JOURNAL D'Y PRES.
OUVERTURE ET FERMETURES DES PORTES
Ouverture.... Du ier au 3i Août, 4 heures.
FermetureDu i" au 3i Août, h 9 ij2 heures.
Ferm" définit. Du 1" au 3i Août, h 11 heures.
PRIX DE L'ABONNEMENT
CAISSE D'ÉPARGNE A YPRES.
No 2386
24me Année.
DE LA VILLE.
ce JOURNAL parait le MERCREDI et le SAMEDI.
Quatre francs par trimestre, pour la Ville, et cinq francspour toute la
Belgique, franc de port par la poste.
Les insertions se paient 17 centimes la ligne; et toutes celles au-dessous
de 6 ligues, 1 franc.
BELGIQUE.
Yphes, i5 août.
Dans la nuit du îa au 13 de ce mois,
nu incendie a eu lieu a Poelcappellecommune
de Langemarck, d'une maison servant de caharet:
cette maison dit-on, appartenait a M. Edouard
Cardinael-Rabau, brasseur h Ypres. La perte
est e'value'e h fr. 2,5oo on ne connaît pas la
cause de ce malheur.
SUrHURAiaiLlBS
du
FRÈRE DES PAUVRES.
Pourquoi ce concours inusité, cette affluence,
dans un village, de tant de pauvres h l'enter
rement d'un riche?... C'est celui du charitable
monsieur Edmond Mazeman de Couthove,
d'Ypres\...W est passé de cette vie de larmes
h la joie éternelleen récompence de tant
de larmes qu'il a séchées; c'est h Proven
qu'il reposera en paix au centre de tant
de chaumières, qui, resteront empreintes, de
ses bienfaits de ces chaumièresoùpas
une famille indigente ne cessera de pleurer
leur consolateur... Non-seulement, il était humain
et bienfaisant, mais il fut toujours bon Citoyen...
Ami sincère et parfois trop dévoué si un
reproche peut lui être faitpar un ennemi
s'il en a eu, mais j'en doute... Fils respectueux,
véritable Frère, il a couronné l'amour frater
nel, de la plus douce, de la plus franche
accolade; et près de rendre le dernier soupir
s'adressant h son confesseur, il lui dit: De
grâcemonsieurretirez-vous un peu que
je puisseencore une foisvoir mon frère
Dernières paroles, si consolantes pour une
familleet dont trop de frères ont étéet
seront encore privés.
C'était un noble noble, .que tons ceux qui
l'ont connu regretteront si ce n'est pour le
bien qu'il leur a fait, ce sera pour celui qu'il
a rendu h un de leurs parents, voisins, amis,
ou connaissances... Je ne crois pas, qu'il ait
jamais rebuté un malheureux encore une
foisil nourrissaitcelui qui avait faim il
chauffait, celui qui avait froid; et il s'est plus
d'une foisindirectement compromis pour
pouvoir le faire... Aussi, plus de la moitié de
ses bonnes actions resteront inconnues, car il
savait noblement consoler l'infortune, et loya
lement défendre l'opprimé... Ici je parle par
expériencetout en conservant l'anonyme
ne pouvant pas encore justifier la généreuse
défense qu'il a prise contre mes calomniateurs...
Il a bien jugé de mon innocence sans que
jamais l'occasion se soit présentée de lui témoi
gner ma reconnaissance j'irai tant que je
vivrai la déposerau moins tous les anssur
sa TOMBE
GÉNÉREUX BIENFAITEUR,
que la terre te soit légère.
PROJET
d'ubs
Us sont passés ces jours de Fêtes mais
aussi ces nuits de débaucheset que reste-t-il
h ces hambocheurs aux uns le regretou le
remords; aux autres la porte du mout-de-piété,
ou le chemin de l'hôpital!...
Ces Tuindagen, que nos ancêtres passaient
dans une joie toute pure, ont donné des nuits
qui révoltent la nature et qu'on ne me taxe
pas de scrupule, ou d'antagoniste du plaisir
ou de la joie publique, surtout du pauvre,
quime fait jouir quand je vois qu'il se
délasse ou oublie sa misère, qu'il noie dans
un pot de bière; comme le riche son chagrin,
dans un flacon de vin... Jaden koekuit
verheugt zich zoo gerneals den nachte-
gael. Mais trop et trop et nuit toujours
afin de bien jugersurtout de la nuit après
la danse publiqueque je désire annuelle et
quotidienne pour du pain qui est la vraie
jouissance du pauvre, la paix de son ménage;
tandis que la bière ainsi bue a glouglou, est
la guerre domestique et le diable dans sa
maison. Je le répète, afin de bien juger
de ces infâmes nuitsil faut flâner dans les
ruesla pointe du jour jusqu'au lever du
soleil... On dirait voir arriver de loin des
spectres sortis des taudions, comme des ombres
des tombeaux dix pas plus loin on voit un
groupe si lividequ'on se croirait dans une
ville pestiférée arrivé du côté de la caserne
qui vous rassure par sa bonne discipline
entourée de tant de vacarme on croirait la
ville bloquée ou au pillage. Comment
remédier h tant d'abus
Comment? En établissant une Caisse d'É
pargne encouragée comme a Lillepar les
autorités ecclésiastiquesciviles et militaires
par les pères de famille, et spécialement par
le conseil de la régencede chaque ville et
village du district en accordant des primes
d'encouragementet en publiant la liste de
ceux, qui, de leur tendre jeunesse, cherchent
une première garantie contre l'infortune,
Examinons sous un autre point de vue
l'utilité d'une Caisse d'Épargne dans notre
ville. C'est en faveur des fidèles et écono
mes domestiques gagesquiaccumulent
pendant un quart de siècle et plus, leurs
strictes économies dans un coin de leur refuge,
et, confiants parfois dans un ami imprudent
ou perfide; voient la sueur de vingt et trente
années engloutiedans des entreprises témé
raires
Un Yprois.
On remarque chez le pauvre une prédilection
évidente pour les animaux domestiques. Prend-
elle sa source dans l'indifférence, le mépris
qu'il trouve dans ceux que la fortune a plus
ou moins favorisés? veut-il chercher dans l'at
tachement d'êtres que la nature a placés au-
dessous de lui une compensation a l'affligeant
abandon où le laissent ceux que le hasard h
élevés au-dessus de son niveau? Ou bien agit-il
par spéculation et n'est-il guidé que par le
besoin de pourvoir a son existence?
Les malheureux de villequi partagent les
bribes qu'on leur jette avec des chiens et des
chats ne sauraient être mûs que par un sentiment
désintéressé mais les campagnards, que la misère
assiège, ne sont pas dans la même catégorie
lorsqu'ils nourrissent des poules, des chèvres,
des lapins. Ici sans doute paraît dominer une
vue d'utilité, de projet; néanmoins il s'y mêle
toujours quelque chose qui ressemble a l'atta
chement, a la tendresse.
Les amateurs des scènes correctionnelles ont
pu s'en convaincre h la dernière audience de
notre tribunal. Une paysanne de nos environs,
riche de santé, mais dénuée de bien, y vint
réclamer la punition de celui qu'elle accusait
d'avoir dégarni son clapier, avec toute la chaleur,
toute l'indignation, toute la sévérité qui ani-