Hygiène, S
Dimanche, 20 Mars 1911
71e année.
i 3.
Le PROGRÈS
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
l'uniok paît la porte. l'araixxmil le Itiinaiielte. Vires acquirit nom.
Onsab)Qiie au bureau du jour.nl. kuë ue ôixnuoe, 35, Vcues. Les annonces, les faits
divers ei les réclames sont reçus pjur l'a r n Inse a «ni I Y ir.s et *.s Ieux Fi.n ires au bureau
du Progrès. Pour la publicué - i deli »rs h; le n Flan Ires. <*a I -es. exclusivement au
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téléphone 3430.
PRIX DE L'ABONNE M E V f
pour la villb Par an 4 francs
pr la provincg Par an 4 fr. 5()
p' létranger Par an 6 fr 60
La journée parlementaire
Le matin. L'entente cordiale.
La séance de la Chambre.
Les deux votes. La houle
parlementaire.
Cela commence tout fait comme
lors de la discussion du projet Vanden-
peereboom, disait Mardi, la Chambre,
un vieil habitué.
Non point peut-être que jamais la
Chambre ne fut plus houleuse il y eut
des séances plus tapageuses et plus tu
multueuses. Mais rarement on vit le
bloc de l'opposition se dresser avec
autant de vigueur contre une Droite et
un gouvernement désemparés, tâchant
d'esquiver les coups sans y réussir...
Dès avant la séance, on savait qu'il y
aurait deux incidents la motion Hy-
mans et la motion Vandervelde. Et l'on
savait que ce serait chaud A l'is
sue de la réunion de la Gauche libéra
le, les députés s'étaient montrés plein
de confiance, d'ardeur. On commentait
l'ordre du jour, que tous trouvaient
excellent, énergique.
A deux heures, on apprenait que
l'ordre du jour du Conseil général
socialiste était, dans le fond, identi
que celui de la Cfauche libérale.
Et les extrême-gauche les plus
irréductibles, comme les modérés les
plus prudents, se félicitaient de l'en
tente cordiale établie.
C'est un mot mis la mode par l'en
tente franco-anglaise. Il semble qu'il
doive s'appliquer exactement la tacti
que adoptée dès Mardi matin et qui fut
scellée l'après-midi.
Nous ne faisons pas une alliance
solennelle, couchée sur le papier, nous
disait-on de part et d'autre. .Niais ce qui
vase produire esl plus qu'une marche
parallèle. En réalité, la route que nous
devons suivre, au moins pendant un
moment, est commune. Grâce l'au
dacieux déti de la Droite, la jonction de
nos forces s'est opérée. C'est parfait
nous marcherons donc, en bonne en
tente cordiale.
Les événements devaient, dans la
même journée, précipiter cette marche
grâce l'empressement que la Droite
met... ne pas accomplir son devoir.
Ce n'était pas, Mardi, une séance
d'interpellation.
On devait discuter la loi relative aux
mineurs. La Droite, qui affecte de
poursuivre des lois sociales quand son
intérêt électoral est en jeu, s'était com
plètement désintéressée du débat. Il y
avait une bonne quarantaine de mem
bres cléricaux présents.
Dès le début, voilà donc M. Vander
velde qui se lève et présente sa motion
de félicitations au gouvernement ita
lien. Désarroi droite. On se compte,
on s'aperçoit que l'on n'est pas en
nombre, tandis que la Gauche est là,
au grand complet. Que faire Gagner
du temps, d'abord. Peut-être, tantôt,
les députés du pays vont-ils arriver. Le
présidentCooreman intervient. M. Ver-
haegen essaie d'accrocher un débat,
lance des paroles désagréables, essuie
des interruptions, tâche d'envenimer
les choses, mais n'y réussit pas. M.
Lorand prononce une courte et vibran
te allocution, dénonce la papauté. Là-
dessus, M. Woeste qui, lui, est son
banc comme M. Beernaert aussi
d'ailleurs se lève et improvise tout
un discours, donne sa pleine mesure.
Mais en vain. La Gauche ne donne pas
dans le panneau. On réplique et l'on
interrompt, on applaudit ou l'on hue,
mais pas de discours. Aux voix tel
est le mot d'ordre.
Il faut bien y passer. Et les députés
que l'on espérait voir arriver ne sont
pas là 1 Que faire M. Hoyois se démè
ne, court au bureau, descend, Fait la
mouche du coche mais c'est comme
s'il... chantait.
Réclamer l'appel nominal Il n'y
faut pas songer. D'ailleurs, le gouver
nement est en fausse posture. Il ne
peut déserter un moment où l'on pro
pose des félicitations un gouverne
ment ami. Ce serait une manifestation
déplorable. D'ailleurs, la Droite ne
peut voter contre décemment. Alors,
tout le bloc des soixante-quinze dépu
tés anticléricaux se lève...
A la contre-épreuve, le gouverne
ment et la Droite restent assis. La mo
tion est votée. Toute la Gauche applau
dit longuement.
