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s'explique sur les hommes avec tonte la con
venance possiblesur le système et les choses
avec une entière liberté.
Ici le ministre aborde l'afTaire de la réins
tallation du ministère actuel et proteste contre
toute idée d'ambition qu'on pourrait leur
supposer.
Il passe ensuite la partie de son discours
consacrée la defense du système. Il est, dit-
il, ministre de la révolution de juillet, pour
lui résister, en la dirigeant; ni lui, ni sef
collègues, ne craignent de dire: nous sommes
les ministres de la résistance.
Mais, dira-t-on, tout le monde veut ré
sister donc il faut s'entendre sur les cas et
sur l'action même de la résistancequi a eu ses
limites posées par la charte d'août i83o il
faut savoir fermer l'oreille ces cris nobles,
mais insensés de Pologne, d'Italie: il faut
aussi savoir l'intérieur se servir des lois
qu'on a dissoudre les gardes nationaux qui
abusent de leur uniforme; et quand le combat
est dans la rue, il faut avoir le courage de
donner des ordres, doii pas impitoyables,
comme l'a dit la méchanceté, mais inflexibles;
il faut s'armer de toute la loi, surtout lors
qu'on sait que le lendemain on n'en abusera
pas dans l'ivresse de la victoire. Car je défie
qui que ce soit de dire que nous soyons ja
mais sortis de la r ésistance légale mais dans
cette résistance, nous déclarons vouloir nous
maintenir tant que nous resterons ministres
du roi. (Bruits divers.)
C'est tort, dit le ministre, qu'on croit
que dous tenons au pouvoir, quand on y a
louché on ne le quitte pas; ce sont des soucis
dévorans une captivité sans consolation un
pilori en butte toutes les calomnies; ce
n'est pas le pouvoirc'est le système que
nous défendons; qu'on nous prenne le pou
voir, mais qu'on conserve le système. (Aux
centres, très-bien très-bien
M. Thiers descend de la tribune après deux
heures; la chambre est pendant quelques ins-
tans fort agitée. M. Passy occupe la iribuue.
(Il est 3 heures 20 minutes.)
Fin de la séance du 5.
M. Passy dit ce qui s'est passé lors de la
formation, et de la décomposition du minis
tère dont il a fait partie.
Voilà, messieurs, les faits dans toute leur
simplicité, je n'ai pas un mot y ajouter,
dit-il, en finissant.
M. Charles Dupin: Messieurs, mon ho
norable collègue, M. Passy, vient de vous
exposer les motifs qui l'ont engagé entrer
au ministère. A ces motifs, il s'en joiguait un
de plus pour moi; c'était l'annonce que M.
Passy, vice-président de la chambrenommé
par une immense majorité parlementaire, fe
rait partie du cabinet.
En accordant, ajoute-t-il, MM. les mi
nistres qu'ils ont accompli avec courage un
austère devoir, nous, messieurs, du moins,
moi, je dis qu'avec le même courage, pour
faire face de semblables circonstances
peut-être aurait-il été possible de trouver
des moyens plus heureux.
Plusieurs voix au banc des ministres: Les
quels?
M. Charles Dupin Je ne veux pas ce
sujet entrer dans de plus grands détails. A
gauche: Très-bien Vous avez compris ma
pensée; je ne veux pas aller au-delà pour
n'enflammer aucune passion.
M. Teste donne aussi quelquesexplicatious
qui ne font connaître aucun fait nouveau.
M. Etienne: Messieurs, je suis rappelé
sur le terrain de l'adresse que vous avez vo
lée. J'y suis rappelé forcémentd'après les
paroles que j'ai entendu prononcer par M. le
ministre de l'intérieur. Il a parlé plusieurs
fois d'équivoque, de réticences. li a parlé
d'un commencement de session qui a été peu
significatif, et qui avait laissé une grande
incertitude dans les esprits.
L'honorable urateur discute l'adresse dans
son ensemble et dans ses divers paragraphes,
et n'y voit rien qui prête un sens énigmati-
que. Il ne ci oit pas possible la chambre de
donner une adhésion complète au système du
ministère, sans tomber en contradiction avec
son vote.
M. Pelet de la Lozère remplace M. le pré
sident au fautenil.
