D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS ET NOUVELLES DIVERSES. No 2443. MERCREDI, 3 Mars, 1841. 24me Ani FEUILLETON. BELGIQUE. Le carnaval a été clôturé par les bals de la Concorde et du Salon d'Apollon. Comme de coutume, le salon regorgeait tle monde. Trouver sa danseuse et se maintenir dans un quadrille y étaient cho ses assez difficiles. Ou y remarquait de très-jolies personnes et quelques déguise ments gracieux et frais. La concorde a fait de grands efforts pour donner un léger signe de vie. S'il n'y a pas eu plus de monde qu'à l'ordinaire, au moins y a-t-on rencontré des masques et des déguisements. Il y avait de beaux costumes, il y en avait de bizarres, il y en avait de répugnants. Parmi ces derniers nous plaçons les peaux d'ours dont quel ques membres ont pris la fantaisie de s'affubler. Des ours la concorde! qui l'eût dit! mais c'est incroyable! Nous avons vu manquer dans toutes les réunions ce qui constitue l'essence de la DE L'AMOUR AU XIX8 SIÈCLE. mascarade, savoir l'intrigue. Il semblait toujours qu'aucune des personnes mas quées ne connût aucune de celles qui ne l'é taient point. Avouons qu'il n'est pas donné chacun d'exciter convenablement la cu riosité de celui auquel il se cache; comme il n'est pas donné tout le monde de tolérer modérément des plaisanteries de part et d'autre donc il y a des obstacles. Une exception détestable se produit quelquefois cette règle dans les esta minets, par l'échange d'imputations ba nales et souvent mensongères proférées haute voix et en termes impolis ou gros siers. C'est un abus qui enlève au carnaval de son charme et pourrait entraîner des voies de fait. Du reste nous ne faisons qu'exprimer les appréhensions que nous avons ressenties et nous avons la satis faction de répéter que le bon ordre n'a été troublé en aucune façon. Une mort prématurée vient de nous enlever Mr Edouard Ghesquiere, avoué et juge-suppléant auprès du tribunal de cette ville. Le barreau perd en lui un confrère affectueux et dont la solide ins truction était rehaussée par une rare mo destie et une délicatesse toute épreuve. Le Moniteur publie. 1° les pétitions des chambres de commerce de Bruges, Coûr- trai, Mons, Gand et Saint-Nicolas, pro testant contre l'adoption du projet de loî relatif au traité de commerce avec les États-Unis; 2° des pétitions datées de Quiévrain, Montrœul-sur-Haine, Boussu, Nimy, Hainin, Wasmuel, Elonges, Hornu, Thulin et Saint-Ghislain, relatives la fa brication du sucre indigène. Le B. P. Boone a annoncé en chaire, après sa conférence d'hier, que tous les lundis de carême il y aurait l'église du Sablon un sermon allemand six heures un quart du soir, prêché par un prêtre allemand, le R. P. Rochs. C'est la même heure également qu'auront lieu l'avenir les conférences en français par le R. P. Boone, les mardis, mercredis et jeudis. La nommée Sophie Scaron, veuve Cadot, renvoyée devant les assises du Brabant par la cour de cassation, vient d'être transférée de la prison de Bruges celle des Petits-Carmes Bruxelles. Le sieur Charlier, poursuivi comme son com plice, pour faux en écriture de banque sera également tranféré la même prison LE PROPAGATEUR, Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. L1a- houuement est de 4 fr» par trimestre pour la "Ville, et 4 fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste. Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir les lettres. SLVJ2SMSL3JLSISLSLSLSL& VPRES, 3 MARS. Aimer, c'est là tout vivre. Saikts Bedve. Il n'y a plus d'amour. Telle est la triste assertion que j'entends répé ter sans cesse. Mais l'amour, formant une partie de Dieu même, est immortel comme son esprit et sa puissance, et les sentimens de l'homme, qui repre'sentent ce bel attribut de la divinité, ne sauraient jamais périr. Dans cette portion de nos facultés, tous les amours sont compris Aimer est une source, qui, se divisant en plusieurs ruisseaux, change seule ment de couleur selon les terrains qu'elle parcourt. Un poète qui connaît bien tous les amours, parce qu'il commence par celui de Dieu, parle ainsi dans sa tendresse pour une femme Mon Dieu, Aimer, c'est croire en toi, c'est prier avec larmes Pour l'angélique fleur éclose en notre nuit, C'est veiller quand tout dort, et respirer ses charmes, Et chérir sur son front ta grâce qui réluit i)! Mais cet amour-la est celui qui varie le plus avec le temps et les mœurs. Dans l'antiquité, c'était un seul désir de posses sion, un être simple; un enfant ne sachant encore qu'une parole Vous êtes belle; je vous aime. Alors la Pudeur avait un beau temple, mais pas d'autels domestiques; alors l'amitié dans l'amour était entièrement inconnue; alors la tristesse, la mélancolie, ne venaient jamais se mêler aux ar deurs; pas d'état intermédiaire, on était plein de joie ou de désespoir, furieux ou ravi je crois que les amans de l'antiquité ne soupiraient pas. Chez lès peuples du nord, qui gardèrent long temps des mœurs pures au sein de la barbarie, chaque guerrier, pour faire sa compagne de celle qui lui était chère, voulut trouver en elle d'autres qualités que celles qui brillent a l'extérieur. Dans les chants qui nous rappellent l'esprit de ces Suinte Buuvu. Bruxelles, 2 Mars. nations sauvages, dans les vers d'Ossian, dans le poème de Nibelungs, les filles célébrées par leurs amans n'ont pas seulement des cheveux rouges comme de l'or, elles ont encore de la constance, de la piété filiale; elles sont douces et tendres comme la clarté de la lune. Frigga et les autres déesses de la Mythologie Scandinave se montrent aussi sages que belles, et les druidesses chéries, hono rées de tous les peuples celtiques obtiennent la grâce d'être inspirées de Dieu par une vie chaste et méditali ve. Déjà on veut estimer celle qu'on ado re l'amour commence a prendre une âme. Le christianisme vient bientôt mettre dans cette âme la pudenr, les luttes, les scrupules, les remords, toutes les délicatesses de sa sublime essence. Mais chez nos pères, barbares encore, ce senti ment divin eut le sort de la religion même l'igno rance les corrompit tous deux; de tous deux on prit les symboles extérieurs, les croyances exagé rées, les pratiques minutieuses, tout ce qui faisait bruit et spectacles, tout ce qui donnait occasioa

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 1