M. Charles Vercamer Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement. Dimanche, 8 Septembre 1912. annee. X° 50, Une belle existence vient de s'étein- dre. .M. Charles Vercainer, inspecteur cantonal honoraire de l'enseignement primaire, est mort Ostende le 30 Août dernier dans sa 90e année. M. Vercamer n'était pas Yprois de nais sance, mais il était venu habiter notre* ville avec ses parents dès ses premiè- resaitnées. Il y lit ses études au Collège communal, où il professa plus tard et se considéra toujours comme an de nos concitoyens. Ues funérailles de cet homme de bien ont eu lieu Matdi Bruxelles. Un petit nombre d'amis y assistaient, le vénéré défunt ayant exprimé le désir <|iie le public ne fut informé de son décès qu'après l'inhumation. Elles ont en lieu avec l'assistance d'un ministre du culte protestant libé ral, M. le pasteur James Hocart, qui a prononcé dans la crypte du cimetière de Laeken la belle allocution qu'il a bien voulu nous permettre de repro duire. Voici comment s'est exprimé M. Hocart .M. Cyrille Jansens, Vice-Président de l'Union des anciens élèves, a pro noncé ensuite l'allocution suivante Nous présentons Madame Verca mer et sa famille nos plus sympathi ques condoléances. Vers l;i révision. La Gazette dit qu'après le discours conciliant de M. Destrée, il n'était pas impossible de s'entendre sur la réfor me électorale et d'éviter au pays une agitation périlleuse Depuis lors, on a pu se rendre compte de ce que, droite, la Cham bre et en dehors de la Chambre, il est un certain nombre de personnalités point opposées en principe la réfor me électorale on a vu formuler des adhésions très nettes ce principe avec, seulement, des réserves relatives aux modalités. Et l'on assure même qu'au sein du gouvernement certains •ministres ne sont pas absolument op posés eux non plus l'idée de la revi sion. M. Destrée avait donc raison de dire: Causons Mais comment entamer une conver sation Ce n'est poinl lu Chambre même qu'elle peut avoir lieu. Ce débat ris querait d'être long et de s'égarer et de s'irriter. Il serait pourtant malheureux que l'on n'essayât point de s'entendre, si vague qu'apparaisse encore l'espoir d'un accord. Au surplus, la Chambre ne peut formuler elle-même une déci sion qui lierait la Constituante. Mais ce que la Chambre ne peut faire,ses membres le peuvent. On peut parfaitement concevoir des déclara tions faites au nom des partis et qui indiqueraient les bases de la réforme devant résulter de la revision de la Constitution. Et l'on voit quel intérêt supérieur il y aurait causer. On pourrait peut-être aboutir ceci qui relèverait singulièrement le niveau de nos débats politiques le dépôt d'une proposition de revision par des hom mes de droite et de gauche, par des hommes qui, connaissant bien chacun les idées et les dispositions de son parti, se seraient concertés et vien draient dire nous croyons que tout, le m.mde peut accepter telle rédaction nouvelle de la Constitution et nous vous engageons défendre la réforme ainsi comprise la Constituante si les électeurs nous y envoient. Ainsi préparée, la revision pourrait se faire paisiblement, sans difficulté. Et puisque, personne n'en doute, il faudra la faire un jour, et puisque ce jour-là, forcément, il faudra causer pour arriver constituer la majorité des deux tiers, on ne voit vraiment pas pour quelle raison on ne se déciderait pas causer dès présent. Le cou»lès libéral. Ce comité central de la Fédération nationale des jeunes gardes libérales a voté l'ordre du jour suivant 72e l'SIO.Y PAIT LA FORCE le iàimunvhe Vires acqiirit kendo l'KlX I) K L'A BON N KM KM 1' pouk la vu.le Par an -4 francs la pkovi \gk létrast.ek Par an Par an -4 fr. 50 G fr 6() Un s'abonne ail bureau du journal, hue de Oix.mude, 3». Ypkes. Les annonces, les faits divers el les réclames sont reçus pour l*,t< roinlissem :n d'Ypres et es deux Kliyidres au bureau du Progrès. Pour la publicité eu dehors des deux Plan 1res, s'adresser exclusivement au Comptoir de Publicité JAUQOelc} filIdKSAttU, 44, Boulevard Anspaclt, Bruxelles, téléphone 5230. A NNON C ES Annonces: 15 centime, la ligne Réclames 25 Annonces judiciaires 1 fr. la ligne. Ce décès, bien que prévu, cause dans notre ville et principalement par mi les amis de l'enseignement et dans les rangs de l'Union des anciens élèves du Collège communal et de l'Ecole moyenne de profonds regrets. Une longue carrière vient de se terminer il y a quatre jours Charles VERCAMER s'endormait paisiblement dans sa quatre- vingt-dixième année. Bien remplie, une longue existence est doublement longue elle est même seule valablement longue car quoi bon mesu rer la longueur d'un temps vide Notre frère défunt a rempli sa longue vie d'une des plus nobles tâches qu'il y ait, l'éducation de la jeunesse. En 1845, que cela nous reporte bien loin en arrière le vieillard qui vous parle avait alors deux ansen 1845, il débuta comme professeur d'humanités au Collège communal d'Ypres, sa ville natale. Depuis, poursuivant la même œuvre dans des fonc tions diverses, il fut préfet