En un mot donc, électeurs, écartez tou
tes les influences; livrez-vous votre ex
périence, votre raison; réfléchissez sur
les hommes et sur les choses; déterminez
vous par vous-mêmes dans votre choix; si
vous vous concertez, que ce soit avec des
hommes raisonnables et désintéressés;
n'écrivez pas aveuglément sur votre bul
letin les noms imprimés que l'on vous en
verra domicile; suivez l'impulsion de
votre conscience; n'ayez pas la sotte pré
tention de passer pour un esprit fort; et
vous aurez bien mérité de la patrie!
Depuis quelques jours des billets
anonymes étaient répandus en ville pour
convoquer les électeurs l'Hôtel de Ville,
l'effet de consulter leurs intentions sur
les élections prochaines. A l'heure de la
séance, MM. Hochsteyn et d'autres cory
phées ultra libéraux se trouvaient au poste
et voyaient avec une indéfinissable satis
faction arriver successivement les affidés
de leur parti. Mais cette bonne humeur
disparut graduellement mesure que des
électeurs modérés et indépendants, peu
soucieux des cajoleries de la loge vinrent
augmenter le nombre des assistants, de
manière rendre la majorité plus que
douteuse. On avait remarqué autrefois leur
absence, et on y comptait de nouveau.
Cependant un bureau se constitua sous la
présidence de M. Beke, ancien sénateur.
Grande était la consternation des libéraux.
Qu'allaient-ils faire? Ils avaient provoqué
la réunion et ils se trouvaient en minorité.
Au sein de leur assemblée allaient être
proclamés des noms qu'ils considèrent
comme hostiles, des hommes dont ils
redoutent la fermeté et le talent! Assuré
ment il fallait se tirer de ce faux pas par
stratagème. Le secrétaire du bureau, hom
me honorable mais entiché de prétentions
ultra libérales, prit la parole et dans un
long discours se prononça en faveur de la
candidature de MiM. Boedtavocat, Donny,
échevin et Vanreninghe (bourgmestre de
Poperinghe). On sera étonné de voir M.
Vanreninghe faire nombre dans cette com
binaison, mais on en comprendra facile
ment le motif. Un électeur proposa son
tour MM. Deflorisone (Auguste) et Jules
Malou. On allait passer au scrutin prépa
ratoire, quand le secrétaire prit de nou
veau la parole et soutint qu'il n'était
aucunement opportun d'aller actuellement
aux voix, que le but de la réunion était de
discourir sur les choix faire, mais non
de voter. Cette proposition fut défendue
avec des développements si amples qu'à
la fin M. le président exprima son éton-
nement de ce que deux fois le secrétaire
avait pris la parole sans la demander, et
occupait presque seul la seance. Il croyait
que, vu l'heure avancée, il était temps de
laisser aussi d'autres opinions la liberté
de s'expliquer. Aussitôt M. Hochsteyn con
testa M. Beke sa qualité; mais cette atta
que dirigée contre celui que l'âge, la dignité
de caractère et l'assentiment de tous,
avaient appelé la présidence, fut re
poussée par une improbation générale.
Toutefois grâce au procédé d'Hochsteyn au
milieu des murmures l'assemblée fut dis
soute, et se sépara sans avoir fait l'épreuve
du scrutin. Au petit nombre de ceux qui
croyaient encore l'impartialité et la
loyauté du libéralisme tel que la loge l'en
tend, voilà un enseignement qu'il est utile
d'enrigistrer et de tenir en mémoire.
Bruxelles, 14 Mai.
La nouvelle organisation des postes doit
être mise en vigueur d'ici peu de jours,
dans les bureaux de Bruxelles.
On annonce que c'est dimanche 16 du
courant que le Roi et la Reine des Belges
doivent quitter Paris pour revenir au
château de Laeken. L. M. coucheront di
manche soir Amiens et prendront le
lendemain la route de Lille et Courtrai
d'où elles continueront leur route jusqu'à
Laeken avec un convoi spécial du chemin
de fer.
Le 7 courant, vers les 7 heures du
soir, le nommé Vanden Eede, domestique,
demeurant la ferme du sieur Gilles Rie-
seman, dans la commune de Lebbeke,
Flandre orientale, a été tué par la foudre
étant dans la campagne.
La grippe règne depuis quelques se
maines Liège avec beaucoup d'intensité.
Des familles entières en sont atteintes.
Elle est cependant plus bénigne que celle
qui a régné, il y a quelques années, et cède
en général quelques jours de régime et
de repos.
On écrit de Mons, il mai
Hier, huit heures du soir, la Société
de l'Harmonie a donné une brillante séré
nade M. Liedts, notre nouveau gouver
neur, dans la cour de l'hôtel du gouverne
ment; ce concert n'a fini qu'à dix heures.
