Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de F Arrondissement.
Dimanche, 10 Mars 1912.
72e année.
10.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pocr la. ville Par an -4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
pr l'Etranger Par an 0 fr. 0O
ANNONCES
Annonces: 15 centimes la ligne.
Réclame? 25 a
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
La fin d un régime.
Sous ce titre, M. Paul Hymaiis publie
dans le Renouveau uu petit jour
nal libéral créé en vue des élections
prochaines, un article qui résume briè
vement, et de façon fort heureuse, la
situation la veille de ces élections
Tout le monde sent, dit M. Hymans,
que nous approchons de la fin d'un
régime. Il n'y a pas hors de la Belgi
que, de pays parlementaire où l'on ait
vu un même parti détenir le pouvoir
pendant vingt-huit ans. La justice,
l'équilibre, l'égalité, l'équitable distri
bution des emplois publics, la tolé
rance ne peuvent être assurés quand
un parti conserve pendant une durée
aussi longue, et sans interruption, la
direction exclusive des affaires, le
monopole de l'administration. 11 affai
blit le pays, en écartant de la gestion
des intérêts publics des éléments vi
goureux et intelligents, que l'esprit de
coterie et, le pire de tous, l'esprit con
fessionnel, proscrivent, irritent ou dé
couragent. Il aboutit la routine et
l'impuissance.
Un renouveau s'annonce il est né
cessaire. Et les cléricaux eux-mêmes
ont l'impression, imparfaitement dissi
mulée sous une fausse affectation de
confiance, que leurs ressources en
bommeset en capacités sont épuisées
et qu'un changement de climat politi
que estdans l'ordre naturel des choses.
Le parti libéral, il y a vingt ans, a
subi une crise analogue. 11 était, àcette
époque, vieilli. Surpris par le brusque
avènement de la démocratie, il devait
se refaire, se renouveler, s'adapter au
milieu, l'atmosphère du suffrage gé
néralisé. Cette œuvre de reconstitution
et de rajeunissement est opérée au
jourd'hui. Et le libéralisme nouveau
est même d'accomplir les Lâches
qu'impose la Belgique lesouci de son
développement moral, intellectuel et
économique l'égalisation du droit de
vote, l'instruction obligatoire, l'orga
nisation de l'enseignement profession
nel, la réfection de la défense natio
nale, la constitution d'un système
efficace de prévoyance sociale.
N'est-ce pas une chose inouïe que,
dans l'état actuel de l'Europe, nous
n'ayons en Belgique ni l'obligation
scolaire, ni une loi d'assurance contre
la vieillesse et l'invalidité, ni une ar
mée capable de garantir l'indépendan
ce du pays
C'est que depuis un quart de siècle
une pensée a dominé toute l'activité
gouvernementale, dicté et imprégné
toutes les initiatives du pouvoir faire
tout ce qui peut servir l'influence du
clergé dans l'Etat, ne rien faire qui
l'énerye ou le diminue.
Que l'on envisage notre législation
scolaire, notre législation militaire,
notre législation sociale, partout la
même idée se retrouve. Elle a empêche
jusqu'en 4909 la réalisation du principe
du service personnel elle a suscité les
projets scolaires contre lesquels l'opi
nion publique s'est insurgée et qui
reparaîtront si la majorité n'est pas
renversée elle inspire toutes les lois
sociales, qui, sous le couvert du sys
tème de la liberté subsidiée, ont été
combinées dans le but de remettre au
clergé la distribution des subsides de
l'Etat et la direction des groupements
économiques et professionnels de la
classe agricole et ouvrière.
Il est temps de dégager l'intérêt pu
blic de cette armature cléricale et con
fessionnelle, et de donner aux forces
nationales les moyens de s'épanouir
librement, en pleine indépendance,
avec leur maximum d'efficacité.
Le parci libéral a montré, dans le
passé, qu'il était apte remplir cette
mission. Les jeunes générations con
naissent peu notre histoire politique
belge. Elles sont nées sous le régime
clérical. Il est bon de leur rappeler que
pendant les périodes les plus difficiles
et les plus glorieuses de notre vie na
tionale, le parti libéral gouvernait, et
que c'est lui, en somme, qui a posé les
fondements et élevé les murs de notre
édifice politique et économique. Il a
protégé la Belgique, dans des moments
critiques, contre les périls du dedans
et du dehors.
Notre jeunesse contemporaine doit
s'initier l'histoire de ceux qui l'ont
précédée, l'histoire éloquente du ré
gime libéral de 1847 1855, de 1857
1870, de 1878 1884.
Elle y trouvera maints sujets d'or
gueil et de réconfort.
MiH? 'lai# x fiilf? - SA rfjjj -j'frf
Leur compétence!
