Chronique de la ville.
la Chambre.
La Chambre a pris tout d'abord en
considération la proposition de loi de
M. Vandervelde relative une enquête
au Congo, puis a continué le débat sur
la vie chère.
Il a combattu également l'entrée du
bétail étranger les droits d'entrée sur
la viande devront rester ce qu'ils sont.
Il faut songer l'agriculture et penser
aux petits campagnards.
L'orateur fait ensuite le procès de
ceux qui veulent obtenir trop de jouis
sances dans la vie, ce qui provoque
des protestations.
Après un éloge... développé du gou
vernement, comme MM. de Broqueville
et Helleputte. M. Woeste a soutenu
que la cherté de la vie était due des
phénomènes généraux qui existent
même en Asie et il a terminé en invi
tant le pays se méfier des prometteurs
de beaux jours,
En protestant contre les mesures
prohibitionnistes du Gouvernement,
M. A'olf s'est déclaré partisan des mesu
res sanitaires la frontière, mais ré
duites au strict nécessaire. Il a soutenu
les revendications des herbagers et a
demandé l'abolition de certaines mesu
res inutiles et vexatoires qui frappent
les importations du bétail vivant.
(Nous publierons le discours in ex
tenso de notre député libéral dans
notre prochain numéro).
Le ministre a continué Jeudi.
Pendant le discours de M. Woeste
M. Paul Janson, complètement rétabli
a fait son entrée dans la salle des séan
ces applaudi par toute l'opposition.
Lit desli'uclio»
des cadavres d'iinimiiux.
Un arrêté royal confirme l'interdic
tion d'enfouir les cadavres d'animaux
déclarés impropres la consommation
pour cause des maladies indiquées
dans les arrêtés susvisés, se trouvant
sur les territoires des provinces de
Flandre Orientale et de Hainaut.
Les cadavres se trouvant sur le terri
toire de la Flandre Orientale continue
ront être enlevés et le service du clos
établi Heure, et les cadavres se tron-
vant sur le territoire des communes du
Hainaut devront être enlevés et dé
truits respectivement par les clos de
Blaton, de Cuesmes et de Chàtelet, ain
si qu'il est indiqué l'annexe jointe au
présent arrêté.
Le barème des salaires.
Un député ayant demandé au minis
tre des chemins de fer s'il ne serait
pas disposé faire remettre un exem
plaire du barème des salaires aux inté
ressés, il vient de lui être répondu que
rien ne s'oppose ce que les ou
vriers aient connaissance des barèmes
de salaires et de chevrons d'ancienne
té des carrières pécuniaires fictives
suivant lesquels ont été calculés les
arriérés des carrières réellement par
courues. Ils peuvent se renseigner
cet égard leurs chefs immédiats res
pectifs.
Il est remarquer toutefois que, au
cours de> exercices sur lesquels doi
vent se répartir les crédits successifs
qui consisteront l'importante dépense
annuelle prévue pour l'amélioration
du sort des ouvriers, les barèmes sont
susceptibles de revision, dans l'intérêt
même du personnel.
Les Ballottages en
A llema;^ lie.
Il ne reste donc plus que 3i députés
élire au Reiehstag. Quels que soient
les résultats de cette dernière journée
de ballottages, la majorité ne pourra
revenir encore au bloc bleu-noir des
conservateurs et des cléricaux. Tous
les partis de gauche, en etl'et, comp
tent un ensemble de 177 députés le
bloc gouvernemental n'en a que 133
lui opposer.
Le Centre perd jusqu'à présent 13
sièges sa défaite s'accentue chaque
nouveau scrutin. Cologne, la Rome al
lemande, est tombée aux mains du so
cialiste Hofrichter, grâce la concen
tration des anticléricaux.
Malgré des circonstances peu propi-
cesà une entente des gauches, il y avait
en effet, des radicaux et des nationaux-
libéraux en ballottage avec des socia
listes celle-ci s'est faite dans la plu
part des circonscriptions.
Les libéraux n'obtiennent pas les ré
sultats auxquels leur chiffre de voix
devait leur donner droit.
Avec un chiffre de voix supérieur
celui du parti Centre Jes libéraux ob
tiennent beaucoup moins de députés
que celui-ci.
De plus, en beaucoup d'endroits les
voix radicales sont allées entier le chif
fre des suffrages socialistes, et ce se
rait une erreur absolue de prendre
au pied de la lettre pour des progrès
socialistes le succès électoral rempor
té par la Social-démocratie.
Ce qui a triomphé en Allemagne,
c'es^ l'opposition au gouvernement
personnel aux agrariens atfameurs,
aux militaristes outranciers ce serait
forcer les faits que d'y voir un rallie
ment la doctrine socialiste.
