Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Hygiène, S"inf^
Dimanche, 16 Avril 1911.
l'unioji paît la porce. 1? i)imanche. Vires acquirit elndo.
PRIX DE L'ABO NX K Vf EN T
pour la. rtllb Par u:i -L ir.incs
pr la province Par an -4 tr. 50
pr létranobr Par an 0 fr QO
Une affirmation grave
de .U. De Meester, député
catholique d Anvers.
Les journaux cléricaux essaient de
faire croire au pays que les libéraux
et les socialistes sont des révolution
naires dangereux, parce qu'ils ont dé
cidé de s'opposer de toutes leurs for
ces et par tous les moyens au vote du
néfaste projet scolaire élaboré par les
évèques. Mais ce que les journaux
cléricaux ignorent jusqu'à ce jour,
c'est que l'attitude de la gauche est
pleinement justifiée par une note pu
bliée par la Christene school (15 Mai
1909, p. 313) signée par M. De Meester,
député clérical d'Anvers.
S'il est, écrit M. De Meester,
un système de subvention scolaire
auquel, plus qu'à tout autre, peut
être adressé le reproche de favoriser
l'excès la multiplication des écoles
et de mener l'anarchie scolaire, c'est
bien celui de la rémunération exclu-
sivement réglée par tète d'élève.
Puisqu'il est permis ce dernier
d'aller porter sa capitation où il
veut tous les prosélytismes, toutes
les spéculations, toutes les fondations
d'écoles, mêmes les plus arbitraires,
sont certains de trouver pour leurs
entreprises, une rémunération rela-
tive pourvu qu'on recrute quelques
adhérents
C'est là un danger
Qui ne voit que, si au prix d'une
âme vient s'ajouter une prime en ar-
gent, la lutte scolaire en recevra un
surcroit de violence. Il est donc
craindre que loin d'apaiser la lutte
scolaire le système de la capitation
ne vienne lui apporter un aliment
nouveau
Voilà donc un député clérical qui
affirme que le système du bon scolaire
c'est la lutte scolaire avec un surcroit de
violence, c'est l'anarchie scolaire
Cette affirmation est grave
Elle impose aux défenseurs de l'en
seignement public d'user de tous les
moyens propres obliger le gouverne
ment remettre l'examen de son pro
jet jusqu'après les élections de 1912
Il faut que la nation soit appelée se
prononcer sur la question scolaire, il
faut que les défenseurs de l'école pu
blique puissent poser aux électeurs les
questions suivantes
Voulez-vous la lutte scolaire avec un
surcroit de violence 9
Voulez-vous la destruction complète de
tout enseignement sérieux
Voulez-vous l'anarchie scolaire 9
Voulez-vous qu'à cet effet les contribua
bles paient chaque année vingt millions
aux couvents 9
Bluff clérical.
Chaque jour, la presse cléricale enre
gistre un nouveau triomphe.tout aus
sitôt suivi, hélas d'une amère désillu
sion.
Tel jour, c'est l'adhésion de M. Daens
que l'on enregistre avec accompagne
ment de clairons et tambours. Quel
ques heures se passent et M. Daens
déclare tranquillement qu'il ne votera
pas le projet.
Puis c'est un député libéral qui trou
ve l'obstruction inutile et ridicule. Et
les trois journaux cléricaux auxquels
il fait cette confidence l'impriment
gravement, sans s'apercevoir qu'on se
moque d'eux I
Puis c'estM. Destrée qui, en sections,
aurait été très frappé par les réponses
foudroyantes et péremptoires de M.
Schollaert. Un interroge, Charleroi,
M. Destrée. Et celui-ci proteste, disant
qu'il est adversaire résolu et acharné
du bon scolaire
Enfin les feuilles bien pensantes ont
claironné aux quatre coins du pays
que, moyennant quelques légères mo
difications, notamment en ce qui con
cerne l'amélioration de la situation du
personnel enseignant, les démocrates-
chrétiens adhéraient au nouveau projet
scolaire du gouvernement.
Et voici que dans sou journal De
Volkseeuui, l'abbé Fonteyne, le chef le
plus autorisé du parti Daensiste, publie
uu article appelé faire pas mal de
bruit et qui mettra une sourdine
l'exubérance de la presse gouverne
mentale.
