Chronique de la ville.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 10 Février 1907.
67e année. ÎV° 6.
l'union fait la force.
Vires acquirit eundo.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville: Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
Pour les annonces on traite forfait.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
La Chambre.
Frédéric Mistral.
Conférence donnée par
HI®1'® Lecrenier.
La vie et le travail d'un poète
provençal Il n'est pas aisé d'intéres
ser le public un sujet de littérature
et; cependant, Mademoiselle Lecre-
nier y a pleinement réussi. L'œuvre
de Frédéric Mistral mérite qu'on s'y
arrête c'est le poète resté fidèle aux
traditions du coin de terre où il est
né, qui sut résister l'engouement
des mœurs de la grande ville, qui
consacre, pour ainsi dire, sa vie en
tière faire revivre les coutumes de
ses ancêtres et réunir les vestiges
du temps passé qui caractérisaient
la Provence.
Citons plutôt le Journal de Mons
qui donna le compte-rendu de cette
intéressante causerie
Nous n'ajouterons qu'un vœu celui
de pouvoir applaudir encore, l'Ex
tension Universitaire d'Ypres, l'émi-
nente et sympathique conférencière.
Deux Maires.
A Tournai.
Les lamentations
du Journal
Le pieux organe, par la plume de
son rédacteur extraordinaire, se la
mente parce que nous avons pris la
liberté grande de publier dans nos
colonnes que M. Fraeys adore au
jourd'hui ce qu'il a brûlé autrefois et
que le commandant des Pompiers a
gobé le bourgmestre après en avoir
dit pis que pendre.
Il se débat comme le diable dans
un bénitier et s'efforce de démontrer
au public que tout cela sont des ba
gatelles, des niaiseries, des calembre
daines, etc. etc. etc.
Calembredaines aussi, le scandale
du gaz, la gratification de 16 centi
mes par nuit accordée la police
calembredaines encore, les 5 que
M. l'ingénieur Coomans touchera sur
les travaux de restauration de l'aile
orientale des Halles calembredaines
toujours, la révocation de tous ces
ouvriers, employés et administrateurs
publics.
L'organe de nos maîtres trouve que
ces choses ne sont ni sérieuses, ni
intéressantes.
Nous le croyons sans peine.
Mais quand le Jotirnal s'attaque
la vie privée de nos concitoyens,
comme l'a fait son collaborateur,
sous la signature de Paul Lacroix,
tout cela est très sérieux, très inté
ressant
Notre confrère n'aime pas qu'on
parle de ces questions il est touché
au vif parce qu'on lui rappelle les
divisions qui ont existé et qui exis
tent encore parmi ses amis et qu'on
fasse mention de la générosité (16
centimes par nuit octroyée la po
lice par notre sympathique bourg
mestre.
Pour donner le change l'opinion
publique, il déclare, urbi et orbi, que
l'union la plus parfaite règne parmi
ses amis que les agents paraissent
satisfaits de la gratification de 16
centimes.
Il faut de l'aplomb, pour faire
accroire au public le contraire de la
vérité et pour lui faire prendre des
vessies pour des lanternes
Le Moniteur de l'Hôtel de Ville
nous somme, pour la seconde fois, de
traiter les grandes questions l'ordre
du jour.
Nous avons traité la question du
gaz.
v#.-
S9a/raitHt(inl te iHnmnehe.
On s'abonne au bureau du journal, hue de Dixmude, 53, Vires. Les annonces, les fails
divers el les réclames sont rtçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité eu dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQUES TH1BESARD, 14, Place de Brouckère, Bruxelles,
téléphone 5230.
Séance du Mercredi 6 Février.
Comme conclusion l'interpellation
de MM. Denis et Destiée sur les con
cessions des mines, l'ordre du jour pur
et simple a été adopté par 76 contre 72.
A quatre voix de majorité seulement.
Bien mince la puissance ministérielle.
La Chambre suivant sa décision a
abordé l'examen de l'article 20 du
projet de loi et des amendements qui
s'y rapportent.
M. Verhaegen a défendu sa proposi
tion relative la pension des mineurs,
1 franc par jour chaque ouvrier 55
ans.'
Après son discours, M. Francolte a
fait une déclaration importante l'ar
ticle 20, dans les mesures qui concer
nent les ouvriers, sera appliqué aux
concessions anciennes et nouvelles.
Quant aux lavoirs et la limitation
de la durée du travail, si les disposi
tions proposées sont votées, elles seront
imposées tous les charbonnages du
pays.
M. Versteylen est ensuite venu com
battre l'obligation de la pension M
Denis lui a riposté et M. Helleputte a
argumenté en faveur de sa proposition.