Le fait le plus remarquable, nous
semble-t-il, c'est le ralliement des libé
raux de Cologne la candidature so
cialiste. Officiellement, eu effet, le co
mité des nationaux-libérauxavait laissé
pleine et entière liberté ses membres.
Malgré la fâcheuse influence que
leur vote pourrait exercer sur les bal
lottages de Westphalie, où les libéraux
sont en compétition avec les socialis
tes, les électeurs de Cologne ont voté
résolument gauche.
C'est un symptôme significatif.
Les trente-trois sièges auxquels il
fallait élire des députés la dernière
journée de ballottages sa sont répartis
de la façon suivante
Socialistes, 11 conservateurs, 1
nationaux-libéraux, 7 polonais, 2
parti d'Empire, 2 progressistes, 7
indépendants, 1 parti du Centre, 2.
Dès que les résultats des ballottages
de Jeudi ont été connus, on a pu éta
blir quelle serait la composition du
nouveau Reiehstag. La voici
Conservateurs 42 Nationaux Li
béraux 45; Unions Economiques, 13;
Polonais: 18; Parti d'Empire: 14;
Parti progressiste populaire 40 In
dépendants 21; Socialistes, 110;
Centre, 93.
M. Emile Vereamer, Conseiller la
Cour mixte d'Alexandrie, nous envoie
ses impressions d'un voyage fait la
célèbre Thèbes aux cent Portes.
Nous les insérons d'autant plus volon
tiers qu'elles intéresseront nos lecteurs
et qu'elles émanent du fils d'un de nos
plus vénérés concitoyens, M. Charles
Vercainer, qui s'est consacré pendant
plus de quarante ans l'enseignement
officiel de notre pays.
Une visite
la célèbre Thèbes
aux cent Portes.
A litre de souvenir.
Au moment où notre administration
se laisse aller des excès de fanatisme
en faisant une guerre sourde et hypo
crite l'école de la rue St Jean, nous
croyons^ntéressant de mettre sous les
yeux de nos lecteurs un passage d'un
discours qui fut prononcé en 1884 par
feu M. le Baron Surmonl de Volsber-
ghe, et que M. Brunfaut lui rappela
lorsque son administration décida la
suppression de notre Collège commu
nal.
Ce passage le voici
Et ce sujet permettez-moi de ré-
futer un bruit répandu par nos adver-
saires. Sentant combien l'opinion se
s tourne contreeux, ils nous calomnient.
Nous voulons, si nous arrivons au
pouvoir, supprimer le Collège com-
»munal, l'École moyenne et toutes les
écoles primaires et renvoyer tous les
professeurs, les instituteurs. Est-ce
assez absurde
Et quant au Collège et aux écoles
officielles. Il y a des abus réprimer.
sans doute, mais il y a aussi l'opinion
de nos adversaires respecter.
Il n'est jamais entré dans l'inten-
tion d'aucun de nous de priver un
grand nombre de nos concitoyens
des moyens de donner leurs enfants
une instruction et une éducation
leur convenance.
Nonsavonscombattu pourl'indépen-
»dance du père de famille catholique en
cette grave matière. Nous entendons la
««respecter chezle père de fami lie libéral.
Séance du Mercredi 24 Jaucier.
M. Woeste s'est déclaré hostile tout
dégrèvement d'impôt, l'Etat devant
faire face de multiples dépenses il
ne peut donc alfaiblir ses ressources.
M. Hector Denis a combattu, lui
aussi, la politique économique du ca
binet, puis traitant de la convention
monétaire internationale, il en a fait
aussi la critique. Un crédit en faveur
des petits cultivateurs dont le bétail
est atteint de stomatite aphteuse, a été
réclamé par MDejardin, puis M. Vande
Vyvere, ministre de l'agriculture, a
répondu aux divers orateurs. Le Gou
vernement ne saurait être responsable
des grands courants économiques qui
font hausser les prix. S'il dégrevait
demain certains impôts, la cherté de la
vie persisterait sur le prix des denrées
l'étranger, plusieurs d'entre elles
étant beaucoup plus chères qu'en Bel
gique. L'utilité des quarantaines, le
peu d'élévation de nos droits d'entrée,
la question de l'interdiction de la
viande congelée, ont rempli la seconde
partie de son discours.
mm œttrrwrtrTs
La composition du nouveau Reiehstag.
Vous savez déjà que j'ai profité des fêtes
du Courban Bairan pour montrer Anaïs les
admirables restes de la célèbre Thèbes aux
cent portes. Le spectacle des ruines magni
fiques de la plus opulente des Cités de
l'Antiquité dépasse d'ordinaire toutes les
prévisions. Ce fut le cas pour Anaïs.
Nous éprouvons le besoin de vous com
muniquer nos impressions et nous croyons
d'ailleurs que cette communication pourra
être utile ceux de nos amis de Belgique
auxquels viendrait l'heureuse inspiration de
venir passer l'hiver dans la Haute Egypte.
