Revalenta du Barry.
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z> 22 c: 9*
Capitaine général des Contrebandiers de
France (1)
M Fr. Funck-Brentano, dont la solide éru
dition s'enveloppe d'une ironie si légère qu'on
la prendrait pour un sourire, vient de réhabili
ter la mémoire de Mandrin dms une élude
attachante comme un roman, documentée com
me une thèse universitaire d'outre-Rhin.
M. Fr. Funck-Brentano, le distingué conser
vateur de la Bibliothèque de l'Arsenal, Pa
ris, n'est pas un inconnu pour nous. Hormis
les lettrés et les chercheurs qui sont l'affût
de ses livres, le grand public anversois, lors
d'une conférence qu'il donna au Jeune Barreau,
l'hiver dei nier, put apprécier cet orateur disert,
élégant, qui possède au suprême degré le don
d'instruire et de charmer. Il nous parla des
t Lettres de Cachet On fut étonné d'ap
prendre que cette institution que nous avons
pris l'habitude de considérer un peu hâtivement
travers les déclamations de 89, était moins
odieuse qu'on ne nous l'avait dit Elle fonction
nait bien plus dans l'intérêt des chefs de famille,
roturiers ou nobles, que pour le bon plaisir du
roi-Personne qui n'eut voulu tâter., pendant
quelques jours au moins, du régime de la Bas
tille, une hôtellerie côté de laquel'e nos res
taurants h la mode paraissent de piètres gargo
tes. Pas une des assertions de M Funck-Bren
tano, pourtant. qui ne fût contrôlée par des
milliers de témoignages. Car voici un historien
qui ne dit rien par lui-même il se contente de
faire parler le document pourtant quelle sin
gulière éloquence et quelle profonde origina
lité
Mandrin, capitaine général des contreban
diers de France voilà déjà qui vous a de
l'allure, c'est un titre qui rend un son d'éperons
battant sur le pavé, empanaché comme un feu
tre en bataille, et qui par lui-même restitue
déjà une part de sa véritable physionomie au
héros qui nous occupe. Car Mandrin ne fut pas
le bandit, le miséiable voleur, incendiaire, as
sassin qu'on imagine et dont on a tort d'acco
ler le nom celui de Cartouche comme on le
fait d'habitude Mandun fut un insurgé, in
surgé contre l'horrible système d'exactions qui
pesait sur la France livrée la cupidité des
fermiers généranx, un chef de guérilla que les
généraux boers eussent pu prendre pour mo
dèle. Il est brave et chevaleresque, suprême
ment élégant dans ses actes, éminemment
Français. M. Funck-Brentano va nous édifier
là dessus.
Il expoie loin d'abord ce que fut sous l'ancien
régime, et plus spécialement vers le milieu du
XVIllme siècle, le système des Fermes. Le roi
affermait une compagnie financière la levée
des contributions directes et la perception de
l'impôt sur les tabacs. Le chiffre du bail, qu
était fixé d'avance entre contrôleur général
des finances et la compagnie fermiète, était
d'environ 100 milions de livres. L'excédent rb.s
contributions levées par les fermiers constituait
leur bénéfice Ces bénéfices étaient scandaleux.
Les fermiers, au nombre de quarante, se parta
geaient la Franee comme l'eussent fait une
bande de pillards. Ils avaient contume de dire
que le paysan devrait être accablé d'impôts pour
êire soumis et qu'il fallait appauvrir la noblesse
pour la rend-e docile. Ces publicains de l'ex
traction la plus basse écrasaient les gentilshom
mes de leur luxe insolent. A Paris ils possédaient
les plus beaux hôtels dans la banlieue s'éri
geaient leurs petites maisons leurs «pied
à-terre que le peuple avait baptisés du nomde
folies Jamais ces fermiers ne furent inquié
tés dans lenr gestion. Ils formaient f'arche
sainte Ne distribuaient-t-ils pas des pots-de-
vin tous les fonctionnaires de l'Etat, com
mencer par le roi lui-même De cette façon on
comprend que les 250,000 employés direc
teurs, chefs et sous chefs de bureau, tourneurs,
inspecteurs, contrôleurs, receveurs, entrepo
seurs, misetirs, brigadiers, buralistes, doua
niers, etc., qui étaient leurs gages avaient
beau jeu.
