Hyg
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
Lu Irait d'esprit.
Dimanche, 23 Avril 1911.
71e année.
l union fait la force.
i*avai**ani le iâiuianche.
Vires acquirit kundo
PRIX DE L'ABONNE* KM r
pour la. ville Par an -4 ira ai: s
p' la province Par an -4 fr.
pr LÈTRANirBR Par an t'r. 0O
ANNONCES
Annonces: 15 centime* la ligne
Réclam t* '25
Annonce* judiciaires 1 fr. la ligne.
il au vais joueurs.
Le Limbourg était depuis longtemps
un fief catholique où nos maîtres étouf
faient toute tentative d'émancipation,
toute aspiration vers le progrés. Grâce
la R. P. et au travail acharné de quel
ques démocrates ardents, des brèches
furent faites dans les citadelles catho
liques, quelques lueurs brillèrent dans
la nuit profonde de réaction qui enté-
nébrait cette province; le Limbourg put
élire deux députés libéraux.
Les cléricaux supportèrent mal cette
atteinte leur puissance, et comme la
lutte par les moyens légaux et loyaux
n'offrait aucune chance leur désir de
priver leurs adversaires des positions
conquises au prix de mille efforts, ils
eurent recours des manoeuvres lou
ches et tortueuses.
La question de nationalité joue un
rôle important dans le Limbourg en
matière de revision des listes électo
rales.
Longtemps les cours d'appel et la
cour de cassation ont interprété la loi
en ce sens que tous les descendants des
Limbourgeois et des Luxembourgeois
vivant en 1839, pouvaient acquérir la
nationalité belge, la double condition
de s'établir en Belgique et d'y faire,
leur majorité, l'option de patrie permise
par la loi.
Voici que tout coup, comme cela
arrive, la Cour de Cassation modifie sa
jurisprudence et décide que peuvent
acquérir la nationalité belge, les des
cendants des seuls Limbourgeois et
Luxembourgeois qui se sont transpor
tés en Belgique avant ou immédiate
ment après le traité de séparation. Les
descendants des autres anciens Belges,
cédésà laHollande par le traité de 1839,
restent Hollandais sans pouvoir faire
une option de patrie pour la Belgique.
Un certain nombre d'électeurs du
Limbourg et de l'arrondissement de
Verviers, qui avaient fait cette option
de patrie, ont été rayés des listes élec
torales, en vertu de cette jurispruden
ce, parce qu'ils ne sont pas Belges.
Mais, chose étrange, alors que les
libéraux s'inclinaient devant cette dé
cision souveraine, on a vu cette année
tous les catholiques, se trouvant dans
le même cas, réclamer leur réinscrip
tion sur les listes des électeurs. Leur
demande devait infailliblement être
rejetée puisque d'après la jurispruden
ce, ils n'ont pas notre nationalité, con
dition première pour pouvoir prendre
part aux élections.
Quand les positions furent fixées,
c'est-à-dire quand le délai fut passé
pour les libéraux, l'effet de réclamer
leur réinscription comme électeurs, le
gouvernement présenta au Parlement
une loi interprétative, donnant législa-
tivement la loi une portée contraire
celle admise par la Gourde cassation.
La loi interprétative est une loi qui,
parce qu'elle ne fait que fixer le sens
d'une loi antérieure, a un effet rétroac
tif.
Du coup, tous les électeurs catholi
ques dont les demandes de réinscrip
tion devaient être rejetées, profitent
de cette loi immédiatement ils seront
tous maintenus sur les listes électora
les et prendront tous part aux élections
communales et législatives prochaines.
Quant aux libéraux, ils ne pourront
jouir des bénéfices de la loi interpréta
tive parce qu ils n'ont pas demandé en
temps utile d'être portés sur les listes
électorales.
Il est manifeste que c'est là une ma
nœuvre combinée dans les bureaux
secrets cléricaux où l'on triture les lis
tes des électeurs.
Les catholiques savaient l'avance
que la loi serait présentée et qu'elle
serait votée les libéraux n'en avaient
pas été prévenus.
C'est là un coup de parti malhonnête.
Le gouvernement, qui connaissait la
situation, aurait dû présenter sa loi
interprétative ou plus tôt ou plus tard.
Plus tôt, pour que les électeurs libé
raux prévenus puissent prendre les
mesures nécessaires pour faire recon
naître leurs droits; ou plus tard, pour
que les cléricaux ne puissent profiter
seuls de la loi interprétative.
A la Chambre, MM. Monville, Me-
chelynck et Delvaux ont essayé en vain
de faire reculer l'application de la loi
la majorité, poussée par le gouverne
ment, n'a pas cédé d'un pouce.
Le coup était combiné, il devait être
exécuté.
Voyant la partie perdue, en mauvais
joueurs, les cléricaux ont recours aux
dés pipés.