J'étais venu une première fois Louxor
(vous vous en souviendrez peut-être) en Fé
vrier 1880. Que de changements depuis lors!
A cette époque, le village de Louxor car ce
n'était qu'un village) se composait de quel
ques masures, installées dans les ruines mê
mes du Grand Temple de Aman-Ra ou épar
pillées autour du Temple dont on ne voyait
que quelques tronçons de colonnes, la partie
supérieure du pylône d'entrée et l'une des
des deux obélisques originairement établies
devant le pylône (l'autre était celle qui orne
maintenant la Place de la Concorde Paris).
Mais aujourd'hui, toutes ces masures ont
disparu et le Temp.e est presque entièrement
déblayé on n'y voit plus qu'une petite mos
quée et quelques masures encombrant une
superticie relativement petite du monument
qui est immense et droite et gauche du
I emple, s'étend maintenant une ville d'envi
ron 12,u00 habitants. Ville banale la venté,
mais comprenant pourtant, côté des maga
sins que l'on trouve dans tous les lieux de
villégiature, quelques demeures somptueuses,
parmi lesquelles émerge la monumentale
construction du Wlnter Palace Hôtel qui
semble vouioir rivaliser, par ses dimensions
et son architecture avec le fameux Temple
de l'ancienne Thèbes. Ce splendide Hôtel
est, avec le Grand Hôtel et le Savoj M0:el,
la propriété d'une société anglaise, qui
compte parmi ses administrateurs deux de
nos compatriotes, M. Regemates et l'avocat
Mergbaele.
Une visite superficielle des vestiges de
l'ancienne Thèbes prend ordinairement trois
journées. 11 en faut une, rien que pour par
courir l'ensemble des ruines majestueuses
auxquelles le village de Karnak a donné son
nom. - De la salle hypostile du Grand
Temple de Karnak, on a pu dire qu'elle au
rait due être classée par les anciens parmi les
sept merveilles du monde. Deux journées
sont nécessaires, d'autre part, pour la visite
de l'ancienne nécropole de Thèbes, sise sur
l'autre rive du Nil c'est dire la rive gauche.
II y a 30 ans, lors de ina première excursion
Louxor, l'on se rendait sur la rive gauche
pour visiter les Colosses de Memnon, les
Ruines de Rameseum et de Midinet Habou
et surtout la Vallée des Tombeaux, si aride
et si pittoresque, connue sous le nom de
Biban El Moulouk. Mais depuis cette épo
que, aux cent quarante-sept tombeaux des
rois, aujourd'hui découverts, sont venus se
joindre, dans une vallée avoisinante non
moins pittoresque et aride, ce qu'on appelle
les Tombeaux des Reines au nombre de
soixante-dix, dont la plupart ont été explorés
en 1903-1904, par la mission italienne dirigée
par E. Schiaparel;;, ainsi que le Temple de
Deir El Bakri qui a été déblayé de 1904-1906
par l'Egypt Exploration Fund, sous la direc
tion de M. Eduard Navilli.
La localité de Deir El Bakri est moins cé
lèbre par le Temple déblayé en 1894-1896
que par l'étonnanie découverte faite vers la
même époque d'un grand nombre de momies
royales qui y furent transférées de la vallée
de Biban El Moulouk uneépoque inconnue,
apparemment pour être mises l'abri de
violations redoutées une'époque de tour
mente politique. C'est là qu'on a retrouvé
toutes les momies royales, y compris celle
de Ramsès II, le fameux Sésostris des Grecs,
que l'on peut voir maintenant au Musée du
Caire, exposées dans des cercueils vitrés,
sic transit gloria mundi.
Le Temple de Deir El Bakri mérite pour
tant une visite, aussi bien que les Tombeaux
des Reines. Tout au moins ne peut-on se
dispenser de voir deux de ces tombeaux, ad
mirablement ornés de reliefs de la plus
grande finesse, gravés et peints sur stuck et
se distinguant par l'extraordinaire fraîcheur
qu'ont gardé les couleurs, le premier celui
de la femme de Ramsès 111, et le second,
celui d'un de ses fils. Le numéro 55 de ces
derniers tombeaux est retenir, la nécropole
en guestion comprenant plusieurs tombes de
divers fils de Ramsès 111, lequel eut, paraît-
il, une nombreuse progéniture.
A Biban El Moulouk, nous avons visité
quatre des tombeaux spécialement recom
mandés par Baedeker, ce sont respective
ment les numéros 9,1117 et 35. Ce dernier,
est le seul qui contienne encore des momies,
notamment celle du Pharaon qui la fit édi
fier, le célèbre Amenophis II. Il fut découvert
par Loret en 1898.
