DX^oïauaî. JOURNAL D'YPRES ue> FERMETURE DES PORTES DE LA VILLE. Du au 16 Septembrea S bcuit». ■*W- ia6i XIVme ANNÉE. PAR AUTORISATION J)ii S. M. LE ROI UES PAYS-BAS. Mercredi, ier Sept., 18Â0. ^;^'Miîfi«VTES DE LA VILLE. 31 --'Sfin -fyifrkù Septembre, 5 beure». [P ofltltjll r /udictai iùiCL\x& eu INTERIEUR. PAYS-BAS. Y près 1septembre. Voici, sur les événemens de l'avant-der- nière nnit (25;et de la journée d'hier (26), les îeuseiguemens les plus précis qu'il nous a été possible de recueillir - Les premiers roouve- mens commencèrent la sortie du Spectacle où Tod avait donné la Muette de Portici. De la Place de la Monnaie la foule, comme il a déjà été ditse porta aux bureaux du Nationaly brisa les vitres et se dirigea ensuite vers la Li- biairie polymaihique de Libry - Bagnano me de la Madelaine. Heureusement pour lui, il ne s'y trouvait pas, les portes fu rent enfoncées, les meubies brisés, les livres déchirés et jetés par les fenêtres. Le saccagè rent de la maison fut complet et durait encore le lendemain. Il n'en reste que les murs. La rue était jonchée d'une innombrable quantité de feuillets blancs et imprimés. Dans les premiers instans des maréchaussées voulurent intervenir. Un commissaire de police, M. Wageneerparla a la foule, et l'engagea se telirer; mais un morceau de bois lui étant tombé sur la tête il en fut dangereusement blessé et transporté chez lui privé de toute connaissance. Cet accideut est d'autant plusjrféplorable, que ce commissaire générafçtnent aiméétait bien capable de rame ner la raison des gens mois exaspérés. Une compagnie de grenadiers survint aussi; mais l'effervescence était si prononcée, qu'une scène de carnage pouvant s'ensuivre sans utilité, ces troupes s'éloignèrent paisiblement. On vil des maréchaussées, atteints de bouteilles provenant de la cave de Libry continuer leur ioute avec calme et impassibilité. Ceperidaut, on avait forcé les magasins d'ar muriers et les boutiques des débitans de poudre, et les armes se distribuaient dans les groupes. Ceux-ci se partagèrent vers minuit; les uns s'a vancèrent vers le poste de la Place-Royale aucun acte d'hostilité n'eut cependant lieu. On Apporte qu'uu soldat sortit des rangs, et, les larmes aux yeux, dit la foule - De grâce dispersez-vous épargnez-nous la honte de devoir verser le sang belge. D'autres se rendaient l'hôtel du ministre Tan Maanen, et brisèrent en passant les vitres de la salle des assises au Palais de Justice. Dans le même instant la maison du directeur de la police, rue de Beriaiuioulétait envahi et accagée. Srtr la Grande-Place, un autre attroupement entourait la maréchaussée qui y était postée et la forçait aussi de se retirer. Un journal rapporleque le général comman dant de place ayant eu son épée et ses décora- tionSjarrachées sur la Plaee-Roya'e, par le pre mier groupe, son épée lui fut rendue sur le Grand-Marché. Dès l'instant où les groupes furent munis d'armes, des explosions faites la plupart du temps en l'air, se firent coniinuellemenl entendre et jusqu'à la nuit dernière, ce bruit sinistre a porté le trouble dans la ville. Plusieurs maisons ont encore eu leurs vitres brisées de plus les enseignes aux armes royales ont éié arrachées aux boutiques, fourmsseursde la cour et breve tés et les autres pour éviter pareille chose les ont détachées d'eux-mêmes. Mais l'hôtel du ministre van Maanen était devenu le centre des rassemblemens les portes furent enfoncées et en peu d'inslans les meu bles le linge précipités par les fenêtres furent livrés aux tlammes au Petit-Sablon. La fonce armée trop peu nombreuse avait été contrainte^ de se retirer. C'est vers 4 heures que le feu fut mis l'hôtel; il s'étendit rapidement les pom piers accoururent avec leurs pompes mais la