0 Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 14 Août 1910. 70e année. X° 55, 1 l union fait la force. Vires acqlirit eundo. La police judiciaire. La crise ministérielle. Mesure inique. f*arfiisxaiii te Mimttnc/ie. PRIX DE L'ABONNEMENT pour la ville Par an -4 francs. pr la provivcb Par an <4: fr 50 p' l étravtîer Par an 0 fr. 0(> On s'abonue au bureau du journal, hue de Dixhude, 53, Yprbs. Les annonces, les laits divers et les réclames sont reçus pour .l'.imndissemsni d'Ypres et les deux Flandres au bureau du Progrès. Pour la publicité en deuors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité JACQtJalJ PtlIBdfSitt'J, 14, Place de Brouckère, Bruxelles, téléphone 5230. Pour les annonces on traite forfait. L'impuissance de la police trouver les auteurs de tant de crimes et de délits trouble profondément le public. Toutefois ce qui le trouble encore da vantage, c'est d'apprendre que si le gouvernement voulait rechercher des remèdes cette situation assurément déplorable, il en trouverait. Mais il a d'autres préoccupations... Ce n'est ce pendant pas faute d'avoir été averti. L'enquête entreprise par M. l'avocat Fritz Hamade, dans V Indépendance, et qu'il a fait paraître en brochure, jet te un jour lumineux sur les vices de l'organisation actuelle, qui ne tient aucun compte des dures leçons de l'ex périence. Elle manque d'unité et d'é lasticité. Sans tomber dans les graves défauts d'une police d'Etat, elle aurait besoin d'une direction centrale qui coordonne des ell'orts qui aujourd'hui sont dispersés et se contrarient. A part la gendarmerie, il n'existe; pas de ser vice judiciaire dans not»e pays. M. Ha made a interrogé plusieurs personnali tés des plus compétentes, qui nous paraissent être d'accord pour réclamer des brigades mobiles secondant la poli ce judiciaire des villes. Si l'on doit en croire l'auteur, c'est Liège qu'il fau drait chercher le modèle de la meil leure organisation, grâce l'intelligen te initiative du parquet. M. le commis saire en chef Mignon lui a fourni ce sujet des renseignements d'un vif inté rêt et un commissaire de police, qui se retranche modestement derrière le nom de Tenace l'ancien a esquissé des idées qui méritent d'être prises en sérieuse considération. Lui aussi est hostile une police d'Etat, mais il trou ve désirable de voir nommer au minis tère de l'intérieur ou celui de Injusti ce, sous le contrôle d'une commission centrale spéciale, un fonctionnaire supérieur de police administrative chargé de l'organisation des polices communales et de leur surveillance. De plus dans chaque canton, existerait un officier de police judiciaire, soit un substitut ou un commissaire cantonal remplissant les fonctions de ministère public près du tribunal de police. Il serait attaché au département de la justice. Les charges et les dépenses se raient inscrites au budget de l'Etat. Le recrutement devrait être amélioré, et il conviendrait de créer des écoles de policiers ainsi qu'une bonne police rurale. Rien n'est plus utile en cette matière que de s'enquérir de ce qui a été ac compli l'étranger. Aussi croyons- nous nécessaire de résumer ici les pages très instructives que contient ce sujet la belle étude de M. Hamade. A Paris, des agents triés sur le volet sont répartis dans des brigades dont les chefs leur donnent des instructions particulières. Ils sont stylés avec le plus grand soin par des fonctionnaires de premier ordre en Allemagne. 11 n'y a pas un policeman qui ne sorte de l'année. Ce sont tous d'anciens sous- officiers et même des officiers préparés dans les écoles régimentaires par des cours techniques et pratiques. C'est au régiment même qu'a lieu l'examen pro fessionnel. A Vienne, fonctionne depuis vingt- cinq ans une école préparatoire de po lice, qui délivre des certificats d'habi lité. C'est là que les principales locali tés recrutent leur personnel. Celui-ci a suivi au préalable des cours de télé graphie, de téléphonie privée, de nata tion et de navigation fluviale. En Italie, une école de police a été instituée Rome par un décret du ministre de l'intérieur du 21 Août 1901. Eu Angle terre, la gendarmerie et la police des mœurs sont inconnues. Les services dans les diversîëâ'parties du Royaume- Uui dilièrent les uns des autres. Dans la cité de Londres a été créée une classe préparatoire pour les recrues, qui au bout de six semaines subissent un examen. A. New-York, une école de police est également organisée. Le candidat doit passer par toute une série d'épreuves pendant quatre mois. La sélection est des plus rigoureuses. Nous ne parlerons pas en détail dans cet article du projet de M. le Dr Stoc- kis, agrégé spécial de