NOUVELLES DIVERSES.
lui rendre grâce de la protestation dont elle
ne cesse de me couvrir, ma famille et moi, et
prouver a la France, par un soin toujours plus
assidu de ses intérêts et de son bonheurla
reconnaissance que m'inspirent les témoignages
d'affection dont elle m'entoure dans ces cruels
moments.
A ces dernières paroces, que le roi prononce
avec une vive émotion les cris longtemps pro
longés de vive le roi éclataient dans toute
la chambre et dans les tribunes publique.
M. le garde-des-sceaux déclare ensuite la session
ouverte.
S. M. et les princes se retirent, et la séance
est levée aux cris de vive le roi! et vive la
reine!
La reine et lee princesses se retirent également.
Pendant que le roi lisait le discours, une
masse des gardes nationaux s'étaient réunis vers
le milieu du jardin des Tuileries, et ont entonné
la Marseillaise.
Au retour du cortège royaldes cris de la
guerre! la frontière! la réforme! se sont
fait entendre, mais ils ont été étouffés en partie
par le bruit des tambours.
Madame Adélaïde vient, h l'exemple des deux
reines des Français et des Belges, de faire con
naître a M. T'Kint-T'Kintson intention de
coopérer a l'exposition de la Société Philan
thropique de Bruxelles au bénéfice des pauvres.
On espère que ces preuves réitérées de la
sollicitude des deux familles royales stimulera
le zèle des dames de Bruxelles.
Le ministre de la guerre vient d'adjuger
la fourniture des fourrages pour l'armée pendant
l'année i84i dans les provinces des deux
Flandres, d'Anvers, de Brabant, de Namur, de
Luxembourg et de Limbourg. 11 ne reste donc
plus a adjuger que celle dans la province de
Liège.
Une personne récemment admise a visiter
le pénitentier des femmes établi a Namur, nous
rapporte que cette maison de détention n'a
rien de comparable en Europe, sous le double
rapport de la construction et de la distribution;
il en est de même pour l'ordre et la propreté
qui y régnentmalgré le nombre considérable
des détenues. Ce qui est remarquable surtout,
c'est la salle ou atelier de travail, cause de
ses dimensions grandioses.
Nous apprenons que le savant Carmoly,
toujours occupé de la littérature orientale, pré
pare une nouvelle édition du voyage de Benjamin
de Tudela et va publier un journal oriental.
Dans ce but il fait confectionner les caractères
tant hébraïques qu'arabes qui manquent dans
toutes les imprimeries de Bruxelles.
L'emploi du peuplier et généralement de
tous les bois blancs, excepté le bouleau, dans
la construction des chemins de fer, ne donne
pas de résultats heureux. Sur une grande partie
des sections de Malines a Ostende, on est déjà
obligé de remplacer ces essences de bois, posées
depuis moins de trois ans.
On écrit de Liège, le 6 novembre
M. le comte Leconteulx de Canteleu, com
mandant de la légion d'honneur, membre démis
sionnaire de la chambre des pairs de France,
est mort le 3o octobre a sa terre de Farceaux
(Eure), âgé de 54 ans. Son honorable conduite
dans toutes les circonstances de sa vie politique,
dit le Journal des Débatssa bienveillance
éclairée dans toutes ses relations de famille et
d'amitié, recommanderont toujours sa mémoire
aux gens de bien dans quelque nuance qu'ils
se trouventet laisseront un vide irréparable
dans le cœur de ses nombreux amis. M. Lecou-
teulx était propriétaire de la houillière de la
Chartreuse; c'est lui qui, au nom de son père
a fait hommage a la ville de Liège des colonnes
de marbre qui figurent sur la façade de la
salle de spectacle de cette cité.
On écrit de Namur6 novembre
Hier mercredi h 9 heurestrois ouvriers
employés au chemin de fer dans la propriété
de M. Comeliauh la Ste-Croixont encore
été victimes de leur imprudence ces trois
malheureux, travaillant h la tâche, avaient miné
la terre pour accélérer leurs travauxet aug
menter ainsi le faible salaire qu'ils reçoivent
ils ont été ensevelis sous un éboulement qui
est survenu. Le premier qu'on a retiré avait
les côtes enfoncées et ne donnait plus aucun
signe de vie, c'est le nommé Evrard, de Namur,
père de quatre enfants; le deuxième, aussi père
de familleavait la cuisse casséeet a été
transporté h l'hôpital S'-Jacques; le 3" en a
été quitte pour la peur et quelques légères
contusions.
L'affaire de Louis Donneux a été terminée
cette nuit devant la cour d'assises d'Anvers. Le
jury écartant la question de meurtre n'a pro
noncé la culpabilité que sur celles de rébellion
et blessures, la majorité de 7 voix contre
5. La cour, se réunissant h la majorité du jury,
a prononcé la condamnation h 10 ans de réclusion
et l'exposition. M° Vervoort, du barreau de
Bruxelles, a plaidé avec un talent remarquable
la question de résistance légale et s'appuyaut
cet égard sur des arrêts récemment rendus
eu France.