Jamais, dit-il, je ne me rallierai
ce système qui provoquerait autour de
l'enfant la plus honteuse des luttes, dé
chaînerait une guerre fratricide et jet
terait le trouble et la discorde dans les
ménages. Créer le bon scolaire, c'est
ravaler l'œuvre si belle et si noble de
l'éducation du peuple, un article de
bazar.
GOÛteuX d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM. J.-J. De VOS,
carrelages, Tournai.
Le meeting
<le la Madeleine.
Nous publions ci-après le magistral
discours prononcé au Meeting de la
Madeleine, Bruxelles, par M. Paul
llymans, membre de la Chambre des
Représentants.
0:1 s'abmiie au bureau du journal, rue og Dixhude, 51, Ïprss. Le* annotées, les faits
divers el le* réclam is sont reçu pur l'arwl sse n ml 1 Vires u >s leu* Flandres iu bureau
du Progrès. Pour la publicié eu ie'nrs Is le it F- ni 1rs, *'a Cesser exclusivement au
Oomptoir de Publicité JiO^JSS Pdf 333 ài J, H, Boulevard Anspacb, Bruxelles,
téléphone 5230.
Votez pour les anarchistes cléricaux
«ttcstssœs'ŒS'W'SS -!-«soxj*rs «s
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Wl. Paul Hymans. Il me serait
difficile de dissimuler mon émotion devant
le spectacle de cette immense assemblée.
Combien il est significatif Ouvriers et
bourgeois s'y mêlent, animés d'un même
souffle. J'y vois des artisans, des hommes
d'affaires, des industriels, des professeurs
socialistes et libéraux y confondent leurs
rangs.
An bureau siège l'ancien et glorieux
bourgmestre de Bruxelles, le vétéran de nos
luttes, M Ch. Buis. (Vifs appl.) A ses côtés
je vois son jeune successeur la première
magistrature de la capitale, M. Max. (Longs
appl.) A leur côté, je vois Hector Denis qui
incarne l'autorité de la science et l'amour
des humbles et tout autour vos mandataires
libéraux et socialistes.
D'où vient cet empressement, cette fièvre,
ce rapprochement subit et spontané C'est
que l'on comprend que l'avenir moral de la
nation est en danger. (Applaudissements.)
Le pays sommeillait dans l'attente d'une
échéance électorale. Le gouvernement dis
pose, d'une majorité infime il pourvoyait
aux appétits de sa clientèle. Chacun se ren
dait compte que l'on se trouvait dans une
situation transitoire. Soudain, le ministère
se dresse de toute sa petite taille, et comme
pour lancer un défi, il dépose un projet
audacieux répondant aux aspirations extrê
mes du parti clérical. Il veut, sans attendre
que le pays se soit prononcé, le faire voter.
Les gauches libérale et socialiste, d'un seul
élan, se sont rejoints, ont fait front l'enne
mi et sont allées la bataille. Les premières
rencontres ont été des victoires. (Acclama
tions.)
Vous êtes ici, citoyens de toutes profes
sions, pour attester que la résistance des
gauches s'appuie sur les masses. Nous pui
serons des sources inépuisables d'énergie
et d'enthousiasme. (Longues acclamations.)
La loi que l'on veut faire voter bouleverse
le texte et l'esprit de la Constitution, en
assimilant aux écoles publiques les ecoles
congréganistes. Elle dénaturé la liberté
d'enseignement, elle veut faire des écoles
confessionnelles les salariées de l'Etat. Elle
vibte l'autonomie communale en imposant
aux communes l'obligation de subsidier des
écoles qui échappent leur contrôle. Son
but est de donner des subsides aux congré
gations il s'agit de 18 millions qui consti
tueront un crédit annuel créé au profit des
couvents, un budget nouveau, étemel et
intangible. Cette loi est une œuvre de parti,
elle a pour but de destituer l'enseignement
public et de livrer l'éducation nationale
l'Eglise (Huées.) C'est une combinaison
commerciale destinée décharger les catho
liques du soin d'entretenir leurs écoles, et
leur permettre d'employer leur argent
d'autres fins politiques. C'est une loi de
parti, une loi de finance. La question sco
laire tombe au rang d'une question d'ar
gent. C'est une rafle. (Vifs applaudisse
ments.)
