Dimanche, 18 Février 191:2.
72e année. 7
Journal de l'Alliance libérale cTYpres et de l'Arrondissement.
Pour la défense nationale.
Un Drojj'i aminé.
L'entrée du bétail
en Belgique.
Emile Vercamer.
L FAIT LA FORLE
PRIX RE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs
p' la province Par an 4 fr. 50
p' l'étranger Par an 0 fr 0O
Dimanche, s'est tenue Bruxelles
une nouvelle assemblée des délégués
des sociétés d'officiers retraités, des
comités fédéraux d'ex-sous-officiers et
d'anciens militaires, ainsi que des re
présentants de la Ligue de la défense
nationale.
Convié par les principaux membres
de cette réunion, le lieutenant général
Ducarne a pris la direction des travaux
de cette assemblée.
Après qu'il eut été donné lecture du
procès-verbal de la précédente réunion,
le lieutenant général Ducarne a affirmé
le caractère puremeut national du
mouvement en faveur de la défense du
pays il convient que nul parti politi
que ne puisse être considéré comme le
but visé par elle de quelque part
qu'ils soient, tous les patriotes doivent
se serrer fraternellement les mains
dans leur marche en avant. Pour réus
sir, l'union est indispensable elle est
l'idée inspiratrice de tous les groupe
ments patriotiques ici représentés el
le sera le seul moyen de réussir 1
Les défauts et les insuffisances de
notre état militaire ont été suffisam
ment mis jour dans le public, par la
presse, et devant la nation, par nos par
lementaires. Les remèdes y apporter
sont de deux ordres immédiats et
médiats. Les événements auxquels
nous venons d'échapper peuvent se
représenter demain. 11 convient de
s'en prémunir sans tarder, en allant au
plus pressé. Les autres manquements
pourront faire l'objet d'examens ulté
rieurs.
Parmi les mesures prendre immé
diatement, nous mentionnons 1° La
suppression du chiffre fatidique de
42,800 hommes d'effectif moyen. 11 est
abusif/puisqu'il devrait être fixé par la
loi du budget. 11 est irrationnel, con
traire au bon sens, car un produit ne
peut être immuable lorsqu'un des fac
teurs (le contingent) est variable et
l'autre (présence sous les armes) est
fixe.
2°) La création d'un organisme stable
pour l'étude et la conception de nos
moyens militaires. Actuellement, le
seul pouvoir qui monopolise la défense
nationale est le ministère de la guerre,
aidé ou contrarié suivant le cas
par les autres départements. Ce sont
des moyens instables, politiques et im
puissants. Il faut y substituer un pou
voir réel, permanent, de haute portée
et d'action pratique, tel, par exemple,
un Conseil supérieur de la défense
nationale, placé sous la présidence du
Roi, chef suprême des forces de terre
et de mer, d'après la Constitution du
chef d'état-major général.
3") La création immédiate des trou
pes territoriales pour couvrir la mobi
lisation, en appelant sans retard l'ac
tivité les gardes-civiques sur toutes nos
frontières menacées.
i") Un essai au printemps prochain
ou en été, au plus tard, de mobilisation
d'une division d'armée, d'une division
de cavalerie et d'une place forte de la
Meuse.
La réunion a décidé de borner ces
quatres résolutions le programme des
desiderata réaliser immédiatement.
Les diverses questions seront reprises
éventuellement dans l'avenir, ainsi que
toutes les autres sur lesquelles il im
porte que le pays obtienne satisfaction.
Le mouvement comprendra l'orga
nisation de conférences et de cause
ries, ainsi que l'envoi de brochures
nombreuses, de façon éclairer la na
tion sur la situation actuelle, sur les
dangers qu'elle crée et sur la nécessité
d'y porter remède.
Pour y arriver, les diverses sociétés
et fédérations, tout en conservant leur
vie propre et leur indépendance com
plète, se grouperont provisoirement
sous le nom de Union des sociétés
pour la défense nationale. Cette Union
servira plutôt de guide et d'appui aux
divers groupements confédérés son
existence, passagère, prendra fin lors
que sera atteint ie but de la campagne
qui vient de s'ouvrir. La direction du
mouve.uent sera donnée par un co
mité provisoire Ont été élus prési
dent, lo lieutenant général Ducarne
vice-présidents, le lieutenant général
Jacobs, président de la Société géné
rale des officiers retraités, ef M. Hen-
nebicq, président de la Ligue de la dé
fense nationale secrétaire général,
M. Knudsen secrétaire, M. tluvenne
trésorier, M. Gravez.
Une résolution sera rédigée dans le
sens des décisions dont il vient d'être
question un exemplaire en sera pré
senté aux Chambres législatives et au
Roi, chef suprême des forces natio
nales.