On écrit de La Hayele 5 novembre
Hier, le jeune prince héréditaire d'Orange a
été baptisé solennellement dans l'église dite
Kloosterkerk en cette résidence. De bonne heure,
un immense concours de fidèles s'était rassemblé
dans ce temple.
Suivant un arrêté royal de ces jours
derniersles directeurs généraux des départe
ments ministériels siégeront désormais au conseil
des ministres.
Les journaux publient le manifeste de
don François de Paule qui réclame la tutelle
de la jeune reine Isabelle et de sa sœur. Ce
prince soutient que la loi naturelle ne peut
firiver les enfants du roi du bénéfice que la
oi commune accorde a tous les citoyens. La
constitution a reconnu formellement ce principe
quand elle leur a désigné des tuteurs. La tutelle
nationale est un expression de loyauté, et non
une simple précaution. Les auteurs de la cons
titution de 1837 n'ont pu prévoir la possibilité
du cas qui se présente aujourd'hui. Ils n'ont
pas désigné le tuteur pour le cas où la régence
cesserait d'exister entre la cessation des fonc
tions du tuteur et la réunion des cortès. Mais
nos anciennes lois y suppléent, et elles doivent
être considérées comme le complément de notre
code politique. Par ces lois j'ai de droit la
tutelle légale jusqu'à ce que les cortès aient
déclaré qui aura le droit de l'exercer.
Les ministres actuels ne peuvent être a la
fois tuteurs et régents, çar la constitution défend
de cumuler ces deux fonctions. Je proteste
contre toute supposition d'ambition. Mon seul
désir est de remplir un devoir sacré avec zèle
et patriotisme. Je réclame cette tutelle pour
consacrer toute mon énergie au service de ma
reine et de mon pays. Je la réclame parce que
mon exclusion serait une offense personnelle
envers moi.
On lit dans la Gazette de Cologne
Il est arrivé le 3 octobre a Vienne, par voie
extraordinairedes lettres de Constantinople
en date du 18, contenant des nouvelles très-
importantes. Elles annoncent que Selim pacha,
général en chef de l'armée turque en Egypte,
a livré, le 10, une bataille aux Egyptiens,
commandés par Ibrahim pacha en personne, et
a remporté sur lui une victoire complète. Les
Egyptiens ont perdu un grand nombre des leurs
tant morts que blessés, prisonniers et transfuges.
Le reste se débanda presqu'entièrement. Selim
pacha était accompagné du général Jochmus et
du coramodore Napier. Les troupes turques
combattirent avec courageet donnèrent aussi
la preuve, qu'il ne leur manqua que de bons
chefs lorsque les Egyptiens les vainquirent auté-
rieurement.
Ibrahim pacha s'est réfugié a St-Jean-d'Acre.
L'émir Beschir était arrivé avec toute sa famille
Saïda, pour accomplir sa soumission, et a été
conduit de la a Beyrouth, ville dont les alliés
ont pris formellement possession, le 9, au nom
de la Porte. Provisoirement la dignité de l'émir
Beschir, dont la soumission fut si prompte, a
été conféré h un autre chef. La prochaine
opération des alliés sera probablement le bombar
dement de Tripoli, après quoi viendra le tour de
St-Jean d'Acre, dernier boulevard de la Syrie. On
ne s'attend pas a de grands obstaclescar la
démoralisation des troupes égyptiennes est h
son comble.
L'observateur autrichien contient en
outre ce qui suit
Les nouvelles de Beyrouth représentent l'armée
égyptienne dans un état de dissolution complète.
Nulle part le moindre soin n'avait été pris pour
la subsistance des soldats qui se trouvaient sans
provisions de bouche, sans habillements, sans
médicaments et sans médecins. Des 18 ou 19
mille hommes avec lesquels Ibrahim pacha était
entré dans le Liban, dans le courant de l'été,
il reste a peine 8,000 hommes, en y comprenant
la garnison de Tripoli quidit-on s'élève a
3,ooo hommes. Le io° régiment égyptien est
presque complètement détruit et les soldats syriens
du a4e régiment se sont sauvés dans les mon
tagnes et cherchent h regagner leurs foyers.
Un voyageur arrivé de Bagdad a Beyrouth
et qui s'est arrêté a UrfaAntiocheLattakia
et Tripoli, assure que les troupes turques sont
partout dans l'état les plus misérableet que
les habitants desdites villes sont fermement
résolus a se déclarer pour la cause du Sultan
h la première occasion favorable.
Le 10 octobre au matin le bateau h vapeur
français le Castor est arrivé sur la rade de
Beyrouth, et a demandé h l'amiral Stopfort la
permission de pouvoir mettre h terre pour quel
ques heures le consul français M. Demeloyzes.
Cette permission lui a été accordée sans diffi
culté par l'amiralet le même joura deux
heures après-midi, le Castor quitta la rade de
Beyrouth.