Nos bons ministres cléricaux n'ont
pas la main heureuse quand ils s'occu
pent d'intérêts matériels.
On se souvient des modifications de
tarif de chemins de fer décrétées par
M. de Broqueville. M. Boèl, député
libéral de Soignies, montra la Cham
bre qu'il en résulterait une charge
êcràsante pour notre industrie et l'As
sociation des Maîtres de forges de
Charleroi, dans une circulaire récente,
prouva que cette modification, sans
danger d'après le Ministre représen
terait pour chacune des grandes Acié
ries du bassin de Charleroi une dépen
se supplémantaire de 200 300,000 fr.
par an, soit mille francs par jour de
travail.
Le Ministre dut renoncer la modifi-
cation des tarifs. Mais celle-ci était dé
crétée et serait entrée en vigueur sans
les efforts de M. Boëlet les vigoureuses
protestations des industriels. N'est-ce
pas significatif
Autre fait M. Carton de Wiart a dé
posé uu projet de loi sur l'exception de
jeu. Or, ce projet est si mal fait, il tient
si peu compte de l'organisation du mar
ché des fonds publics, qu'un tollé gé
néral s'élève dans le monde de la ii-
nance contre le projet ministériel.
M. Carton désire en finir avec l'im
morale exception de jeu opposée par
des spéculateurs de foi douteuse, et il
propose un régime qui non seulement
serait pire que la situation actuelle,
mais mettrait même en danger la léga
lité des reports sur fonds publics il
obtient le résultat opposé celui cjue
les hommes d'affaires réclament et
qu'il veut réaliser
N'est-ce pas que nous avons des mi
nistres compétents
Autre fait M. Vandevyvere, discu
tant la question de la vie chère, a dé
claré avec sérénité la Chambre qu'en
Belgique, le froment coûte un franc
moins cher qu'à Londres, grâce l'ap
point du marché indigène et l'esprit
de sacrifice de nos agrariens Les né
gociants en grains en rient encore. Il
suffit de posséder les notions les plus
élémentaires sur les marchés interna
tionaux en matière de céréales, pour
savoir que le prix du blé sur ces mar
chés est absolument solidaire et qu'il
est impossible qu'il en soit autrement.
M. Vandevyvere, ministre de l'agricul
ture, a simplement perdu de vue que
la qualité du froment indigène est infé
rieure celle du froment avec lequel
il a fait la comparaison, ou bien il lit
des statistiques sans les comprendre.
N'est-ce pas que ces trois faits en
disent long sur la confiance que l'on
peut avoir dans la sagacité et la scien
ce de nos ministres
Il est vrai que c'est un ministère de
liquidation et que la droite n'avait plus
de choix.
L'impartialité du
Gouvernement clérical.
On sait que M. Berryer a refusé d'an
nuler l'élection d'Etterbeek, malgré les
preuves constantes de la fraude com
mise. Motif il n'était pas établi a son
avis, que les fraudes, constatées et
avouées, eussent modifié les résultats
de l'élection.
A Hemixem, la députation cléricale
d'Anvers a annulé, au contraire, l'élec
tion communale du mois d'Octobre
dernier. Là, il n'y avait pas de fraude
établie. Il s'agissait simplement d'une
circulaire, recommandant de voter
la fois entête de la liste et côté du
nom d'un candidat. Personne n'avait
pu établir de qui émanait cette circu
laire et en tous cas le recensement des
bulletins démontrait que si manœuvre
il y avait, elle n'avait pu modifier le ré
sultat de l'élection.
Malgré cela, la députation cléricale
d'Anvers annula l'élection et M. Ber
ryer ne fit prendre aucun recours con-
t; oette décision.
Vérité Etterbeek, erreur Hemi
xem.
La raison de la différence, on la de
vine Etterbeek l'élection était favo
rable aux cléricaux Hemixem, elle
était favorable aux libéraux.
Et la seconde élection Hemixem,
les cléricaux se livrèrent une corrup
tion éliontée, dont leparquetest actuel
lement saisi.
Inutile de dire que M. Berryer la fera
valider.
N'est-ce pas que nous vivons sous un
régime de loyauté et de justice politi
ques
Lu coup de parti.
Depuis plus de vingt ans, la jolie pe
tite commune de Freeren était admi
nistrée, la satisfaction générale, par
une administration libérale. A la tète
de cette administration se trouvait le
digne M. Félix Streel, bourgmestre.