médecine légale l'Uuiversitë de Liège, qui voudrait créer au palais de justice un véritable musée du crime et organiser une re cherche scientifique des malfaiteurs. Nous devrions aussi, si la place ne nous faisait défaut, insister sur les interviews de M. Laurent, chef de la sûreté de Liège, de M. Huytens de Ter- becq, procureur du Roi en la même ville, de M. Franssen, président de la Fédération nationale des commissai res de police et de M. Janssens, secré taire général de cette Fédération. Ce dernier réclame l'organisation d'une police intercommunale, avec trois bri gades mobiles, présentant le caractère d'une police de parquet et il signale cette grave lacune qu'il n'existe pas dans notre pays des indicateurs, lar gement payés, qui rendent de si grands services en France. La conclusion que l'on peut tirer de cette brochure, c'est qu'au point de vue rural, tout est encore faire, que dans les chefs-lieux de province la police devrait être plus efficacement secondée et qu'à Bruxelles le manque de direction et la pénurie du personnel nuisent énormément aux investi gations judiciaires ainsi qu'aux ini tiatives personnelles. Dans ces condi tions, il ne faut être nullement surpris que tant de méfaits restent impunis. Il est regrettable que le ministre de la justice ne se soit jamais inquiété de cette situation. En tous cas, il y a lieu d'être reconnaissant M. Fritz Hamade de n'avoir pas reculé devant l'aridité de ce problème qui intéresse si fonciè rement nos populations, avides d'ordre et de sécurité. Meuse Gustave ABEL. D'apiès les dernières nouvelles des organes bien informés, les titulaires des portefeuilles actuellement détenus par des intérimaires seront M. Berryer pour l'intérieur et M. le baron de Brocqueville pour les chemins de fer. Il a fallu tout le dévouement et... toute l'ambition de M. de Brocqueville pour le décider accepter la succes sion de M. Helleputte. Le député de Turnhout attend depuis si longtemps un maroquin, son nom a été si sou vent mis en avant depuis une dizaine d'années, qu'il se serait contenté de n'importe quoi plutôt que de rater le coche une fois de plus. Il est apte d'ail leurs diriger tous les départements, puisque lors des remaniements anté rieurs, on lui attribuait aussi bien la guerre que les affaires étrangères. Enfin M. de Brocqueville est au com ble de ses vœux, mais il ne tardera pas déchanter, car la galère où on l'em barque u'est pas précisément de celles où il y a de l'agrément. Quelqu'un qui a bien raté le coche et qui est définitivement écarté, après avoir paru un moment l'homme de la situation, c'est l'élégant et pommadé Carton de Wiart. A lui aussi tout était bon les Sciences et les arts, l'Intérieur, voire la Justice où somnole son ami Dédrantsheere. Il n'avait qu'à allonger la main pour saisir un portefeuille et sou nom était dans toutes les bouches des pronostiqueurs avertis. Hélas ses espoirs se sont évanouis en fumée et M. Carton reste... simple ministrable. La déception est amère, car ta crise actuelle était le dernier espoir qui lui restait de siéger un jour dans les con seils de la Couronne. Quand le minis tère aujourd'hui en fonctions sera ren versé, ce ne sera plus parmi les hom mes de droite qu'on prendra ses suc cesseurs. Quoiqu'il en soit, il est intéressant de faire connaître les raisons pour les quelles M. Carton n'a pas, cette fois-ci, décroche la timbale. Une correspon dance adressée au Bien Public, nous les explique en détail elles valent d'être reproduites parce qu'elles nous met tent au courant des divergences de vues qui continuent diviser la droite et des appétits avec lesquels il faut compter Le nom de M. Carton de YViart a été beau coup cité par les journaux propos des remaniements ministériels, tout le monde s'accordant voir en lui le titulaire très in diqué du portefeuille des sciences et des arts J'ai les plus sérieuses raisons de croire que le désir de ne pas aliéner au ministère certains concours et de ne pas compromettre ainsi l'union de la droite, plus nécessaire que jamais, inspire seul Je chef du gouvernement dans le choix des personnes appelées détenir les nouveaux portefeuilles Or, on n'ignore pas que M Carton de Wiart est un mandataire les plus influents du groupe de la jeune droite qui compte déjà trois représentants au sein du gouvernement MM Renkin, Helleputte De Lantsàeere D'autre part, la nomination de M Carton de Wiart ferait la part trop large la députation bruxelloise, qui comp te déjà deux de ses membres dans le minis tère L'elles sont, m'a-t-on dit, les raisons qui expliquent l'attitude de M. Schollaert On sait d'ailleurs que, dans une réunion tenue il y a quelques