AVIS
d'Extension
Universitaire
Hyg
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement.
CERCLE D'ÉTUDES
LE CLÉRICALISME
71e année.
PRIX DE L'ABONNEMENT
rocR la ville Par an 4 francs.
la province Par an 4 fr. 50
létranger Par an G fr 0O
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
AUX NOUVEAUX ABONNÉS.
Les personnes qui pren
dront un abonnement au
PROGRÈS pour 191 2(s
recevront gratuitement
partir de ce jour, jusqu'au
1 Janvier prochain.
ET
Y P RE S.
DANS L'HISTOIRE
Ce discours fait très nettement et
très éloquemment la distinction entre
le cléricalisme et le catholicisme.
Quoiqu'il ait été prononcé il y a plus
de soixante ans, il est toujours d'actu
alité
Voici ce discours
L impunité cléricale.
Elle est très significative, cette affaire
qui s'est déroulée devant les tribu
naux un curé, en chaire de vérité, au
cours de son sermon, n'a pas craint
de calomnier un de ses paroissiens.
Le paroissien n'était pas là, mais il fut
averti du procédé et porta plainte. Le
curé fut traduit devant le tribunal cor
rectionnel de Nivelles (le fait s'était
passé dans l'arrondissement de Nivel
les), qui le condamna il interjetta
appel, et la cour confirma la condam
nation.
Nous ne voulons pas attacher cette
affaire plus d'importance qu'elle n'en
a. Un curé peut commettre des écarts
de langage comme un simple particu
lier. Mais il est juste de dire que quand
ça lui arrive et surtout dans les circon
stances que nous venons de rapporter,
on doit taxer sa méchanceté avec plus
de sévérité que pour un simple ci
toyen.
En montant en chaire, le prêtre ne
det rait s'inspirer que de pensées de
mausuétude il devrait chasser de
son esprit tout sentiment de haine et
de colère. Rien ne l'excite rien ne
l'excuse donc s'il se la-sse aller des
violences de langage. Bien plus, sa
fonction donne ses paroles une au
torité généralement plus grande que
celle de la plupart des hommes elios
font pius d'effet, tlies portent plus loin
et plus profondément. Il ..»t dans une
chaire dite de vérité ses ouailles
commettraient le péché h pius grave
s'ils le soupçonnaient cap ible de men
songe.
On est enclin de se demander com
ment, de propos délibéré, de sang
froid, sachant le mal qu'il peut faire et
V 51.
l'union fait la force. S'arainsatt! le Dimanche. Vires acqlirit iundo.
On s'abonne au bureau du journal, hue de Dixmide, 33, Ypres. Les annonces, les faits
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQUES THIBE8ARD, 44, Boulevard Anspach, Bruxelles,
téléphone 3230.
Extension de l'Université Libre
de BRUXELLES
Cours «le >3.
professeuràla Faculté des sciences appliquées
ASTH JN O M I1 G
en 6 leçons, avec projections lumineuses
Dimanche 17 Décembre,
3 heures précises
au CAFÉ DE LA BOURSE,
i jêl I.i' iic,
>l<»iiY«'iii«'iit annuel «le la Terre.
Dimanche 7 Janvier 1912,
la- Soleil.
Dimanche 14 Janvier,
l.«» Système Solaire.
Dimanche 21 Janvier,
L'Univers Sidéral
DISCOURS
sur lit lilx-rié l'Iliiscigiituiicnt
prononcé l''assemblé'législative
lors de la discussion de la loi Falloux
le ij janvier i8jo
par VICTOR HUGO.
A un moment où, plus que jamais,
le cléricalisme apparaît comme l'enne
mi funeste de la société, il n'est pas
sans intérêt de rappeler l'admirable
discours qu'on va lire, prononcé par
Victor Hugo.
Messieurs, quand une discussion est
ouverte qui touche ce qu'il y a de plus
sérieux dans les destinées du pays, il faut
aller tout de suite, et sans hésiter, au fond
de la question.