d'Athénée, chef d'institution libre, inspecteur d'enseigne ment, préparateur aux études universitaires. Ayant la vocation et l'âme de l'éducateur, il a accompli sa tâclie avec amour, avec le désir passionné de la bonne réussite. Aider l'éclosion de belles individualités, concou rir au progrès général de l'enseignement pu blic, c'était sa double ambition d'une part elle est attestée par le témoignage des nom breux élèves qui lui ont gardé une vive re connaissance, et de l'autre par ses écrits sur l'histoire du peuple belge et l'origine de ses libertés, sur la réforme scolaire, sur le rôle des études gréco-latines, sur les rapports de l'enseignement littéraire et de l'enseignement scientifique, et tout particulièrement sur la nature et les moyens de l'éducation morale. Notre frère VERCAMER avait des vues personnelles, indépendantes, sur l'enseigne ment de la morale. Comme Emile de Laveleye et d'autres hommes remarquables, il était disciple de François Huet et les leçons de ce maître éminent avaient créé en lui des convictions spiritualistes si profondes que la large diffusion et la popularité grandis santes de doctrines adverses n'ont pu les faire fléchir. Comme il estimait que tout sys tème de morale doit s'inspirer d'une concep tion générale et philosophique de la vie, il concluait la nécessité d'assurer l'ensei gnement de la morale l'efficace appui d'une religion spiritualiste. Un notable incident de sa carrière, tout en affirmant sa valeur intellectuelle, procura ses croyances une flatteuse distinction. C'était l'époque où la controverse de la morale indépendante agitait les esprits en France. Un concours fut ouvert en 1867 par ua partisan de la morale indépendante, M. L.-A. Martin, qui institua un prix pour le meilleur catéchisme de morale universelle Charles VERCAMER obtint la première place sur vingt-six compétiteurs et cela, quoique, infidèle au programme, il n'eût pu se défendre de faire intervenir l'idée religieuse dans l'édification de la morale. Cependant son travail, placé en tête par le jury, dut partager le prix pour avoir manqué une seconde exigence du programme en n'étant pas assez élémentaire. Mais quelle satisfac tion pour lui d'avoir obtenu de l'impartialité de ses adversaires un pareil hommage l'élévation de sa morale, inspirée par sa foi. Sans doute, en insistant sur la force qu'une religion éclairée peut apporter l'éducation morale, Charles VERCAMER ne songeait nullement cléricaliser l'ensei gnement il a toujours été un libéral déter-1 miné et militant. Pendant longtemps il s'en tint au point de vue qui avait été celui de Jules Ferry en France et du gouvernement belge auteur de la loi de 1879. L'enseigne ment public, disait-il dans les termes d'une circulaire officielle, ne doit être ni catholi que, ni protestant, ni israélite l'instituteur doit s'inspirer d'une idée commune toutes les religions, en entretenant ses élèves de Dieu, de l'âme, ainsi que de ces grandes vérités morales et chrétiennes, qui, l'hon neur de l'humanité, sont devenues progres sivement le domaine de toutes les religions et de toutes les nations civilisées. Ainsi parlait M. VERCAMER en 1888. J'ai lieu de penser que plus tard, en voyant l'enseignement religieux dans l'école dégé nérer en moyen de cléricalisation, en instru ment de dogmatisme sectaire, il a compris que les droits de tous, croyants et non- croyants, sont mieux respectés, si l'école publique reste, autant que possible, neutre en fait de religion et de philosophie, et si l'enseignement de la religion est laissé aux soins des familles et des ministres des divers cultes. Ce changement d'opinion n'avait pas di minué ses yeux l'importance d'un ensei gnement religieux bien compris. Au con traire, il souhaitait toujours avec ardeur de voir se propager en Belgique un culte épuré, spirituel, fondé sur les intuitions immédiates de la raison et de la conscience, sur l'aspira tion invincible'de l'âme humaine vers le vrai, le beau, le bien, vers Dieu, l'idéal parfait, éternel un christianisme moderne, élargi, progressif, qui, tout en conservant avec un soin jaloux le trésor d'amour et de dévoû- ment légué par le Christ, fût prêt s'enri chir de-tout le labeur scientifique et moral de l'humanité et accueillir toutes les con ceptions nouvelles et agrandies de justice et de perfection sociales. Notre frère crut trouver quelque chose qui approchait de son rêve dans le protestantis me libéral et il y adhéra bientôt après la fon dation de ce culte Bruxelles en 1881. En 1895 il fut élu membre du conseil de l'église. Il y est resté attaché avec constance, et dans ses dernières années la force de cet attache ment était vraiment émouvante. Malgré les prières des siens qui craignaient un accident, il persévérait assister nos réunions du Dimanche quand l'effort pour y venir, pa raissait dépasser le possible. Et lorsque enfin il fut vaincu par la faiblesse, chaque semaine l'heure du culte lui apportait un regret et un chagrin. Cette puissance d'affection qu'il manifes tait pour son culte comme pour sa profes sion, et dont nos