FRANCE#
La dépêche télégraphique publiée hier
par le Moniteur, nous explique le conseil
de cabinet qui été tenu le soir chez M.
Thiers, et qui s'est prolongé fort avant
dans la nuit.
Lord Granville, ambassadeur d'Angle
terre, s'était rendu dans la matinée chez
M. le président du conseil, et était resté
pendant quelque temps en conférence avec
lui. M. Thiers s'est rendu ensuite chez le
roi.
On lit dans une correspondance de
Paris au sujet de la prise de Beyrouth
Cette nouvelle est de la plus haute
gravité. C'est le commencement de la
guerre, mais d'une guerre où il n'y a plus,
du moins en Orient, de halte possible.
Méhémet-Ali et son fils vont être poussés
au désespoir puisque leur déchéance est
proclamée, ils n'ont plus qu'à se rendre
ou marcher sur Constantinople. Or, Méhé
met-Ali ne peut se déshonorer la fin de
sa carrière et il ne se déshonorera pas.
On peut affirmer qu'à l'heure même où
nous écrivons, Ibrahim-pacha a passé le
Taurus et que de grands événements se
sont accomplis.
La dépêche télégraphique porte que
Beyrouth a été bombardé pendant neuf
jours; il est donc probable que les gouver
nements anglais et français savaient la
nouvelle depuis quelque jours. C'est là ce
qui explique, de l'autre côté de la manche,
le conseil des ministres qui a duré sept
heures; c'est aussi ce qui explique le crédit
de 50 millions demandé par l'ordonnance
d'avant-hier pour augmentation de l'effec
tif de notre cavalerie.
Une lettre de Constantinople du 12
septembre annonce que le divan aurait
accepté les propositions de Méhémet-Ali.
Ceci n'est pas impossible, malgré le bom
bardement de Beyrouth, car le commodore
Napier peut y avoir procédé sans avoir
était volé; les voleurs étaient parvenu a le trainer
dans un bois de sapin, a 5oo pas de l'endroit
où il se trouvait; l'a ils ont ouvert avec ef
fraction ledit coffre, et en ont soustrait les
objets qu'il contenait. Par suite de deux paquets
de ces effets engagés au Mont de Piété, la
police est parvenue saisir presque la totalité
des objets volés; deux personnes prévenues
d'être les voleurs, ou sinon les recelleurs, ont
été arrêtées dimanche dernier, 4 du courant,
par la vigilance du sergent de police Martin
Menu, qui, a cette fin, avait reçu des ordres.
Hier 6 courant, 6 172 heures du matin,
une enfant nouveau née du sexe féminin, ayant
encore l'arrière fait, a été trouvée, exposée
dans une établecontigue la demeure du
nommé, Charles Verhack, jardinier St-Jacques
Ypres extra mûros; la police ayant quelques
doutessur la servante du dit jardinierqui
cependant vaquait ses occupations journalières,
l'a fait visiter par un médecin, qui a constaté,
qu'elle était nouvellement accouchée; alors cette
fille, âgée de 21 ans, a déclarée être la mère
de l'enfant exposée.
Par arrêté royal du 25 septembre, la
délibération du conseil communal d'Ypres,
(Flandre occidentale), en date du 11 août
dernierpar laquelle il acceptepour le compte
de cette ville, l'achat fait par l'administration
communale, moyennent la somme de i2,g5o
fr.outre les frais, d'une propriété consistant
en maison, tannerie, magasin et jardin y atte
nant, le tou d'une contenance de i4 ares i3
centiares et destinée l'érection d'un abattoir.
Les meurtriers de Wauters demeurent in
connus. 11 habitait l'extrémité de la commune
d'Haritiglie, du coté de Houtkerke et très-près
de la frontière, où il vendait du tabac c'est
sa boutique que les fraudeurs avaient coutume
d'en acheter sur leur passage. Il était célibataire,
vivait très-économiquement et prêtait a beau
coup de personnes. Cela lui donnait la réputation
de posséder du numéraire, cependant il paraît
qu'il y en avait très-peu lors du crime on
présume même que rien n'a été enlevé. Le
jour de l'événement, le domestique eu re
venant de la première messe, trouva la porte
fermée. L'ayant ouverte, il voit son maître étendu
sans vie sur le carreau et baigné dans son
sang; il avait le crâne entr'ouvert, plusieurs
côtes enfoncées, et trois coups de couteau
la gorge. Les auteurs de ce forfait ont du être
plusieurs, car "Wauters était robuste. On
pense que les coupables auront frappé la
porte et se seront introduits sous le prétexte
d'acheter du tabac ou d'allumer leurs pipes.
Ce qui rend cette conjecture vraisemblable, c'est
qu'on n'a remarqué la porte aucune trace
de violence, et que la victime était demi
vêtue, et comme sortie la hâte de son lit.
