jusqu'à présent pour arriver ce but était
pénible et incommode; les frais et le dom
mage qui en résultaient pour les inslru-
mens n'étaient pas en proportions avec
leur destination. Si l'on prend en considé
ration ce que l'on gagne cette nouvelle
invention. On peut dire sans exagération
qu'elle est au-dessus de toutes ces inven
tions pompeusement annoncées et qui ne
servent qu'au luxe.
C'est donc rendre service tous ceux
qui se rasent eux-mêmes que de leur faire
connaître cette invention qui doit inspirer
d'autant plus de confiance qu'un homme
de l'art chargé de l'examiner a fait un rap
port très favorable ce nouveau procédé.
Nous apprenons avec plaisir nos lec
teurs que l'agent de la maison Gold-
schimdt qui vient de parcourir les princi
pales villes, de la Belgique et d'établir les
dépots Bruxelles, Liège, Gand, Bruges et
Ostende, cédant aux instances de nos con
citoyens arrivera très prochainement en
notre ville où il né fera qu'en très court
séjour. (Communiqué.)
Bruxelles, 20 Avril.
S. A. R. le prince de Joinville a refusé,
la station d'Ostende, la voiture qui lui
était offerte, et a préféré prendre place
dans une diligence. M. le sénateur de
Ridder et M. Chantrell de Stappens se
trouvaient dans celle que le prince a choi
sie, et il s'est entretenu avec eux, durant
toute la route, de la manièrelaplus affable.
Le prince de Joinville a assisté vendredi
une partie de la représentation de l'opéra
la Chaste Susanne. S. R. avait pris place
dans la loge des officiers de la maison du
Roi, avec M. le comte d'Arschot, grand-
inaréchal du palais, le général Nypels et
lin aide-de-camp.
Un accident déplorable vient d'ef
frayer la commune de Noirchain, située
3 lieux de Mons. Le 13 avril vers 4 heures
et demie du soir, une poudrière, située
dans cette commune a sauté. Ce malheur
est encore dû l'imprudence. Deux ou
vriers, après avoir retiré le mélange de
dessous les meubles, y ont placé un second
mélange, mais n'ayant point poussé cette
pâte sous les meules, celles-ci ont lancé des
étincelles et communiqué l'inflammation
toute la manufacture et dans les divers
ateliers. L'explosion a été violente, et trois
ouvriers qui sortaient de l'usine ont été
tués, tandis que les deux individus, causes
de l'exposition, n'ont été que légèrement
brûlés. Ceux qui ont péri sont deux jeunes
gens de 14 et de 15 ans, le troisième est
père de deux enfants.
S. A. R. le prince de Joinville, ac
compagné de son aide-de-camp, M. le ca
pitaine de vaisseau Hernoux, est arrivé
jeudi soir Ostende, venant de Calais.
Hier malin, le jeune prince a pris une
place de diligence sur le chemin de fer,
Ostende, et est arrivé midi Bruxelles.
11 a été reçu son arrivée par M. le major
Dieskau, officier d'ordonnance du Roi, qui
l'a conduit au Palais, où l'attendaient L. M.
M. le comte de Lalaing, notre chargé
d'affaires Madrid, a offert sa démission.
M. le comte de Muelenaere partira
aujourd'hui pour Bruges, où il va chercher
sa famille.
M. le baron Pecsteen de Lampreel a
été nommé gouverneur ad intérim de la
Flandre occidentale.
M. Liedts est parti avant-hier pour
Mons, ayant accepté la place de gouver
neur du Hainaut.
M. le comte Camille de Briey, ministre
des finances, a pris avant-hier possession
de l'hôtel du ministère; il a immédiatement
reçu tous les fonctionnaires supérieurs de
l'administration.
On écrit de Spa, le 15 avril
La saison des eaux, qui a été si brillante
Spa en 1840, commencera le 23 mai dé
cette année et promet de l'emporter enco
re sur celle des années précédentes. Tou9
les travaux d'embelissemeut sont terminés
et donnent une physionomie nouvelle ce
délicieux séjour. Le Grand Hôtel des Tuile
ries a été acheté par la commune pour
faire place une nouvelle maison de
bains, qui réunira le confortable l'élé
gance. Les fêtes qui ont eu tant de reten
tissement l'année dernière ne sont rien en
comparaison de celles qu'on annonce pour
la saison de 1841. Les courses, comme on
le sait, sont les plus célèbres du continent;
c'est là que les amateurs allemands, an
glais, français et belge se donnent rendez-
vous pour lutter. Déjà beaucoup d'hôtels
sont loués et la ville commence se peu
pler comme si le temps des plaisirs était
arrivé.
