s'est déterminé se rendre Seïile, occupé
par les forces anglo-turques.
En apprenant la défaite d'Osman pacha
et la retraite d'Ibrahim pacha sur Balbec,
événements sur lesquels aucun détail n'est
transmis, Soliinan pacha avait craint de se
trouver enveloppé dans Beyrouth; il s'était
décidé l'évacuer dans la nuit du 9. Pour
suivi le 10 avec acharnement, il avait été
battu lui même, forcé d'abandonner son
artil", son canvoiet il n'était pas certain
qu'avec les 1,500 h. qui lui restaient, il eût
pu se faire jour travers les montagnards
révoltés, pour rejoindre le généralissime,
Beyrouth avait été aussitôt occupé par les
alliés. Cette ville avait moins souffert qu'on
eût pu le croire des suites de la canon
nade et du siège.
Au nord de Beyrouth, Tripoli tenait
toujours pour Méhémet-Ali et n'avait pas
été attaqué sérieusement depuis la tenta
tive infructueuse faite le 19 septembre par
les Anglais. La garnison forte de 2,000
hommes d'infanterie, de 200 chevaux et
de quatre batteries, paraissait disposée
se défendre, et ne rien craindre des mon
tagnards presque tous révoltés. La popu
lation entière avait évacué la ville.
Latakie, trop éloignée du rivage pour
avoir rien craindre du feu des vaisseaux
auglais, n'avait pas cessé d'être occupée
par les Égyptiens. Il en était de même de
Tortose; on disait même que, dans une
descente qu'avaient voulu y faire les An
glais, ils avaient perdu quelques hommes
avec un officier.
Les points occupés par les alliés étaient,
indépendamment de l'île de Buad, où ils
avaient établi un hôpital, etdeBeyrouth, les
villes de Djébaïl, Djounie, Seïde et Sour. Ils
avaient aussi un moment occupé Caïffa, que
le bombardement avait presque détruite;
mais ils n'avaient pas tardé l'évacuer, la
jugeant inutile pour l'exécution de leurs
projets.
Toute la montagne, de Tripoli Sour,
était insurgée. Du côte de Naplouse, les
efforts des Anglais pour soulever la popu
lation avaient au contraire échoué, et on
ne croyait pas qu'ils dussent avoir plus de
succès tant que Saint-Jean-d'Acre conti
nuerait tenir. On ne l'avait pas encore
attaqué, mais la garnison paraissait insuffi
sante. Quatre villages entre Sour et Acre
s'étaient seuls soulevés, après avoir reçu
des armes des Anglais, mais ils avaient été
châtiés et désarmés par un détachement
de la garnison de cette dernière place.
Jaffa n'avait pas été attaqué.
La désertion faisait des progrès dans
l'armée égyptienne. Déjà plus de 5,000
soldats, dit-on, avaient abandonné les
drapeaux de Méhémet-Ali, ce qu'on attri
buait surtout aux privations qu'à souffrir
cette armée,dont la solde est forte arriérée.
Méhémet-Ali, sans se dissimuler la gravité
de la situation, faisait bonne contenance.
II venait d'envoyer Ibrahim pacha l'ordre
de concentrer toutes ses forces, de rappeler
lui les garnisons des côtes et celles de la
Caramanie, de jeter quelques troupes dans
Saint-Jean-d'Acre, de remplacer le camp
Marash, et de se tenir prêt agir suivant
les circonstances. De nouvelles troupes,
récemment arrivées de Heejar, allaient
partir pour renforcer l'armée de Syrie.
On prenait des mesures pour porter
42,000 hommesla garde nationale du Caire,
dont le nombre atteignait déjà 50,000. Les
ulémas et les étudiants en théologie se
disposaient prendre les armes pour for
mer une garde d'honneur commandée par
un des fils du vice-roi.
Malte, 27 octobre, au matin.
Le Cyclope vient d'entrer Malte. Il
porte l'émir Beschir et sa suite. Le blocus
d'Alexandrie a commencé le 16, il ne sera
étendu, assure-t-on, ni aux navires de
guerre ni aux bâtiments porteurs de la
correspondance que Méhémet-Ali a promis
de ne point inquiéter. On n'a point de
nouvelles de l'escadre française; mais on
sait que le Météore, bateau vapeur de
guerre, arrivé le 21 Sira, est porteur
d'ordres pressants pour l'amiral llugon.
Alexandrie, 19 octobre.
Le gouvernement a reçu hier soir une
dépêche télégraphique du Caire qui an
nonce que le siège de St-Jean-d'Acre est
commencé.