multitude résolue détruire cet hôtel força ceux-ci s'éloigner. La flamme agitée par uu veut violentformait au dessus du bâtiment un jet de feu d'une hauteur extraordinaire et me naçait les maisons voisines. Rangée autour de l'hôtel, la foule continuait assez silencieusement en brûler tout le mobilier et cela durait en core quand le jour parut. Alors les mouvemens des troupes qui jusque- là avaient eu de l'incertitude devinrent plus concentrés. Le bataillon des grenadies et celui des chasseurs se dirigèrent par compagnies vers divers points du haut de la ville. Une compa gnie de chasseurs se rendit au Grand-Sablon et ce fut là qu'à environ six heurespressée et assiégée par la foule y latroupepour la pre mière fois fil feu etlua trois hommes. Quel ques instans après deux compagnies l'une de grenadiers et l'autre de èhasseurs venant de la rue de Ruysbroeck, montaient la me de l'Em pereur un des offciers disait la multitude - Si vous 11e nous faites rien, nous ne vous fe rons rien. Tout cou ppar une de ces cau ses dont, eu pareille circonstance il est im- posible de bien constater l'exactidudeles deux compagnies s'adosserent et firent des feux successifs de peloioula fois sur la rue des Carrières et sur celle de l'Empereur. Cinq hom mes. dit-on tombèrent. Ce qui est certain c'est que quelques instans aptes, deux cadavres gisaient pies de Hôtel d'Angleterre. L'agi tation dans la ville devint bientôt son comble. D'un côté la foule se précipitait vers la Caserne des Annonciades, afin de s'y munir des fusils de la garde communale mais trouvant la porte fermée et gatdée par des troupesdans l'intérieur, elle engagea une fusillade dont les murs et la porte conservent encore les traces. Un enfant de t 3 14 ans y fut tué d'un coup de baïon nette. Celte scène de désolation s'est prolongée long-temps sur ce poiut, et il paraît même qu'il y a eu d'autres victimes. A la rue du Cbène l'hôlel du gouverne-^ ment était également envahi les bureaux fu rent brisés et les papieis et archives également précipités dans la rue. Au Grand-Sablon, la maison du général Vauthier fut enfoncée et le mobilier rassemblé sur la Place fut pareillement livré aux flammes. Aux différentes portes de ville les bureaux des commis ont été btisés et dévastés, et grand nombre de bestiaux sont entrés en ville sans payer des droits. Sur plusieurs points des sol dats isolés furent désarmés. La multitude exaltée par le succès de ses vengeances se ré pandait dans les rues au bruit du tambour et de ses propres acclamations. C'est alors que des bourgeois de tout âge se réunirent et prirent le généreux dessein d'avoir, dans ce qui se passaituue part active pour ré tablir l'ordre, ils se rendirent tour tour aux différens corps de garde occupés par la garni son, et dans l'intérêt commun et pour empêcher l'effusion du sangils pressèrent les chefs de ceux-ci de leur remettre leurs postes. Celle remise eut lieu successivement et les soldats furent dirigés vers la Place du Palais, où ils se joignirent aux troupes qui y stationnaientle. soin du reste de la ville demeurant confié-aux gardes bourgeoises. Il serait difficile de donner une idée complète de ce que fut Bruxelles vers la fiq de la matinée. Au Parc, les troupes ran gées en vaste demi-cercle, devant le Palais du Roi mêlées même avec le peuple conservè rent leur immobilité loule la journée. Aux deux Sablons, s'achevait silencieusement l'œuvre de destruction de l'hôtel du ministredont une foule toujours nouvelle allait contempler les ravages l'intérieur. A neuf heures le feu était maîtrisé, mais vers le soir les poutres brûlaient encore. Duos la rue de Magdeluiue se contient

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Le Propagateur (1818-1871) | 1830 | | pagina 1