Il est souhaiter qu'un aussi cruel attentat
qui a répandu au loin la consternationn'échappe
point a l'œil vigilant de la justice. Ce serait
véritablement une calamité que des ténèbres
impénétrables assurassent ici l'impunité aux as
sassins. Nous ignorons quels renseignements
l'instruction a déjà pu recueillir toujours est-il,
que M. le Juge-de-paix de Rousbrugghe en
particulier, n'a, comme officier de la police
judiciaire, négligé aucune peine pour arriver
sur les traces de la vérité. Attendons avec
confiance le résultat de ses efforts et de ceux
du parquet de Fumes, et soyons persuadés que
les autorités comprennent la responsabilité que
le devoir leur impose.
La littérature flamande multiplie ces essais
courageux qui lui promettent de l'avenir. Depuis
quelques mois, un recueil de pièces choisies
paraît mensuellement Courtrai sous la direction
de M. d'Haene et de quelques autres philologues;
aujourd'hui c'est l'annonce d'un nouvel écrit
périodique belge que nous avons enre'gistrer.
11 sortira des presses bien connues de Van-
linthout et Yandezande Louvainet aura pour
titre De middelaer, of bydragen ter be~
vordering van tael en onderwys. Le but
principal de cette publication sera d'amener
l'uniformité sur les points encore contra versés
de notre grammaire nationale; mais il est h
croire qu'elle ne sera point bornée ce cadre
restreint, et que se donnant plus d'essor, elle
embrassera l'instar des revues françaises, toutes
les questions dont l'actualité se fera entrevoir.
Nous engageons nos lecteurs concourir par
leurs souscriptions cette œuvre éminemment
digne d'intérêt trop souvent un accueil in
différent découragé les' zélateurs d'une langue
capable de conduire aux plus beaux succès lit
téraires. On souscrit chez M. Lambin, père,
où le prospectus se distribue.
NAUFRAGE DE
L ORIENTALrll ÏDROGRAPHE.
Nous nous hâtons de tranquilliser les familles belges, que
la nouvelle du naufrage de VHydrographe aura sans doute
remplies de pénibles appréhensions. Nous reproduisons
textuellement la lettre suivante que l'un des passagers nous
écrit de Valparaiso, la date du 23 juin.
Rassurez-vous tout d'abord sur le fatal événement qui
vient de nous survenir. Aujourd'hui, (z3 juin) notre navire
avait quitté Valparaiso vers midi, ayant bord le consul
de France et le consul de Belgiquenous marchions par
une brise légère vers Lima, lorsqu'un courant nous entraîna
sur des rochers en dehors du port de Valparaiso, une
lieue de cette ville environ. L^Oriental toucha d'abord
deux reprises sur des rochers cachés sous l'eau et échoua
ensuite sur la côte. Il fallut alors abattre les mâts, sauver
les femmes, les enfansceux qui surtout ne savaient pas
nager, eniin tout le monde. Heureusement personne n'a
péri seulement nous craignons que le navire ne se brise
cette nuit et que tout ce qu'il contient ne devienne la
proie des vagues car on n'a rien pu échapper du bâtiment
tant il a fallu mettre de précipitation pour sauver sa per
sonne avant même de songer ses efFets.
Plusieurs Belges, entr'autres MM. Jacquot, et Hyndrick
lieutenant de cavaleriese sont distingués pendant cet
événement par une rare intrépidité. M. Hyndrick a eu le
courage de revenir trois- fois bord la nage et de re
tourner successivement terre pour attacher les cordages
qui devaient servir au salut de l'équipage. Ce fait est
d'autant plus remarquable qu'il fallait passer sur des brisans
au travers des rochers aigus qui déchirent les membres
d'une manière épouventable. M. le consul belge et moi
nous dûmes nous servir du mât de beaupré comme d'un
pont pour gagner les rochers et atteindre la terre, préfé
rant ce procédé improvisé aux embarcations que nous
expédiaient les navires français et anglais.
Nous avons admiré au milieu de ce triste désastre
l'incroyable sang-froid de notre commandant. Rien dans
les paroles, dans la physionomie du capitaine Lucas ne
trahissait la moindre émotion. Il se multipliait, donnait des
ordres avec sa présence d'esprit habituelle et recommandait
tous le calme et le silence.
C'est lui qui, dans cette circonstance, est le plus
plaindre vraiment; car le voyage autour du monde accom.
pli avec toutes les conditions de son programme, devait
lui faire un nom et lui créer un bel avenir. Il parait
pourtant que tout n'est pas désespéréqu'il se propose
d'acheter un autre navire et de continuer l'expédition
comme s'il n'eût été question de rien. La chose est diffi
cile, mais non impossible. Vous voyez au surplus que rien
n'aura manqué notre éducation marine, pas même le
naufrage indispensable pour la poétiser....
Après avoir quitté Montevedeo, nous avons franchi le
détroit de Magellan, visité la Patagonie, l'île de Chiloë,
Tahuhuana, la ville de la Conception, et enfin San-Yago
et Valparaiso, où nous venons de jeter l'ancre d'une maniéré
si inatendue....
PARIS, 5 OCTOBRE.