FRANCE.
paris, 19 avril.
M. Lehon, notaire, poursuivi par M. le
procureur du roi comme s'étant immiscé
dans des affaires de banque, de commerce
et d'industrie étrangères ces fonctions;
avait fait demander une remise par M" Fag-
niez, son avoué, attendu que ni l'inven
taire, ni l'instruction correctionnelle ne
sont encore terminés. Le tribunal ayant re
fusé l'ajournemeut, M. Lehon a fait défaut.
Le tribunal, contrairement aux conclu
sions de M. Cramail, substitut du procu
reur du roi, a prononcé aujourd'hui sa
destitution.
folie de compter sur l'avenir, et que ce qui est
faute ou malheur se répare bien rarement.
Oui, mon père, j'irai, répondit Auguste
ému et un peu inquiet.
Bon soir, va dormir en paix, mon fils.
Il faisait h peine jour le lendemain, quand Au
guste et son père, après une promenade silen
cieuse, s'assirent h l'endroit le plus élevé et le
plus solitaire du parc. Cette heure est solennelle
comme celle qui ramène la nuit, dans l'une est
l'espérance, dans l'autre le souvenir, je ne sais
lequel a le plus de douceur. Le général appuyant
son front sur sa main, se recueillit un instant.
Auguste, qui l'examinait avec une curiosité triste,
le vit pâlir, comme si dans le récit qu'il allait
faire, il y avait remords ou chagrins cruels.
Ne dis rien, père, si cela te fait mal, je ne
verrai plus Jenny qu'en ta présence.
Non, mon ami, a mon âge, tu sauras quel
charme on éprouve h rappeler ce qu'on a souffert,
dut-on souffrir encore a lè dire.
Pauvre père, commence, j'écoute.
Tu sais déjà, mon ami, que mon père était
un riche fermier normand. De toutes les manières
de vivre qui nous sont imposées par le sort, celle-
ci est sans contredit une des plus heureuses. Une
ferme comme celle où je suis né est un petit em
pire qui a des jouissances pour un ambitieux, et de
plus nobles plaisirs pour un cœur affectueux. Tout
y est soumis au maître, s'il est juste; tout lui est
attaché s'il est bon, et mon père était l'un et
l'autre.
A cette époque où j'étais tout enfant, la France
était encore tranquille et commençait h le rede
venir, lorsqu' h dix-huit ans je sortis d'un collège
où j'avais fait d'assez bonnes études, pour aller
a Paris suivre une école de droit. Au milieu du
bouleversement général, ma famille était demeu
rée tranquille, et bien des malheureux avaient eu
a bénir la générosité de mon père et la tendre
compassion de mon excellente mère. A toutes les
vacances, j'allais revoir cette ferme, ce verger,
ces champs où je trouvais a chaque pas de rians
souvenirs, où chacune de mes actions en créait
d'autre plus doux encore. Cette dernière fois,
lorsque si jeune, j'allais me fixer seul a Paris,
mon père me prodigna des conseil, fruits de soit
expérience, de ses réflexions et de ses lectures du
soir. Us partirent d'une si bonne âme, d'un es
prit si juste, qu'il eussent été utiles partout même
dans ce monde que mon père n'avait jamais
connu, si, aii moment 6ù il me les adressa, je les
avais entendus. Malgré là pëiné que je prenais h
lui donner mon attention tout entière, Paris, ce
que j'en savais, ce que mon imagination y ajou
tait encore, se plaçait entre moi èt mon père et
faisait un vain son de ses paroles si sages et si
tendres. Je n'osai toutefois le fâire commencer; le
moment des adieux arriva. Alors j'aurais voulu res
ter, car ma ttète nié couvrait dé sés baisers et de
ses larmes, et la profonde émotion de mon père pâ
lissait sa figure et se rendait sa voix tremblante.
Suite au prochain numéro.)