Je commence par dire ce que je voudrais, je
dirai tout l'heure ce que je ne veux pas.
Messieurs, mon sens, le but, difficile i
atteindre et lointain sans doute, mais auquel
il faut tendre dans cette grave question de
l'enseignement, le voici. Plus haut plus
haut
Messieurs, toute question a son idéal.
Pour moi, l'idéal de cette question de l'en
seignement, le voici: Ldostructic gratuite
et obligatoire. Obligatoire au premier degre
seulement, gratuite -ou- les degrés. Mur
mures droite.—Applaudissements àgqu
che.) L'instruction primaiie obligatoire c'est
ledroitde l'enfant tou 'ement), qui, ne
vous y trompez pas, est plus sacré que le
droit du père et qui se confond avec le droit
de l'État.
Je reprends. Voici donc, selon moi, l'idéal
de la question l'instruction gratuite et obli
gatoire dans la mesure que je viens de mar
quer. Un grandiose enseignement public,
donné et réglé par l'État, partant de l'école
de petit village et montant de degré en degré
jusqu'au collège de France, plus haut enco
re, jusqu'à l'Institut de France. Les portes
de la science toutes grandes ouvertes
toutes les intelligences. Partout où il y a un
champ, partout où il y a un esprit, qu'il y
ait un livre. Pas une commune sans faculté.
Un vaste ensemble, ou pour mieux dire un
vaste réseau d'ateliers intellectuels, lycées,
gymnases, collèges, chaires, bibliothèques,
mêlant leur rayonnement sur la surface du
pays, éveillant partout les aptitudes et
échauffant partout les vocations. En un
mot, l'échelle de la connaissance humaine
dressée fermement par la main de l'État,
posée dans l'ombre des masses les plus ob
scures, et aboutissant la lumière. Aucune
solution de continuité. Le cœur du peuple
mis en communication avec le cerveau de la
France. Longs applaudissements.)
Voilà comme je comprendrai l'éducation
publique nationale. Messieurs, côté de
cette magnifique institution gratuite, solli
citant les esprits de tout ordre, offerte par
l'État, donnant tous, pour rien, les meil
leurs maîtres et les meilleures méthodes, mo
dèle de science et de discipline, normale,
française, chrétienne, libérale, qui élèverait,
sans nul doute, le génie national sa plus
haute somme d'intensité, je placerais sans
hésiter la liberté d'enseignement, la liberté
d'enseignement pour les les instituteurs pri
vés, la liberté d'enseignement pour les cor
porations religieuses, la liberté d'enseigne
ment pleine, entière, absolue, soumises aux
lois générales comme toutes les autres liber
tés, et je n'aurais pas besoin de lui donner
le pouvoir inquiet de l'État pour surveil
lant, parce que je lui donnerais l'enseigne
ment gratuit de l'État pour contrepoids.
[Bravo gauche. Murmures droite
Ceci, Messieurs, est l'idéal de la question.
Ne vous en troublez pas, nous ne sommes
pas près d'y atteindre, car la solution du
problème contient une question financière
considérable, comme tous les problèmes so
ciaux du temps présent.
Messieurs, cet idéal, il est nécessaire de l'in
diquer, car il faut toujours dire où l'on tend.
Il offre d'innombrables points de vue, mais
l'heure n'est pas venue de le développer. Je
ménage les instants de l'assemblée, et j'a
borde immédiatement la question dans sa
réalité positive actuelle. Je la prends où elle
en est aujourd'hui, au point relatif de matu
rité où les événements d'une part, et d'au
tre part la raison publique l'ont amenée.
A ce point de vue restreint, mais prati
que. de la situation actuelle, je veux, je le
déclare, la liberté de l'enseignement, mais
je veux la surveillance de l'Etat, et comme
je veux cette surveillance efficace, je veux
l'Etat laïque, purement laïque, exclusive
ment laïque. L'honorable M. Guizot l'a
dit avant moi, en matière d'enseignement,
l'Etat n'est pas et ne peut être autre chose
que laïque.
