JOURNAL ©♦awsieass» awwowc.es e® avis divers, PRIX IIE L'ABONNERENT OUVERTURE ET FERMETURES «ES PORTES ypb es, a6 septembre LA MÈRE MALHEUREUSE. JUSTICE. Bruxelles, 25 septembre. No 2308. SAMEDI, 26 Septembre, 1840. 24me ce JOURNAL parait le MERCREDI et le SAMEDI. Quatre francs par trimestre, pour la Ville, et cinq francs, pour toute la Belgique, franc de port par la poste. Les insertions se paient 17 centimes la ligne; et toutes celles au-dessous de 6 lignes, 1 franc. DE LA VILLE. Ouverture.... Du ier au 3i Septembre, h 5 heures. FermetureDu 1" au 3i Septembre, a 8 172 heures. Ferm° définit. Du 1" au 3o Septembre, a 10 heures. BELGIQUE. Le général Langerman est arrivé ici avant- liier. Il est descendu a l'hôtel de la Tête-d'Or deux sentinelles en gardent les portes. Une sérénade a été donnée. L'inspection des troupes en garnison dans notre ville a eu lieu le même jour sur la Grand'- Place. Le général s'y est rendu h une heure environ tout a été fini a quatre heu»es. Hier après-midi, quelques évolutions militaires ont été faites dans la Grande-Plaine, qui touche aux fortifications hors la porte de Bailleulet la troupe, musique en tête, a défilé devant le gé néral accompagué d'un assez nombreux état-major. Cette revue, coïncidant avec l'anniversaire de notre émancipationest venu ajouter k la solennité de ces fêtes qui se célèbrent ordinairement ici par un Te Deuni k la cathédrale et le son du carillon que l'on fait jouer trois fois par jour. Par arrêté ministériel du 10 septembre i84o, a été nommé employé de 3m" classe des accises dans le Limbourg, le sieur Gibaux (Eugène-François), de Warnêton. FEUILLETON. Le vent soufflait avec violence k travers les carreaux brisés de la fenêtre d'une mansarde où travaillait Marguerite Gerbois; une lampe vacillante résistait k peine k ce souffle glacé. Dans un coin de l'appartement délabré, couchée sur un peu de paillecouverte avec quelques haillons, dormait une enfant. Marguerite jetait sur cette touchante créature un regard de pitié ses lèvres se contractaient, et ses yeux rete naient avec effort des larmes qui eussent retardé son travail... d'où dépendait la vie du lendemain. Dors, dors long-temps, disait-elle, avec des paroles entrecoupéestu t'éveilleras assez tôt pour demander le pain que je n'ai pas. Marguerite aimait avec tendresse la pauvre Lucie; mais la misère engourdit le cœur comme le froid engourdit les membres. La mère et la fille n'échangeaient souvent que des paroles dures et aigres; l'une souffrait dans l'espoir d'un meilleur avenir; l'autre, abandonnée a A l'audience du 24 courant, le tribunal cor rectionnel a condamné la nommée Rosalie Vandermarliere, veuve Werbrouck, âgée de 3g ans, née k Zandvoorde et demeurant en cette ville, k trois années d'emprisonnement, 5oo fr. d'amende, cinq ans de surveillance et aux frais, du chef de vol d'habillements commis dans la maison où elle demeurait. Nous le demandons, dans la bouche d'un être de cette espèce, ou d'une espèce plus dé gradée encore, le mo«. MEPRIS. Saurait-il avoir quelque signification, quelque valeur? Non sans doute. On se trouve dans l'im- posibilité absolue de mépriser un autre, lorsqu'on est descendu soi-même jusqu'au dernier degré de la turpitude et de l'abjection. A M. l'Éditeur du Propagateur. Monsieur Quelques personnes m'ayant attribué être l'auteur de plusieurs articles anonymes publiés dans votre Journalje viens vous prier de elle-même, recevait du hasard des impressions bonnes ou mauvaises. Aucune direction n'était donnée k cette raison naissante, k ce caractère qui se nuançait sous la triste influence de la misère et de l'abandon qu'elle entraîne. Pauvre enfant pourtant elle était belle... mais belle comme une rose salie par une pluie d'orage, dont on détourne les regards après avoir soupiré. Une nuit, nuit affreuse! l'enfant fut saisie d'une fièvre brûlante... Personne pour aider Marguerite k lui donner des soins, personne pour appeler le médecin qui demeurait bien loin de là... Il fallut quitter la malade la laisser seule en proie k la douleur, au délire, aux fantômes de la solitude. Et cet homme qui pouvait la rendre k la vie, il ne vint que le lendemain.il ordonna des loks et des potions, des bains et des sangsues il en fallait pour six francs; la charité en fournit trois, la nature fit le reste... Lucie fut sauvée. Mais que sa convalescence fut longue et cruelle! Point d'air pur et salutaire pour fortifier son corps dé bile... point de jouets pour occuper ses petites ma!ns amaigries... Du pain sec pour son estomac vouloirdans un de vos prochains numéros déclarer que jusqu'à ce jourje n'ai pris aucune part directe ni indirecte k la rédaction de votre feuille. En attendant ce petit acte de complaisance de votre part, agréez monsieur, Mes salutations empressées, D. DU JARDIN. Ypres, a3 septembre 1840. Le 20 courant, un ouvrier, tailleur de pierres est tombé de l'échaffaudage du monument de la Place des Martyrs. Il est dangereusement blessé k la tête, et a été transporté k l'hôpital St-Jean. Lundi soir, vers 11 heures, dans un cabaret hors de la porte de Ninove, le nommé Gordyn, batelier, reçut d'un de ses fils de vifs reproches sur sa fréquentation habituelle du cabaret. Le lendemain matinle cadavre de Gordyn a été retiré de la Senne entre l'Abattoir et la 54", écluse du canal de Charleroi. fatigué Marguerite voyait ces souffrances, elle les sentait, sa tendresse devenait un supplice. Et l'âge vint où la parure excite les désirs de la jeune fille où la promenade lui paraît si attrayante; où elle rêve fêtes et bals sur le gazon où son cœur cherche un cœur qui lui réponde! Lucie rêvait en vain tout cela. Sa beauté se fanait dans un travail sans fin, et jamais de parure jamais de balsjamais d'a mour Cependant un jour elle se crut heureuse... Le regard d'un beau jeune homme chercha le sien. C'était dans une foule. Elle rentra chez elle; il la suivit de loin; elle crut qu'elle de viendrait sa femme elle ne fut que sa maîtresse. Deux mois après, Lucie avait fui la demeure ou pleurait Marguerite; celle-ci l'attendait, l'appelait dans la solitude; elle eût donné sa vie pour la revoir un moment. Enfin elle la retrouva; oh! douleur! seule, le soir, brillante d'un luxe faux, maigrie et fardée. Quelqu'un la lui montra mais l'infortunée, se détournant avec horreur, renia son titre de mère, et mourut après avoir versé des larmes brûlantes sur le sort de celle qui l'avait abandonnée, A. A.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1840 | | pagina 1