canon comme commodore. Il a été enten
dre une messe l'église S-Pierre, dans
Barclay-Street, pour remercier le Ciel
d'avoir échappé aux brouillards de Terre-
Neuve.
Il part pour Washington, (mande notre
correspondant de New-York), avec le
comte de Montholon, attaché l'ambas
sade française, les officiers déjà nommés,
le lieutenant Fabrie Lamauvelle, MM. Jer-
vais et Roussin, aspirants, et 3 domesti
ques. Après avoir visité le président, il se
rendra Norfolk, auprès de M. Arnous
Dessauliers, amiral de l'escadre française
dans cette station. On craint les suites de
l'itinéraire choisi par le prince, qui veut
visiter des lacs connus par les brouilards
et les miasmes dangereux -qu'ils exhalent.
Toutefois, la visite du prince de Joinville
est un événement heureux qui tend res
serrer les liens de notre amitié avec l'un
des monarques les plus sages et les plus
capables de l'époque actuelle (one of wises
md ablest monarchs.)
Le P. Yan de Yelde, président du
collège de Saint-Louis, et le P. Dubuisson,
du diocèse de Baltimore, tous deux de la
compagnie de Jésus, sont arrivés Paris,
et se rendent Rome, comme députés de
leur province, pour l'assemblée qui a lieu
tous les six ans.
On dit qu'un des principaux agents
de Marie-Christine, est arrivé ces jours
derniers Paris venant de la Navarre. Il
s'est plaint amèrement auprès de la reine
régente de l'insuffisance des fonds qui ont
été expédiés pour soudoyer les troupes de
la contre-révolution et gagner des parti
sans dans les villes. Ce manque de res
sources est l'unique cause, a dit monsieur
Carrigueri, de l'échec que vient d'éprou
ver le parti des Jovellanistes.
Les plaintes de M. Carrigueri auraient
singulièrement étonné Marie-Christine qui
avait remis un certain agent 3 millions
de fr. pour les faire passer ses partisans
de la Navarre et de l'Andalousie. Elle a
commencé faire des recherches pour
s'assurer de l'emploi des fonds qu'elle
avait fournis.
On attend O'Donnell sous peu de temps
Paris et l'on saura sans doute par lui ce
que l'on doit croire des bruits de soustrac
tion que l'on répand de tous côtés.
Borso di Carminati qui vient d'être
fusillé Sarragosse, est né vers 1800
Chiavari (Gênes); en 1823 il était déjà co
lonel en Espagne, sous lès ordres de
Mina. Lorsque les Français firent capitu
ler ce dernier Barcelone, Borso di Car
minati se réfugia Paris, où, souveraine
ment exalté, il faisait partie de toutes les
réunions patriotiques, ventes, clubs, etc.
Au mois d'octobre 1830 il parti avec le
général Valdès pour l'Espagne; ils entrè
rent en Navarre par Jacca, mais ils furent
battus et dispersés par le général de Meer,
Belge d'origine, capitaine-général de la
Navarre cette époque. Valdès, criblé de
blessures, se réfugia sur le territoire
français, et le colonel Borso l'y suivit. En
1833 il prit du service pour don Pédro en
Portugal, et en 1833 il passa au service
d'Espagne avec le grade de général; il
épousa cette époque Malaga une riche
Espagnole. Sa nouvelle fortune ne chan
gea pas les opinions du général Borso di
Carminati; il restait toujours exaltado,
après avoir été carbonaro, negro,communero
et même républicain prononcé.
Si le général Borso a embrassé le parti
de Christine, c'est vraisemblablement dans
l'intention de donner beau jeu au parti
exaltado en renversant son plus grand
ennemi, Espartéro.
Borso était un bel homme, très-instruit;
il était blond comme Alfieri, exalté comme
Alfieri, patriote comme lui.
Une lettre particulière de Toulon, du
19, porte que M. le contre-amiral Casy
avait reçu l'ordre par la voie du télégra
phe de se préparer partir avec quatre
vaisseaux. On disait que cette division
était destinée pour les côtes d'Espagne.
D'après les lettres reçues des Antilles
une secousse de tremblement de terre
assez forte a eu lieu dans quelques-unes
de ces îles.
On lit dans le Moniteur parisien
Quelques régiments de diverses armes
reçoivent en ce moment l'ordre de se rap
procher de la frontière des Pyrénées.
On a publié les dépêches télégraphi
ques suivantes
Bayonne, 22 octobre.
Le sous-prefet Mle ministre de l'intérieur.
Beaucoup d'officiers espagnols réfu
giés sont arrivés cette nuit Sarre. Parmi
eux se trouve Urbistondo, deux autres gé
néraux et trois brigadiers. Il arrive
chaque instant de nouveaux réfugiés. Les
troupes du régent occupent maintenant la
frontière de Navarre.
Le 20, O'Donnell a ordonné d'évacuer
la citadelle de Pampelune.
Bayonne, 23 octobre.
Le sous-préfet Ht le ministre de l'intérieur.
