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Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Dimanche, 14 Août 1910.
70e année. X° 55,
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l union fait la force.
Vires acqlirit eundo.
La police judiciaire.
La crise ministérielle.
Mesure inique.
f*arfiisxaiii te Mimttnc/ie.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville Par an -4 francs.
pr la provivcb Par an <4: fr 50
p' l étravtîer Par an 0 fr. 0(>
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L'impuissance de la police trouver
les auteurs de tant de crimes et de
délits trouble profondément le public.
Toutefois ce qui le trouble encore da
vantage, c'est d'apprendre que si le
gouvernement voulait rechercher des
remèdes cette situation assurément
déplorable, il en trouverait. Mais il a
d'autres préoccupations... Ce n'est ce
pendant pas faute d'avoir été averti.
L'enquête entreprise par M. l'avocat
Fritz Hamade, dans V Indépendance,
et qu'il a fait paraître en brochure, jet
te un jour lumineux sur les vices de
l'organisation actuelle, qui ne tient
aucun compte des dures leçons de l'ex
périence. Elle manque d'unité et d'é
lasticité. Sans tomber dans les graves
défauts d'une police d'Etat, elle aurait
besoin d'une direction centrale qui
coordonne des ell'orts qui aujourd'hui
sont dispersés et se contrarient. A part
la gendarmerie, il n'existe; pas de ser
vice judiciaire dans not»e pays. M. Ha
made a interrogé plusieurs personnali
tés des plus compétentes, qui nous
paraissent être d'accord pour réclamer
des brigades mobiles secondant la poli
ce judiciaire des villes. Si l'on doit en
croire l'auteur, c'est Liège qu'il fau
drait chercher le modèle de la meil
leure organisation, grâce l'intelligen
te initiative du parquet. M. le commis
saire en chef Mignon lui a fourni ce
sujet des renseignements d'un vif inté
rêt et un commissaire de police, qui se
retranche modestement derrière le
nom de Tenace l'ancien a esquissé
des idées qui méritent d'être prises en
sérieuse considération. Lui aussi est
hostile une police d'Etat, mais il trou
ve désirable de voir nommer au minis
tère de l'intérieur ou celui de Injusti
ce, sous le contrôle d'une commission
centrale spéciale, un fonctionnaire
supérieur de police administrative
chargé de l'organisation des polices
communales et de leur surveillance.
De plus dans chaque canton, existerait
un officier de police judiciaire, soit un
substitut ou un commissaire cantonal
remplissant les fonctions de ministère
public près du tribunal de police. Il
serait attaché au département de la
justice. Les charges et les dépenses se
raient inscrites au budget de l'Etat. Le
recrutement devrait être amélioré, et
il conviendrait de créer des écoles de
policiers ainsi qu'une bonne police
rurale.
Rien n'est plus utile en cette matière
que de s'enquérir de ce qui a été ac
compli l'étranger. Aussi croyons-
nous nécessaire de résumer ici les
pages très instructives que contient
ce sujet la belle étude de M. Hamade.
A Paris, des agents triés sur le volet
sont répartis dans des brigades dont
les chefs leur donnent des instructions
particulières. Ils sont stylés avec le
plus grand soin par des fonctionnaires
de premier ordre en Allemagne. 11 n'y
a pas un policeman qui ne sorte de
l'année. Ce sont tous d'anciens sous-
officiers et même des officiers préparés
dans les écoles régimentaires par des
cours techniques et pratiques. C'est au
régiment même qu'a lieu l'examen pro
fessionnel.
A Vienne, fonctionne depuis vingt-
cinq ans une école préparatoire de po
lice, qui délivre des certificats d'habi
lité. C'est là que les principales locali
tés recrutent leur personnel. Celui-ci a
suivi au préalable des cours de télé
graphie, de téléphonie privée, de nata
tion et de navigation fluviale. En Italie,
une école de police a été instituée
Rome par un décret du ministre de
l'intérieur du 21 Août 1901. Eu Angle
terre, la gendarmerie et la police des
mœurs sont inconnues. Les services
dans les diversîëâ'parties du Royaume-
Uui dilièrent les uns des autres. Dans
la cité de Londres a été créée une
classe préparatoire pour les recrues,
qui au bout de six semaines subissent
un examen. A. New-York, une école
de police est également organisée. Le
candidat doit passer par toute une
série d'épreuves pendant quatre mois.
La sélection est des plus rigoureuses.
Nous ne parlerons pas en détail dans
cet article du projet de M. le Dr Stoc-
kis, agrégé spécial de médecine légale
l'Uuiversitë de Liège, qui voudrait
créer au palais de justice un véritable
musée du crime et organiser une re
cherche scientifique des malfaiteurs.
