d'affiches, annonces, avis it nouvelles divers électTôns. No 2467. MERCREDI, 26 Mai, 1841. FEUILLETON. 2£me BELGIQUE. YPRES, 26 MAI. Le parti libéral exclusif voit avec cha grin que le succès de nos candidats est assuré et dans son désespoir et son im puissance, il tâche de se raccrocher au système de dénigrement et d'injure, qui est la dernière ressource d'une mauvaise cause. Le Progrèsdans son numéro du 23 de ce mois, après avoir étalé un peu trop pom peusement les titres de messieurs Boedt et Donny la candidature, attaque mon sieur Defiorisone d'une manière grossière et inconvenante sur sa conduite parle mentaire. Mr Deflorisone n'est point orateur, il a heureusement cela de commun avec un grand nombre d'autres députés; on peut avoir des idées fort justes et n'avoir pas le talent ni l'habitude de les énoncer avec LA PUDEUR DU MÉNAGE. facilité et s'il n'a pas fait de beaux dis cours, il a dumoins repondu par ses votes, la confiance des électeurs, qui lui conti nueront avec raison son mandat le 8 juin prochain. Quant Mr Jules Malou, on cherche le représenter comme ayant peine quitté les bancs de l'école et n'ayant depuis lors pu acquérir aucune connaissance des af faires, ce qui est tout-a-fait inexact. Mon sieur Malou après avoir terminé avec grand succès ses études universitaires, a fait un stage de deux ans chez un des avocats les plus distingués du barreau de Bruxelles; ensuite il est entré comme chef de bureau la division de législation au ministère de la justice, poste auquel l'avait appellé la con fiance de monsieur JËrost. Après avoir rempli ces fonctions pendant deux ans, il a été promu par le môme ministre au grade de chef de division, qu'il a occupé pendant plus de trois ans, et vers la fin de l'année dernière il a été nommé directeur. Il n'est point probable que Mr Malou eut obtenu un avancement aussi rapide, s'il n'avait déployé de l'aptitude et du talent dans les fonctions qui lui ont été confiées. C'est la division de législation que sont adressées toutes les affaires litigieuses du gouvernement pour y être examinées et traitées; c'est aussi cette division que sont renvoyés les projets de lois, pour y être élaborés avant que d'êtio présentés aux chambres; nous croyons donc que dans cette position ce candidat a pu ac quérir des connaissances plus étendues que s'il eut été membre d'un conseil com munal ou provincial; nous avons, du reste une pleine confiance dans ses principes et l'indépendance de son caractère, les insi nuations perfides et calomnieuses de l'ar ticle communiqué auquel nous repondons ne peuvent cet égard ebranler nos con victions, c'est pourquoi nous appuyons sa candidature, dont nous considérons la réussite comme l'abri du moindre doute. Voici la lettre que M' Jules Malou, direc teur au ministère de la Justicea adressée ait rédacteur du Progrès. Elle contient la fois un démenti formel aux odieuses insinuations de la presse ultru-li- bérale, et la déclaration qu'il résignerait ses fonctions plutôt que de sacrifier l'indcjucn- LE PROPAGATEUR, Ce Journal paraît le MERCREDI et le SAMEDI. L'a bonnement est de 4 fr- par trimestre pour la Ville, et 4 fr. 5o pour toute la Belgique, franc de port par la poste. Les insertions se paient 17 centimes la ligne. Affranchir les lettres. ®Trtmr»TinryyyrsTîrînnni »bbb888bbs'b o'jmr'trtTmr a 'ïïinne L'Hymen jamais n'éprouve un bonheur plus vraiplus durable que lorsqu'il conserve sa pudeur sans effaroucher l'amour. Si ses charmes sont quelquefois affaiblis par la possession, la décence seule a le pouvoir de les perpétuer; mais cette décence conservatrice de l'empire des femmes, ce n'est point la raideur qui repoussela bégueulerie qui fatigue et dessèche le cœur c'est cette modeste retenue dans les actions, dans le geste, dans la parole c'est cet esprit des convenanoes qni impose sans effrayer, attache sans as servir, enchante sans qu'on s'en aperçoive; et sème en tout temps des fleurs nouvelles sur le sentier que deux époux ont juré de parcourir. L'excès de familiarité flétrit presque toujours les nœuds les mieux assortis c est une profanation graduée qui conduit l'indifférence, aux