M. Francotteaprès avoir repoussé le
texte de M. Denis et celui de M. Jan-
son, a fini par se rallier ce qu'il a
appelé une solution transitoire inspirée
des propositions Verhaegen et iielle-
putte 360 francs 60 ans.
Après la harangue de M. Francotle,
l'on voulait passer aux voix le prési
dent s'y étant opposé, et ayant accor
dé la parole M. Versteylen, rappor
teur, les membres se sont dispersés et
la séauce a été levée faute d'auditeurs,
*o- -2sso>25 -pfrilfl—
D'un bout l'autre de la conférence, ce
fut toute la vie aimable et toute l'œuvre cap
tivante de Mistral, en des aperçus animés
d'un haut esprit d'amour, d'une grande
sympathie humaine, imprimant la parole
une allure calme et communicative, égale
ment éloignée de la sensiblerie factice et de
la déclaration vaine. M,le Lecrenier ne dé
montre pas, ne se pose pas en commenta
trice savante et sûre de son fait. Dans sa
pure admiration, elle se défend de tous les
effets gros et faciles. Elle observe, elle com
prend et surtout elle aime. Elle aime pro
fondément l'existence et l'œuvre du grand
et doux poète provençal, dont la beauté
beauté d'existence et beauté d'œuvre
s'est révélée elle, dans un coudoiement
fraternel, par la pénétration appuyée de l'es
prit et de la divination du cœur.
Sensations accumulées au cours de séjours
répétés en Provence, échos des harmonies
de joie au de tristesse qui ont retenti dans
l'âme sensible de Mistral, l'ont modelée in
térieurement, sont devenues lui même, et
que le grand poète a traduites en son œuvre
si personnelle, telle a été, en synthèse, la
très belle conférence de MUe Lecrenier.
Nous nous garderons bien d'essayer un
pâle résumé de ces pages qui ont été écrites
avec amour. Lorsqu'une œuvre de l'esprit
éveille la sympathie et fait penser, on n'est
point disposé la diminuer en une brève
analyse.
Disons simplement que la conférence de
M11' Lecrenier a retenu, tout instant, l'at
tention vivement intéressée de tous ses au
diteurs, et, surtout, des auditeurs avertis
qu'elle a fait aimer Frédéric Mistral, dont
elle a si bien dit la simplicité et la beauté
d'existence, l'utilité de la vie, la grandeur
d'œuvre qu'elle a fait applaudir cette
décision récente qui, en attribuant Frédé
ric Mistral un prix célèbre, consacre son
grand talent et la bonté du travail accompli
bref, après l'avoir entendue, on aime davan
tage encore Mistral et sa Provence.
Le succès de la jeune conférencière a été
très grand et ce fut justice. Son nombreux
auditoire a applaudi longuement et chaleu
reusement sa causerie la fois douce, sérieu
se et bonne, et, aussi, la diction d' une remar
quable pureté, diction impeccable la lec
ture admirable du chant de Magali en fut la
meilleure preuve dont elle n'a cessé d'im
prégner son débit harmonieux et clair.
Nous avons déjà, dans nos numéros pré
cédents, fait ressortir combien grande fut
la différence dans la manière d'agirdes deux
maires MM. Motte et Colaert.
Ici, tout se fait dans le mystère, là-bas le
maire communique la presse tout ce qu'il
fait, tout ce qu'il pense, tout ce qu'il dit.
Ici, le bourgmestre ose demander aux
conseillers de garder le secret sur tous les
contrats et toutes les négociations, ce jus
qu'au vote définitif en pleine séance, il
flétrit le traître inconnu qui a communiqué
au Groupe Yprois les contrats proposés. Là-
bas les contrats proposés sont imprimés,
communiqués la presse et au public, le
maire demande l'avis de tous, et sollicite
des soumissions.
Ici, la Commission des Lumières tient des
séances secrètes et ne dépose aucun rapport
écrit de peur de se compromettre. Là-bas,
le procès-verbal de chaque réunion est pu
blié immédiatement dans les journaux de
toutes les opinions.
Ici, on a peur, on se méfie des habitants
d'Ypres, là-bas, on les invite s'occuper
de la grande affaire.
Pourquoi
Parce qu'à Ypres, on ne cherchait pas
sauvegarder les intérêts de la ville, mais
favoriser des amis politiques en leur passant
un contrat promettant de gros dividendes
tandis qu'à Roubaix, le maire Monsieur
Motte n'a eu en vue que d'obtenir au profit
de la ville et des Roubaisiens le meilleur
gaz aux meilleures conditions.
La conduite de Monsieur Motte lui attire
la sympathie de tous ses concitoyens,
quelque parti qu'ils appartiennent, et au
cune accusation, aucun reproche ne lui est
adressé.