Enfin, pour subvenir aux dépenses
que nécessiteront l'impression et la
distribution des brochures très nom
breuses, des instances seront faites
auprès des organes de la presse pour
que des listes de souscription soient
ouyertes par eux en faveur de la défen
se nationale.
De la Gazette
Après l'extraordinaire campagne clé
ricale provoquée par l'interpellation
Vandervelde, après les manœuvres par
lesquelles on a tenté, en dénaturant les
paroles prononcées la Chambre, de
modifier le sens et la portée des criti
ques formulées, ie discours prononcé
par M. Itymans dans la discussion du
budget du ministre des Colonies, vient
remettre les choses au point.
Ce discours calme, modéré, n'invo
quant que des faits incontestables, basé
comme l'a constaté l'orateur sur ce qui
fut reconnu par MAL RenkinetTibbaut,
ne peut manquer, de produire une vive
impression.
Il a le mérite, tout d'abord, de dire
clairement ce que la Gauche pense du
rôle des missionnaires. Elle ne songe
pas méconnaître ce rôle. Mais elle
veut que les missionnaires ne soient
pas placés au-dessus des lois; elle veut
que la grave, l'essentielle mission d'é
ducation qui leur est confiée soit exer
cée sous le contrôle effectif des autori
tés civiles. Pour justifier cette façon de
voir, M. Hymans ne s'est appuyé que
sur des faits point contestés. Et c'est
encore sur un fait acquis qu'il a basé sa
critique concernant la suspension de
l'action judiciaire en faveur d'un mis
sionnaire. M. Hymans a pu ainsi défen
dre, comme il le méritait, le rapport de
M. Leclercq, tant attaqué, et qui est
une œuvre de bonne foi, ce que l'on a
reconnu en prenant certaines mesures
que ce rapport appelait.
Tout le discours de M. Hymans a été
aussi serré. Les coloniaux, ceux qui
connaissent la Colonie, sont unanimes
dénoncer les inconvénients d'une
centralisation mesquinement bureau
cratique, qui régie tout Bruxelles,
qui rend des décrets qu'on ne peut ap
pliquer et qui fait résider Bruxelles
le gouverneur général. Il a dit la néces
sité de constituer un Gonseii de gouver
nement ec des Conseils de province ca
pables de proposer certaines mesures
conformes des besoins étudiés sut-
place, celle de modifier le recrutement
du personnel inférieur en relation avec
l'indigène, etqui fournit les agents char
gés de pratiquer la politique indigène,
si délicate et exigeant tant de clairvoyan
ce, de jugement.
Il a dit enfin le danger d'une situation
qui fait dépendre le Katanga de che
mins de fer étrangers. Il a répété enfin
qu'il faut abandonner la conception du
profit immédiat, qui fut cause de ses
grands maux, en Afrique et chez nous,
pour considérer comme elle doit l'être
une œuvre d'avenir..
Cediscoursaété très peu interrompu,
parce qu'il ne disait rien que d'indiscu
table. C'était la critique serrée, mais
modérée d'un système mais c'était en
même temps un programme, raisonna
ble et ferme.
C'était presque le discours que le
ministre eut dû prononcer lui-même,
car un gouvernement peut, sans se di
minuer, envisager clairement les er
reurs commises, et leur proposer des
remèdes.
Une délégation d'éleveurs, d'en-
graisseurs du bétail, de marchands et
de commissionnaires a été reçue par le
Ministre des Travaux Publics et de
l'Agriculture.
Ces messieurs ont insisté pour que
le gouvernement autorise l'entrée du
bétail maigre de provenance françai
se, sans distinction d'âge. Ils ont de
mandé que l'importation puisse se fai
re tous les dix jours et que les étables
de quarantaine de la frontière soient
agrandies afin de leur permettre l'ac
cès d'un grand nombre de tètes de bé
tail. Ilsontdemandé aussi que l'on mo
difie certains articles du règlement,
notamment, en ce que concerne la dé
livrance des certificats par les préfets
et maires. Enfin ces messieurs Qnt atti
ré l'attention du ministre sur la pénu
rie du bétail maigre indigène cette
pénurie est si considérable que nos
prairies vont être, pour une bonne
part, dégarnies d'animaux.
Le ministre a déclaré qu'il allait exa
miner avec attention ces différents
points.
si* si8.«»&(®?SS!3Sa'r3JK-,®>S«œ,®ï,SÏ
A la Chambre.
La Chambre s'est occupée ensuite des
élections communales, validations et
invalidations, et MAntoine Delporte
a démontré la partialité du gouverne
ment en fait de réclamations électo
rales. Il accepte celles de ses amis et
repousse celles de ses adversaires
sans se préoccuper si elles sont justes.
Dans sa défense des décisions prises
par la Députation permanente du Bra
dant concernant les scrutins d'Etter-
beek et d'Anderlecht, il a cité de nom
breux fails de fraude. Et il a fait appel
la Chambre pour que les éleclions
redeviennent honnêtes.