Et aussitôt les battements de mains
terminés, M. Hymans se lève. Silence
complet. De sa voix netle et perçante,
il propose l'ajournement des sections
hâtivement convoquées.
Quand la salve des acclamations qui
saluent ce premier coup de feu est
éteinte, la bataille s'engage nettement.
Nerveux, les ministres pianotent sur
leurs pupitres, on ne sait quel prélu
de... Celui du Chant du Départ
M. Woeste, voyant ses amis battus
d'avance, consent l'ajournement. On
rit un peu. Et puis, quelques minutes
après, quand M. Vandervelde, avec des
accents vibrants, clame que tant que le
projet ne sera pas retiré il n'y aura
plus qu'une Gauche, c'est une intermi
nable salve nouvelle. Les tribunes sont
moitié vides, on ne s'attendait pas
pareille journée mais ceux qui s'y
trouvent se penchent avidemment, car
tout le inonde sent qu'un souille paiti-
culier passe dans la salle, et que l'on
vit une minute émouvante, une minute
historique l'entente cordiale vient
d'être proclamée et accueillie par une
explosion d'enthousiasme.
Désormais, la Chambre change d'as
pect. Jusqu'à présent, tout le monde
s'est tenu son banc. Mais gauche
des remous se produisent des dépu
tés vont de droite gauche les paro
les de M. Schollaertsont interrompues
par des tempêtes de protestation.
Quand il parle d'une loi inspirée par le
bien public, toute la Gauche est debout,
proteste violemment, hue. M. Masson,
au milieu d'un gros bataillon, calme,
mais d'un ton résolu, dirige un feu
roulant de clameurs. M. Hymans par
vient, malgré le bruit, et les efforts
désespérés du président, qui depuis
dix minutes frappe du maillet tour
de bras, parvient formuler une phra
se sur le fanatisineinspirateurdu projet.
Les huées, les cris, ne cessent pas. Les
travées sont envahies l'hémicycle est
rempli de gauchers qui, dans le désor
dre, tournent le dos au président.
Mais il n'y a nulle violence, nulle
exaspération c'est de l'indignation et
de l'enthousiasme, car on se sent maî
tres de l'heure. La Droite le sent bien
aussi, car elle n'essaie que timidement
de résister. M. Hoyois lui-même se
tient coi. M. Beernaert, la tète dans la
main, ne dit pas un mot, n'esquisse
pas un geste, et ses traits restent fer
més.
Quand on ne vient pas aux séan
ces, c'est qu'on est mûr pour les débâ
cles, confesse un catholique, tout haut
d'ailleurs.
Pendant une heure, le combat se
poursuit. La Droite a perdu tout espoir
de voir arriver de nouveaux contin
gents. Il y a encore quelques moments
pathétiques, comme celui où l'on voit
MM. Hymans d'un côté, Carton de
Wiart de l'autre, discuter tue-tête
dans la tempête. Le désarroi des cléri
caux est tel que le président, qui a
tantôt interrompu M. Verhaegen, veut
couper la parole M. Carton de Wiart
et essaie de pallier les ell'ets de la
déroute en prenant une habile tangente:
laelieien aussi habile que M. Woeste,
il cède, mais la Gauche ne l'entend pas
ainsi. 11 faut que l'on vote. Et pendant
uu quart d'heure, travers les coups
de maillet, les sonneries présidentiel
les, les huées, les cris, la houle, on fait
assaut d'adresse. La Gauche l'emporte
finalement. Il faut voter.
La Droite n'ose réclamer l'appel
nominal, car dix de ses membres de
vraient rester en séance. La Chambre
serait en nombre, et la Droite serait
piteusement baltue, comme la semaine
dernière. Il faut donc se contenter du
vote.par assis et levé sur la proposition
Masson, plus foi melle encore que celle
de M. Hymans. Après Pâques, les sec
tions
Alors, le grand stratège M. Hoyois
souille quelques-uns de ses amis qu'il
faut se lever aussi, et la Droite vote
contre ce qu'elle vient de soutenir
Dernière explosion ironique gauche,
et constatai ion de M. Vandervelde de
l'importance numérique des adhésions.
Ce bon M. Hoyois, en voilà un qui sait
manier le pavé de l'ours
C'est fini, et cette première journée
se termine ainsi par une double vic
toire.
coûteux d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM. «J.-J. De VOS,
carrelages, Tournai.
La réunion des Gauches.
C'est dans la salle des séances du
Sénat que se sont réunies les deux
Gauches libérales. Il y avait chambrée
complète trois membres seulement,
retenus pour cas de force majeure,
s'étaient fait excuser.
M. Emile Dupont, ministre d'Etat,
présidait le bureau, entouré de MM.
Neujean, Janson, Hanrez et Wiener.
