde d'avoir daigné accepter [l
concession du Gaz d'Ypres.
Des applaudissements unanimes
accueillent ce discours et l'on se dis!
perse, les musiciens fort joyeux, lè
clan gazier fort humilié
Si, au son du cor, notre ingénieux
Bourgmestre annonçait toutes nos
jolies Perrettes, que Lundi prochain
l'aube, elles auraient comparaître
au Bureau de Police, par devantl'im-
placable Commissaire, pour y laisser
procéder l'inspection de leur con
science et de leur lait, gageons que
pour leur honneur et la grande joie
des nourrissons, le lait ne serait pas
baptisé... ce jour-la
Eh bien, nos éminents gaziers qui,
leur tour, ont comparu, date dé
terminée par le bourgmestre, devant
le régide chimiste, n'ont pas obtenu,
eux, un certificat satisfaisant.
Toutefois il y a, paraît-il, un pro
grès marqué. Ce jour-là, presque
plus d'acide sulfhydrique. Seule
ment, beaucoup d'azote, beaucoup
d'oxygène, peu de pression, peu de
pouvoir éclairant. Que diable a-t-on
fait l'Usine Aurait-on foulé dans
le gaz des bonbonnes entières d'oxy
gène Moyen précaire et qui ne
peut durer longtemps. Au reste, tant
d'air dans le gaz ne le rendrait pas
meilleur. Au fait, ça marque toujours
au compteur, et c'est le grand point
pour MM. les actionnaires.
Nous verrons donc notre bourg
mestre opposer cette nouvelle analyse
celle qui fut faite l'improviste
(comme il convient de faire quand il
s'agit de découvrir des fraudes).
Conséquence un satisfecit qui ne
rime rien, des frais d'analyse que
la caisse communale paiera, et une
amende évitée pour la chère usine.
Il n'y a que les Yprois qui ne se
ront pas contents. Quels mauvais ca
ractères
Le Journal qui était présent au
Banquet de l'Harmonie communale
l'Hôtel de Ville, n'en souffle pas
un mot dans son numéro de Mercre
di cela le dispense de parler de
l'éclipsé.
Il narre pourtant longuement la
fête de la Fanfare, il parle de la lu
mière étincelante de la Salle Iweins,
des discours etc.
Mais il ne nous dit pas pourtant
quelle était cette odeurnauséa
bonde qui vous suffoquait en péné
trant aux Halles pendant le Concert-
Promenade D'aucuns prétendent
qu'il y avait fuite de gaz et réappari
tion très-marquante d'acide sulfhy
drique C'était parfait les oreilles
écorchées par les sons stridents de la
Fanfare et l'odorat agrémenté de
doux parfums
Dimanche dernier, les Anciens
Pompiers ont fêté Stc Cécile, patron
ne des musiciens.
Le temps favorable a permis a
l'harmonie de se rendre en jouant,
comme elle le fait chaque année, chez
son directeur, M. Henri Moerman,
pour le congratuler.
De midi 1 heure, un concert-pi"0*
menade avait lieu au local. De l'avis
même des adversaires politiques qul
assistaient au concert, l'harmonie
a exécuté d'une façon remarquable,
les divers morceaux du programme-
A 1 1/2 heure un dîner servi I3
Châtellenie, réunissait les membres
de la Commission, le chef et une
bonne partie de ses musiciens. L®
dîner a été admirablement prépar i
grâce aux bons soins de M"e MaO
Aelbrouck. Nous sommes heure
de pouvoir dire qu'il existe parmi e*