M. Dupin: Je me suis toujours montré
jaloux des prérogatives de la chambre, et lors
même que je me serais fait une idée exagérée
de ses prérogatives, je ne craiudrais pas de
l'avouer.
Je le dis avec amerlune, les vœux de la
chambre ont été méprisés (mouvement) les
créditsont été sans cesse dépassésmalgré vos
plaintes réitirées, exprimées dans trois adres
ses consécutives. J'en étais humilié pour la
chambre, aussi j'ai toujours insisté sur la
nécessité de renfermer les dépenses dans les
allocations des budgets Qand la chambre fut
convoqué, je rappelai encore celte nécessité
dans l'adresse. Quand nous sommes venus de
nos départemens, nous n'avons pas trouvé
que tout était le mieux dans le meilleur
des mondes possible. (Rire prolongé.) Le
caractère de celte chambre, sa mission était
d'affermir la dynastie et en même temps les
institutions de juillet. La chambre devait
remplir sa mission car ce n'est pas l'illusion
la déception, l'apparence du gouvernement
représentatif, mais sa réalité qu'a voulu le
pays. (Nombrenx applaudissemens sur tous
les bancs de la chambre.)
Le vole eut lieu une grande majorité. Ja
mais minorité plus faible n'avait prolesté
contre un projet. L'adresse, messieurs, fut
acceptée par le public.
Le maréchal Gérard vint entrer au con
seil. (Écoutons Ce que vous ne savez peut-
être pas, c'est moi qui fut son instigateur; ce
fut en me tendant la maiu qu'il accepta le
pouvoir. C'est moi qui avais eu déjà l'honneur
de décider Casimir Périer. Son âme sympa
thisait avec le mienne. Si je n'ai pas voulu
être ministre avec lui, c'estmessieursque
seul depuis long-temps sur la brèche, j'avais
conquis déjà une immense impopularité. (Ri
res et bruit.) Ouij'avais conquis l'impopu
larité du désordre, l'impopularité de l'émeute
et des assassins.
ANGLETERRE.
Londres 7 décembre.
Lord Spencer a eu une entrevue, le 3a vec
S. M., laquelle il a présenté une adresse
des administrations municipales de Glascow,
de Leith des habitans de Grénockde Pei ih
et de beaucoup d'autres localitésoù l'on se
plaint du changement de ministère.
- On lit dans le Standard journal tory,
et un des principaux organes du uouveau
ministère anglais:
Les journaux carlistes en France ont der
nièrement pris un ton qui pourrait devenir
très-nuisible leur pays, et attirer 1rs plus
grands désastres encore sur le malheureux
parti de la branche exilée. Ils semblent croire
que la nouvelle administration anglaise s'é
carterait de la politique du cabinet de lord
Melbourne assez pour favoriser des tentatives
ayant pour but de troubler l'ordre établi en
France. Jamais déception ne fut plus gros
sière. La politique du cabinet venir, autant
qu'il nous est permis de la connaître, sera
aussi décidément et aussi absolument pacifi
que qu'elle pourra l'être, sans compromettre
la dignité ou les intérêts de l'Angleterre. Ou-
blie-l-on que Louis-Philippe et le nouvel
ordre de choses personnifié en lui ont été re
connus avec empressement par le gouverne
ment anglais en août i83o? Oublie-t-on que
les conservateurs respectent les traités dans
l'esprit et dans la lettre, et que nous sommes
tenus par traité d'être aussi fidèles alliés de
Louis-Philippe
Cependant, la loyauté et l'infortune sont
des titres au respect, mais le devoir, pour
une nation, de ne pas violer les traitésle
devoir plus sacré encore pour des hommes
comme agens moraux, de ne pas allumer la
guerre au sein d'une communauté pacifique,
ces obligations exigent impérieusement que
l'Angleterre réprouve de la manière la moins
équivoque toute tentative ayant pour but le
renversement de la dynastie actuelle de France;
et devant ces devoirs sacrés doivent se taire
tous sentimens de sympathie ou de pitié,
même honorables. D'ailleurs, la cause carliste
en France est lout-à-fait désesperée, même
avec l'assistance de l'Angleterre, si la ligue
du despotisme ne les soutenait toutes deux, et
c'est là une alliance laquelle le peuple
d'Angleterre ne consentira jamais. Ce serait
donc de la barbarie de laisser les carlistes se
bercer de quelque espoir la suite du dernier
changement.