Aux dernières élections communales
du 15 Octobre, la liste du curé lit, mi
sérablement et grâce des moyens peu
honnêtescomme partout d'ailleurs
passer deux candidats. D'après ces
résultats, le Conseil communal de
Freeren est composé aujourd'hui de
cinq libéraux et deux cléricaux. Un de
ces adversaires est, au surplus, un très
jeune homme, sans connaissances ad
ministratives
Aussi, le Conseil communal, l'una
nimité sauf deux, présenta nouveau
et comme toujours d'ailleurs depuis
vingt ans, M. Streel au poste de bourg
mestre. Cette présentation a eu le don
de faire rager le pasteur du village
un étrange homme et cette sainte
rage que le bon Dieu la lui pardon
ne a suffi certain fonctionnaire,
dont nous notons et enregistrons spé
cialement le zèle clérical, pour faire
écarter le bourgmestre sortant M.
Streel, et nommer sa place le plus
jeune des deux nullités de la minorité,
dont le pouvoir sera absolument nul,
la majorité du Collège échevinal étant
libérale. Une situation impossible,
quoi 1
Voilà ce que M. le ministre Berryer
Mais comment attendre de la justice
d'un ministre qui consacre la fraude et
l'immoralité des scrutins
Le clergé ei les élections.
Le clergé se jette, une fois de plus,
dans la bataille électorale.
Il ne se contente plus de prêcher con
tre les candidats libéraux, il fait distri
buer dans les villages où des meetings
libéraux sont annoncés des circulaires
qui méritent d'être signalées.
Dimanche, MM. Crick, DevèzeetRo-
byn s'étaint rendus Tourneppe où
une salle leur avait été retenue.
Le clergé s'empressa d'intervenir et
l'on éparpilla dans tout le village la
circulaire que voici
Nous la traduisons textuellement
AUX HABITANTS DE TOURNEPPE.
Vu le désir formel de Son Eminence,
le Cardinal Mercier bien aimé, nous
espérons que durant toute la campagne
électorale, les cabaretiers de Tournep
pe, observant en cela une habitude
chrétienne, refuseront leurs locaux
ceux qui sont les adversaires du gou
vernement et de la religion. Nous avons
la certitude que tous nos catholiques,
en signe de conviction, s'écarteront
des meetings des adversaires et détrui
ront les écrits de ceux-ci.
Avec notre chaleureux remerciaient
anticipé et l'assurance, pour tous, de
la sollicitude pastorale.
Le clergé de Tourneppe.
Tout commentaire serait superflu...
Le meeting a néanmoins eu lieu,
dans la cour d'une brasserie, et de
nombreux paysans ont écouté avec in
térêt MM. Crick, Devcze et Robyn,
pendant qu'un groupe de jeunes gens
tentaient, par des cris, d'empêcher les
orateurs de parler.
A la Chambre.
Après avoir pris en considération et
renvoyé aux sections uu projet de loi
relatif aux pensions de vieillesse (65 fr.)
la Chambre a continué la discussion
du budget du Travail et entendu M.
Hubert répondre aux orateurs précé
dents. Il a fait un vif éloge du projet
de loi relatif aux accidents du Travail,
tout eu reconnaissant que certaines
dispositions pourraient être moditiées.
S'occupant ensuite de l'inspection, il a
loué les ingénieurs des mines et les
inspecteurs ouvriers.
En ce qui concerne les caisses de pré
voyance des ouvriers mineurs, il a
soutenu qu'elles avaient leur tête un
nombre égal d'ouvriers et de patrons,
qu'elles étaient donc l'abri de toute
critique.
Parlant des pêcheurs, il a annoncé
qu'il déposerait un projet de loi tendant
l'installation de caisses de prévoyan
ce leur profit.
Il en est temps.
La Chambre, interrompant la discus
sion du budget, a adopté par 83 voix
contre 70, l'ordre du jour pur et simple
opposé l'ordre du jour de la Gauche,
comme conclusion de l'interpellation
Debunne.
On s'abonue au bureau du journal, rue de Dixmude, 53, Ypres. Les annonces, les faits
divers et les réclames sont reçus pour l'arroudissemen d'Ypres et les deux Flandres au bureau
du Progrès. Pour la publicité en dehors des deux Flandres, s'adresser exclusivement au
Comptoir de Publicité JACQUES THIBE8ARD, 44, Boulevard Anspach, Bruxelles,
téléphone 5230.
L UNION FAIT LA FORCE-
i*avai*sant le /dimanche.
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a osé faire et c'est ce qu'il appelle de la
justice administrative
SJS* Z*t ZA W* ZJ. ZJ. 4< ZJL Z£ ZJ. ZJ. ZJ. ZJ ZJ
Séance du Mercredi 6 Mars.
M. Vekemans ayant demandé ensuite
qu'on joigne sa proposition de loi sur
les biens ruraux au budget de l'agri
culture, vle Présider t s'y est opposé,
29 orateurs étant déjà inscrits Il faut
redouter l'encombrement.