JOURNAL D'Y PRES; D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES^ i\o 2401. MERCREDI, 7 Octobre, 1840. 24me Année. h»- FEUILLETON. ll'RES. A une époque où le culte des arts et des sciences se propage et se vivifie avec tant de force, le besoin de préserver des injures du tems et de restaurer, s'il est possible, les monuments des siècles passés, s'est fait sentir presque généralement. On est parvenu opposer une barrière l'esprit de présomption et de jalousie qui aurait fait disparaître jusqu'au dernier témoignage du patient et laborieux génie de nos ancêtres. Mais, qu'on le remarque, ce résultat n'a pas été obtenu sans efforts; le législateur de 1850 n'a pas encore jugé inutile, pour combattre jusqu'à extinction la tendance que nous venons de signaler, de disposer dans la loi qui régit nos com munes, que les délibérations sur la dé- molition des monuments de l'antiquité et les réparations y faire, lorsque ces répa rt rations sont de nature changer le style ou le caractère des monuments seront soumises I'avis de la députation perma nente du conseil provincial et I'appro- bation du Roi. Cette précaution est on ne peut plus sage dans l'état actuel des choses. Mais si toutes les communes de la Belgique avaient l'avantage d'être administrées com- me la nôtre par des appréciateurs éclairés des produits de l'intelligence et du travail, nous n'hésitons pas le dire hautement, la mesure législative que nous rappelons, deviendrait heureusement inutile. De jour en jour, nous sentons se raffermir la con viction que notre régence professe le plus religieux respect pour tout ce qui porte le sceau du génie antique. Aussi avons nous cru remarquer, avec une bien vive satis faction, que les observations d'un antiquaire, récemment consignées dans notre feuille, n'ont pas été dédaignées par elle. Notre hôtel de ville est, sans contredit, l'un des monuments les plus majestueux du pays; il y va de l'honneur de la cité de le main tenir dans sa pureté, dans son intégrité native. Depuis quelque tems, la détériora tion de la bordure dentelée, qui encadre le toit, avait frappé les yeux des admi rateurs de ce bel édifice. On exprimait le vœu de le voir restaurer l'instant les échaffaudages ont été dressés et les maté riaux ne tarderont pas être préparés. Nous ne faisons que prêter notre organe la grande majorité de nos concitoyens, en disant au conseil conimn^al qirjjbft mérité, de ce chef, l'approbatioïT'et les remercimenls de tous ses administrés. Nous avons lu les notices historiques sur la Ville de Popcringhe, par M. J.-J. Alt- meyer, ce travail offre la chaîne de tous les événements remarquables qui se rat tachent ladite ville depuis le septième jusqu'au dix huitième siècle; et renferme le texte d'au moins une douzaine de docu ments fort curieux, inédits jusqu'à ce jour. 11 ne peut donc manquer d'éveiller un haut degré la curiosité des amateurs d'his toire. Nous les engageons d'autant plus en faire l'acquisition qu'ils accompliront en même tems une œuvre de philanthropie, puisque l'auteur est assez généreux pour en abandonner les bénéfices aux pauvres de Poperinghe. LE PROPAGATEUR® Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. l'Abonnement est de 4 fr. par trimestre pour la Ville, et ïlfr. 5Q pour toute la Belgique, franc de port par la jKiste. Les insertions se paient 17 centimes la ligne. affranchir i\> s lettres. LE BRIGAND ESPAGNOL. Pas tant de paroles lâclicz ce manteau monsieur l'homme de cour. Lope de Véoa. Son altesse le roi d'Espagne Règne l'Escurial; mais moi, Plus que lui, je suis maître et roi Dans les bois et sur la montagne; J'ai de francs bandits pour sujets; Pour trône, un rocher sur la vague; J'ai pour sceptre ma bonne dague, Et pour palais j'ai les forêts. Tous mes sujets me sont fidèles On respecte une majesté Qui parle un poignard au côté. Si je rencontre des rebelles, Je leur fais, sur leurs chapelets, Dire un pater; et, sans enquêtes, Sans lois, sans délais, sur leurs têtes Je décharge mes pistolets. Mon trésor vaut ceux des Castilles; J'en aurais pour vingt Alhambras, Vingt Alcazars, vingt Giraldas, Et cent couvens aux larges grilles, Sans que je laisse mes palmiers, Mes défilés et ma montagne. De toutes les villes d'Espagne 31 m'arrive des trésoriers. Je mets, par le fer et la flamme, Les équipages en débris; Je vois du sang de tout pays Rejaillir sur ma fine lame; Je prends de l'or de tous les poids Avec mes hardis capitaines; Et, dans mes caisses souterraines, J'ai tous les visages des rois. Aussitôt qu'un voyageur passe, En chef de bandits complaisant, Si son bagage est trop pesant, Poliment je l'en débarrasse. Je fais peur aux femmes la nuit; Jésus! j'en vois pâlir plus d'une, Lorsque, par un beau clair de lune, Ma grande espingole reluit! Arrière, cavaliers, donneurs de sérénades; Suivez vos senoras dans le spectacle, au bal, Au combat du taureau, sur les bancs des estrades, Aux balcons, dans les promenades, Auprès du confessionnal. Un pauvre journalier, nommé Louis Dévoilé, domicilié Staeden, expulsé de sa demeure depuis une vingtaine de joursse trouvait réduit ainsi que sa famille a coucher a la belle étoile. Dans la nuit du 29 au 3o septembre dernier, il vit a son éveil, qu'un grand coffre, contenant ses effets d'habillement Allez vous attacher votre douce reine, Comme au saint Fauréole, et la corde au gibet, La baguette l'alcade, au prisonnier la chaîne, Au voyageur, sa bourse pleine, Comme les grelots au mulet. Si je m'avance, moi, près d'une jeune fille, Ce n'est point pour lorgner ses pieds, fins et petits, Pour baiser sa main blanche, et voir son œil qui brille, C'est pour détacher sa mantille, Ou bien ses bagues de rubis. Arrièrevous aussiJésus et Notre-Dame Arrière, mes seigueurs, au stylet pur encor, A la peau douce et fine, la taille de femme, Qui laissez votre bonne lame Se rouiller dans son fourreau d'or. Beaux joueurs de guitare, aux. frais habits de fête, Je vous apprendrais, moi, comme un franc montagnard Tient un mousquet, comment un postillon s'arrête, Comme on fait tomber une tête, Et comme on dérouille un poignard. Si l'on découvre ma retraite, La potence, là-bas, m'attend; Je le sais, j'en ris; car avant Qu'on me passe la collerette, Par ma croix et mon chapelet Vos cachots seront sans grillage, Et le vent, la pluie et l'orage Pourriront votre vieux gibet.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1840 | | pagina 1