Nous devrions aussi, si la place ne
nous faisait défaut, insister sur les
interviews de M. Laurent, chef de la
sûreté de Liège, de M. Huytens de Ter-
becq, procureur du Roi en la même
ville, de M. Franssen, président de la
Fédération nationale des commissai
res de police et de M. Janssens, secré
taire général de cette Fédération. Ce
dernier réclame l'organisation d'une
police intercommunale, avec trois bri
gades mobiles, présentant le caractère
d'une police de parquet et il signale
cette grave lacune qu'il n'existe pas
dans notre pays des indicateurs, lar
gement payés, qui rendent de si grands
services en France.
La conclusion que l'on peut tirer de
cette brochure, c'est qu'au point de
vue rural, tout est encore faire, que
dans les chefs-lieux de province la
police devrait être plus efficacement
secondée et qu'à Bruxelles le manque
de direction et la pénurie du personnel
nuisent énormément aux investi
gations judiciaires ainsi qu'aux ini
tiatives personnelles. Dans ces condi
tions, il ne faut être nullement surpris
que tant de méfaits restent impunis.
Il est regrettable que le ministre de la
justice ne se soit jamais inquiété de
cette situation. En tous cas, il y a lieu
d'être reconnaissant M. Fritz Hamade
de n'avoir pas reculé devant l'aridité
de ce problème qui intéresse si fonciè
rement nos populations, avides d'ordre
et de sécurité.
Meuse Gustave ABEL.
D'apiès les dernières nouvelles des
organes bien informés, les titulaires
des portefeuilles actuellement détenus
par des intérimaires seront M. Berryer
pour l'intérieur et M. le baron de
Brocqueville pour les chemins de fer.
Il a fallu tout le dévouement et...
toute l'ambition de M. de Brocqueville
pour le décider accepter la succes
sion de M. Helleputte. Le député de
Turnhout attend depuis si longtemps
un maroquin, son nom a été si sou
vent mis en avant depuis une dizaine
d'années, qu'il se serait contenté de
n'importe quoi plutôt que de rater le
coche une fois de plus. Il est apte d'ail
leurs diriger tous les départements,
puisque lors des remaniements anté
rieurs, on lui attribuait aussi bien la
guerre que les affaires étrangères.
Enfin M. de Brocqueville est au com
ble de ses vœux, mais il ne tardera pas
déchanter, car la galère où on l'em
barque u'est pas précisément de celles
où il y a de l'agrément.
Quelqu'un qui a bien raté le coche et
qui est définitivement écarté, après
avoir paru un moment l'homme de la
situation, c'est l'élégant et pommadé
Carton de Wiart. A lui aussi tout était
bon les Sciences et les arts, l'Intérieur,
voire la Justice où somnole son ami
Dédrantsheere. Il n'avait qu'à allonger
la main pour saisir un portefeuille et
sou nom était dans toutes les bouches
des pronostiqueurs avertis. Hélas ses
espoirs se sont évanouis en fumée et
M. Carton reste... simple ministrable.
La déception est amère, car ta crise
actuelle était le dernier espoir qui lui
restait de siéger un jour dans les con
seils de la Couronne. Quand le minis
tère aujourd'hui en fonctions sera ren
versé, ce ne sera plus parmi les hom
mes de droite qu'on prendra ses suc
cesseurs.
Quoiqu'il en soit, il est intéressant de
faire connaître les raisons pour les
quelles M. Carton n'a pas, cette fois-ci,
décroche la timbale. Une correspon
dance adressée au Bien Public, nous les
explique en détail elles valent d'être
reproduites parce qu'elles nous met
tent au courant des divergences de
vues qui continuent diviser la droite
et des appétits avec lesquels il faut
compter
Le nom de M. Carton de YViart a été beau
coup cité par les journaux propos des
remaniements ministériels, tout le monde
s'accordant voir en lui le titulaire très in
diqué du portefeuille des sciences et des
arts J'ai les plus sérieuses raisons de
croire que le désir de ne pas aliéner au
ministère certains concours et de ne pas
compromettre ainsi l'union de la droite,
plus nécessaire que jamais, inspire seul Je
chef du gouvernement dans le choix des
personnes appelées détenir les nouveaux
portefeuilles Or, on n'ignore pas que M
Carton de Wiart est un mandataire les plus
influents du groupe de la jeune droite qui
compte déjà trois représentants au sein du
gouvernement MM Renkin, Helleputte
De Lantsàeere D'autre part, la nomination
de M Carton de Wiart ferait la part trop
large la députation bruxelloise, qui comp
te déjà deux de ses membres dans le minis
tère L'elles sont, m'a-t-on dit, les raisons
qui expliquent l'attitude de M. Schollaert
On sait d'ailleurs que, dans une réunion
tenue il y a quelques mois, les réprésentants
de la vieille droire ont émis le vœu de voir
l'honorable chef du cabinet tenir compte
des préférences de leur groupe lorsqu'il au
rait désigner le titulaire d'un ministère
devenu vacant fortiori, lorqu'il s'agirait
pour lui de remplacer des ministres faisant
partie de ce groupement On fait encore
remarquer que M le baron Descamps, ap
partenant au Sénat, il est désirable de voir
attribuer un des deux portefeuilles vacants
un membre de la Haute Assemblée
Retenons de cela qu'il y a Droite
deux groupes qui s'entendent peu
près comme chiens et chats, et qu'on
a fort faire pour maintenir entre eux
une union plus que jamais nécessaire.
