D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS HT NOUVELLES DIVERSES.
No 2439
24me Année.
Églises. Nous voudrions pouvoir les faire
partager par les membres de la fabri
que de la cathédrale de notre ville. L'édi
fice est connu. Il n'y a pas d'étranger qui
n'attache la même importance examiner,
l'extérieur et l'intérieur, l'église de
S'-Martin qu'à contempler notre superbe
Hôtel de Ville. Mais on ne tire pas le parti
convenable des tableaux que l'on possède.
Il faudrait en faire disparaître quelques-
uns; quelques autres exigent une meil
leure disposition. En entrant dans l'église,
on voit la gauche un rang de tableaux
qui produisent un bon effet. Les uns sont
de Suvée, les autres de Beke. En général,
les sujets sont assez bien traités. La nuit
de Noël est une excellente production.
Nous l'avons dit précédemment, la droite
les portraits des évêques d'Ypres, gâtent
la vue de l'ensemble il faut les placer
l'endroit que nous avons indiqué et élaguer
le tableau qui se trouve au dessus d'Adam
et Evedans le fond de l'église, de chaque
côté de l'entrée, nous conseillons de ne
placer que des tableaux qui soient as-
sortis qui fassent pendants. Il nous sem
ble encore que quelques petites toiles
exposées dans les chœurs latéreauX bles
sent les regards de ceux qui veulent que
toutes les parties soient en accord avec le
tout. Si, parmi les pièces que nous répu
dions, il s'en trouve de quelque mérite,
qu'on les conserve dans la petite sacristie;
qu'on les montré aux connaisseurs; pour
quoi les prodiguer au détriment de la
beauté de l'Église.
L'œuvre la plus remarquable se trouve
derrière le maître-autel. C'est l'assomption
par Jordano.
L'âme sauvée du purgatoire est une
production tendre et gracieuse de Van
Bree.
Le siège de la ville d'Ypres par Vande-
velde n'est pas sans mérite.
Ceux-là sont encore irréprochablement
disposés.
Le S-Martin de Van Dyck n'est pas en
évidence.
Ne négligeons pas cependant de l'a
vouer, depuis quelques temps de notables
améliorations ont été introduites.
BELGIQUE.
La simplicité est, sans contredit, l'un
des éléments constitutifs du beau. On peut
examiner avec plaisir les détails minutieux
d'une architecture compliquée; mais rien
ne frappe les regards, rien ne provoque
l'admiration comme les graves colonnades,
les cintres majestueux et les voûtes har
dies de nos basiliques. Aussi répugnent-
elles, selon nous, toute espèce d'orne
ments nous aimons reposer les yeux
sur leur sublime nudité. Les tableaux
seuls peuvent ne pas être de nature al
térer la majesté de ces lieux, pourvu qu'on
11e les y admette pas en trop grand nom
bre et qu'on en écarte ceux qui n'offrent
aucun intérêt soit religieux, soit artistique.
Malheureusement ces idées ne dominent
pas chez tous les administrateurs de nos
FEUILLETON.
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LE PROPAGATEUR,
Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. L'a
bonnement est de 4 fr. par trimestre pour la Ville, et 4
fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste.
Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir
les lettres.
YPRES, 17 FÉVRIER.
elle ne frisonnait pas jusqu'à la plante des pieds
lorsqu'un meuble tombait, et tout son sang ne
refluait pas vers son cœur parce qu'un chat la
réveillait en sursaut. Un jour on l'attendait dans
sa maison de campagne, située une lieue de la
petite ville qu'elle habitait; le chemin se trouvait
tracé au milieu d'une large forêt; il lui passa dans
l'esprit la fantaisie de la traverser seule le soir.
Elle se dit qu'il serait doux de suivre ses pensées
dans ce grand silence du bois qui semble se
recueillir, d'écouter l'écho de Ses pas, de contem
pler les rayons blancs de la lune, de voir son
ombre se projeter sur la route. Et la voilà qui
partit cheminant dans la forêt. Un petit reste de
jour, qui semblait un adieu, Féclairait a peine, elle
marchait pensive, regardant ces belles feuilles
d'automne aux mille nuances dégradées depuis le
brun jusqu'au jaune serin; les unes étaient sèches
et ridées comme la peau d'une vieille femme,
d'autres toutes dépouillées, laissaient a nu leurs
fllamens de dentelle. Oh! qu'elle était belle cette
forêt avec ses allées de velours vert, ses chênes au
tronc bruni et ses bouleaux aux tiges de satin
blanc, quelquefois tachetées de noir comme une
fourrure d'hermine! Mais bientôt les taillis ne
furent plus qu'une masse d'ombre; c'était l'heure
où chaque racine du chemin est un pied qui vous
heurte, chaque brauche d'arbre un long bras qui
s'allonge, chaque ver luisant un œil qui brille.
Madame Ervins marchait tranquillement, admirant
les points d'or des étoiles, lorsqu'elle crut entendre
les massifs d'arbres s'agiter comme lorsque deux
mains écartent les branches, elle se dit C'est
sans doute un lièvre effrayé, et elle continua son
chemin. Au bout de quelques instans, il lui sembla
que d'autres pas que les siens faisaient craquer
les feuilles d'automne; elle marcha rapidement,
et toujours derrière elle les feuilles mortes se
froissaient avec leur craquement de squelette.
Mais bientôt elle respira plus librement, elle avait
vu scintiller dans l'ombre des lumières de sa mai
son; encore quelques pas, et elle atteignait la
lisière du bois. Tout-à-coup deux larges mains
serrèrent ses bras comme dans des tenailles de fer,
et une voix creuse lui cria La bourse ou la vie.
Elle sentit d'abord un frisson, mais elle se dit
Soyons forte, et elle fut forte; de la fermeté,
pensa-t-elle, je suis sauvée, et ses pensées con
servèrent tout leur ordre, toute leur clarté, toute
leur puissance.
La bourse ou la vie, répète la voix creuse.
Je n'ai pas d'argent.
Ah! vous n'avez pas d'argent, madame
Ervins dit le brigand en lui meurtrissant la chair.
Je vous le jure sur ma foi, ceci est la vérité, toute
la vérité, et rien que la vérité. Un neveu de la
femme forte m'a conté l'histoire, et moi j'ai regardé
comme un saint devoir de l'inscrire dans nos
annales de courage. Le courage! c'est une chose
si étrangère h notre nature, qu'il ne faut pas en
laisser tomber la plus petite parcelle. Hélas l'odeur
de la poudre nous fait mai h nous qui nous par
fumons et respirons nos frais bouquets de bal et
je sais beaucoup de femmes, sans m'excepter, qui
n'auraient pas la bravoure du plus poltron des
conscrits. Je dis cela, parce que nous sommes entre
nous; si j'apercevais l'ombre d'une barbe, je
crierais bien haut: Voyez, messieurs, comme nous
sommes vaillantes; et je déclinerais les noms de
toutes les femmes fortes, comme un joaillier met en
étalage ses plus beaux diamans. Je suis toute fière
et joyeuse de mon histoire qui va nous grandir de
six pieds. Écoutez bien.
Madame Ervins était belle comme les statues
antiques, sa taille s'élevait au-dessus des autres
femmes comme un grand peuplier s'élève au-dessus
des joncs. Certes! elle était courageuse! la nuit