miné l'état de Pinet. La première blessure
celle de la cuisse, n'était nullement dangereuse;
la seconde s'etendanl de l'hypocondre droit
vers la colonne vertébrale, paraissait très-
grave, mais pas nécessairement mortelle. Ce
sont les expressions mêmes du rapport. Ce
pendant ces deux blessures ont été guéries en
moins de vingt jours, grâce aux soins de M.
le docteur Vermeersch de Moorslede, cequia
réduit les poursuites une action correction
nelle.
La lecture des pièces est suivie du récit
que renouvelle M. Debaere de l'événement du
21 juillet. Il est en tout conforme sa plainte.
II ajoute que vers la fin du souper, Pinet lui
dit; Tu me demandes 18 florins pour avoir
traité ma femme, mais plutôt que île le donner
celle somme, je t'administrerais dix-buit
coups de pied dans le ventre. 11 a ouvert son
couteau derrière lui, au moment où Pinet se
levait de table pour l'assaillir. Il faut remar
quer que M. Debaere portait une blouse en
ce moment. Pendant ces explicationsl'huis
sier étale les pièces de conviction sur le bu
reau. Elles consistent en une casquette, que le
prév< r u abandonna au domicile de Pinetet
eu un couteau long de plusieurs pouces, et
large d'un pouce et demi en se letrécissant
vers la pointe. Il esl ressort, et s'ouvre avec
bruit.
Me Btke, au nom du sieur Pinet, déclare
secoustituer partie civile et en cette qualité,
fait par l'intermédiaire de M. le président
quelques interpellations. Il demande nommé
ment si Verduin, beau-père de la femme
Pinet, n'a pas différentes reprises offert de
payer au prévenu ce qui lui était du et s'il
n'a point refusé de le recevoir?
R. Oui, une seule fois, quand la femme
n'était pas encore guérie. Je priai Verduin
d'attendre jusqu'à l'entière guérison.
U. Après le souper, Pinet n'a l-il pas ap
pelé se femme part? R. Non, il a dit de
suite. Plutôt que de te donner i 8 flot ius, etc.,
et il s'est rué sur moi.
D. Avez vous ouvert votre couteau avant
que Pinet vous eût saisi? R. Oui, avant qu'il
m'eut frappé.
Les témoins prêtent serment, et se retirent.
Ils sont au nombre de cinq. Pinet dépose le
premier. Il est âgé de a2 ans, boucher et ca-
baretier Moorslede Un beau jeune homme,
grand, robuste, aux joues colorées, lamine
riante, au menton ras, la démarche rapide,
tel esl Pinet. 11 paraît se ressentir fort peu
des blessures du ai juillet: il jette même dans
son récit quelques plaisanteries qui excitent
l'hilarité de l'auditoire.
Je revenais, dit-ilde chez mon père avec
de la viande. Je vis le mulet de M. Debaere
la porte de mon cabaret. Je pris ma femme
part, et lui dis d'inviter le chirurgien sou
per. Il y consentit. En attendant, nous jouâ
mes quelques parties la boule. Ensuite il
me pat la de l'objet de sa visite. - Mais c'est
pour rire M. Debaere que vous me demandez
dix-huit florins - Non, cause de l'affrout
que vous m'avez fait en recourant aux soins
d'un autre.... Votre épouse a soufîerl beau
coup plus qu'elle n'eut du. - C'est possible
mais si elle n'avait eu que vous, elle serait
depuis longtemps morte et enterrée. Bref
je vous oflte dix francs, et si vous les refusez,
vous vous adresserez où bon vous semblera.
- Ça, l'heure de coucher est arrivée M. De
baere. Comme en prononçant ces derniers
mots je fesais un mouvement vers la porte de
devant pour éconduire le chirurgien, j'en-
teudis un petit bruit semblable au mouvement
d'une détente de pistolet. C'était son couteau
qu'il ouvrait sous sa blouse. Comment lui
dis-je, tu tirerais sur moi? Tu le verrais,
répliqua -1 - ilje te connais. - Et moi aussi.
- 81 ce n'était pas de ta femme, je le donne
rais cela au travers du corps. - Toi.... Je
maîtrisai ma colèreet me tournai vers la
cheminée quand je sentis les blessures que
papa me pot tait par derrière. Je me retour
nai, l'empoigna, et le jetai par terre. J'avais
le genou appuyé sur lui, et je m'efforçais
de le desarmer. Ma femme survint, je me
sentis faiblir, la servante cria au meurtre, les
dtux Bonté entrèrent sur ses cris. Ma femme,
la servante, Bonté demandèrent plusieurs
repiises Debaere qu'il lâchât son couteau.