Je veux, dis-je, la liberté de l'enseigne
ment sous la surveillance de l'Etat et je
n'admets, pour personnifier l'Etat dans
cette surveillance si délicate et si difficile,
qui exige le concours de toutes les forces
vives du pays, que des hommes apparte
nant sans doute aux carrières les plus
graves, mais n'ayant aucun intérêt,
soit de conscience, soit de politique,
distinct de l'unité nationale. C'est tous
dire que je n'introduis, soit dans le
conseil supérieur de surveillance, soit les
conseils secondaires, ni évêques, ni délé-
guésd'évêques. J'entends maintenir, quant
moi, et au besoin faire plus profonde que
jamaiscette antique et salutaire sépara
tion de l'Eglise et de l'Etal qui était
l'utopie de nos pires, ët cela dans l'intérêt
do l'Eglise comme dans l'intérêt de l'Etat-
Acclamation gauche. Protestation
droite.)
Te viens de vous d;re ce que je voudrais.
Maintenant voici ce qùe je ne veux pas
Je ne veux pas de la loi qu'on nous appor
te.
Pourquoi
Messieurs, cette loi est une arme.
Une arme n'est rien par elle-même, elle
n'existe que par la main qui la saisit.
Or quelle est la main qui se saisira de
cette loi.
Là est toute la question.
Messieurs, c'est la main du parti clérical.
(Cest vtai. Longue agitation.)
Messieurs, je redoute cette main, je veux
briser cette arme, je repousse ce projet.
Cela dit, j'entre dans la discussion.
Je m'adresse, non certes, au vénéra
ble évêque de Langres, non quelque per
sonne que ce soit dans cette enceinte, mais
au parti qui.a, sinon rédigé, du moins inspi
ré le projet de loi, ce parti la fois éteint
et ardent, au parti clérical. Je ne sais pas s'il
est dans le gouvernement, je ne sais pas s'il
est dans l'assemblée mouvementmais je
le sens un peu partout.. Nouveau mouve
ment.) H a l'oreille fine, il m'entendra. (On
rit.) Je m'adresse au parti clérical et je lui
dit cette loi est votre loi. Tenez, franche
ment, je me défie de vous. Instruire, c'est
construire Sensation.) Je me défie de ce que
vous construisez. Très bien Tris bien.)
Je ne veux pas vous confier l'enseigne
ment de la jeunesse, l'âme des enfants, le
développement des intelligences neuves qui
s'ouvrent la vie, l'esprit des générations
nouvelles, c'est-à-dire l'avenir de la France.
Je ne veux pas vous confier l'avenir de la
France parce que vous le confier, ce serait
vous le livrer. Mouvement
Il ne me suffit pas que les générations
nouvelles nous succèdent, j'entends qu'elles
nous continuent. Voilà pourquoi je ne veux
ni .de votre main, ni de votre souffle sur
Je ne veux pas que ce qui a été fait
pah nos pères soit défait par vous. Après
cette gloire, je ne veux pas de cette honte.
(Mouvement prolongé.)
Votre loi est une loi qui a un masque.
(Bravo
Elle dit unechoseet elle en fait une autre.
C'est une pensée d'asservissement qui prend
les allures de la liberté. C'est une confisca
tion intitulée donation. Je n'en veux pas.
(Applaud. gauche.)
C'est votre habitude. Quand vous forgez
une chaîne, vous dites Voici une liberté
Quand vous faites une proscription, vous
criez Voilà une amnistie. (Nouveaux ap
plaudissements.)
Ah je ne vous confonds pas avec l'Egli
se, pas plus que je ne confonds le gui avec
le chêne. Vous êtes les parasites de l'Eglise,
vous êtes la maladie de l'Eglise. On rit.)
