paru en armes sur divers points de la capitale, particulièrement la Bastille, a la porte Saint-Denis, dans les petites rues qui abou tissant au cloître Saint-Méryel dans le quar tier des Halles. Ces rassemblemens s'empa- rant des voitures, les renversant, dépavant les rues, sool parvenus a dresser quelques barricades, s'établir dans quelques maisons; et on a vu des misérables, de leurs barrica des, peine dressées ou des fenêtres qu ils occupaient, tirer sur une population paisible, sur des postes inofFensifs, sur celle capitale delà civilisation, condamnée tous les gen res de spectacles et d'attentats. Dans la soirée, les mêmes scenes ont été données dans d'autres quartiers de la villeen particulier dans le quartier Latin, là, le jeune J\i. Baillot, fils du député de Seine-et-Marne, et lui-même chef d'escadron de l'étal-major de la garde nationale, passant rue Saint-Hya^ cinthe, la tète d'uue patrouille de quatre lanciers, a été atteint au bras d'un coup de feu. Nous avons aussi la douleur d'apprendre que M. Chapuis, fabricant de papier, colo nel de la 4e légion, qui aux journées de juin avait eu le schako traversé d'une balle dans la rue Anbry-le-Boucher, a eu cette fois, dans le même lieu, le bras fracassé. Nous ne pouvons mieux exprimer l'afiliciton publique, qu'en disant que les quatre mille gai des ua- .tionaux, les quatre mille citoyens, qui avaient voulu être commandés par lui, se sont sentis tous frappés dans leur digne chef. M. Chala- ntel, ancien libraire, et adjudant sous ollicier de la même légion a été grièvement blessé au cou. Un officier de lanciers a eu le corps tra versé d'une balle. On parle de trois gardes- municipaux tués. Un garde nalioual, rue Beaubourg, a été poignardé. La 4e légion, témoin et victime de ces fu reurs, s'est rassemblée promptemeut et a marché sur les barricades qui ont été enlevées sans coup férir. Les factieux se sont partout renfermés dans les maisons pour tirer par les fenêtres sur la garde nationale, qui dans sa marche hardie u'a pas brûlé une cartouche. Un bataillon du 3ae, conduit par le brave colonel Duvivier, avait été envoyé par l'au torité pour soutenir la garde nationale, et il s'est comporté envers les hommes de la ré publique comme il l'a fait dans l'Ouest en face des hommes de la Vendée. Mais la nuit était venue depuis longtemps; elle était très-obscure. Le gouvernement n'a pas voulu compromettre le sang précieux des citoyens et des soldats en les laissant s'en gager dans d'étroites rues. M. Thiers s'est tenu toute la soirée che val côte côte avec M. le général Bugeaud, dont il paraissait recevoir lesordres. Uu grand nombre d'arrestations ont été opérées. - Aujourd'hui, dès le poiut du jour le rappel a battu dans tous les quartiers. Une partie de la garde nationale est sous lesarmes. Ce matin, 5 heures, le combat a recom- 3 mencé dans les rues Maubuée, Montmoréncy et Transnonain (quartier Saint-Martin.) Le duc d'Orléans, la tête de deux régimens, partait au même instant des Tuileries et per- courait les boulevards. Le 54e de ligne, com mandé par le général Bugeauda été envoyé contre les maisons d'où on faisait feu sur la troupe. La ioe légion marchait avec ce régi ment. Après une action courte, mais san glante, les maisons où les insurgés s'était re tranchés ont été emportées. - A six heures et demie, le priucc royal, accompagné de Mgr. le duc de Nemours et de ses aides-de-camp, a parcouru les rues qui venaient d'être le théâtre de ces déplora bles scèues. Au moment où ils passaient dans la rue Saint-Martin, une décharge de plu sieurs coups de fusil a été faite sur la groupe où ils se trouvaient; heureusement personne n'a été atteint; mais cette attaque a porté au dernier degré l'ardeur des troupes; les portes de la maison d'où elle était partie ont été enfoncées. Ou a fait main basse sur les au teurs de cet attentat. - A midi, la garde nationale de la baulieue arriva par tous les points; mais ce secours était inutile. Les barricades ont été détruites sur tous les points, et sans la présence des troupes et de l'artillerie sur les boulevards et sur quelques places, on ne croirait pas qu'il Y a eu daus Paris un commencement de