D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS lï NOUVELLES DIVERSES. N° 2441. MERCREDI, 24 Février, 1841. FEUILLETON. V» v«:ï BELGIQUE. Les sous-officiers ont eu foule leur spectacle. Nous attribuons particulière ment ce résultat la nature des pièces qu'ils représentent et la fixation très- convenable des prix d'entrée. Ce n'est pas que nous méconnaissions tout espèce de mérite cette troupe improvisée quoique l'ensemble ne soit que médiocre, nous aimons proclamer que quelques sujets, révèlent une grande aptitude au théâtre. Mr Rsurtout paraît être là dans son véritable élément. Dimanche au soir, bal de la concorde. 11 ne s'y trouvait aucun masque, aucun déguisement. Les danseurs étaient rares, les danseuses plus rares encore. On peut comparer cette réunion ce qu'était la grande société une vingtaine de mois avant l'expiration de son bail et la vente de son mobilier. UNE CAPITALE. Avant-hier et hier, malgré la sombre fraîcheur de l'athmosphère,les principales rues de notre ville offraient grand nombre de promeneurs. Nous n'avons vu que quel ques mascarades parfaitement insigni fiantes. Dans les estaminets il y avait beaucoup de curieux, mais pas d'intrigues. L'homme au poupon parlait avec facilité et hardiessenous ne disons pas avec es prit et convenance. Autour de nous on disait ses folies font rire, ses feuilletons font bâiller. La nuit, il y avait bal dans plus d'un cabaret. L'ordre public n'a pas reçu la moindre altération. Mr De Smits nous a donné hier soir un très-beau concert. Des artistes et des amateurs de distinction y ont apporté la part de leurs talent. On y a entendu avèc ravissement le grand air de Lucie de Lam- manière admirable. Mr N. Clapaert est un trombonne de première force. Nous devons constater les nouveaux progrès et les bril lants débuts de composition de notre jeune et laborieux concitoyen, qui se placera indubitablement dans les rangs des pre miers violonistes du siècle. Dans différentes provinces, des co- mités de Médecins de campagne se sont formés pour réclamer auprès des chambres contre le projet de loi qui doit leur être soumis incessamment, et qui tendrait dans ses effets la suppression de la plupart des officines rurales. Nous apprenons qu'une réunion du même genre des mé decins et chirurgiens du plat pays de nos environs aura lieu ici l'hôtel du Petit Ypres, lundi 1er mars, 10 heures du matin. Sans préjuger sur le mérite des appréhensions de la faculté, nous, applau dissons au zèle de ceux qui, mus sans doute par un mobile plus élevé que l'in térêt propre, ont pris l'initiative en cette occurrence; nous attendons que MM. les docteurs et officiers de santé de notre ar rondissement et des districts voisins, s'em presseront de se rendre l'assemblée, et que des discussions qui auront lieu, res- sortiront des éclaircissemens capables d'ai der la législature introduire sur la matière des dispositions, utiles la fois la profession, et au pays. En agissant ainsi, MM. les médecins prouveront qu'ils comprennent la mission de tout citoyen instruit dans un pays constitutionnel, quand il s'agite devant les représentants r llTIDA k LE PROPAGATEUR, Ce Journal parait le MEltCREDl et le SAMEDI. L'a bonnement est de 4 fr. par trimestre pour la Ville, et 4 fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste. Les iusertions se paient 1 centimes la ligue. Affranchir les lettres. VPRES, 20 FÉVRIER. Ou appelle ainsi un grand amas d'hommes rassemblés pour vivre le plus possible les uns aux dépens des autres, pour se faire la guerre, mais une guerre sourde, sans canons ni fanfares; une guerre mielleuse, accompagnée parfois de scrremens de mains et de gracieux sourires; guerre polie la manière des Anglais, lorsque, rangés en bataille Fontenoi, ils mirent chapeau bas en disant Messieurs les Français, commencez. Une capitale est un lieu où l'on contrarie en tout la nature, où l'on serait honteùx de se lever et de se coucher avec le soleil, ce