A l'apparition du projet, le parti libéral
s'est senti atteint dans ses fibres les plus
profondes II s'est toujours passionné pour
la défense des écoles publiques il a tou
jours eu le culte, je dirai presque, la super
stition de l'école qu'il considère comme
l'œuvre capitale de l'Etat moderne. Il a tou
jours résiste la politique d'accaparement
de l'Eglise.
La loi de 1842 était pour l'époque une loi
de transaction, elle faisait l'Eglise une
large concession Elle proclamait deux
grands principes la gratuité de l'enseigne
ment pour les pauvres et l'institution d'un
service public de l'enseignement.
Chaque commune devait avoir son école
communale, mais elle pouvait substituer
l'école communale une école privée qu'elle
pouvait adopter. Les outranciers de la droite
ne se trouvèrent pas satisfaits. Ils proposè
rent la Chambre de l'époque de faire payer
par les communes un bon de 6 fr. l'insti
tuteur. Le bon scolaire qu'on croyait une
nouveauté date donc de 1842 il a 75 ans
d'existence. Lorsque cette prétention surgit
cette époque, elle fut traitée d'extrava
gance et repoussée une grande majorité.
Il y avait la Chambre des hommes qui
savaient ce que les constituants avaient
voulu. Parmi eux se trouvaient J.-B No-
thomb, catholique de croyance, mais modé
ré, Nothomb condamna le bon scolaire. On
avait invoqué, en faveur de l'innovation que
l'on prétend renouveler aujourd'hui la liber
té d'enseignement. Nothomb combattit le
bon scolaire et démontra qu'il était basé sur
une conception fausse et excessive de la
liberté d'enseignement. La liberté d'ensei
gnement, déclara cet homme qui avait siégé
la Constituante, c'est le droit d'enseigner,
mais d'enseigner ses frais (Accl.)
C'est ainsi que ce constituant caractérisa
d'une façon saisissante notre système scolai
re d'une part l'enseignement public,
organisé par la loi et défrayé par les pouvoirs
publics, d'autre part la liberté d'enseigne
ment, c'est-à-dire le droit d'enseigner tous,
même sans certificat de moralité.
Quel rendement le parti catholique n'a-t-
il pas retiré de cette liberté de l'enseigne
ment L'Eglise a conquis en Belgique une
position rivale de celle de l'Etat et dans
certaines parties du pays une situation pré
pondérante. Les écoles qui subsistent dans
les Flandres, notamment, sont devenues en
fait des écoles confessionnelles. Sous le régi
me sous lequel nous vivons la concurrence
fonctionne partout. N'est-ce point assez
La coupe n'est pas pleine il faut la remplir
jusqu'aux bords. N'est-ce pas dangereux
d'aller plus loin M. Woeste a maintes fois
dit ses amis Prenez garde nous avons
fait la loi de 1895 mais il n'est pas écou
té les fanatiques sont pressés par les cir
constances ils sentent le pouvoir vaciller,
le sol tremble sous leurs pas. Us ont imaginé
de mettre la charge de l'Etat les frais de
l'enseignement de l'Eglise. (Huées.)
Ils ont rêvé de placer leur enseignement
l'abri de toutes les atteintes dans l'avenir.
Pour accomplir ce plan, il fallait un prétex
te, une justification, un instrument La
justification fut vite trouvée, ce fut une for
mule, reluisante sympathique de loin la
liberté des pères de famille L'instrument,
ce fut le bon scolaire, qui fera de l'h unie
pauvre un homme libre Ah les m ..^ca
ges de la lib :rté i Appl.
Prends garde ton âme, lui dira le prê
tre. Au confessionnal le prêtre dira la
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
femme Prends garde l'âme de tes enfants.
Puis viendront le seigneur, l'agent des Boe-
renbonden ils diront Prends garde ton
pain quotidien (Longues acclamations.)
Basile, le sourire aux lèvres la face papelar
de, d'une main réclamera le bon scolaire,
dans l'autre il fera reluire un écu d'argent
Voilà la liberté des pères de famille. (Ton
nerre d'applaudissements.)
