M. le lieutenant-général Schneider, est nommé au commandement des trou pes réunies aux environs de Paris pour les travaux des fortifications. Huit mariniers de la Seine, décorés de la légion d'honneur par l'empereur, viennent d'être envoyés au Havre par le préfet de la Seine, où ils doivent s'embar quer sur la Normandie. Uil ex-officier des dragons de l'em- pératrice, vient d'écrire au ministre de la guerre pour demander l'autorisation d'é quiper ses frais 8 anciens militaires de son régiment qui feraient partie du cortè ge pour la cérémonie funèbre. Arrivée des cendres de l'Empereur Napoléon en France. La frégate la Belle-Poule, sous les ordres de S. A. R. Mgr le prince de Joinville, et qui rapporte en France la dépouille mortelle de l'empereur Napoléon a mouillé h Cherbourg le 5o novembre, h 5 heures du matin. M. le prince de Joinville adresse a M. le ministre de la marine le rapport suivant On lit dans le Messager Le gouvernement a reçu et publié la nou velle de l'arrivée a Cherbourg de la frégate qui rapporte les restes de l'empereur Napoléon. La France est impatiente de connaître tous les détails de la pieuse et patriotique mission con fiée h M. le prince de Joinville, et se dignement accomplie par le jeune prince et les compagnons que le roi lui avait donnés. C'est pour satis faire h ce juste et unanime sentiment que le gouvernement s'empresse de porter la con naissance du pays le résumé des faits qui se rattachent a l'expédition de Saint-Hélène. C'est le 8 octobre au matin, après soixante- six jours de mer depuis Toulon, et vingt-quatre depuis Babiaque la frégate la Belle-Poule et la corvette la Favorite furent en vue de James-Town la capitale de l'île. Après avoir louvoyé toute la matinéeM. le prince de Joinville réussit a prendre un excellent mouil lage fort près de terre. A l'entrée en rade de la Belle-Pouleet dans la vieillesse, des souvenirs lui rendent les tourmens de la jeunesse, ces joies enivrantes suivies d'amers regrets, et payées par des lar mes amères. Les larmes sont au cœur humain ce que la rosée est aux plantes. La rosée nourrit, déve loppe les plantes, leur fait porter des fleurs et des fruits les larmes développent les fa cultés du cœur, les fécondent; les germes qu'il avait en lui se gonflent, croissent et fructifient. C'est surtout l'âme de la femme qui ressent ce besoin de larmes et de douleur, besoin que la natureles lois de la sociétéles passions et l'égoïsme de l'homme prennent soin de sa tisfaire. Plutôt souffrir que de ne pas sentir Tel avant le mouillage mêmel'état-major du général Middlemoregouverneur de l'îlese rendit borden grand uniformeavec le commandant du Dolphinpour complimenter le prince. Le gouverneur, retenu dans sa maison de campagne de Plantation-House par une grave indisposition avait chargé le lieutenant Middlemoreson fils et son aide-de-campde témoigner a S. A. R. tous ses regretset de lui offrir pour son logement et celui de sa suite le château de James-Town, qui, d'après des ordres venus de Londres} lui avait été préparé. Après une première conférence sur l'objet de sa mission et les moyens de l'accomplir M. le prince de Joinville s'empressa d'aller visiter le tombeau de Napoléon h Longwood course pleine d'un intérêt douloureux et pour les compagnons du jeune prince qui revoyaient après vingt années d'absence le lieu de leur exil, et pour ceux-lh même qui contemplaient pour la première fois ce dernier asile de tant de gloire Dans les journées du il, du 12 et du 13 et en attendant que le commissaire français eût arrêté avec les autorités anglaises toutes les dispositions préliminaires a prendre pour l'ex humation et la translation des restes de l'empereur, les équipages des trois bâtiments de guerre furent conduits par détachements au tombeau de Long wood et chaque homme peut rapporter un souvenir de sa visite. La journée du i5 octobre, 25e anniversaire de l'arrivée de l'auguste exilée Sainte-Hélène avait été définitivement fixée pour la cérémonie de la translation. La veille, dans l'après-midi, les cercueils venus de France sur la Belle- Poule, le char