Cela leur profitera-t-il
Le brochet clérical.
Du Ralliement
Le brochet est la terreur de nos
eaux douces. Il est vorace et hypocrite.
Jetez un brochet dans un étang, il
commencera par avaler les poissons
les plus faibles, carpillons, perches,
goujons et antres puis ce sera le tour
des plus gros il finira même par dé
vorer les brochets, ses semblables,
moins forts que lui rien ne l'arrêtera
dans son œuvre de destruction.
La loi du bon scolaire est un bro
chet clérical qui dévorera d'abord les
écoles publiques les plus faibles, celles
des petites communes, puis celles des
grandes villes il engloutira même les
écoles catholiques dirigées par des
instituteurs et des institutrices laïques.
Dans le marécage belge ne pourront
bientôt plus subsister que les écoles
des couvents. Ceux-ci s'enrichiront
des millions du trésor de l'Etat, des
communes et des provinces, qui iront
s'ajouter aux millions captés aux famil
les. Ces fortes sommes serviront la
corruption électorale pour maintenir
au pouvoir le parti clérical, qui conti
nuera exploiter le pays au profit du
clergé catholique et de ceux qui le
soutiennent.
Le brochet clérical doit être abattu
ou il dévorera le pays.
Un naturaliste anglais a fait sur le
brochet une expérience intéressante.
Dans un aquarium divfsé en deux par
une glace plongée verticalement dans
l'eau jusqu'au fond, il a placé d'un
côté un brochet, de l'autre des carpes
et d'autres poissons inoffensifs. Le
brochet se précipita immédiatement
sur l'un de ceux-ci, mais son élan se
brisa contre la vitre protectrice. On le
vit recommencer ce manège pendant
plusieurs semaines. L'expérience
l'avant •onvaincu de l'inutilité de ses
efforts, il finit par cesser ses attaques
impuissantes. Le naturaliste enleva
alors le paroi de séparation il consta
ta que le brochet inàté laissait désor
mais les poissons tranquilles.
La Constitution a établi une cloison
de séparation entre l'Eglise et l'Etat
qu'on la fasse respecter
L'article 17 est formel il proclame
un principe général, un droit indivi
duel l'enseignement est libre, c'est-à-
dire que tout citoyen peut enseigner
sans l'autorisation préalable du gou
vernement il est maître de son pro
gramme, de sa méthode, des opinions
qu'il expose toute mesure préventive
est interdite la loi ne peut intervenir
que pour réprimer les délits. Mais
après avoir proclamé ce droit indivi
duel, le même article affirme l'existen
ce d'un enseignement public donné
aux frais de l'Etat et réglé par la loi.
Qu'on lise attentivement cet article
17 et les discussions du Congrès natio
nal qui l'élabora et le vota. Il signifie
et ne peut signifier que ceci un ensei
gnement c'est-à-dire dirigé par l'Etat
(les provinces et les communes sont
des membres de l'Etat), doit être orga
nisé par la loi. Quant l'enseignement
libre, la loi ne peut pas s'en occuper,
si ce n'est pour reprimer les délits. Le
devoir du gouvernement est donc évi
dent il doit organiser, diriger, déve
lopper l'enseignement public tous les
degrés, et laisser l'enseignement libre
évoluer par lui-même, sans intervenir
ni dans sa direction, ni dans son orga
nisation, ni dans ses budgets.
Cet article 17 est la cloison contre
laquelle le brochet clérical viendra
écraser son vilain museau.
L'opposition libérale et socialiste
saura défendre cette cloison que le
parti clérical a déjà fissurée en subsi-
diant les écoles libres et qu'il veut bri
ser par la loi du bon scolaire.
Le pays a entendu l'appel de la gau
che il ne laissera pas détruire ou per
vertir la Constitution par un gouverne
ment qui n'est que l'instrument de la
bande internationale de conspirateurs
contre l'Etat moderne, que dirigent le
pape, les évèques et les moines. Le
peuple belge n'est pas avachi au point
d'accepter le retour odieux du despo-
tisme clérical qui,ausiècle de malheur,
lui fut imposé par la force, le clergé
catholique ayant trahi la patrie en s'al-
liant au gouvernement espagnol.
Oui, il abattra le brochet clérical.
Couronne d épines.
De l'Etoile
Les petits voient grand. Qui sait M.
Scbollaert a peut-être rêvé de se cou
vrir de gloire par l'institution du bon
scolaire, llélas Les déclarations d'a
mis politiques et les siennes propres
lui font une cruelle couronne d'épines
Forcément, les piquants se ressem
blent. Mais, suivant Napoléon, la pre
mière ligure de rhétorique, c'est la
répétition. Eu voici quelques-uns.