uuerre civile. Il n'a fallu recourir sur aucun point l'ar tillerie; les combattans se sentant tout à-fait abandonnés eux-mêmes, n'ont montré ni celle énergie, ni celle résolution qui a ca ractérisé les combats dont ces mêmes quartiers avaient été le théâtre les 5 et 6 juin. Le roi qui était sorti des Tuileries, ce ma tin dès sept henres, pour aller voir par lui- même ce qui se passait, a parcouru de nouveau la ligne des boulevards un peu plus tard. Vers midile roi a passé en revue la garde nationale et la tronpe. Partout S. M. a été rtçue au milieu des pins vives acclamations. - Uu maître des requêtes a été blessé au près de .M. Thiers; c'est M. Labartlie. Un autre maître des requêtes, M. Sl-Marc-Gi- rardin, rédacteur des Débalstrouvé avec des cartouches dans sa poche, a été maltraité. - M. Baillot fils est mort. On croit que l'amputation du bras de M. le colonel Chapuis sera indispensable. - A Chàlotis et Si-Etienne quelque agi tation s'est manifestée; mais elle a été promp temeut appaisée. Daus cette dernière ville 1er auarchises ont tenté d'elever une barri cade qui a été détruite au même instant. - M. le capitaine Kersosi et M. Sarrut ont été arrêtés Lier. On annonce qu'on a fait en outre un assez grand nombre d'arrestations. - Les scellés avaient été mis hier sur le local occupé par la Tribune nous appre nons que les scellés ont été posés hier 6 heures sur les ateliers de M. Mie qui impri mait ce journalet son brevet lui- a été retiré. Du 15. - Voicid'après les journaux mi nistériels, des détails plus circonstanciés sur les événemens d'hier: Uue attaque générale contre les insurgés avait été décidée pour la pointe du jour. La nuit fut employée diriger des patrouilles sur les points importans,aliude bien connaître les quartiers où les rebelles comptaient s'éta blir, et de conserver les positions principales. Quelques heures se sont passées en tiraille— ineus plusieurs barricades qui gênaient le mouvement des troupes ont été enlevées. A la pointe du jour on devait s'attendre une résistance désespérée des factieux. 11 paraît néanmoins que la nuit leur avait porté conseil. Les troupes qui cernaient le théâtre de l'insurrection, arrêtèrent peudant la nuit un très-grand nombre de gens qui cachaient leurs armes et se retiraient du lieu du combat. D'autre travaillaient encore former de nouveaux appareils de guerre. Quelques-uns, rue d'Enfer, fouillant les maisons pour avoir des artftes, ont péuétré dans une paisible de meure, et se sont trouvés en face de M. Royer- Collard. C'étaient des jeunes gens dans l'âge des études. Ils se trouvaient eu présence du chef vénérable de l'Université, lui deman dant du fer pour égorger leurs concitoyens. Toutes les dispositions avaient été prises. Les quatre légions de la banlieue, convoquées comme celles de Paiis, sont arrivées vers une heure du matin. La 2e s'est rendue au Car rousel; les trois autres leur barrière res pective. A cinq heures, le mouvement d'at taque a commencé. Le généraux RumignyBugeaud et Las- cours, et le générai Tourton (de la garde nationale), marchèrent ensemble sur le centre de l'insurrection, enlevant successivement toutes les barricades et balayant les rues BeaubourgTransnonain Maubée. Ils ont trouvé des hommes quiretranches dans des maisons double sortie, liraient sur les trou pes l'abri des croiséeset ne défendaient pas même leurs barricades. L'animosité des troupes et de la garde na tionale, ainsi décimées par d'invisibles enne mis, était au comble. Arrivés au pied des maisous, au milieu des balles, elles faisaient enfoncer les portes par les sapeurs-pompiers, y pénétraient et faisaient main-basse sur qui n'avait pu se sauver. Partout, garde nationale, troupe de ligne, garde municipale oui rivalisé de zèle et se sont présentées avec une admirable intrépi dité. Eu moins de deux heures la résistance avait cessé sur tous les points. On n'était plus occupé qu'à fouiller les maisons d'où sans espoir de succès, les insurgés assassi naient encore et là quelques malheureux soldats. A neuf heures du matin, les quatre géué-; raux étaient en communication.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1834 | | pagina 3