Paris, 9 novembre 1840, une heure
après-midi.
Le ministre de l'intérieur monsieur le préfet
du Nord.
Madame la duchesse d'Orléans est
heureusement accouchée d'un prince qui
portera le litre de duc de Chartres
OUVERTURE DE LA SESSION.
Jeudi 5 novembre 18 40.
DÉPÊCHE TÉLÉGRAPHIQUE.
SÉANCE ROYALE.
A une heure, le canon des Invalides a annonce
la sortie du roi du palais des Tuileries. Les crois
de vive le roi! accompagnent S. M. jusqu'au
palais de la chambre des députés.
A l'entrée du roi dans la salle toute l'assemblée
s'est levée aux cris de vive le roi!
Le roi se couvre, tous les assistants prennent
séance, et S. M. prononce d'une voix ferme le
discours suivant
Messieurs les pairs, messieurs les députés,
j'ai éprouvé le besoin de vous réunir autour
de moi avant l'époque ordinaire de la convo
cation des chambres. Les mesures que l'empereur
d'Autriche, la reine de la Grande-Bretagne, le
roi de Prusse et l'empereur de Russie ont prises
de concert, pour régler les rapports du sultan
et du pacha d'Egypte, m'ont imposé de graves
devoirs. J'ai la dignité de notre patrie h cœur
autant que sa sûreté et son repos. En persévérant
dans celte politique modérée et conciliatrice,
dont nous recueillons depuis dix ans les fruits,
j'ai mis la France en état de faire face aux
chances que le cours des événements en Orient
pourrant amener.
Les crédits extraordinaires qui ont été ouverts
dans ce dessein, vous seront incessamment soumis;
vous en apprécierez les motifs. Je continue
d'espérer que la paix générale ne sera point
troublée. Elle est nécessaire h l'intérêt commun
de l'Europe, au bonheur de tous les peuples,
et au progrès de la civilisation. Je compte sur
vous pour m'aider h la maintenir, comme j'y
compterais si l'honneur de la France et le rang
qu'elle occupe parmi les nations nous com
mandaient de nouveax efforts. Cris nombreux
de vive le roi!)
La paix était rétablie dans le nord de
l'Espagne, et nous nous applaudissions de cet
heureux résultat. Nous verrions avec douleur
que les maux de l'anarchie vinsent remplacer
les malheurs de la grerre civile. Je porte h
l'Espagne l'intérêt le plus sincère; puisse la
stabilité du trône de la reine Isabelle II et des
institutions qui doivent le soutenirpréserver
ce noble pays des longues et douloureuses
épreuves des révolutions.
Le satisfaction que nous avons réclamée
n'ayant pas été obtenue de la République
Argentinej'ai ordonné que de nouvelles forces
fussent ajoutées h l'escadre chargée d'assurer dans
ces parages, le respect de nos droits et la pro
tection de nos intérêts.
En Afrique, le succès a couronné plusieurs
expéditions importantes où s'est signalée la valeur
de nos soldats. Deux de mes fils ont partagé
leurs périls. Des efforts sont encore nécessaires
pour garantir, dans l'Algérie, la sûreté et la
prospérité de nos éfablissements. Mon gouver
nement saura accomplir ce que nous avons
entrepris.
La ville de Boulogne a été le théâtre d'une
tentative insensée, qui n'a servi qu'à faire éclater
de nouveau le dévoûment de la garde nationale,
de l'armée et de la population. Toutes les
ambitions échoueront contre une monarchie fondée
et défendue par la toute puissance du vœu
national.
La loi du budget ne tardera pas être
soumise votre examen. J'ai prescrit la plus
sévère économie dans la fixation des dépenses
ordinaires. Les événements nous ont imposé des
charges inattendues. J'ai la confiance que la
prospérité pnblique, rendue tout son essor,
nous permettra de les supporter sans altérer
l'état de nos finances.
D'autres dispositions vous seront présentées
pour des travaux d'utilité publique, dans l'in
térêt des lettres et sur la liberté de l'enseignement.
Messieurs, je n'ai jamais réclamé avec plus
d'empressemenj et de confiance votre loyal con
cours. L'impuirsance n'a point découragé les
passions anarchiques. Sous quelque forme qu'elles
se présentent, mon gouvernement trouvera dans
les lois existantes et dans le forme maintien
des libertés publiques, les armes nécessaires
pour les réprimer. Pour moi, dans les épreuves
que m'impose la Providence, je ne peux que