Le rapport fait par M. Motte au conseil
municipal de Roubaix est un modèle de
clarté, et nous dirons presque de bonne
humeur. C'est la parole d'un homme qui se
sent la conscience en repos, qui agit dans
l'unique intérêt du bien général, et qui n'a
cacher l'œil de personne des dessous
malpropres.
Ce rapport est malheureusement trop
long pour être reproduit in extenso.
Après avoir exposé les motifs pour les
quels l'administration ne pouvait s'enten
dre avec la Cie Desclée, concessionnaire ac
tuel, le maire passe en revue ses études et
les négociations.
Il examine successivement les principales
conditions des différents cahiers des charges
qui lui sont proposés, il en indique les bons
et mauvais côtés, exprime les motifs de ses
préférences, et enfin remet le tout l'étude
de la commission choisie par le conseil mu
nicipal. Notre travail est fini, maintenant
commence le vôtre dit-il en terminant.
Les Yprois ne manqueront pas de matière
comparaisons.
Dans nos prochains numéros, nous analy
serons les propositions faites par la maison
Giros et Loucheur. Elles sont superbes et
ont les plus grandes chances d'être admi
ses. Elles sont infiniment supérieures
celles que la ville d'Ypres s'est imposées,
et ne sauraient être comparées qu'à celles
que M. Valcke offrait sa ville, et qui fu
rent brutalement repoussées.
Nous ne voulons cependant pas résister
au désir de reproduire ici le commencement
de ce rapport, où M. Motte indique pour
quels motifs il lui a pu être impossible de
s'entendre avec la maison Desclée
Messieuis,
Dès le renouvellemenl de son mandat,
l'Administration municipale s'est préoccupée
de poursuivre ia solution de la question du fu
tur régime d'éclairage public, car l'échéance
de fin Décembre 1909 va enfin nous libérer du
contrat onéreux qui nous fatigue les épaules
depuis très longues années.
Nous avons examiné, tout d'abord et
fond, les propositions faites au cours de vingt
dernières années aux trois dernières Adminis
trations par la Maison Desclée. Toutes ces of
fres hypothéquaient l'avenir au profitdu présent
et ne consentaient un abaissement immédiat
médiocre, qu'en consolidant une longue proro
gation de concession des prix peu intéres
sants. C'était un mauvais ressemelage. Nous
fûmes l'objet de propositions du même esprit.
Il nous apparut que notre devoir municipal
était de subir notre contrat jusqu'au bout, de
ne pas faire de cote mal taillée, de souffrir
jusqu'à l'extrémité, mais d'avoir un avenir net
et de n'être pas la merci de l'unique M. Des
clée qui, seul, pouvait nous offrir ce mariage
de marchés, puisqu'il était le beatus possi-
dens Nous voulions travailler sur du neuf.
Nous avons toutefois ouvert, tout d'abord,
les pourparlers avec la Maison Desclée, sous
ce nouvel angle, parce que nous la considé
rions comme la mieux placée pour nous faire
des offres avantageuses, car leurs établisse
ments sont amortis et suramortis depuis lon
gues années
Après longues conférences, entrecoupées
du temps de la réflexion, nous avons vu nette
ment que nous n'aboutirions pas. Nous nous
trouvions, en effet, vis-à-vis d'industriels telle
ment habitués aux gros rendements, qu'ils en
avaient la hantise et par avance la nostalgie,
ne pouvant souscrire aux années maigres quoi
que nourrissantes que nous leur offrions. Dans
ces pourparlers, nous partions d'un principe
correspondant une régie intéressée. Nous
laissions le régisseur maigre dans son usine,
mais il devait assurer forfait une redevance
la Ville et consentir aux consommateurs des
prix bas. MM. Desclée voulaient des échelles
mobiles de prix et de redevance suivant prix
de houille, surélévation de main-d'œuvre et
montant de consommation de gaz Nous rom
pîmes les pourparlers.
C'est alors que, devant le Conseil munici
pal, nous avons réclamé la dénonciation de
notre contrat avec la maison Desclée....
Ici Ypres, on a fait le contraire. Notre
bourgmestre est allé appeler son ami De*
Brouvver, pour lui offrir une longue série
d'années grasses.
Gageons que le Journal d'Ypres ne souf
flera mot ce sujet.
Le Journal ne parle que des choses inté
ressantes. et non des choses intéressées.
Dans cette ville, le contrat avec la com
pagnie du gaz expire en 1911dans 4 ans.
Le conseil communal discute déjà. Là
non plus, le bourgmestre ne veut pas atten
dre la dernière année.
Ce n'est qu'à Ypres que de puissants ga-
ziers trouvent un maire complaisant pour
enlever mystérieusement, en quelques mois,
des concessions de 30 ans et cela prix
forts.
1
'1
jl»