On nous dit qu'on mettra la main au col
let des corrupteurs Nous avons vu pour
les fraudes électorales comment on punit les
corrupteurs Huées.) Le bon scolaire sera
le fruit naturel de l'audace des uns et de la
faiblesse des autres. Il livre les pauvres
toutes les suggestions de la peur et de la
cupidité (Triple salve d'applaudissements.)
Le bon scolaire Quel triste sort que le
sien Où puisons-nous nos arguments
contre lui En 1895, il était condamné par
M Schollaert il y a quelques années, il
l'était par M. Demeester, député clérical
d'Anvers il l'est aussi par les instituteurs
chrétiens enfin, il est condamné par M.
Pierre Daens. [Vifsapplaudissements.] Tout
le monde proclame que le bon scolaire c'est
la chasse l'élève, la guerre scolaire. Et
quelle guerre Les guerres religieuses ont
pu avoir un but noble et respectable, mais
ici, c'est la guerre pour l'argent, pour la
tartine comme disait un journal ce ne sera
plus même la guerre, ce sera la rapine
[Acclamations.] Et qui seront les victimes
Ce seront les enfants Ce sont eux qu'on se
disputera et qu'on s'arrachera coup de
menaces. C'est de ces écoles confessionnelles
payées par l'Etat que l'on a besoin pour
fabriquer des créatures dociles, et en un
mot pour faire les électeurs de l'avenir.
C'est une loi de parti, dans toute l'acception
du mot, une loi électorale. [Appl.]
Il n'y a pas un mot de l'instruction obli
gatoire dans la loi, mais il y a le mobile
électoral avoué et reconnu. C'est M. Ver-
haegen qui a déclaré que de la réforme sco
laire dépendait la formation des électeurs
Faites-nous, disait-il dans un congrès, de
bonnes écoles et nous ferons de bons élec
teurs.
Les gazettes cléricales demandent de
l'argent de l'Etat parce que les écoles cléri
cales doivent faire des électeurs Nous vou
lons, nous, des écoles ouvertes tous, mais
non des écoles de parti créées dans un but
électoral. [Vifs applaudissements.]
Allons-nous mettre sur le même pied nos
écoles communales et les écoles congréga
nistes dont plus de 2,000 instituteurs sont
dépourvus de tout diplôme. La question est
de savoir si ces écoles doivent être payées
par l'Etat
Nous avons répondu Non et nous
avons décidé la résistance et le combat. [Ac
clamations enthousiastes. On agite les cha
peaux.] Et maintenant je m'adresse la
bourgeoisie libérale qu'elle se rappelle son
passé elle sait ce qu'ont fait ses pères elle
sait que le parti libéral se donna pour tâche
de travailler organiser un enseignement
placé sous l'autorité exclusive de l'autorité
civile.
Le parti catholique a créé un enseigne
ment l'image de celui de l'Etat. Le parti
libéral a voulu et a organisé la neutra
lité scolaire et cette neutralité n'est
en somme que la tolérance l'école,
c'est la thèse qu'en France Jules Ferry et
Waldeck-Rousseau ont défendue et que
défendent aujourd'hui encore des hommes
comme Desçhanelet Poincarécontre l'Eglise
jamais satisfaite. Ah je sais que les sectai
res prétendent que la neutralité n'existe
pas, mais nous, nous affirmons et avons
prouvé que la neutralité existe dans les
ecoles créées par nos grandes communes.
Nous estimons que la mission du prêtre et
la mission de l'instituteur doivent être dis
tinctes. Nous continuons prétendre que la
neutralité scolaire rend l'école accessible
tous, même aux catholiques qui, d'ailleurs,
y envoient, en grand nombre, leurs enfants.
Nous voulons une école qui réponde sa fin
supérieure préparer les enfants compren
dre les lois supérieures de la solidarité natio
nale. [Double salve d'applaudissements.]
Eh bien est-ce que la bourgeoisie libérale
d'aujourd'hui ne se montrera pas digne de
la bourgeoisie d'hier. [Applaudissements.]
Est-ce qu'elle con duirait laisser aux
ouvriers et aux socialistes l'honneur de dé
fendre la Constitution. Je rougirais si elle
reniait son passé. [Longues acclamations}.