Puis M. Capelle a critiqué la déci
sion du gout rnementau sujet de I élec
tion communale du Cul-des-Sarts. La
liste de présentation des cléricaux
n'avait pas été signée suivant le vœu
de la loi.
Après un long débat sur le dévelop
pement, donner la discussion, la
Chambre a décidé d'en finir le jour
même et de voter le lendemain. La
parole a été accordée M. Berryer et
il en a profité pour justifier ses arrêtés.
A Anderlecht les actes dénoncés n'é
taient pas de nature peser sur les
résultats de l'élection. En validant cel
le-ci, il a obéi la jurisprudence de
son département.
Très souvent interrompu, le ministre
de l'intérieur a soutenu qu'il n'avait pas
innové, qu'il avait appliqué la loi sui
vant l'esprit dn texte et que ce n'était
pas lui blâmer certains procédés de
propagande.
En ce qui regarde Etterbeek, il n'y
aurait eu, d'après lui que des cas de
libéralités insignifiantes et non des
fraudes.
Aux applaudissements de la Gauche,
M. Hymans a terminé en flétrissant la
fraude et le gouvernement qui l'avait
servie et approuvée.
Après quelques mots de M.
Wauwermans la séance a été levée
7 h. 1/2.
jff'îi'ïfl ySTîi? fffif
Les nombreux amis que compte en
Belgique M. Emile Vercamer, conseil
ler la Cour d'appel d'Alexandrie, au
ront appris avec autant de peine que
d'étonnement que notre distingué
compatriote et ami, entré il y a trente-
trois ans dans la magistrature égyp
tienne, venait d'être amené donner
sa démission et allait s'établir comme
avocat Alexandrie.
Les motifs de cette démission, qui a
causé en Egypte une grande émotion,
n'apparaissent pas très clairement dans
les nombreux articles que les journaux
égyptiens y ont consacrés. Mais nous
tenons, en attendant de plus amples
renseignements, reproduire l'un de
ces articles, paru dans un journal
d'opinion plutôt conservatrice, le Mes
sager, et qui rend un bel hommage au
mâgistrat si distingué dont on a si sou
vent eu l'occasion de regretter ici le
départ pour l'Egypte, et qui, on le sait,
n'a pas été moins apprécié en Egypte
que chez nous
i*arai#Hftnt le iïittianche.
Vires acquirit iuudi
Od s'abonne au bureau du journal, hue de Dixmide, 53, Ypres. Les annonces, les faits
divers et les réclames sont reçus pour l'arrondisseraen d'Vpres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQUES THIBE8ARD, 44. Boulevard Anspach, Bruxelles,
téléphone 5230.
ANNONCES:
Annonces 15 centimes la ligne
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la 1 igne.
.1
M. Mechelynck par une motion d'or
dre a réclamé plus de célérité dans le
dépôt des rapports des budgets et de
certains projets de loi et If. le Président
a abondé dans ce sens. Puis M. Hubert
a appris la Chambre que les patrons
acceptaient le projet de loi voté l'una
nimité par la législature, eu vue de la
grève du Borinage. Cette bonne nou
velle a été accueillie par des applau
dissements.
M. Paul Hymans a répondu au mi
nistre en mettant en relief des fraudes
qu'il ne voulait pas voir et il a cité des
cas convaincants d'une gravité incon
testable. Ce sont des fraits isolés, a dit
le ministre, mais ils avaient une im
portance capitale puisqu'ils ont changé
le résultat de l'élection.
La démission de M. Emile Vercamer,
Conseiller la Cour d'Appel Mixte, suivi
de celle de son collègue êt ami M. Kebedgy,
n'a pas été sans' émouvoir profondément
tous ceux qui s'intéressent au sort des Tri
bunaux de la Réforme. Les commentaires
les plus variés et les plus contradictoires
ont essayé de situer la signification
de cette double démission. On a parle d'in
cidents regrettables, de divergences abso
lues de vue entre les Conseillers démission
naires et leurs collègues, on a parlé d'un
parti d'opposition qui se serait formé et
même de partis-pris qui se seraient fait
jour. Mais tous ces commentaires plus ou
moins tendancieux péchaient par la base,
puisqu'il n'y avait pas moyen d'en contrôler
l'exactitude. Aussi bien, il nous parait inu
tile d'insister aujourd'hui sur le caractère
de la démission de ces deux éminents magi
strats et juristes, des travaux desquels l'in
stitution jud.':aire mixte va être pr vé. Le
moment viendra où nous pourrons en par
ler en connaissance de cause. Puissioiî-nous
alors ne pas avoir déplorer, er même
temps que .eur départ, le premier coup
droit porte a l'existence des tribunaux de la
Réforme