X
f 3
la fonle fat assez inqniétânt potir que le cocher
du haut de son siège fît signe au poste de l'élat-
major de venir au secours du ministre. M. Pé-
rier profita de l'agitation produite par l'arrivée
de la troupe pour se jeter dans l'hôtel de la
chancellerie, dont les portes furent aussitôt
fermées.
Dès huit heures au Palais-Royal, dans le
jardin, la foule était nombreuse, et beaucoup
de jeunes gens poitaienl un crêpe au bras et
criaient: P~ive la Pologne! Bas le minis
tère! Quelques uns, moulés sur des chaises,
lisaient voix haute les journaux. A un arbre
on voya't uneafiiche écriie la main,et portant-
les mots: L'héroïque Pologne lâchement
abandonnée est une terrible menace pour
vous. Citoyens, n'en attendez pas les effets!
aux armes Une lutte s'est engagée gutie plu
sieurs individus et les sergens de *ille; et un de
ces derniers fut accablé sous des coupsde bâton
de chaise.
Pendant ce temps un rassemblement se for
mait de l'autre côté de la Seine sur la place de
l'Odéon.
A deux heures, le Palais-Royal était occupé
par un batailloh de ligue; les boutiques étaient
fermées. Des piquets allèrent se poster devant
le ministère des affaires étrangères et dans l'in
térieur de la cour.
Vers trois heuresla foule grossissait dans
les environs du Palais Royal. Les cris redou
blaient contre les ministres. Dans la rue de
Richelieu, en face de la Bibliothèque, une bou
tique d'armurier a été enfoncée: la garde natio
nale arriva assez tems pour arrêter le pillage.
L'agitation alla croissant dans la soiréesur
le boulevarddevant le café de Parisdes om
nibus renversés ont servi former une barricade;
une autre barricade avec des fiacres et de longs
morceaux de bois a été essayée la porte Mont
martre.
En passant devant les théâtres, les agitateurs
y sont entrés et ont fait cesser les représentations.
Vers neuf heures', les mouvemens aux envi
rons du Palais-Royal prirent un caractère plus
désordonné, on poussait des cris violens contre
le ministère. Plusieurs généraux étaient la tête
de l'infanterie. Un d'eux, entre autres, parais
sait décidé aux mesures les plus énergiques. M.
Delaborde parvint le calmer, et parcourut en
suite les groupes en les invitant, avec une cha
leureuse émotion, se retirer: on distinguait
aussi M. Cariier, chef de la police municipale.
La foule fut repoussée jusque dans la rue Vi-
vienne, auprès de l'arcade Colbert; une charge
fut exécutée par la garde nationale: il y eut un
grand nombre de blessés On entend il crier aux
armes! et on lançait des bouteilles cassées.
La rue Richelieu était parcourue par des trou
pes de ligne et de la cavalerie qui marchait au
galop. La foule fuyait vers la rue Saint-Hono-
ré, en cassant les révetbères. Plusieurs habilans
éclairèrent leurs maisons avec des lampions.
Il est onze heures du soirles rues Vivienne,
Richelieu, le boulevard du Panorama, sodi
parcourus par la ligne, la garde nationale et la
cavalerie. Les cafés sont fermés. Le calme pa
rait rétabli. Temps, j
- Tous les spectacles ont été fermés.
- On parle d'une cinquante de blessés dans
les différentes charges qui ont été faites tant par
l'infanterie que par la cavaleriepour dissiper
les attroupemens.
- Des troubles très graves ont eu lieu Bor
deaux. 11 y a eu des rassemblemeus nombreux
et des cris prôférés. On en voulait surtout M.
de Brian, éditeur du Journal de la Guyenne.
Les presses ont été brisées et le journal a été
bi ûlé dans plusieurs quartiers de la ville. M. de
Brian est uii champion de la dynastie déchue.
- On prétend que le ministère a caché une
partie des nouvelles qu'il a reçues de Varsovie.
Le combat a été terrible: le massacre effroya
ble. Les Russes ont perdu autant de monde qu'à
la Mosliowa, une partie de l'armée polonaise et
de la population a été passée au fil de l'épée.
-Les Prussiens vontce qu'on annonce,
former un camp de vingt mille hommes Wi-
lick. On en donne pour motif les inquiétudes
qu'occasionne au gouvernement pru sien le cor
don sanitaire français établi sur la frontière de
la Moselle. Journal.du Commerce.
Circulaire du comité polonais de Paris aux
comités polonais des dcpartemens.
Messieurs
Une nouvelle vient de plonger la France dans
les larmes et le deuil. Les Russes sont entrés
Varsovie. L'armée, après une glorieuse et opi
niâtre résistance emporte avec elle sur là rive
droite de la Vislule, les dernières espérances de
l'héroïque Pologne et les profondes sympathies
de tout ce qu'il y a de cœuis généreux en Eu
rope. Que l'autocrate des Russies s'énorgueil-
lisse de son triomphequ'il remercie la pro
vidence de cette sacrilège victoire de la force
brutale sur le droitde la barbarie sur l'avant-
gai de de la civ salion europé-nne; le droit,
la liberté des peuplesla civilisation européen
ne auront tour-à-tour leur réaction.