funèbre construit dans l'île par ordre du gouverneur et les divers objets néces saires pour les opérations furent successivement dirigés vers la vallée du Tombeau. A dix heures du soir, les personnes désignés, pour assister, du côté de la France, a l'exhumation, descen dirent a terre et se dirigèrent vers le lieu de la sépulture. Un motif de la haute convenance interdit M. le prince de Joinville de se mettre a leur tête. est le cri de son âme aimante, et comme fille comme femme, comme mère, comme amante elle sent et souffre toute la vie. Pourquoi donc se plaindre, dira-t-on peut-être? Mais la plainte n'est-elle pas encore un besoin Quelques paradoxale que puisse paraître cette assertionl'être qui n'a point connu la volupté du malheur, est digne de pitié. 11 ignore l'un de ces joies amères de la vie qui sont bien supérieures aux autres joies répan dues sur la terre; et l'âme de la femme est plus particulièrement faite que celle de l'hom me, pour goûter cette volupté. La femme seule connaît dans toute sa plénitude la sorte de jouissance que donnent les larmes elle seule peut sentir, au sein de la douleur, une féli- L'espace nous manque pour publier les pièces officielles relatives aux diverses opérations; nous empruntons aux correspondances des témoins oculaires la description de cette mémorable solennité Commencés h minuit et demi, les travaux ont été poussés sans relâche et avec une grande activité pendant plus de neuf heures. A neuf heures et demi du matin, la terre avait été entièrement retirée du caveau, toutes les couches horizontales démolies, et la grande dalle qui recouvrait le sarcophage intérieur detachée et enlevée a l'aide d'une chèvre. Les travaux en maçonnerie cimentée qui entourait de toutes parts le cercueilet auxquels les dix-neuf années déjà écoulées n'avaient porté aucune atteintel'avaient tellement préservé des effets de l'atmosphère et de la source voisine, qu'à la première vue il ne semblait en aucune façon altéré. Le sarcophage en dalles, lui-même parfaitement conservéétait peine humide. Dès que M. l'abbé Coquereau eût récité les premières prières, le cerceuil fut retiré avec le plus grand soinet porté par des soldats du génie nu-têtedans une tente dressée pour le recevoir auprès du tombeau. Après la cérémonie religieuse de^la levée du corps, les cercueils intérieurs furent ouverts, sur la demande du commissaire du roiafin que M. le docteur Guillard pût prendre les mesures nécessaires pour garantir les restes mortels de Napoléon de toute décomposition ultérieure; le premier cercueil extérieur était légèrement attéré le cercueil de plomb était en bonne état et renfermait deux autres cer cueils, l'un en bois, l'autre en ferblanc, dont les recouvrements furent successivement enlevés avec le plus grand soin. Le dernier cercueil avait été doublé intérieurement d'une garniture de satin blanc qui, détaché par leffet du temps, était retombée sur le corps et l'enveloppait, comme un linceulen y adhérant légèrement. 11 est difficile de décrire avec quelle anxité, quelle émotion les assistants attendaient le mo ment qui devait leur révéler tout ce que la mort avait laissé de Napoléon. Malgré le sin gulier état de conservation de la tombe et des cercueils, peine pouvaient-ils espérer de cité inexprimable, parce que l'âme de la femme est faite pour combattre, vaincre et succomber tour a tour et pour trouver dans les misères de chaque jour un aliment au feu sacré qui l'anime; ce feu sacré se nourrit de tout ce qui l'éteint chez l'homme. Rien De peut la guérir de ses vœux exaltés, de ses folles espé rances sans cesse déçues elle porte en elle- même la source inépuisable de jouissances enivrantes, de douleur sans bornes, de vertu surhumaine, de vice audacieux, de bonheur et de souffrance au-dessus de ce que le langage sait peindreAh c'est pour la femme sur tout que souffrir c'est vivre. C'est elle surtout que les dieux n'ontrien donnél C'est elle surtout qu'ils ont tout venduet bien chèrement vendu

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Le Propagateur (1818-1871) | 1840 | | pagina 2