grand principe de vie, ce flambeau qui ranime et réjouit toute créature, depuis l'éléphant jusqu'à A éphémère. Dans ces hauts murs, chacun semble ie fuir et se blottir en un lieu ou il ne puisse pénétrer. S'expose r< ses rayons, dans une promenade publique, c'est braver les railleries des gens de haut parage, qui n'agissent de joui qu autant que les affaires 1 exigent; mais qui réser vent pour la nuit les festins, les bals, l'éclat des riches toilettes; mais qui déploient leurs facultés intellectuelles, lorsque la nature tend les engourdir, afin de leur donner un repos salutaire. Uue capitale est un lieu où l'on vit dans un continuel état de fièvre, où une pleine sanlé cause uue sorte de mermoor que Me"° Mchante d'une déiiaiu et fait presque dire de celui qui eu est affligé Il a uue mine de manant, ou bieu Ii sent la province. Dans uue capitale, les femmes sont le malin vaporeuses, grondeuses, languissantes, plaintives, chargées de migraine et d'ennui; les hommes soucieux, distraits et cbagrius. Mais le soir, après les libations de Madère, lorsque le Molta répand ses parfums, ils se montrent agréables, galans, pleins de cordialité et de bon vouloir pour le lendemain. Sous les lustres élincelaus de lumière, les femmes sont enjouées, fraîches et gracieuses; toutes leurs paroles appel lent le sourire sur les lèvres. Le matin, ou ne s'entretient que de procès, banqueroutes, chagrins domestiques, malaJies, désastres, regrets amers, soucis de l'avenir, ruine, ingrati tude et trahison. Le soir, on parle d'opéra, de parties de campagne, chevaux, jolies femmes poésies et romans. Alors, les iulirmités humaines sont cachées sous la gaie, les bro deries, les moelleux tissus du Tbibet; alors toutes les mines sont sereines et avenantes. Le malin paraissent les rides, les cheveux blancs, les joues pâles, les jeux tristes; puis le coucert de plaintes sur les misères de la vie se fait eu- tendre de toutes parts. Due capitale est uu lieu qu'on traverse en plusieurs sens, durant quinze, vingt jours de suite, sans rencontrer uu visage ami qui vous rappelle que vous foulez le sol de la patrie. Oppressé par la foule dans laquelle on se sent isoléou s'écrie Que suis-je au milieu de ces huit cent mille âmes qui toutes ont leurs préleulious sans bornes, leur importance, leur exigence, leur ambition, leurs grands projets et leurs petits succès, leurs passions dévorantes et un dieu moulé leur taille Après avoir été éclaboussé par l'opulence corrompue insulté par la misère ignoble sollicité par la pauvreté honteuse, sans avoir aperçu parmi, deux ou trois mille visages, une physionomie, qui sympa thise avec la nôtre, on s'écrie Hélashélas! qu'est-ce que nous? Et puis, quaud on voit, les jours de fête, cette effrayante population se répandre comme une lave sur les places et les promenades, se coudoyer, se presser, couvrir le pavé ainsi qu'un nuage de sauterelles qui s'abat sur une plaine, on se demande avec stupéfaction comment toutes ces créatures parviennent trouver chaque jour du pain un lit et un gîte. On comprend alors la froide indifférence des conquérans pour le sang des hommes, lorsque, du haut d'un balcon ils contemplent cette fourmilière qui n'est pourtant qu'une parcelle de leurs sujets; et l'on se met sourire tristement, en se rappelant ces paroles impériales ou royales Je vous porte tout dans mon cœur. Ah qu'est-ce que le cœur d'un roi de vingt, de trente milions d'hommes! Une capitale est un lieu où l'on spécule sur la disette, sur la peste, sur l'amour, sur la gloire, sur le scandale, sur le patriotisme, selon le goût du jour. Il faut lui rendre cette justice nulle part on ne porte un aussi haut degré l'art de se ""faire malheureux. Les gens de province n'y entendent pas grand chose ce sont de petits esprits. Une capitale est uue grande mare fangeuse dans laquelle une foule d'animaux malfaisans ou rebutans cherchent leuy

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 1