On trouve dans les comptes-rendus
soumis la législature par M. le ministre
des finances, les totaux des budgets suc-
cessifs de dépenses, présentés aux cham
bres depuis la révolution.
Pour le 4mc trimistre de 1850. 28,580,525
Pour 1851 115,800,850
Pour 1852 205,972,280
Pour 185597,090,855
Pour 185495,272,010
Pour 1855 80,309,593
Pour 1850 99,952,501
Pour 1837 101,048,402
Pour 1838 120,593,251
Pour 1839 99,055,325
Pour 1840 101,154,320
Pour 1841 105,652,723
Ces divers budgets forment un total de
un milliarddeux cent quarante-huit mil
lions, cent trente-cinq mille deux cent deux
francs.
Les comptes-rendus dont nous parlons
expliquent ensuite la situation des recettes
et des dépenses et aboutissent cette con
clusion, qu'on trouve une insuffisance de
ressources depuis le 1er octobre 1850, épo
que de l'établissement du gouvernement
belge, sur tous les exercices antérieurs
1839, de 5,098,005 fr. 95 cenlim.
M. Gachard, qui, par ordre de M.
le ministre de l'intérieur, explore en ce
moment les riches archives des comtes de
Flandre, des ducs de Bourgogne et des
princes leurs successeurs conservées
Lille, y a trouvé, enîre une foule d'autres
documents remarquables pour l'histoire
de la Belgique, deux pièces tout entières
de la main du cardinal de Granvelle. La
première est un mémoire où le prélat
réfute les accusations dérigées contre lui
dans le manifeste que le prince d'Orange
publia son entrée en campagne en 1508.
il s'y justifie de l'ambition qu'on lui im
putait, en disant qu'il n'a pas voulu avoir
les sceaux, mais s'est contenté du titre
de conseiller-d'état, comme les autres. Il
soutient avoir été étranger la création
des nouveaux évêchés, et que le roi Philippe
II se cacha de lui, lorsqu'il la fit solliciter
Rome. Il affirme n'avoir demandé ni
l'archevêché de Malines, ni l'abbaye d'Affli-
ghem, et les avoir même refusées jusqu'à
sept et huit fois. Il déclare que jamais il
ne fut question d'introduire dans les Pays-
Bas l'inquisition d'Espagne comme on en
sema le bruit, pour le rendre odieux. Enfin
il entre dans des détails sur les menées et
les intrigues des seigneurs contre lui, et
sur leurs démarches pour affaiblir de plus
en plus l'autorité du roi. L'autre pièce est
un canevas qui devait servir la composi
tion d'un mémoire étendu sur les causes
des troubles et les circonstances qui les
avaient précédés et accompagnés, depuis
l'abdication de Charles-Quint. La commis
sion royale d'histoire ayant eu communi
cation de ses précieux documents dans son
assemblée du 7 de ce mois, a décidé qu'ils
seraient textuellement insérés dans le bul
letin de la séance.
Les maîtres chargés de cette instruction
ne doivent point oublier combien il importe
tétat que les jeunes gens, élèves dans les
écoles publiques, aient une foi éclairéeet
soient animés de sentiments religieux.
Voila le but où doivent tendre les instituteurs.
Aussi Mr Cousin nous fait-il observer que le
règlement de Berlin, du 26 Août 1812 sur les
examens nécessaires pour parvenir un emploi
dans l'instruction secondaire, est surtout dirigé
vers le grand objet de Céducation la science
n'y est considérée que comme un des instruments
de la pédagogie, et le problème que les diverses
épreuves cherchent résoudre et de savoir si
le candidat est capable ou non de bien
gouverner la jeunesse.
Que cela suffise pour prouver l'évidence
que selon Mr Cousin et selon les savants de
l'Allemagnel'éducation n'est que l'esprit qui
présidequi dirige et qui vivifie toute l'ins
truction et tout l'enseignement qu'elle n'est que
l'arr de former l'esprit et le cœur des jeunes
gens. Ainsi puisque d'après l'aveu de M° Strietz
directeur de l'école normale de Postdam, homme
souvent cité avec admiration par Mr Cousin, le
but le plus immédiat (ce sont ses propres paroles)
et le plus important de toute instruction est
d'élever l'homme, c'est-à-dire d'ennoblir son
cœur, son caractère, d'éveiller en lui les forces
de son âme, et de le rendre la fois disposé
remplir ses devoirs, et capable de les remplir
en effet; puisque disons-nous tel est le but de
l'éducation, osera-t-on encore méconnaître que
l'esprit de religion doit présider tous les
rapports qui existent entre le maître et l'élève,
toutes les parties de la science pédagogique,
comme tout le plan d'enseignement? Croira-
t-on que ce soit divaguer sur un terrain non
assigné que de voir un professeur étendre ses
réflexions morales et réligieuses sur les sciences
profanes comme sur la science de la religion?
