I Pour vous mettre même de juger les tristes éveneraens dont j'ai été témoinje vais vous trans crire ici quelques frar^nens d'un rapport circon stancié que j'ai précéommeut envoyé Paris. Je reprends les faits l'époque de mon débarquement. Après avoir rempli les intentions du comité relativement ma cargaison, j'ai passé quelque temps au milieu des troupes régulières et irrégu lières. Je recueilli toutes les versions, écouté les amours propres, les intérêts divers; et tout le monde s'est plus âme dire qu'ils devaient la vie et l'honneur au colonel Fabvier et au contre amiral de Riguy- Je suis porteur des articles de cette mé morable capitulation l'amiral français se glorifie de la regarder comme son plus belle acte envers l'humanité et aujourd'hui, pour récompense, les colomnies les p'us infâmes se dépitent contre lui et les officiers de la marine française. S il y a honte, elle est toute entière réservée Kutaï. Le général auglais Church ordonne telle est son expression la garnison de la citadelle de capituler. Les assiégés, reclament la médiation de l'amiral français celui-ci n'écouté que les intérêts de l'humauité; il se rend sous la tente du pacha il ne craint point d'irriter par ses exigeances Kutaï vainqueur. L'amiral apprend que six mille régu liers turcs, sortie de Salonique sont en route pour se joindre aux troupes du blocus; il se sert d'un subterfuge pour faire consentir le pacha la capitulation; il obtient au-delà des espérances des Grecs il donne ses officiers pour otage; lui-mê me, M, De Rigny, accompagne la garnison jusqu' au Pirée, en traversant les armées grecque et al banaise; il s'expose au milieu des Grecs la ven geance brutale des Albanais, dont 3oo avaient été, quelques jours auparavant, égorgés au monastère de Saint-Spiridionaprès une capitulation signée. Il embarque sans distinction réguliers et irregu- liers, femmes et enfans, emportant avec eux et semant partout la vermine et le typhus officiers et matelots de la marine française accueillent avec transport les Grecscommedes frères. M. de Rygny leur fait distribuer les vivres de son bord il les débarque Methana, et donne au colonel Fab vier, pour les premiers besoins de sa troupe, ce qu'ils a d'argent dans sa bourse 2,000 piastres. <r Eh bien ces deux français quipar leur influence et leur médiation, ont sauvé la garnison de l'AcropoIis d'un massacre généralsont, aujourd'hui l'objet de lâches et calomnieuses ac cusations. Le colonel Fabvier disent les chefs irréguliers pour racheter leur infâme conduite a vendu, avec l'aide de M. de Rygny, la ci tadelle Kutaï Depuis quelques jours la commission provi soire avait quitté Poros et s'était rendue Na- poli. Je l'y avais suivie, en prenant congé du colonel Fabvier non pas tant pour étudier ce gouvernement dont la marche m'était assez connue, que pour visiter M. le docteur Bailly dont je comptais consulter les opinions sur l'état présent des choses. Deux ou trois jours s'étaient peine écoulés que toutes les boutiques de la ville étaient déjà térmées. Les habitans qui devinaient mieux que nous ce qui se tiamuit, cherchaient les mo yens de se mettre couvert. Les croisées étaient fortifiées par de grosses pierres élevées les unes sur les autres de manière ne laisser entre elles que l'espace d'un canon de fusil c'était derrière ces retranchtmens que se tenaient les soldats des deux partis dans l'attente de signal. Tout annonçait déjà les horreurs prochaines d'une guerre civile il n'était plus permis de circuler dans les rues pour aller chercher sa nourriture; de temps autre, une femme, un enfant y étaient étendus atteints par le hasard d'un balle. dans la nuit de 19 au 3o juin vieux style une forte fusillade s'engage dans les rues et d'une croisée l'autre entre les soldats de Fotomnra, commandant des forts de la ville, et ceux de Gri- vas, gouverneur de Palamide, qui, outre ce fort qui domine Napoli, avait 400 hommes sous la conduite de son frère, embusqués dans les maisons de la ville les plus propres la défense. J'étais chez M. Bailly; nous courûmes tous chez le prince Ypsilanti croyant y trouver sûreté et protection. Le premier juillet, palamide et les forts de la ville s'attaquent par une vive canonade. Le deux vieux style Palamide a déjà lancé 206 bombes et obus. Le 3, deux fois la ville est incendiée, deux fois on parvient l'eteindre. Elle est incendiée de nouveau et l'encendie ne fait pas grand progrès cependant le peuple dans le trouble et la conster nation veut fuir la fois; «00 individus, presque tout femmes et enfans, sont enlevés par les éclats de bombes; la maison d'Ypsilanti, qui est pleine de combattans et de réfugiés, bien loin d'être un asile sûr, devient un point de mire; on y est ex posé tous les feux le sang des morts et des blessés découlait par dessus nos têtes travers les fentes des plafonds les habitans abandonnent leurs maisons; ils se portent en foule sur les quais; les capitaines se tiennent aux portes de la ville et exigent deux trois cents piastres par famille; les unes, en se précipitant dans les embarcations, se noient; d'autres sont frappées dans leur fuite par les balles tirées des remparts; et celles qui parvien nent s'échapper sont bientôt dévalisé par les pira tes qui les att ndent la sortie du golfe. Les pauvres qui n'ont pas les moyens de payer l'impôt exigé sont réduits mourir par la faim les flammes ou le feu des batteries. Je parviens sortir de cet enfer en aban donnant quelques-uns de mes effets. Je me réfugie sur une goélette grecque où je trouve par un heu reux hasard les colonels Heydeck et Fabvier ar rivés sans troupes depuis 24 heures. Le gouver nement s'échappe par miracle; il se retire au Bour- gis, petit fort au milieu de l'eau 10 minutes du port où il continue tenir ses séances. 11 réclame l'assistance de l'amiral anglais qui se trouvait là; celui-ci ne peut concilier les partis, mais il envoie ses embarcations pour protéger les familles qui désertent la ville; les colonels Fabvier, et Heydeck sont consultés; leurs avis ne sont pas suivis Fabvier indigné de tant de maux donne sa démission, et il-me remet l'état de ses comp tes pour être présenté au comité. Voilà ce que d'autres correspondans préssen- teronl peut-être comme de petits démêlés entre les généraux grecs, ainsi que cela, disent ils, est arrivé souvent. Mais moi, qui ne crains pas d'aller plus loin, je soutiens quelasource de celte guerre civile qu'une main occulte semble avoir dirigée, a d'au tres causes que ce lie de la mésentelligence entre les gouverneurs des forts et de la ville de Napoli. pendant que ces choses se passaient, le gé néral Church était Corinthe, occupé de l'orga nisation des sociétés secrètes, l'instar des car- bonarilui qui, naguère, les a traqués Naples comme des bêtes fauves. quelques jours auparavant, il faut aussi l'a vouer, presque toute l'escadre anglaise était, pour la première fois, l'étonnement de tout le monde, réunie au mouillage de Napoli. Ou eût dit qu'elle

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Le Propagateur (1818-1871) | 1827 | | pagina 3