Aujourd'hui, cet administrateur a reçu
successivement, depuis onze heures jusqu'à
midi et demi, toutes les autorités civiles et
militaires, sans exception, ainsi que le
clergé, conduit par M. Descamps, doyen
de SM/Vaudru.
On écrit de Namur, 12 mai
M. le colonel Pletinckx est parti de
Namur pour prendre possession du gou
vernement militaire de la province de
Luxembourg.
Un grand malheur vient d'arriver
l'hôtel Saint-Jacques, en notre ville. L»
dame directrice de l'établissement des
orphelines, sœur des Anges, étant montée
au clocher pour surveiller les travaux, a
été atteinte la tête par la chute d'une
pièce de bois. Une congestion cérébrale
s'est déclarée aussitôt; on désespère de ses
jours. Cette perte serait vivement sentie;
les orphelines perdraient en elle une su
périeure éclairée, une mère tendre et dé
vouée. (Ami de L'Ordre.)
les ponts de notre cité, et méritant dès lors notre prédi
lection particulière, nous devons cependant convenir tout
bas en famille et modestement entre nous Yproisque
notre Pont du Lombard n'est pas un pont d'Austerlitz de
Paris, ni un pont de 'Waterloo de Londres, pour lesquels
on pourrait exiger de grands sacrifices; et du reste la dé
molition de la rue de la Halle n'eut contribué en rien
élargir notre pont trop étroit, ni abaisser son arche trop
élevée, et serait donc chose inutile cet égard. De là nous
entrons dans la rue passablement exigue, de l'Étoile et
nous disons que cette rue n'aurait, au moyen de l'élargis
sement tant désiré, reçu ni développement ni amélioration
quelconque.
Arrivant au Marché au Beurre on y remarque que tout
y est irrégulicr. La forme de oe marché inégal en largeur,
tend.au triangulaire, et se termine par un enfoncement
en bâche, et sans issue, qui forme le Marché aux Trippes;
presque toutes les façades des maisons sont entre elles, plus
ou moins hors d'équerre, ni le centre du marché, ni les
maisons du côté orientale, ni le Marché aux Trippes n'eusstnt
obtenu aucune vue, par la disparition des maisons dont il
s'agit.
La rue de la Halle elle-même, après avoir été élargie,
serait restée sans parallélogramme; vu l'impossibilité de
remédier l'inconvénient de la direction en biais de la façade
occidentale de l'édifice de la Halle.
En ce qui touche la Petite Place, il est évident que
l'élargissement de la rue de la Halle, n'eût produit d'autre
avantage cette localité, qu'un point de vue très oblique
et très imparfait, sur les façades occidentales de la rue du
Verger et du Marché au Beurre.
Quant la rue de Boesinghe, située comme elle est dans
l'encoignure diagonalement opposée celle ou aurait été
situé la rue de la Malle, élargie; la rue de Poesiughe,
n'eût rien profilé de la démolition qu'on voulait si ardem
ment. Après avoir parcouru toutes les parties incohérentes,
irrégulières, en zig-zag, et de grandeur et largeur différen
tes, depuis le Pout du Lombard nous arrivons cette
localité que nous autres.bons Yprois, nous désiguons sans
penser malice et sans trait épigramatique aucun, par
la dénomination de Marché aux Bêles, quoiqu'un géuéral
on n'y trafique qu'eu bestiaux et bétail, eb bien ce Marché
aux Bêtes, puisque liétes il y a. n'obtiendrait aucun avan
tage par l'élargissement de la rue de la Halle. La démolitiou
des maisons de cette rue n'empêcherait aucunement que
ce marché oe ressemble un informe et oblong carrefour
ayant en perspective une morte poterne.
Arrivé au troisième point de notre proposition nous ne
craignons pas de soutenir que l'élargissement de la rne de
la Halle eût constitué une sorte de superfétation puisque
les espaces qui environnent le monument de la Halle,
ont plus qu'assez d'étendue respectivement la grandeur
de notre ville. D'autre part la Petite Place, déjà imparfai
tement dessinée, le serait plus défectueusement encore dit
moment que la rue de la Halle serait élargie. 11 est en
effet de la dernière évidence que la Petite Place et la
rue de la Halle se trouveraient confondues au point de
n'en pouvoir distinguer les limites respectives et au lieu
d'une place et d'une rue, on eût obtenu un carrefour,
longinformeet sans grâce.
Ainsi et tout prendre, la ville eût obtenu, au grand
détriment de sa caisse municipale, un cadeau d'une valeur
plus qu'équivoque et dés lors nous devons uouj féliciter
de oe que nos magistrats .n'ayent poiut donné dans la
bosse, car des vœux hautement et avec unanimité pro-
noucés exercent souvent une influence laquelle il u'est
pas donné tout le monde de résister.
ri) c* vieux bourgeois d'tpres.
{Suit* au prochaia a».)