Tous les produits du sol, le sel et le tabac la
fabrication et le transport des marchandises,
les ventes et les transactions étaient frappés de
droits onéreux, Ceux-ci, en outre, étaient le
vés arbitrairement la fantaisie des employés
de la Ferme Nulle part, même au bureau cen
tral, Paris, on ne trouve un tarif. Maiesher-
bes dit que le code de la Ferme générale est
immense et n'est recueilli nulle part. Il faut
que le particulier s'en rapporte au commis,, le
persécuté son persécuteur. Bref, les employés
de la Ferme ne traitent pas autrement les côn-
ti ibuables que n'eussent fait des soldats en pays
conquis. Le pire est que la Justice, elle aussi,
se range de leur côté Un procès-verbal signé
de deux commis faisait foi. Le malheureux qui
s'engageait dans un procès y perdait jusqu'à
l'habit qu'il avait sur le dos.
D'autre part, comme on s'obstinait de se
fournir de sel cause de l'odieuse gabelle, on
en vint obliger les gens acheter annuelle
ment une quantité de sel déterminée. Procès
verbaux, saisies, arrêts, condamnations pleu-
vent dru comme grêle. Bon an, mal an. le
contrôleur général avouait 6,000 saisies et 500
condamnations au fouet et aux galères pour
délit de gabelle La Ferme affamait les ha
bitants, dépeuplait les provinces, accumulait
des ruines.
(1) Un vol. tn-8 chez Hachette et Cia, Paris.
C'est ici que Louis Mandrin entre en scène
Il est né en 1725 Saint-Etienne de Saint-
Geoir-, un bouig pittoresq te du Daupltiné,
d'ur.e famille de bons bourgeois. On nous le
dépeint comme un enfant vif, turbulent, aux
boucles blondes, aux grands yeux clairs. A
vingt-ans, beau gars, robuste, large d'épaules,
bien planté, la jambe haute, pleme et bien faite,
on le surnomme Belle-Humeur Mais divers
procès amenèrent la ruine de sa famille. Man
drin, dans l'espoir d'y mettre de l'ordre, en
treprit une affaire de transport d'approvision
nements pour l'armée de Provence, il y perdit
ses mules au nombre de 97. C'était la débâcle.
En vain il réclamera 40,000 livres aux fer
miers généraux. En bonne justice, ils auraient
dû l'indemniser. Mandrin, tête chauJe, va s'en
prendre eux II se venge, en même temps, il
venge le peuple opprimé" Enfin, l'exécution de
son frère Pierre, airêté sur la dénonciation
d'un brigadier des Fermes Générales, pour
faux monnayage, porte le comble son exaspé
ration Il s'engage dans une bande de contre
bandiers commandée par un nommé Jean de
Btlissard. A peine y est-il entré qu'il en
devient le chef.
C'était alors une organisation très curieuse
que celle de la contrebande Des financiers
mettaient alors de l'argent dans c s entreprises
qui, habilement conduites, rapportaient gros.
Les contrebandiers se divisaient en trois clas
ses les chefs, les valets et les journaliers. Les
premiers étaient ceux qui avaient le caprl I
nécessaire pour se procurer des armes, pour
acheter des chevaux, pour engager des valets.