Nous ne sommes plus au temps où on égorge
impunément tout un peuple dont le seul crime
est de vouloir s'appartenir. Le cri du sang po
lonais retentit et retentira partout où vit quel
que sentiment de justice et de dignité humaine.
Les gouvernemenscomplices de cet odieux par
tage qui fil de la Pologne une proie ont été
obligés, par une sorte d'hommage celle cons
cience publique qui se forme et éclate de tou
tes parts de dissimuler sous le masque d'une
hypocrite et trompeuse neutralité leurs hostilités
iutéressées. L'Europe va juger son tour les
vainqueurs, ellfe proscrira l'abus delà force;
elle mettra au ban des nations civilisées ces
gouvernemens qui n'ont pas craint de livrer
l'Europe l'invasion et la plus terrible con
tagion plutôt que de rendre quelques millions
d'hommes leur nationalité, qui ne leur a été en
levée que par un crime. Le double fléau des
barbares et de la peste s'avance comme pour
faire expier aux états qui ont laissé briser la
barrière qui les protégeait leur complicité ou»
leur indifférence, alors peut-être cet égoïsme
de la peur, ces calculs de l'intérêt matériel,
qui a arrêté notre élan, combattront pour nous.
La force restera la justice et au bon droit.
Amis de la Polognene nous décourageons
pas désespérer dé celte noble causece serait
désespérer de la moralité humaine, de la pro
vidence même. Non la Pologne ne périra pas
nous eu avons pour garans nou les vaines assu
rances d'un ministère dont la France repousse
et désavoue la politique vacillante et pusillanime,
mais la conscience des nations, mais l'intérêt de
l'Europe, et la puissance irrésistible de la civi
lisation.
Le comité de Paris vous invite doncchers
et honorables collèguesredoubler de zèle
pour étendre des souscriptions destinées sou
lager une si glorieuse infortuneet préparer
on meilleur avenir. Disposons-nou*, si cela est
nécessaire, tecevdir-ces nobles débris d'une
nation qui si péri pour nous défendre qn'ils
retrouvent dans nos foyers leurs foyers dans
notre belle patrie leur fchère patrie la Pologne
revivra toujours èn France,1 qne les Rùsses
viennent l'y chefchet; là. Vive la Pologne!
Suivent les signatures des mombres du co
mité polonais.
NOUVELLES DE POLOGNE.
La Gazette Universelle ditdans un article daté
des frontières de Palrçjpe 4 septembre que le gé
néral Ramorino, ajant passé sur la rive droite de
la vistule avec un corps de 22,ooo hommes, avait
enlevé les magasins établis par les russes en arrière
de Kalaszytiet battu complètement le général
Rosen.
- La "NouvelleGalette de Wurzbourgcito une let
tre de Berlin, d'après laquelle la prise de Varsovie au
rait couteaux Russes 20,000 hommes. Cette lettre dit
que Krukowizfci étant rVsté Varsdvie l'on croit
qu'il a le projet de renouveler le'dràme de Moscou,
ou de finir comme Caton d'Utiqua.Les Russes n'au
raient encore occupé de Praga que la tête-de-pont
parce qu'ils craignent une guerre de maisons ou la
mise exécution de quelqu'autre projet désespéré.
SUISSE.
Neujûfrâtel, i3 septembre.
De graves événomens se passent en ce moment
dans le canton de Neufchâlel. Il ne s'agit de
rien moins que de renverser le gouvernement
actuel, d'établir une constituante, et de se dé
tacher entièrement du toi dte Prusse, pour for
mer un canton souverain et indépendant de toute
domination étrangère.
Le 10, une grande agitation régna dans la
ville, des groupes se formèrent aux cris de
y ive la liberté! vive la confédération! Des
barricades furent élevées, de tous côtés les cam
pagnards entrent dans la Ville. Le conseil d'état
n'eut rien mieux faire que de se retirer, les
uns disent Valangin, d'autres disent au Lo-
cle. Les gens de la campagne se sont ensuite
réunis dans la cathédrale, où ils ont nommé un
gouvernement provisoire composé de MM. Gou
rant, colonel; Fornachon, banquier; Aug. Droz
des Brenelz; de Perrol, Colonel: Bille, avocat;
Jonas, Bertboud, Calame, Demoliers et J.-H.
Vouga. Les six derniers sont membres du corps
législatif.
CORRESPONDANCE.
A Monsieur l'Éditeur du Propagateur.
Messines 20 septembre
Monsieur V Éditeur
Tandis qu'aux chambres, les plus graves,
les plus hauts intérêts de la Patrie se dis
cutent on n'est pas peu étooné de voir cer
tains mandataires de la Nation voire même la
toge ou pktamyde séuatoriale courir les fêles
et karroésses. en véritéil valait bieu
la peine de se faire élire, toute forcepar
l'intrigue et la cabale en i'abseuce de toute
capacité requise Peut - être, le cumul,
cette lèpre si béoigne, affecte-t-il les retar
dataires?... Quand, par exen pie OQ est ins
pecteur ou direoieur des pa és routes ou
des hospices, le cas est scabreux, ardu
en temp de dédicace Karmesses sur-tout:
car les personnages représentatifs ou sénato
riaux ont cela de commun avec nous autres,
gens Vulgaires ces hauts - messieurs n' ont
v