O'Donnell est arrivé hier, 2 heures,
Urdax, avec 2,300 hommes environ.
Les généraux Ortigoza et Jauregny sont
avec lui. Le comte de Monterron et quel
ques membres de la députation forale sont
entrés hier.
D. Gaspard Jauregui (el Pastor), ma
réchal-de-camp, s'était prononcé en faveur
de Christine et s'était rendu Vittoria
pour y défendre sa cause; mais il a dû
fuir comme tous les autres chefs de ce
parti.
On écrit de Madrid, 18 octobre
La plus grande tranquillité règne ici;
toutes les troupes qui restaient dans la
sou bien-aimé, au milieu des lis, c'est qu'elle avait com
pris l'amour pur, l'amour des anges, le seul qui ne finit pas...
Renonçant désormais aux parures recherchées qui la dis
tinguaient des filles de sa tribu, et cet art, né en Orient,
par lequel la beauté sait s'armer d'enivrantes séductions
Madelaine enveloppée de longs voilesse mêle la foule
qu'on voit surgir sur les pas du Nazaréen elle se cache
Parmi les femmes, qui en la voyant si humble, ont oublié
®a trop grande célébrité, et c'est là que vivant pour la
charité, pour le repantir, la sœur de Lazare mérite de de
venir la patrone de ces âmes tendres que, dans les siècles
4 venir l'amour où la religion doit rendre la vertu.
Son âme habitait morte dans un corps animé, mais la
votx du Christ elle s'est débarrassée dans son linceul, em
blème mystérieux de toutes les transformations que doit
subir l'homme avant la dernière qui l'attend, quand, bri
sant son enveloppe mortelle, il revêt l'immortalité.
Cependant, confondue dans cette masse d'adeptes qu'on
'oit courir au désert pour recevoir une nouvelle législation
®orale, Madelaine ne perd aucun son de cette voix qui s'élève
"Oposante et persuasivenul regard ne monte de l'homme
^eu, du fils vers le père, qu'elle n'en saisisse la majestueuse
e5pressionet il y a quelque' chose de terrible et de sublime
^ns cette entente entre ces deux natures dont l'alliance dé
passe les plus hautes conceptions humaines; puis comme une
faible femme elle frémit en écoutant la douloureuse prophétie
qui menace le monde. Dans peu de temps la perfection aura
passé sur la terre, le génie s'y expie comme le crime, et c'est
la mort qu'on y enlève un autel Madelaine frémit parce
qu'elle est croyante, et voudrait douter paree qu'elle aime,
elle prie le ciel d'où descendent les miracles, mais la volonté
suprême et immuable a parlé, Jésus doit mourir; et quand
elle pressent les larmes, la mission de Madelaine commence...
C'est elle qui rendra au prophète persécuté, les honneurs
que lui refusent les hommes de sa nation; il ne l'a point
repoussée elle! toute souillée de son passé, et c'est ses
pieds qu'elle veut compter les heures qui vont séparer sa
vie de sa mort.
Qu'ils viennent ces impies arracher l'homme juste ses
pleurs, ses chastes baisers, lorsque répandant sur lui de
suaves parfums, elle semble par avance embaumer son
corps, et qu'avec ses longs cheveux essuyant les pieds du
Christ, elle lui voile en même temps sa douleur et ses
larmes!
C'est en vain que le mépris l'accablerait, que l'on jette
rait la dérision sur ses saintes caresses, elle est devenue
forte cette femme, car il y a eu rénovation dans tout son
être; seulement on ne la comprend pas.
Lui seul, Jésus a pris sa défence Laissez arriver
cette pécheresse jusqu'à moi, a-t-il dit et sachez qu'il lui
sera beaucoup pardonné, parce qu'elle a beaucoup aimé.
Là, est l'espérance de la Madeleine, et dans ces mots, mal
traduits par ceux qui n'en ont pris que la lettre, elle a
saisi tout l'esprit et l'ensemble de la doctrine évangélique.
Ceci se passait six jours avant la Pâques Madeleine
recevait dans son cœur, comme un testament qui doit s'ouvrir
en face de la postérité chaque mot prononcé par l'homme
divin prêt mourir victime de l'aveuglemeut du siècle, qu'il
a eu la mission d'éclairer et de régénérer.
Ah pourquoi ne fut-il pas donné une femme de redire ce
drame terrible! la mémoire d'une amante eût retenu des
détails naïfs et précieux qui ont dû échapper de plus impo-
sans interprêtes, ce qui s'inscrit dans le cœur ne périt pas...
Mais les choses annoncées durent s'accomplir. Madeleine se tut
et pleurant. Toute la Passion et ses mille douleurs l'avaient
brisée, avant que du sein de Jésus s'exhalât son dernier
soupir avec une pensée de miséricorde. Pâle et mourante,
Madeleine avait recueilli l'adieu solennel qu'il avait laissé la
terre, et subissant la destinée des femmes vouées un unique
amour, après avoir courbé son front au pied d'une croix, dans
toute l'agonie de la douleur, il ne lui resta que les larmes et le
souvenir.