D AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVpm 8émm ]\o 2414. SAMEDI, 21 Novembre, 1840. 24me Année. TTnlT' TirT T Vm flTJTT'TTlf T"Il IllirrfiilIMMUTOTI LE PROPAGATEUR, ëmmm i Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. I, a- bonncmrnt est de f'- par trimestre pour la Ville, et 4 fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste. j.es insertions se paient 17 Centimes la ligne. Affranchir les lettres. ÏPRES. Nous l'avons déclaré, ce sont les intrigues dirigées contre le Collège S'-Vincent qui nous ont fait aborder franchement la question des subsides. Quoi que l'on en ait dit et quoi que l'on en dise a l'avenir, il est évident que nous l'avons traitée avec la plus stricte impartialité, avec la plus sincère bonne foi. En établissant que le Collège Épiscopal ne doit pas être dépouillé de l'appui qu'il a trouvé dans le conseil d'adminis tration nous avons expressément reconnu que nous n'entendions pas préjudicier au Collège Communal. La conservation du statu quo est d'autant plus désirable, selon bous, que l'en seignement moyen subira bientôt une réorgani sation radicale les chambres s'occuperont, dans le cours de la session, du projet qui leur a été soumis. Une réclamation, que nous qualifierons simplement d'inutileparce que nous n'avions pas attaqué le parti d'où elle émane, a été publiée dans notre feuille; nous l'avons accompagnée de la reproduction sommaire de notre pensée on a dévoilé l'impuissance où l'on était de répondre a ces lignes, en s'accrocbant a la misérable ressource de signaler les fautes que la précipitation y avait laissées. Nous achèverons la tâche que nous avons eu le courage d'entreprendre chercher ce qui est vrai et juste sur un point délicat et important. Voila pourquoi nous n'hésitons pas h ouvrir nos colonnes la lettre suivante. Je fJ' ec/ac/cut </u (Ptopaçjateuir. Monsieur, Depuis quelque temps, votre journal s'occupe sérieusement de la question des subsides com munaux en faveur du Collège S'-Vincent de Paul. Je m'abstiens pour le moment de toute ré flexion sur les articles qui ont paru touchant cette matière. Je désire seulement de répondre par la voie de votre journal quelques mots a l'auteur de la lettre apologétique du Collège Communal, insérée dans un de vos derniers numéros. L'auteur de cette lettre paraît intimement con vaincu de la grande nécessité de baser l'éducation sur la morale et sur la religion. J'applaudis a sa conviction qui est conforme a celle de tout vrai libéral mais je ne saurais donner mon assen timent a l'application qu'il y fait du principe religieux, et pour parler franchement je crois que par sa lettre si équivoque, il n'aura pas rendu grand service au collège de prédilectiou. Et voici ma pensée l'auteur de la lettre précitée, Mr F., se dit l'ami et l'intéressé du Collège Communal, il croit même être bien informé de l'organisation du dit établissement; mais quelle idée me fait-il concevoir de ce même collège dont il veut justifier la catholicité par des preuves si chimériques en matière d'éducation religieuse? Si les arguments solides ne lui manquent point, pourquoi ne s'en sert-il pas dans une question de si haute importance?.... S'il en est dépourvu, que ne fait-il grâce sa plume? Du inoins il 11e nuirait pas au parti don t—il se constitue le zélé, mais imprudent dé fenseur!.... Un léger savoir en matière d'édu cation, ne suffit-il pas pour reconnaître la débilité du raisonnement qui tend a établir la catholicité d'une maison d'éducation, sur l'usage que l'on y conserve d'astreiudre les enfants h quelques pratiques de piété, qui y sont plutôt de mode que de goût; et de s'en rapporter pour le reste de l'éducation religieuse aux soins d'un prêtre qui y vieut catéchise*- les enfants chaque semaine peut-être pendant trois heures!... Est-ce bien la ce qui constitue le fond d'une éducation vraiment religieuse? Non, certainement. Ce n'est l'a qu'une chimère d'éducation religieuse. La piété ne doit pas seulement y être de commande ou de mode, mais il faut