Chronique de la ville. Les cléricaux l'œuvre. Société les Infatigables. Chronique théâtrale. LE PETIT DEC Le Collège Echevinal de la ville d'Ypres nouscommunique, avec priè re d'insertion, le rapport suivant It a|»|iort <l«* 11. Htir\ eiiirli sur le* plantations. jardina «>l p rame- nutle* île la %ille il"Vpre»». Messieurs les Bourgmestre et Echevins de la ville d'Ypres, Messieurs, Me rendant une invitation de Monsieur le Bourgmestre datant du 3 Décembre, Ind. N° 3739, je suis venu Ypres le Mardi 11 courant, où, accompagne de Monsieur l'Eche- vin des travaux, Monsieurle Secrétaireet Mr l'Architecte de la ville, j'ai eu examiner votre admirable promenade publique, dans le but d'y amener des améliorations. En premier lieu j'ai constaté la façon tout fait magistrale dont cette promenade a été con çue et exécutée. Ces jardins sont en tous points comparables ceux qui entourent la ville de Luxembourg, et moyennant quel ques soins spéciaux d'entretien et de sur veillance, ils pourraient être rangés parmi les plus beaux de l'Europe et donner votre ville, déjà si intéressante, un sujet d'attrac tion de tout premier ordre. Mais quelque beaux que soient des jardins et quelque soit le talent avec lequel ils ont été conçus, il ar rive toujours un moment où chacun des éléments qui le composent doit être surveil lé et guidé. Alors surtout, les arbres qui ont été plantés petite distance pour donner un effet plus immédiat, doivent partiellement disparaître pour laisser l'espace d'autres, mieux formés et mieux venus ou dont le cachet propre est plus en rapport avec le si te qu'ils contribuent former. Une jeune plantation fait surtout son effet par la masse de sa végétation luxuriante, par l'ombre et la fraîcheur qu'ils donnent dans la prome nade, mais plus tard chaque arbre en se dé veloppant donne au paysage le cachet plasti que qui le caractérisera et qui peut perdurer pendant des siècles. Les jardins d'Ypres en trent dans cette phase de transformation et plusieursarbres, grâceà leur développement, contribuent non seulement la beauté et l'expression de l'ensemble, mais ont leurs caractères propres qu'il faut conserver et protéger. Et, considérées sous ce rapport, je ne puis qu'approuver les coupes d'arbres projetées, sauf pour un orme dont la dispa rition laisserait un vide regrettable. Il faut, en effet, que les arbres soient toujours distancés de façon ce que toutes les couronnes fuissent se former librement sans cependant laisser des vides. Mais quand on fait les éclaircies, il vaut mieux cependant avoir pendant quelque temps un espace nul, que de laisser subsister les deux arbres trop rapprochés pour en faire dispa- raître un lorsqu'il a eu le temps de nuire considérablement la forme normale de celui qui est appelé rester. Dans les groupes, j'ai vu assez bien de plantes de peuplier du Canada. Ces arbres ne doivent pas avoir de place définitive dans un parc où leur feuillage grêle fait un effet insuffisant et que les fruits cotonneux salis sent pendant les plus beaux jours de l'été. On introduit le peuplier dans une jeune plantation parce qu'il va vite, mais on doit l'intercaler judicieusement dans d'autres arbres plus lents se former, pour le sup primer dès qu'il nuit ces derniers. Si on l'emploie cause de son grand rapport, on doit le faire venir dans des endroits spéciaux peu en vue, où les vides qui se forment par l'exploitation périodique de son bois ne lais sent pas de lacunes trop voyantes. Aussi recommandé-je le peuplier dans deux bas fonds situés gauche de la promenade en remontant depuis la gare. J'engage également l'édilité faire don ner aux chemins et aux massifs, et surtout aux clôtures avoisinant les cités ouvrières, tous les soins d'entretien et de propreté pos sibles, l'expérience ayant prouvé que les enfants respectent naturellement les choses propres et bien ordonnées. A Gand, les nombreuses pancartes mettant les jardins et les plantations sous la sauvegarde du pu blic ont eu un bon résultat. Certains pro meneurs n'osent intervenir dans des cas de déprédations qu'ils voient sous leurs yeux de peur de la réponse typique cela ne vous regarde pas. J'appelle l'attention du Collège sur quel ques exemplaires de peuplier Baumier, ar bre très*vigoureux dans sa jeunesse, plus tard grossier et irrégulier, sans cachet et présentant des dangers réels, parce qu'il se brise net