Ah qu'on s'en garde ce serait désavouer
l'âme de l'éducation religieuse, ce serait peut-
être confesser ou son incapacité de remplir un
devoir si indispensable, ou son esprit d'irréligion,
et dans l'un comme dans l'autre cas quelle
confiance mériterait un pédagogue de ce genre?
Si l'instituteur n'est pas un homme chrétien,
sa pensée ne sera pas chrétienne. Il ne songera
pas, comme le dit clairement un auteur moderne,
dont j'emprunte volontiers les expressions dans
plus d'un endroit de ma lettre, faire aimer
et estimer la religion au dessus de toutes les
autres connaissances, au dessus de tous les autres
biens; l'éducation qu'il donnera ne sera pas
chrétienne non plus; et il en sera fait des fruits
réels de l'instruction et de l'enseignement. Les
enfants feront peut-être des progrès dans les
connaissances simplement utiles, mais ils resteront
arriérés dans les connaissances essentielles qui font
l'homme de bien et de religion. Encore une
fois, si l'instituteur n'est pas un vrai chrétien
un homme solidement vertueux et d'une conduite
exemplaire, comment pourra-t-il former le cœur
de ses élèves la piété? Comment pourra-t-il
remplir cette obligation de première nécessité,
celle de conduire sagement le cœur de ses dis
ciples? Rien ne supplée la vertu et la morale
du maître; les actions sont bien plus sensibles
que les poroles, et l'autorité de l'exemple a sur
le cœur des enfants un pouvoir immense,
surtout dans ce qui se rapporte la morale
au sentiment et l'amour de la vertu.
Voici avec quelle précision Fénélon s'explique
sur ce sujet
Dans tous les âges, dit-il, l'exemple a un
pouvoir étonnant sur nous, dans lenfance il
peut tout les enfants se plaisent fort imiter;
ils n'ont point encore d'habitude qui leur rend
l'imitation difficile. Déplus, n'étant pas capables
de juger par eux-mêmes du fond des choses,
ils en jugent bien plus par ce qu'ils voient
dans ceux qui les proposentque par les raisons
dont ils les appuient. Les actions sont bien plus
sensibles que les paroles. Si donc ils voient
faire le contraire de ce qu'on leur enseigne, ils
s'accoutument regarder la religion comme une
belle cérémonie, et la vertu comme une idée
impraticable.
Il n'est donc pas étonnant que la loi chez
un peuple voisin requière que le maître d'école
soit avant tout un homme religieux Pour bien
remplir sa destination, dit-elle, un maître d'école
doit être pieux et sageet pénétré du sentiment
de sa haute et sainte vocation!!!....
Mais résumons, et disons sans crainte de dé
plaire aux libéraux même les plus avancés en
libéralisme, que le but de l'éducation étant de
former l'homme, l'esprit de religion doit planer
sur tout l'enseignement, et que le maître-insti
tuteur doit être un homme recommandable par
sa piété comme par ses talens. Esprit de religion
présidant toutes les parties de l'instruction
et de Venseignement morale, piétévertu bien
sincère dans le projesseur voilà les cons
titutifs d'une éducation religieuse A ces
conditions seulement, l'éducation est vraiment
religieuse; et rien ne peut suppléer au défaut
de l'un de ces éléments. Qu'après cela des per
sonnes bien peu instruites en matière d'éducation
ne viennent plus en imposer en disant que la
partie religieuse sera suffisamment enseignée,
par cela seul qu'un, prêtre se charge du caté
chisme ne leur répondrons-nous pas avec M*
Guizot, ministre actuel en Fiance, par ces paroles
si significatives
Que l'instruction morale et religieuse n'est
pas comme le calcul, la géométrie, l'orthographe,
une leçon qui se donne en passant, une heure
déterminée, après laquelle il n'en est plus ques
tion que la partie scientifique est la moindre
de toutes dans l'instruction morale et religieuse,
que ce qu'il fautc'est que tatmosphère de
Vécole soit morale et religieuse, qu'il sagit
ici d'éducation, plutôt que d'enseignement, et
que si l'instruction morale et religieuse ne
plane pas sur l'enseignement tout entier, vous
n'atteindrez aucun but; qu'ainsi la morale et
la religion doivent s'associer l'instruction tout
entière, tous les actes du maître d'école et
des enfants?!....
Ainsi nons finissons en répétant qu'il faut qu'il
préside l'instruction des doctrines religieuses
qui dirigentqui vivifient l'enseignement. Du
moment qu'un établissement d'éducation possède
ces doctrines et cet esprit universel de religion,
il est religieux; en est il dépourvu? Il ne l'est
pas!!....
Agréez, monsieur le Rédacteur, l'assurance de
ma considération distinguée.
M. B. R.