S'agit-il d'entreprendre une expédition, ces
chefs se réunissent, choisissent parmi eux un
capitaine Celui-ci exerce un commandement
absolu On lui obéit aveuglement. Faut-il dire
qne ces compagnons, qui ne lésaient en somme
que les intérêts des fermiers généraux, étaient
bien accueillis partout Le pays était pour eux
Mais sous Mandrin celte contrebande va re
vêtir un caractère vraiment épique. Nous n'al
lons pas suivre le jeune capitaine dans toutes
ses expéditions que M. Funck-Brentano relate
par 1e menu. Sa manière de procéder est tou
jours la même. (I s'organise en Savoie A la
tête de sa bande dont la composition varie (elle
s'est composée de 400 homme-; certains mo
ments), le plus souvent d'une centaine de cava
liers, il descend en France. Il arrive dans un
bourg, dans une ville, en bon ordre, précédé
de fifres. Il poste des sentinelles, cependant
que ses hommes envahissent le marché, dé
ballent leur marchandise, étoffes d'indienne,
tabacs, etc., et la vendeut aux habitants ravis.
Ces contrebandiers ne font d'ailleurs de mal
personne. Mais gare l'employé des fermes, au
gâpian qui tombe entre leurs mains. Il est
fusillé. Eux-mêmes n'étafent-ils pas exposés au
supplice de la roue
Comme il fallait s'y attendre, des édits sé
vères coindamnenl les gens coupables de s'être
fournis auprès des contrebandiers. C'est alors
que Mandrin imagine un trait d'un haut comi
que. Puisque les habitants ne peuvent plus
acheter sa marchandise, il la vendra aux fer
miers eux-mêmes. Et voici une petite scène
qui se renouvelle cent fois Les mandrins
comme on les appelle, font irtuplion dans une
ville. Ils se rendent chez le contrôleur des
tabacs et, la carabine sous le nez, l'obligent
leur en acheter pour une somme qui varie de
1 000 20,000 livres. Les btnnes de tabac
sont déposées dans le magasin et un reçu en
règle, signé de Mandnn. est délivré au con
trôleur. Celui-ci n'a-t-il pas d'argent Qu'à
cela ne tienne. Escorté de quelques compères
la mine farouche, armés de la carabine, ba
ïonnette au canon, deux pistolets passés dans
la ceinture, un troisième dans le bord du feu
tre, on le conduit chez les notables de l'endroit
qui s'empressent de lui prêter la somme. Par
fois le procureur du roi, un notaire enregis
trent les prêts, les ventes, les transactions ainsi
conclus. Puis Mandrin se rend la prison, il
refait le procès de ceux qui y sont enfermés.
Les déserteurs, les contrebandiers, les victimes
du fisc sont élargis ils peuvent s'enrôler dans sa
bande quant aux prisonniers de droit commun'
ils sont reconduits au cachot. Enfin Mandrin,
pour amuser la population qui partout lui est
favoiable, fait faire l'exercice ses hommes sur
la place publique. Apiès quoi les contreban
diers se répandent dans les cabarets voisins,
boivent et ripaillent en ayant soin tontefois de
régler la dépense, puis s'en vont recommencer
ailleurs.
Cependant les fermiers ne restaient pas inac
tifs Ils ont beau pourtant échelonner des régi
ments le long de la frontière, faire traquer le
célèbre bandit par les brigades spécialement
formées cet effet, dragons, gendarmes, chas
seurs arrivent régulièrement trop tard. Man
drin a le génie de h stratégie. Il a le don de
tout prévoir, de tout organiser. Il se déplace
avec >a rapidité de la foudre. Ce mandrin a
des ailes, écrit Voltaire, il a la vitesse de la
lumière. (.1 suivre
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valants et la prescris mes malades, parti-
culièrcment dans les alf> étions du lube diges-
tif, et dans tous les cas où il v a intérêt
soutenir et ranimer les forces d.s malades
j'en ai toujoursobtenu les meilleurs résultats.
Dr L. Ravaud
Tours, le 2 Juillet 1891.
Messieurs, j'ai soixante-treize ans passés,
et ne pouvant plus rien digérer, par suite
d'une dispepsie déjà ancienne, je me suis
mise, en Février dernier, au régime de la
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geais de tout comme tout le monde, et rien
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