frères inférieurs, les ani maux, avaient une tendre part, elle éclatait surtout dans les relations de la famille. Il était si bon voilà les paroles éloquentes dans leur simplicité que répètent l'envi tous les siens sa fidèle compagne avec qui il a partagé les peines et les joies de soixan te-sept années son fils et sa belle-fille dont le départ et le retour étaient chaque année les grands événements de sa vie, ses petits- enfants grâce qui son soleil couchant a été encore si lumineux et si chaud. Ah n'est-il pas vrai que ce qui nous est toujours le plus doux, le plus attendrissant entre tous les souvenirs que nous laissent nos chers disparus, c'est celui de la bonté de leur cœur N'est-il pas vrai que plus encore que par leurs pensées ou leur activité ils sur vivent en nous par leur amour Nous ne retranchons rien ta grandeur de l'intelli gence et de la volonté, mais nous nous in clinons tous instinctivement devant la supré matie de la bonté. Maintenant, disait l'-épôtije Paul, pourtant si dogmatique cer taines heures, maintenant restent ces trois grandes choses, la foi, l'espérance, l'amour mais la plus grande de toutes, c'est l'amour Messieurs, Qu'il me soit permis, au nom de l'Union des anciens élèves du Collège communal et de l'Ecole moyenne d'Ypres, d'exprimer ici une dernière fois notre gratitude envers celui qui durant de longues années, par son acti vité et par ses sacrifices, contribua puissam ment la prospérité de notre œuvre post scolaire. Charles VERCAMER fit ses études moyennes au Collège communal de notre ville où il obtint, en 1842, le prix d'honneur de la Rhétorique latine. De 1846 1852, il occupa, en qualité de professeur dans ce même établissement, la chair de sixième latine. L'Union des anciens élèves fut créée en 1891 et partir de 1894, nous comptons cet homme de bien parmi les membres de notre Comité, successivement en qualité de Vice- Président, de Président et de Président d'Honneur. C'est vous dire, Messieurs, que le regretté défunt, de sa première jeunesse la fin de sa longue carrière, a conservé le contact des établissements d'enseignement moyen offi ciel de la ville qu'il chérissait et où il reve nait toujours comme un pèlerinage aussi longtemps que ses forces physiques le lui permettaient. Lorsqu'en 1893 fut supprimé notre Collège communal et que cet établissement, pour quelques années, fut remplacé par le Collège prive de i Union, VERCAMER fut encore là pour encourager de ses conseils et de ses deniers les promoteurs de cette œuvre d'en seignement. En 1898, malgré son âge avancé il avait soixante-quinze ans, nous voyons notre Président s'occuper personnellement du recrutement si laborieux du corps pro fessoral et de l'inspection des études du Collège moderne qui remplaça le Collège de l'Union cette institution privée, créée et soutenue par quelques-uns, n'offrit point une garantie suffisante d'avenir aux jeunes gens qui se destinaient la carrière de l'en seignement moyen et l'école succomba mal gré les efforts de celui que nous pleurons aujourd'hui et qui demeura, pour ainsi dire, le dernier sur la brèche. S'il est douloureux, Messieurs, de devoir rappeler cette page noire de l'histoire de l'Enseignement laïc de notre ville, nous pou vons constater, cependant, aujourd'hui,avec une certaine fierté, que sous la présidence de Charles VERCAMER l'Union des an ciens élèves vit monter considérablement le nombre de ses membres et que grâce, en partie, l'influence de ceux-ci l'Ecole moyenne d'Ypres est plus prospère que jamais. L'œuvre scolaire et l'œuvre post-scolaire marchent de pair dans la lutte contre l'igno rance grâce aux institutions auxquelles se sacrifia VERCAMER, l'Ecole moyenne, désormais, est ouverte au fils d'ouvrier. Dans l'adversité mieux qu'aux heures de triomphe, on reconnaît les hommes de cœur. Nous qui sommes les successeurs de ceux qui hier encore s'attelèrent la tâche, nous devons, en leur exemple, puiser la force et l'énergie dans la marche vers l'idéal com mun. Reposez en paix, cher Président, vous avez fait au-delà de votre devoir et que le souvenir de vos œuvres, toutes de désinté ressement, soit, pour les vôtres, dans la me sure du possible, la source de consolation en présence du malheur qui les frappe. Le comité central de h Fédération na tionale des jeunes gardes libérales. Vu les décisions prises par le bureau des gauches parlementaires en vue de la réunion d'un congrès libéral Affirmant l'urgente nécessité de don- nerau libéralisme démocratique uneorgani- sation unitaire et permanente, de façon permettre l'institution d'un comité central, la création méthodique d'œuvres sociales et la réalisation d'une propagande plus con stante et plus efficace Félicité les gauches de leur heureuse initiative Décide, au cas où aucun autre organis me ce qualifie n aurait assumé avant le ta Octobre la tâche de réunir le dit congrès, de se constituer en comité organisateur et de veiller àeeque cette assemblée ait lieu avjnt la rentree parlementaire.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1912 | | pagina 1