au moindre vent sans qu'aucun signe manifeste 11e nous ait prévenu de son état précaire. Je ne suis pas partisan de beaucoup de plantations en Ailanthus Glandulosa, (ver nis du Japon.) Cet arbre tant que tout jeu ne et régulier, n'est pas dépourvu de beauté cause de son feuillage ample et élégant qui lui donne un cachet exotique, mais il se déforme très vite, les branches se cassent, souvent tout un côté disparaît sans raison apparente, et plus tard sa floraison répand en plein soleil une odeur des plus désagréa bles. Je ne puis approuver la plantation en quinconce des noyers dans la grande île. Une île doit ou bien avoir le cachet bien ca ractérisé d'une terre verdoyante entourée par les deux ramifications d'une eau paisi ble et tranquille n'ayant pas eu la force d'en entamer les contours, et alors la vallée doit être en gazon, peine planté sur les bords surélevés, ou bien cette même terre est cen sée avoir résisté l'action corrosive du cou rant, grâce la présence des racines alors elle doit présenter l'aspect d'une motte con vexe abondamment et complètement fournie de futaie et surtout de sous-bois. La plan tation de noyer peut impunément rester là encore pendant 3^4 ans, en attendant qu'on trouve pour ces arbres un emplace ment plus rationnel mais bientôt elle em pêchera 1 admirable vue dont on jouit de puis le fond du parc. Il est temps de supprimer graduellement les épicéa et de les remplacer par de jeunes. Les anciens arbres de cette espèce sont usés, et les jeunes plantations poussent vite et sont belles dès la première année. Il y aurait lieu aussi d'intercaler dans les massifs un peu d'arbustes verts. Quant aux ormes qui bordent les fossés de la ville, j'ai appris qu'ils ont été forte ment attaqués par les chenilles. Bombyx populo dont le papillon est un gros et lourd insecte blanc pondant en Juin sur les jeunes rameaux. Pour einpêcherces insectes d'escalader, il suffit d'entourerl'arbre, un mètre de haut, d'un ruban de 10 centimè tres de goudron, de houille ou de bois. On procède mi-mai et renouvelle un mois après. J'ai vu également des grands ravages faits par une chenille grosse et charnue, de couleur orange, atteignant jusque 9 cm. de long, et qui creuse des galeries dans le bois. On ne saurait faire cette nuisance une chasse trop régulière. (C'est le Cossus Lig- niperda). L'insecte parfait est une grosse mite, dont les ailes ont 6 7 cm. d'enver gure, de couleur grisâtre, tachetée de nuan ce plus foncée. Il se promène au bas des ar bres vers le mois de Juin, il est très lent et se détruit facilement. La femelle est garnie d'une espèce de gaîne terminée en pointe, qu'elle enfonce dans l'écorce et elle effectue sa ponte. Les petites chenilles mangent d'abord le jeune bois et mesure qu'elles sont plus fortes rentrent dans le corps de l'arbre dans des galeries qu'elles se creu sent. Elles vivent pendant 3 ans avant de se transformer en cocon. On constate ses dégâts par une espèce de sciure de bois brunâtre et humide cause des épanche- ments de sève que leur façon de vivre pro voque. Au moyen d'un fil de fer on peut suivre la galerie et écraser l'insecte. Quand la chenille se transforme en cocon, elle se rend vers les bords extérieurs des arbres et se place de façon ce que l'extrémité posté rieure du cocon, fasse une saillie d'à peu près 1 centimètre sous forme d'un cône bru nâtre. A ce moment on peut facilement les distinguer et les enlever. Les arbres très attaqués doivent être abattus et les chenilles détruites. On en trouve jusque 60 dans une tige. Il semble qu'un lavage avec une émulsion un peu épaisse de savon mou et de nicotine, appliqué sur la tige des arbres jusqu'à 1 mètre de haut, empêche la ponte (cela se fait en Juin). Mais une des causes principales du dépé rissement de certains de vos ormes résulte du choix malheureux de la variété. Le véri table orme gras (Ulmus fulva ou Montana) est une variété qui ne se reproduit pas exactement par graines. On doit le multi plier par marcottes et alors on a des arbres vigoureux et durables. Les arbres venus de semis sont mauvais ils ont une tige grêle et élancée, une couronne étroite et peu fournie, et sont plus que les autres sujets des excrétions ou épanchements de sève presque toujours mortels. Ces épanchements de sève, propres certaines essences, et qui, dans le cerisier et le pêcher par exemple, se montrent