dédains, et bientôt l'oubli. La beauté même ne peut résister son souffle corrupteur l'esprit qui croit en faire sa parure, dégénère en licence; et ce que la nature avait formé de plus parfait, une jeune femme belle et pudique, se trouve, pour ainsi dire, métamorphosée en Phrynà moderne, et devient la honte d'un sexe après avoir été le jouet passager de l'autre. Laure et Célinie Clerville étaient filles d'un architecte célèbre privées de leurs parens dès leur enfance, elles avaient reçu l'éducation la plus brillante, chez M, de Yaltou, leur oncle maternel. Celui-ci, veuf et sans enfans, avait prodigué ses soins et sa tendiesse ces deux charmantes orphelines dont le caractère offrait le contraste le plus frappant. Autant Laure était simple, timide et réservée, autant Célîuie était vive, agaçante et familière. L'une intéressait le cœur et se faisait aimer dès qu'on pouvait la Connaître l'autre charmait l'esprit, éblouissait par la saillie la plus vive, la grâce la plus enchanteresse. Jamais les deux sœurs ne paraissaient dans le monde, sans y produire un effet très-remarqUalile aux yeux de l'observateur. L'aînée, dont il fallait en quelque sorte de viner le mérite, n'était recherchée que du petit nombre de personnes qui ne se fient pas toujours des dehors brillans; la cadette, au contraire, attirait autour d'elle cette troupe in nombrable de gens la mode, ces coureurs d'aventures, ces entremetteurs d'intrigues qui cherchent figurer dans la chronique du jour, s'amuser aux dépens des femmes légères dont ils furent quelque temps les chevaliers. Mesdemoiselles Clerville s'étaient mariées les même jour. Laure avait épousé Germanoijeune avocat la cour royale de Paris; Célinie avait choisi parmi ses adorateurs Saint- Amant, secrétaire particulier du ministre de la guerre. Cha cune d'elles trouvaient dans son uniou ce qui flattait sis goûts et comblait son espoir. Germancilivré tout entier sa noble carrière, fréquentait peu le monde; prudent sans être jaloux, il redoutait pour sa jeune épouse ces réunions où la manie de briller et le désir de plaire sont sans alraits pour un couple bien assorti, qui se suffit lui-même. Laure secondait les in tentions de son mari par sa timidité naturelle, et surtout par une pudeur et une retenue qu'on prenait dans les cercles pour dc la pruderie; mais que Germanci, moraliste, observateur, savait trop bien apprécier pour les exposer la critique do l'envie, aux embûches de la séduction. Laure ne paraissait pas souvent dans les cercles du jour, et quand elle se trouvait forcée d'obéir aux usages de la société qu'on ne saurait enfreindre, elle se montrait toujours avec une décence remarquable. Sa toilette, sans contrarier la moden'offrait jamais l'œil scru tateur de ces nudités adroitement ménagées, de ces vétemens qui dessinent toutes les formes, et font chaque mouvement de voluptueuses révélations. Son regardloin de quêter des hommages et de lancer la flamme dans tous les cœursétait toujours baissé; son maintien sans gêne et sans afféterie, n'at tirait point, mais ne repoussait jamais. Sa voix, dont la dou ceur semblait augmenter encore par ce trouble enchanteur de la timidité, gravait au fond de l'âme chaque mol que proférait sa bouohe expressive. Tout enfin rappelait dans Laure Ger manci, cette humble violette dont parle madame de Sévigné, cette modeste là Vallière qui ne se plaisait qu'à l'ombreet semblait toute honteuse d'attirer les rayons du soleil. Il n'en était pas ainsi de Célinie Saint-Amant. Bien plus belle qne sa sœur, et d'ùne taille svelte, imposante, elle met tait son bonheur et tous ses soins se faire distinguer, se former une cour nombreuse, voir chaque jour de non- veaux esclaves attachés son char. lancée dans les premiers cercles de la capitale, par son mari qui se trouvait en re lation avec tous les grands du jour, Célinie en prit le ton, les manières, les usages. Elle avait la tète haute et posée avec une assuranoe imperturbable. Ses yeux étincelans sem blaient donner le défi qu'on pût résister leur pouvoir

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Le Propagateur (1818-1871) | 1841 | | pagina 1