Le plus remarquable de tous les tombeaux
de la vallée de Biban El Moulouk est, indu
bitablement, celui de Sethos 1, appelé aussi
tombeau de Belzoni du nom de celui qui
le découvrit en Octobre 1817. il égale com
me grandeur, les tombeaux de Ramsès III,
mais se distingue, non seulement par ses
dimensions, mais encore et surtout par l'in
comparable splendeur de sa décoration qui
rappelle les admirables sculptures murales
d'Abisdos.
Les Tombeaux des Rois et des Reines le
Rameseumoù l'on voit les restes du
Colosse de Ramsès II la plus gigantes
que des statues de l'Antiquité le Temple de
Medinet Habou. remarquable par les re iefs
qui ornent tous ses murs, intérieurs ou exté
rieurs, reliefs dont une notice explicative des
plus instructives a été faite en 1897 par M.
Daressy (on y remarque notamment les types
des différents peuples vaincus par Ramsès
111, les Shardanu ou Sardes, les Shakalaskas
ou Sicuces, les Touirska ou Tyrahéniens, les
Poulersta ou Philistins, les fameux colosses
de Memnon, qui se trouvent moitié chemin
de Midinet Habou et du Rameseum; et enfin
le Temple de Deir El Bakri), voilà qui
demande être vu sur la rive gauche du
Nil formant l'emplacement de la Nécropole
de Thèbes.
Le touriste qui n'a pas de tçmps perdre
pourra négliger le Temple funéraire de
Sethos I sis la vallée de Biban El Mou
louk, les hypogées établis dans la colline de
Cheik Abdel Kourna par de hauts fonction
naires de la XVIII dynastie, hypogées beau
coup moins remarquables que ceux des
grands personnages de Memphis que l'on
peut voir Sahkara c'est dire une courte
distance du Caire. On peut même négliger le
petit temple Plolémaique de Deir El Mediné,
trop vanté par Baedeker.
L'excursion aux tombeaux des Rois se fait
d'ordinaire en même temps que la visite du
Temple et des hypogées de Deir El Bakri,
qui sont adossés au flanc d'une montagne de
grès séparant la vallée de Biban El Moulouk
de la plaine de Thèbes. Baedeker observe
ce propos que le Temple de Deir El Bakir
se visite mieux vers la fin de l'après-midi il
faut (dit-il) éviter les heures de midi où le
soleil darde précisément ici des rayons brû
lants réflectés encore par les rochers. Cette
fois Baedeker a bien raison je le sais par
expérience ayant encouru en 1880 le grand
danger d'une insolation pour avoir fait l'ex
cursion le matin en commençant par la vallée
des Tombeaux conformément au programme
des drogmanset des guides,ce qui m'aamené
en plein midi sur la colline de Deir El Bakri.
Cette fois-ci, j'ai fait au contraire l'excursion
en commençant par Deir El Bakri et en par
tant de mon hôtel de grand matin. On ne
saurait trop recommander aux touristes de
s'affranchir de la tyrannie des guides qui
prétendent imposer leur programme aux tou
ristes et de faire l'excursion en question soit
en partant le matin de très bonne heure par
Deir El Bakri, soit en ne partant que l'après-
midi vers trois heures si l'on tient parcourir
d'abord, les célèbres et incomparables gorges
de Biban El Moulouk.
Les voyageurs quelque peu expérimentés
feront bien de se passer de l'entremise des
drogmans et de se mettre l'abri de leurs in
sipides explications. Les cochers et les âniers
suffisent au voyageur muni de l'inévitable
Baedeker.
Quant moi, j'ai eu, cette fois-ci, la gran
de chance d'être piloté dans les ruines de
Karnack par M. Legrain en personne, l'ai
mable et savant directeur des fouillent re
constitutions de Karnack, travail gigan
tesque entrepris depuis plus de dix ans, et
dont on est encore loin d'entrevoir la fin. Ce
n'est pas une sinécure qui a été confiée M.
Legrain pour le service des Antiquités.
Aussi n'aurais-je pas pas osé mettre profit
l'obligeance de l'actif collaborateur de M.
Maspers, si je n'aurais su qu'il a bien voulu
me consacrer son jour de repos hebdoma
daire, qui est là le Mardi, jour du marché
hebdomadaire de Louxor. M. Legrain ne sert
ordinairement de guide qu'aux princes des
familles royales ou aux savants notables.
C'est lui qui a servi de guide nos jeunes
et gracieux Souverains, le Roi Albert et la
Reine Elisabeth, dont on peut voir chez lui
les sympathiques portraits avec de grosses
signatures, qui leur donnent une valeur
particulière.
En ce qui me concerne, j'ai plus appris en
deux heures d'excursion sous la conduite de
M. Legrain qu'après deux semaines de
lecture. E. V.