Le bon scolaire est une extrava
gance Dixit Nothomb, eu 1842...
déjà
Il aurait surtout le grave inconvé
nient de pousser faire la chasse
l'élève et de raviver la lutte scolaire
dans un grand nombre de localités
Opinion de M. Scbollaert, François...
en 1895
Les subsides d'après le système
du bon scolaire sont humiliants pour
l'instituteur ils exercent une influen
ce fâcheuse sur la discipline et ont
pour conséquence une guerre perpé
tuelle entre les administrations des
écoles. Ainsi prophétisait le chanoine
du Harlez.
Le 10 Mars dernier, le Hanclelsblad
notait que M. Van Cauwelaert, député
clérical d'Anvers, avait applaudi M.
Melis un instituteur clérical, qui venait
de dire Les pièces de cinq francs
joueront un grand rôle dans le peuple
ment de l'école.
On a lu dans FInstituteur Belge, or
gane de la fédération des instituteurs
catholiques Il est évident que le
bon scolaire va ressusciter la chasse
l'élève et amoindrir le prestige de l'in
stituteur.
Le Christene School y met plus de
fougue
Le système des bons scolaires
obligerait l'instituteur faire ia chasse
aux élèves il ferait dégénérer l'ensei
gnement en un trompe-l'œil il détrui
rait toute discipline et l'action morale
de l'instituteur deviendrait impossi
ble.. Ce n'estplus laguerre pour la belle
âme de l'enfant, mais la guerre pour la
tartine Tous les instituteurs com
munaux, adoptés et adoptables seront
coude coude dans la lutte pour la vie
ou la mort
L'abbé Fonteyne vieqt d'écrire
Créer le bon scolaire, c'est ravaler
l'œuvre si belle et si noble de l'éduca
tion du peuple un article de bazar
Insister serait cruel.
Une remarque pourtant nous n'a
vons par entendu de plaintes de la part
dlinstituteurs congréganistes. Parbleu!
Voilà trente ans qu'ils font la guerre
scolaire on veut leur donner des mil
lions pour qu'ils la mènent plus rude
ment ils canoniseraient M. Schol-
laert Le bon scolaire, c'est mal dit.
C'est bon des frères qu'il faut dire.
M. Scbollaert a mis dans son expo
sé des motifs un trait d'esprit qu'il
convient de savourer. Le dernier pa
ragraphe est libellé comme suit Tel
est le projet de loi soumis aux délibé
rations des Chambres. A tout esprit
non prévenuil apparaîtra comme un
développement organique de l'œuvre
scolaire nationale, basée sur la liberté
constitutionnelle.
Mais un quart de siècle de politique
scolaire cléricale nous a très fortement
prévenus, et il faudrait être... malin
comme une ouaille pour se laisser
prendre au jésuitisme du projet de M.
Scbollaert, rédigé dans l'officine con-
gréganiste pour les besoins de la caisse
des congrégations.
Nous disons pour commencer
car avec les idées de progrès qui ani
ment M. Schollaert, on ne peut pré
voir quel degré de perfectionnement
il prétend aboutir
Contribuables, ouvrez vos caisses
pour la gloire et la prospérité des cou
vents
®sîœs«s es
[Àma moyen infail-
!Cnc, |j|,|e et peu
COÛteux d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM. J.-J. OevOS,
carrelages, Tournai.
a» esesswsuese-s^es «s es«®*es<3S«x!»
A qui Se tour
L'abbé Fonteyne s'est prononcé ca
tégoriquement contre la loi scolaire. Il
ne représente rien, ont dit les journaux
cléricaux.
Et M. Planquaert
M. Planquaert, son tour, vient de
formuler sou avis en un article qui dit
notamment
On peut donc dire en conscience que
lorsque la nouvelle loi sera en vigueur
pendant une quinzaine d'années, les
couvents toucheront annuellement
vingt vingt-cinq millions de la caisse
de l'Etat et peut-être encore plus.
Nous le disons sans broncher, nous
préférons voir donner ces millions
des instituteurs laïcs qui ont charge de
famille et sont par conséquent beau
coup plus utiles ta patrie...
X* 17.
Le PROGR
Ons'atnnne au bureau lu journal, kuk db Dixmude, ai, Yprb*. Le* annonce*, e» faits
divers el le* réclaaa ;s suai reçu* pir l'a r ni luse oenl d Vare* ei es leui C: te Ire* au bureau
du Progrès. Pour la publicué e i Oins l s deux Flan 1res, s'ai.escr exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQQS3 TRItiSSAftl), 44, Boulevard Anspach, Bruxelles,
téléphone 5230.
A tout esprit non prévenu. Quelle spi
rituelle façon de dire que ce projet de
loi est rédigé pour attraper les naïfs
Liberté, égalité, progrès, dans le lan
gage clérical, cela signifie privilèges
aux couvents et vingt millions par an
dans leur caisse... pour commencer