sous la forme très visible d'une gomme bien caractérisée, sont chez l'orme un simple dépôt crayeux (carbonate de chaux) qui, peu visible, se fige le long des parois des tissus vasculaires et trachéiques, arrête la circulation et occasionne le dépé rissement des parties contaminées. L'écorce se crevasse et le bois se déssèche. Il s'en suit un arrêt dans le grossissement de la tige, les sucs arrêtés ne nourissent plus qu'imparfaitement la couronne, et le long de la tige se développent de nombreux re jetons très aqueux. Quand un orme quel conque montre ces phénomènes on peut être sûr d'une constitution mauvaise et l'arbre reste sujet des accidents analogues que l'on peut cependant arrêter dans le princi pe, en coupant l'écorce et le bois attaqués jusque sur le bois indemne, et recouvrant la plaie d'un enduit ou d'une couverture qui coupe l'air (terre glaise avec chaux, ré sine etc.) Alors il se forme des nouvelles couches de jeune bois, très souvent même une nouvelle écorce, on tout au moins une couche de liège qui remplace partiellement l'écorce manquante. Chez la plupart des ormes que j'ai vus, le mal est trop avancé. Les individus attaqués dépérissent de plus en plus, et il vaut mieux les faire disparaître et les remplacer par de jeunes plants bien choisis. Il est évident que les premières années cette opération sera faite au détriment de la vue d'ensem ble, mais il faut avoir en vue l'avenir et plus on tarde plus les nouveaux plançons auront de la peine pousser sous les grands arbres conservés. En faisant la plantation rempla cer la terre par de l'autre prise loin des ar bres existants, chaque fois que l'on plante la place occupée par un ancien arbre sup primé. Le parterre devant la gare est très beau, mais la partie gauche en venant de la gare est trop dénudee et doit être relevée par quelques plantations. Il faudrait donner la préférence aux arbres verts et résineux. J'ai remarqué vos plantations d'accacia dans les rues. Tant que ces arbres sont pe tits ils ne présentent que des avantages, mais fatalement ils masqueront complète ment les façades et au lieu de donner aux rues un aspect de diversité, ils créeront par le temps une nouvelle uniformité d'un autre genre. J'ai vu qu'à Berlin ces accacias ont tous été regreffes en accacia boule. C'est très beau. Tous les 4 ans on retaille les couron nes complètement, en prenant la moitié des arbres (un sur deux) une première fois et deux ans après l'autre moitié. Un bon jardinier peut faire ce greffage. Il faudrait pour réussir plus sûrement élaguer les branches l'hiver couper au mois de Mars des rameaux greffons que l'on conserverait moitié, enterrés le long d'un mur au nord et greffer quand les yeux des arbres com menceront gonfler, de telle façon que le greffon soit en retard au point de vue de la végétation, sur le sujet greffer. J'ose espérer, Messieurs, que ces quelques considérations pourront vous être utiles et je serai heureux de me mettre votre dis position dans des cas analogues. Veuillez agréer, Messieurs les Bourg mestre et Echevins, l'expression de mes sentiments respectueux. Votre serviteur, (s) BURVENICH. Professeur d'architecture de jardins l'école d'horticulture, jardin botanique, Gand. On connaît la façon chère aux clé ricaux de récompenser soit un ou vrier, soit un petit bourgeois pour services rendus, et leur façon d'agir fait l'objet de toutes les conversa tions en ville. Tout le monde a connu le dernier messager du Conseil des Prud'hom mes il est mort depuis quelque temps la suite d'une longue et péni ble maladie. Son fils, veuf et père de famille, le remplaçait déjà du temps de son vi vant et cela la satisfaction de tous les membres. Dernièrement, un messager devait être nommé définitivement. Le ff. se croyait sûr d'obtenir cet emploi, mais avec les cléricaux, cette en geance, sans cœur ni entrailles, rien n'est certain, car ces braves gens ne connaissent que la politique mesqui ne et haineuse des sectaires. Ils l'ont prouvé une fois de plus. A la veille du jour de l'an, le fils qui s'était dévoué pour le père mala de, fut, bel et bien, remplacé par un de leurs hommes tout faire. Ce malheureux fils fut mis la porte, comme un homme de mauvaise con duite et n'observant pas son travail. C'est ainsi que, chez les cléricaux, l'amour filial est récompensé ils sont toujours là pour prêcher la mo rale, mais quand