D'AFFICHES, ANNONCES, AVIS fT NOUVELLES DIVERSE No 2464. SAMEDI, 15 Mai, 1841. 24m° Année.. FEUILLETON. BELGIQUE. Ypres, 15 Mai. Lorsqu'on jette les yeux sur le corps électoral et qu'on se rappelle ce qu'il était il y a une dixaine d'années, on est frappé du changement extraordinaire qu'un si court espace de temps a pu amener dans la disposition des esprits. Alors un sentiment unique présidait au mouvement de ces masses compactes que la révolution venait d'émanciper et qui se portaient avec ardeur vers l'exercice de droits dont la jouissance leur était accordée dans toute sa latitude; ce sen timent était le patriotisme. Aujourd'hui une foule d'intérêts et de passions semblent se disputer le terrain électoral. Les votes ne sont plus, en grand nombre, le résultat d'un élan spontané l'intrigue les surprend, l'autorité les ar rache en faveur de telle ou telle aversion, en faveur de telle ou telle sympathie. L'amour du pays, le bien général est oublié ou impitoyablement sacrifié la soif personnelle de l'or et des honneurs. Le devoir des électeurs devient aussi de jour en jour plus difficile remplir. Il n'est plus permis de céder aucun entraî nement; le vote doit être dicté par un examen scrupuleux et loyal. Or, il n'est pas toujours facile de discerner la sincé rité de la tromperie, de demêler l'égoïsme d'avec le dévouement la patrie. Nous croyons avoir dessiné avec préci sion les trois partis qui se partagent l'opi nion. Il faut espérer qu'au jour de la lutte il n'y en aura plus que deux, savoir le parti véritablement national, celui qui aspire l'ordre et la justice, celui qui veut le respect de tous les droits, celui qui tend avec constance vers le bien-être moral et matériel de la grande communauté; et cet autre particomposé de soi-disant apô tres des lumières et delà civilisation, qui, sous prétexte d'anéantir les préjugés, d'extirper l'ignorance, veulent arriver au pouvoir pour l'exploiter dans l'intérêt d'eux et des leurs, dans l'intérêt de leur cupidité et de leur ambition. Nous l'avons dit encore, il n'y a pas lieu d'avoir du doute sur le point de savoir de quel côté penchera la balance électorale. Cependant il ne faut jamais s'endormir dans une dangereuse sécurité. Défiez-vous donc des hommes qui se drapent avec ostentation sous le manteau de l'intérêt public, et qui au fond n'ont d'autres soins que pour l'avantage, le succès-des familles, des coteries qui les poussent et les élèvent. Défiez-vous des hommes qui prêchent constamment contre ce qu'ils appellent des moyens honteux d'influence et qui eux-mêmes ont con stamment recours ces moyens. Défiez- vous surtout, électeurs, de ceux qui vous entourent d'insidieuses flatteries, qui moyennant votre vote consentent vous prodiguer les titres d'homme éclairé, sage, instruit, et qui entr'eux vous considèrent comme des instruments propres attein dre leur but, réaliser leurs vœux et leurs désirs. Sachez qu'il vous suffit d'avoir du bon sens, de la droiture et une instruction solide en harmonie avec votre position sociale; laissez d'autres le philosophis me, la haine de la religion et de ses mi nistres. Quoi qu'ils disent, tenez pour certain qu'il n'y a pas de morale sans religion. J.-J. Rousseau l'a reconnu. Écoutez ses paroles Je n'entends pas qu'on puisse être vertueux sans religion j'eus longtemps cette opinion trompeuse, dont je suis très- désabusé. Et, tenez-le encore pour cer tain, sans moralité, le bien-être matériel est irréalisable. Sans moralité, il ne peut y avoir que dissolution, désordre, anarchie. LE PROPAGATEUR,1 Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. L'a bonnement est de 4 fr. par trimestre pour la Ville, et 4 fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste. Les insertions se paient centimes la ligne. Affranchir Ici lettres. WTTrmmnrtnmrrinrtnrrtrT'tnrTrsTTtntTinrîTTrinrïTmnni'te LA RCE DE LA HALLE ET LA PETITE PLACE. Lorsque naguère on a exécuté le beau plan d'élargisse ment de l'entrée de la rue au Beurre, beaucoup de personnes notables exprimèrent l'avis, qu'il était indispensable d'élargir pareillement la rue de la Halle; en abbaltant toutes les maisons depuis l'angle méridional jusqa'à l'angle septen trional de cette rue. La même opinion prévaut encore aujourd'hui et telles enseignes que si par hasard on vient parler de la rue de la Halletout le monde tombe invariablement d'accord qu'elle devait être élargie et l'on prononce cette décision avec tant d'unanimité, avec tant d'aplomb, et le verbe si baut, que le partisan du sisteme contraire, ne serait pas même admis (comme on l'a expérimentéa placer le moindre mot en faveur de son opinion. Cependant tout caractéristique, d une sentence prononcée en robe rouge, que soit cette^écisi on elle n'est cependant pas si claire, si convaincante, qu'elle ne puisse donner matière quelques objections devant le tribunal du bon goût, en fait d'administration urbaine. D'après cette éuouciation, il ne sera pas tout fait téméraire d'émettre quelques idées contraires la décision tranobante qui nous occupe. La rue de la Halle peut être considérée sous trois points de vue différents, qui sont, i° la corrélation de cette rue avec la place du Marché au Beurre. 2° cette rue comme faisant partie de l'ensemble de celle dont le trajet com mence au Pont du l ombard et finit la Poterne en face du Marché aux Bestiaux, 3» l'effet qu'eût produit l'élar gissement de la rue de la Halle, par rapport aux places publiques adjacentes. Avant d'aborder l'examen brièvement analytique de ces trois points; je fais observer que, passant sous silence, l'énormité des dépenses qu'eussent occasionné la ville, l'acquisition de toutes les maisons de celte rue (l'adminis- tration en sait quelque chose, par l'achat fait par elle dans le tempsde la maison du coin de la rue au Beurre), l'acquisition des fonds et terrains pour y édifier d'antres habitations et puis les difficultés litigieuses de toutes espèces qu'eut inévitablement engendré ce nouvel état des choses: je laisse au public judicieux le »in d'apprécier, et l'éuor- mité de ces dépenses, et l'étendue de ces difficultés je me bornerai au simple examen de ce qui eût été convenable l'utilité et l'embellissement de la ville. Abordant le premier pointje ne crains pas d'avancer qu'après la démolition et disparition totale des maisons de la rue de la Halle on aurait obtenu en effet, un espace long, depui» l'entrée de la Petite Place jusqu'au fond du Marché au Beurre près de la rue de l'Etoile, mais on eût rencontré au milieu de cet emplacement le bâtiment des boucheries, qui, planté là comme un moulin vent au milieu d'une route, eût intercepté la vue de la rue de la Halle, vers le Marché au Beurre, et de celui-ei vers la rue de la Halle et ce que l'on eût pu voir, de l'un et de l'autre côté travers l'étranglement que forme l'entrée de la rue du Vergerse serait réduit si peu de chose, un agrément si minime, pour une demie douzaine de maisons seulement que c'eût été une prodigalité que d'entreprendre la moindre démolition celte fin. Venant au deuxième point, nous parconrrone l'espace dans toutes se3 parties, depuis le Pont du Lombard, jus qu'à la Poterne ci dessus menlionée. En prenait pour point de départ le Pont du Lombardon voudra bien remarquer, que bien qu'occupant le premier rang, parmi

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 1