mois, les réprésentants de la vieille droire ont émis le vœu de voir l'honorable chef du cabinet tenir compte des préférences de leur groupe lorsqu'il au rait désigner le titulaire d'un ministère devenu vacant fortiori, lorqu'il s'agirait pour lui de remplacer des ministres faisant partie de ce groupement On fait encore remarquer que M le baron Descamps, ap partenant au Sénat, il est désirable de voir attribuer un des deux portefeuilles vacants un membre de la Haute Assemblée Retenons de cela qu'il y a Droite deux groupes qui s'entendent peu près comme chiens et chats, et qu'on a fort faire pour maintenir entre eux une union plus que jamais nécessaire. Cela consolera peut-être M. Carton. Il pourra se dire que s'il avait été choi si maintenant, il n'aurait pas eu le temps d'user son habit brodé. Quant au motif qui a amené la re traite du baron Descamps, c'est bien celui que tout le monde a deviné. En dépit de tous les démentis qui constituent l'exercice traditionnel, nous allions dire la raison d'être des jour naux officieux, il semble bien établi que c'est la suite du refus d'agréation des écoles normales du Hainant que le roi a prié le baron Descamps-David de lui rendre son portefeuille. Le baron dirigeable en aura donc été pour les frais de sa suprême manœu vre de sauvetage. Se sentant menacé et miné, il avait résolu de frapper un grand coup qui devait lui ramener tous les forcenés de la politique du sectarisme violent. Et de fait son uka se avait désarméjusqu'auPafriofr. Mais le Roi Albert, qui ne se soucie pas d'inaugurer son règne au milieu Annonces Réclames 25 Annonces judiciaires ANNONCES: 15 centimes la ligne. 1 fr. la ligne. d'une bagarre, ne s'est pas prêté ce jeu le baron a trouvé qui parler. Pour une fois qu'il voulai t essayer de l'astuce et de la roublardise, le pauvre oison s'est brûlé les ailes. Sa ruse a tourné contre lui. Et ceci explique les démentis ra geurs du Patriote, qui sous couleur de rappels la vérité, fait en réalité la cantonade, la leçon au successeur de M. Descamps-David. Il y a de la menace dans son langage et si M. Schollaert s'avisait d'affirmer trop brusquement sa volte-face en dé chirant l'arrêté de M. Descamps-David, il prendrait quelque chose pour son rhume. On tentera donc de temporiser d'ici la rentrée parlementaire et c'est alors qu'avec plus ou moins d'élégance, le pauvre baron dirigeable et son arrêté seront lâchés. Sans doute les évèques feront la gri mace, mais ne faut-il pas faire des con cessions quand l'exige.le malheur des temps Le général llellebaut ne pourra taxer le parti libéral d'opposition àson égard. Avec une parfaite loyauté, il avait net tement loué tous ses actes et applaudi sa campagne en laveur du service personnel. Pas de mesquinerie Un adversaire donnait le spectacle de sages réfor mes pourquoi ne l'anrait-on pas ap plaudi Nous avons d'autant plus le droit de nous insurger contre la dernière mesu re du ministre et la blâmer hautement. Par circulaire, après avoir donné sa démission, il vient d'interdire aux offi ciers en activité de faire partie de la Société générale des officiers retraités de Bruxelles. Le vilain geste Le prétexte? La Société se serait per mise une manifestation politique. En réalité, avant le 22 Mai, elle a recom mandé ses membres, habitant l'ar rondissement de Bruxelles, la candida ture de l'un des siens, le colonel Reyers, désireuse d'être représentée par un ancien frère d'armes au Parlement, capable d'obtenir de nos honorables le vote d'un projet de loi augmentant les pensions militaires dont le taux est en dessous des pensions civiles, ce qui est injuste. Le colonel n'était donc pas proposé aux suffrages des anciens officiers comme libéral, mais comme le manda taire de ses collègues, chargé de met tre fin une situation inexplicable sou vent dénoncée par la Société. Rien de plus. Le général Hellebaut aurait dû le comprendre et ne pas donner l'inci dent un caractère qu'il n'avait pas. Sa circulaire aura des conséquences la mentables elle amènera la ruine de la Société des anciens officiers, tarissant brusquement une source d'œuvres philanthropiques. Grâce aux cotisations des officiers en activité, elle pourrait secourir les veuves ou seconder les plus pauvres parmi ses membres. Au tant de mesuresgénéreusessupprimées d'un trait de plume. Le général Hellebaut a été fort mal inspiré, et en voulant atteindre des hommes libres, des hommes de cœur, il frappe de pauvres diables, des veu ves et des orphelins. Cette décision, il la regrettera plus tard, quand il en connaîtra les consé quences.

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Le Progrès (1841-1914) | 1910 | | pagina 1