il s'agit de la mettre en pratique, ils s'en moquent comme d'une guigne. Quelle belle école Elle est édi fiante Nous avons la conviction, que cet acte méprisable d'intolérance ne sera pas oublié Les électeurs Yprois s'en souvien dront aux élections communales pro chaines Un concert suivi de redoute aura lieu Dimanche 20 Janvier prochain, au local des Anciens Pompiers. Cette fête commencera 7 heures très précises du soir. M. Billiau, chanteur de genre et la société dramatique de Vlaanisc/ie Stcr y prêteront leur concours. Nous publierons le programme de cette attrayante soirée dans notre prochain numéro. c'est la charmauto opérette que la troupe de Tournai, sous la direction de M. Martini est venue interpréter au théâtre de notre ville, Lundi dernier. Le public, assez nombreux, a fait un chaleureux accueil cette œuvre amu sante du célèbre compositeur Lecocq, et, durant toute la soirée, les applau dissements enthousiastes et les éclats de rire se sont succédés sans relâche. La musique pétillante s'adapte ravir au sujet, et le Petit Duc se fait classer incontestablement parmi les meilleures partitionsdu fameux maître français. Quant au livret, l'œuvre d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy, il est ce qu'il doit forcément être, c'est dire léger, coquet, avec une pointe de naï veté que d'aucuns jugent enfantine Ma foi comment voulez-vous qu'il en soit autrement N'est-ce pas la cou leur, le style que îéclame l'histoire des amours d'un petit duc, page efféminé qui remplit le palais royal du bruit de ses aventures galantes, colonel, dès le berceau, d'un régiment qu'il mène l'assaut d'un couvent de femmes Jugez-en d'ailleurH par le récit succinct que nous faisons Binvre. Le duc Raoul de Parthenay a dix- huit ans. Il vient d'épouser une jeune fille qu'il aime. Mais, sur l'ordre du Roi, les jeunes gens doivent se séparer le jour même du mariage la duchesse est envoyée dans un couvent, Luné- ville, et le duc devra achever son édu cation militaire. Feu satisfait de cette séparation, Raoul, qui est colonel de naissance, se met la tête de son régiment et marche sur Lunéville,pour délivrer sa femme Au moment de don ner l'assaut au couvent, on entend le canon de l'ennemi qui gronde dans le lointain. Le petit duc, abandonnant Lunéville, se précipite au combat, chasse l'ennemi, se couvre de gloire et le Roi, pour l'en récompenser, consent enfin reconnaître la validité du ma riage. Comme on le voit, c'est une gamine rie d'adolescents, suivie d'un chât-i ment .et d'un pardon. Faut croire que, dans le bon vieux temps, le mariage d'un petit duc n'a vait pas plus d'importance que sa toute petite personne. Mademoiselle de S1 André est ravis sante dans le rôle du Petit Duc. Sa mé tamorphose en jeune campagnarde est très naturelle. Elle a ce qu'on appelle de la planche Elle a aussi une voix admirable, et est longuement applau die dans les couplets de fa petite femme et dans ceux de la paysan ne Melle Rongier tient bien le rôle de la duchesse. Excellente dans son duo avec le petit duc. Un peu moins de raideur et plus de sentiment ne lui feraient que du bien. M. Dalman fait un beau maître d'ar mes. C'est d'une très jolie voix qu'il chante la romance du petit bossu Mme Cavé incarne la perfection la maîtresse de chant. On la bisse, on l'applaudit tout rompre. C'est un succès qui revient son talent. M. Guffroy, l'imcomparable Fri mousse (le bien nommé) est impayable. Sa verve excite un fou rire, et donne pai fois cette opérette charmante le caractèred'un opéra-bouffe. Les Yprois paient un juste tribut d'admiration l'excellent artiste qui contribue pour une large part l'éclatant succès de la soirée. Les rôles secondaires sont passable ment interprétés. Il y a des chœursoui, Messieurs, et des choristes Ceux-ci n'ont pas beaucoup appris depuis la représenta- tioude Mignon Même précipitation. Même insouciance de justesse. - No tons cependant que les couplets des pages, et la marche de la ronde pas de femmos de même que le chant de l'épée, ne sont pas trop massacrés c'est déjà quelque chose. Réjouissons- nous en. Enfin M. Martini obtient son succès habituel. Et nous l'en félicitons. .Les consommateurs de l'excellente CH1C0- KÉE F. C. JACOBS se partagent chaque année 5000 frs de prix. A' ,v <wî

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Le Progrès (1841-1914) | 1907 | | pagina 2