Cela consolera peut-être M. Carton.
Il pourra se dire que s'il avait été choi
si maintenant, il n'aurait pas eu le temps
d'user son habit brodé.
Quant au motif qui a amené la re
traite du baron Descamps, c'est bien
celui que tout le monde a deviné.
En dépit de tous les démentis qui
constituent l'exercice traditionnel, nous
allions dire la raison d'être des jour
naux officieux, il semble bien établi
que c'est la suite du refus d'agréation
des écoles normales du Hainant que
le roi a prié le baron Descamps-David
de lui rendre son portefeuille.
Le baron dirigeable en aura donc été
pour les frais de sa suprême manœu
vre de sauvetage. Se sentant menacé
et miné, il avait résolu de frapper un
grand coup qui devait lui ramener
tous les forcenés de la politique du
sectarisme violent. Et de fait son uka
se avait désarméjusqu'auPafriofr.
Mais le Roi Albert, qui ne se soucie
pas d'inaugurer son règne au milieu
Annonces
Réclames 25
Annonces judiciaires
ANNONCES:
15 centimes la ligne.
1 fr. la ligne.
d'une bagarre, ne s'est pas prêté ce
jeu le baron a trouvé qui parler.
Pour une fois qu'il voulai t essayer de
l'astuce et de la roublardise, le pauvre
oison s'est brûlé les ailes. Sa ruse a
tourné contre lui.
Et ceci explique les démentis ra
geurs du Patriote, qui sous couleur de
rappels la vérité, fait en réalité la
cantonade, la leçon au successeur de
M. Descamps-David.
Il y a de la menace dans son langage
et si M. Schollaert s'avisait d'affirmer
trop brusquement sa volte-face en dé
chirant l'arrêté de M. Descamps-David,
il prendrait quelque chose pour son
rhume.
On tentera donc de temporiser d'ici
la rentrée parlementaire et c'est alors
qu'avec plus ou moins d'élégance, le
pauvre baron dirigeable et son arrêté
seront lâchés.
Sans doute les évèques feront la gri
mace, mais ne faut-il pas faire des con
cessions quand l'exige.le malheur des
temps
Le général llellebaut ne pourra taxer
le parti libéral d'opposition àson égard.
Avec une parfaite loyauté, il avait net
tement loué tous ses actes et applaudi
sa campagne en laveur du service
personnel.
Pas de mesquinerie Un adversaire
donnait le spectacle de sages réfor
mes pourquoi ne l'anrait-on pas ap
plaudi
Nous avons d'autant plus le droit de
nous insurger contre la dernière mesu
re du ministre et la blâmer hautement.
Par circulaire, après avoir donné sa
démission, il vient d'interdire aux offi
ciers en activité de faire partie de la
Société générale des officiers retraités
de Bruxelles. Le vilain geste
Le prétexte? La Société se serait per
mise une manifestation politique. En
réalité, avant le 22 Mai, elle a recom
mandé ses membres, habitant l'ar
rondissement de Bruxelles, la candida
ture de l'un des siens, le colonel Reyers,
désireuse d'être représentée par un
ancien frère d'armes au Parlement,
capable d'obtenir de nos honorables le
vote d'un projet de loi augmentant les
pensions militaires dont le taux est en
dessous des pensions civiles, ce qui
est injuste.
Le colonel n'était donc pas proposé
aux suffrages des anciens officiers
comme libéral, mais comme le manda
taire de ses collègues, chargé de met
tre fin une situation inexplicable sou
vent dénoncée par la Société. Rien de
plus.
Le général Hellebaut aurait dû le
comprendre et ne pas donner l'inci
dent un caractère qu'il n'avait pas. Sa
circulaire aura des conséquences la
mentables elle amènera la ruine de la
Société des anciens officiers, tarissant
brusquement une source d'œuvres
philanthropiques. Grâce aux cotisations
des officiers en activité, elle pourrait
secourir les veuves ou seconder les
plus pauvres parmi ses membres. Au
tant de mesuresgénéreusessupprimées
d'un trait de plume.
Le général Hellebaut a été fort mal
inspiré, et en voulant atteindre des
hommes libres, des hommes de cœur,
il frappe de pauvres diables, des veu
ves et des orphelins.
Cette décision, il la regrettera plus
tard, quand il en connaîtra les consé
quences.