Ignace est l'ennemi de Jésus. Vive appro
bation gauche.) Vous êtes, non les croy
ants, mais les sectaires d'une religion que
vous ne comprenez pas. Vous êtes les met
teurs en scène de la sainteté. Ne mêlez pas
l'Eglise vos affaires, vos combinaisons,
vos stratégies, vos doctrines, vos am
bitions. Ne l'appelez pas votre mère pour
en faire votre servante. (Profonde sensa
tion.) Ne la tourmentez pas sous le prétex
te de lui apprendre la politique. Surtout ne
l'identifiez pas avec vous. Voyez le tort que
vous lui faites. M. l'évêque de Langres vous
la dit. (On rit.)
Voyez comme elle dépérit depuis qu'elle
vous a Vous vous faites si peu aimer que
vous finirez par la faire haïr En vérité, je
vous le dis (on rit), elle se passera fort bien
de vous. Laissez-la en repos. Quand vous
n'y serez plus, on y reviendra. Laissez la,
cette vénérable Église, cette vénérable
mère, dans sa solitude, dans son abnégation
dans son humilité. Tout cela compose sa
grandeur Sa solitude lui attirera la foule,
son abnégation est sa puissance, son humi
lité est sa majesté. Vive 'adhésion.)
Vous parlez d'enseignement religieux
Savez-vous quel est le véritable enseigne
ment religieux, celui devant lequel il faut
se prosterner, celui qu'il ne faut pas trou
bler. C'est la sœur de charité au chevet du
mourant C'est le frère de a merci rache
tant esclave. C'est Vincent de Paul ramas
sant l'enfant trouvé. C'est l'évêque de Mar
seille au milieu des pestiférés. C'est i arche-
vêqu 1 de Paris abordant avec un sourire, ce
form.dable faubourg Saint-Antoine, levant
son crucifix au dessus de la guerre civile, et
s'inqui -.nt peu de recevoir la mort, pour
vu qu'il apporte la paix. (Bravo Voilà le
véritable enseignement religieux, réel, pro
fond,efficace et populaire, celui qui, heureu
sement pour la religion et l'humanité, fait
encore plus de chrétiens que vous n'en de-
faites. \Longs applaudissements gauche.)
Ah nous vous connaissons Nous con
naissons le parti clérical. C'est un vieux
parti qui a des états de services. (On rit.)
C'est lui qui monte la garde la porte àe
l'orthodoxie. C'est lui qui a trouvé pour la
vérité ces deux états merveilleux, l'igno
rance et l'erreur. C'est lui qui fait défense
la science et au génie d'aller au-delà du
missel et qui veut cloîtrer la pensée dans le
dogme. Tous les pas qu'a fait l'intelligence
de l'Europe, elle les a faits malgré lui. Son
histoire est écrite dans l'histoire du progrès
humain, mais elle est écrite au verso.(Sen
sation.) Il s'est opposé tout. (On rit.)
C'est lui qui a fait battre de verges, Pri-
nollit pour avoir dit que les étoiles ne tom
beraient pas. C'est lui qui a appliqué
Campanella vingt sept fois la question pour
avoir affirmé que le nombre des mondes était
infini et entrevu le secret deja création.
C'est lui qui a persécuté Harvey pour avoir
prouvé que le sang circulait. De par Joué il
a enfermé Galilée de par St-Paul, il a em
prisonné Christophe Colomb. (Sensation.)
Découvrir la loi duciel, c'était une impiété
trouver un monde, c'était une hérésie. C'est
lui qui a anathematisé Pascal au nom de
la religion, Montaigne au nom de la mora
le, Molière au nom de la morale et de la reli
gion. Oh oui, certes, qui que vous soyez,
qui vous appelez le parti catholique et qui
êtes le parti clérical, nous vous connaissons.
Voilà longtemps déjà que la conscience hu
maine se révolte contre vous et vous deman
de Qu'est-ce que vous me voulez Voilà
longtemps déjà que vous essayez de mettre-un
bâillon l'esprit humain. (Acclamation
gauche.)
(A suivre.)
-rs «m ŒS«»'ft!ffiS®S8K«KœsiiffiiSH
iond moyen infan
terie?, 151,1e et peu
COÛteuX d'assécher les murs des
appartements humides, etc. Bâtis
seurs, écrivez MM J.-J. De VOS,
carrelages, Tournai.