M. Dupont a prononcé le discours
d'ouverture et a souligné le caractère
odieux du projet, lequel est de natureà
soulever dans le pays un mouvement
de réprobation plus considérable que
celui auquel a donné lieu la loi des
couvents de 1857.
Le gouvernement, a dit en sub
stance M. Dupont, tente de commettre
un véritable coup d'Etat.
M. Louis Huysmans s'est attaché
montrer le caractère anticonstitution
nel du projet, lequel est contraire
l'article 17 de la Constitution, puisque
l'on veut, sans qu'un contrôle sérieux
puisse se faire, transformer les écoles
congréganistes en écoles publiques.
M. Hymans a estimé, aux applaudis
sements de tous, que le projet en ques
tion était de ceùx que l'on ne discute
pas. C'est l'organisation d'une guerre
scolaii e avec les deniers de tous, avec
ceux des pouvoirs publics.
M. Hymans a fait un énergique appel
l'opinion publique.
M. Wiener a demandé que la résis
tance légale soit poussée aux dernières
limites.
Il a dénoncé, lui aussi, le caractère
uniquement confessionnel «le la loi qui
fera entrer dans les caisses des con
grégations dix-huit millions de francs
environ. Si 'a loi est appliquée tout de
suite, d manquera au moins deux mille
classes, qu'il faudra créer, et il n'est
point douteux que le corps enseignant
ANNONCES:
Annonces: 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
sera recruté en majeure partie parmi
les congréganistes non diplômés.
M. Franck a fait remarquer, en s'in-
spirant d'articles de certains journaux
de droite, que le projet ne rencontre
pas l'approbation unanime dans les
milieux cléricaux. Il a rappelé, notam
ment, que le Congrès des Instituteurs
chrétiens avait condamné le système
du bon scolaire
La résistance, a dit M. Franck, doit
être opiniâtre. Elle doit être positive et
non négative.
Il a fait, enfin, un appel énergique en
faveur du cartel qu'il a qualifié cartel
de l'indignation.
M. P. Janson a flétri, en termes sé
vères, le coup de force, le coup de
parti que le gouvernement a l'audace
de perpétrer au moment où il est en
défaveur dans l'opinion publique.
LesdiscoursdeMM.Gobleld'Alviella,
Lorand, Royers, Van de Walle, Per-
soons et Buyl, qui ont suivi, ont fait
constater le parfait accord qu'il y a,
parmi nos mandataires, pour organiser
le maximum de résistance.
L'ordre du jour.
A l'issue de cette séance, l'ordre du
jour suivant a été adopté l'unanimité
Considérant que le projet de loi instaure
la base de notre organisation scolaire
l'obligation pour les pouvoirs de supporter
les frais de tout l'enseignement confession
nel
Que ce système viole la Constitution et
a été hypocritement combiné de manière
dissimuler, sous l'apparence d'une illusoire
obligation scolaire, le but réel que poursuit
le parti clérical et qui est de substituer l'en
seignement des congrégations l'enseigne
ment public
Considérant que l'institution du bon
scolaire déchainerait dans le pays une guer
re sans précédènt
Que la liberté des pères de famille serait
livrée toutes les entreprises de pression et
de corruption de la part du clergé que de
toutes parts s'organiseraient la chasse aux
élèves et la récolte des bons, comme M. Schol-
laert le déclarait lui-même dans l'exposé des
motifs de la loi de 1895
«Considérant qu'on peut évaluer 16 rail
lions au moins le total des subsides qui, sous
forme de bons scolaires, seraient alloués an
nuellement aux couvents par l'Etat, les pro
vinces et les communes
Que le projet de loi équivaut ainsi la
création d'un second budget des cultes au
profit des congrégations religieuses
Considérant que, sous l'enseigne d'éco
les du 4e degré, on verrait les couvents mul
tiplier, aux frais du Trésor public, les
ouvroirs, ateliers d'apprentissage, écoles
dentellières, etc., où le travail de l'enfance
serait exploité
Considérant que le projet méconnaît le
principe de l'économie politique, menace la
liberie de conscience de tous et livre l'Egli
se la direction de l'éducation populaire
Considérant, d'autre part, que depuis
dix ans toutes les élections ont affaibli la
majorité cléricale qui est réduite une por
tion infime
Que le pays n'est actuellement ni fidèle
ment, ni intégralement représenté au Parle
ment et qu'il ne le sera que lorsque le nom
bre des sièges la suite du recensement
aura été mis en rapport avec le chiffre de la
nation dont la date est fixée par la loi
Que dans ces conditions le vote du pro
jet de loi serait un coup de force et un abus
de pouvoir
Les Gauches libérales de la Chambre et
du Sénat, statuant l'unanimité, décident
de combattre le projet par tous les moyens en
leur pouvoir
Décident en tout cas de réclamer l'ajour
nement du projet jusqu'après les élections de
1912
Comptent sur l'opnnon publique pour
soutenir leur irréductible opposition
Font appel aux administrations commu
nales pour la défense de leurs écoles