qu'elle y soit rendue aimable; non seulement l'élément religieux doit entrer dans l'explication du catéchisme, niais il doit s'étendre sur tout le plan de renseignement; il faut que toute V atmosphère de t école soit religieuse, que linstruction morale et religieuse s'associe tous les actes du maître d'école et des enfants. En effet qu'est ce que l'éducation proprement dite? L'éducation, comme le dit sagement l'ancien inspecteur général des éludes en France, mon sieur Laurentie, n'est pas l'instruction, ni même tout-k-fait l'enseignement c'est la pensée qui préside k l'instruction, qui dirige et qui vivifie l'enseignement. Or, comme l'éducation doit être religieusec'est l'élément religieux qui doit présider, diriger et vivifier toutes les branches de l'instruction, comme de l'enseignement. Selon d'autres auteurs également versés en cette matière, édnquer, c'est éclairer l'esprit et former le cœur a la vertu; c'est former l'homme de bien en façonnant l'homme du monde et l'homme de lettres; c'est savoir, dans un jeune homme, associer a la religion, aux vertus, qui font l'homme de" bien, les talents et les agréments qui font l'homme du monde. Voila de quelle manière s'entend la bonue et solide éducation! Telle n'est pas seulement la conviction de tous ces grands hommes en fait d'instruction qu'a pro duits le christianisme, d'un Fleury par exemple, si souvent cité et loué par les philosophes, d'un illustre précepteur du Da\nliin on du duc de Bourgogne, d'un sage et jift&ciçux Rollin, etc., etc., mais tons les philosophes Tîbéwwx et même ennemis de l'Église, concourent k proclamer tous ensemble que l'éducation n'est autre chcse que l'art d'enseigner et de conduire la jeunesse par les sentiments de la religion. C'est la pensée prédominante d'un Strietz, d'un Thiersch, d'un Cousin, d'un Guizot, qui passent aujourd'hui pour connaître k fond la matière de l'éducation, et qui ne peuvent faire ombrage aux libéraux même les plus avancés. Mr Cousin entre autresl'ex-ministre de l'instruction publique en France, qui, après la révolution de i83o, fut envoyé en Allemagne pour étudier le système d'éducation dans ce pays si renommé pour ses progrès dans l'enseig nement, Mr Cousin, qui a examiné cette matière sous toutes ses faces, comment s'explique-t-il sur l'idée qu'il s'est formée de l'éducation? Avec quelle force la montre-t-il toute entière dans l'intéressant mémoire sur l'éducation primaire et secondaire en Prusse, adressé k M. De Montalivet ancien ministre de l'instruction publique en France Laissons le parler lui-même S'attacher surtout aux connaissances moralesqui importent davantagepuisque c'est surtout l'dme et l'esprit des enfanta qu'un véritable maître doit former. Le philosophe français termine ce mémoire par ces mémorables paroles' Je n ignore pasM' le ministreque ces conseils sonneront mal aux oreilles de plus d'une personneet qu'à Paris on me trouvera bien dévot. C'est pourtant de Berlin, ce n'est pas cle Home que je vous écris. Celui qui vous parle ainsi est un philosophe autre fois mal vu et même persécuté par le sacer~ docemais ce philosophe a le cœur au dessus de ses propres insulteset il connaît trop l humanité et l'histoire pour ne pas regarder la religion comme une puissance indeslruc~ tible le christianisme Lien enseigné comme un moyen de civilisation pour le peuple.... Déjà Mr Cousin avait averti M' le ministre que deux choses spécialement l'avaient frappé en lisant le programme des matières d'enseig nement dont se compose l'instruction secondaire en Prusse, et surtout en voyant ce programme en action dans les bons gymnases de la monarchie; la première dit-ilc'est l'alliance des études scientifiques et des études littéraires; la seconde c est la haute importance de Venseignement religieux. Mais quelle est l'âme de cet enseignement religieux en Prusse? Voici ce que dit la cir culaire du 4 Août 1826 touchant l'instruction religieuse

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Le Propagateur (1818-1871) | 1840 | | pagina 1