Il ne répondait pas, et tenait ferme. A la fin,
Bonté lui dit: si lu ne donnes pas le couteau,
je te fends la tête. Il lâcha enfin prise, se leva,
et s'enfuit. Je perdis un instant après entière
ment connaissance.
M. Tack Vous n'avez donc reçu aucuue
blessure par terre R. Non.
M* Vandaele, défenseur du prévenu De
baere fait observer que le récit de Pinet ne
coïncide pas avec ce qu'il déclara chez lui au
juge d'instruction. - Pinet: Je pensais plus
alors mettre ma conscience en règle, qu'à
cette affaire.
Me Vandaele Pinet est violentne s'est-il
pas souvent porté des voies de fait R. J'ai
été condamné une fois Conrtrai, mais la
cause est en appel. J'ai comparu aussi une
fois devant ce tribunal ci, mais j'ai été acquitté.
D. N'avez vous pas fait dernièrement des
menaces un sieur Devigne R. Nonil n'y
a eu que quelques disputes.
D. Et Vaudenhemel? Je n'aieu non plus
avec celui là qu'une altercation sans impor
tance, et causée par un tiers.
D. N'avez vous pas nuitamment troublé le
repos du cabaretier du Neervorstl R. Nous
l'avons éveillé effectivement pour avoir
boire, nous avons payé susuite, et nous som
mes pat lis.
D. N'avez vous pas menacé un sieur Van-
denbussche sur la voie publique et quand le
bâton était déjà levé pour lui en asséner un
coup, n'avez vous pas dit que vons vous
étiez trompé, et que vous n'en vouliez pas
lui, mais un autre - R. Cela esl faux.
Me Beke pense que ces interpellations n'ont
aucun trait l'affaire; il ajoute qu'il saura
du reste agir de représailles l'égard de
Debaere et qu'alors il ne s'agira pas seule
ment de menaces faites, mais d'un coup de
pistolet tiré au Vyfwege sur un individu. Il
ne faudra donc pas s'étonner que Pinet ait
craint, que Debaere ne tirât sur lui.
M* Vandaele: Je prouverai ce que j'avance.
M* Beke: Et moi de même.
M. le président: Votre épouse a-t-elle sou-
pé avec vous? R. Oui, mais elle est sortie
avant que rien eût eu lieu, parce que l'enfant
pleurait.
D. La lumière n'a-t-elle pas été renversée,
et rallumée par votre femme? Oui, je frappai
sur la table parce qu'il ne voulait pas s'en
aller, et la lumière tomba.
D, Vous aviez donc alors déjà menacé le
prévenu de le jeter la porte Oui, il y avait
deux tables dans la place; j'ouvris la porte,
et dis Debaere: Est-ce que tu vas sortir? Non,
répondit-il, je connais ta réputation, je ne
sors pour personne. - Comment c'est donc
toi qui commanderas ici? En disant celaje
frappai du poing sur la table, qui n'était pas
celle dont on s'était servi pour souper, et la
lumière en tomba. Ma femme rentra sur le
tapage, et releva la chandelle. Alors Debaere
frappa sur la table en criant: Si ce n'était pas
de ta femme... et le reste comme je l'ai raconté
tantôt, - La suite plus tard.
Bruxelles16 octobre.
S. M. le Roi esl parti le i5, 3 heures
après-midi, par Tournai et Lille, pour Paris.
- Voici comment le Moniteur annonce
cette nouvelle
S. M. le Roi est parti le i5 dans l'après-
midi pour Paris. Son absence sera de très-
courte durée. S. M. la Reine et le prince royal
restent Laeken.
- M. le général Goblet partira lundi pour
Londres, où il restera jusqu'à la fiu de la
semaine.
FRANCE.
Paris, i5 octobre.
Le Bulletin des lois, publié le 12 sons le
n° 234, contient un étal comprenantd'apiès
la proposition de M. le commissaire liquida
teur de l'ancienne liste civile, et en vertu, i"
d'un avis du comité des finances, approuvé
le 24 décembre 1835 20 d'une ordonnance
royale rendue en conseil-d'état le 1" ju|Q
i836, une pension accordée sur les fonds de
cette même liste civile, et qui, étant reconnue
avoir été constituée titre onéreux, est comme
telle susceptible d'être inscrite au livre ordi
naire des pensions la charge du trésor, en
exécution de l'article 5 de la loi du 8 avril
i834- Cette pensiou esl accordée Joacbim-
Anloine Rossini, baptisé le 22 février 179?®
Pesaro dans les états de l'Église; la quotité
de cette pension esl 6000 fr. les motifs de la